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De professionnel de santé à soignant, le pharmacien opère sa mutation
Les pratiques professionnelles du pharmacien, ainsi que les mentalités évoluent. Le plus souvent sous la contrainte, voire dans l’urgence. En témoigne la mobilisation lors de la crise sanitaire du Covid-19. Cela pourrait être aussi le cas pour faire face aux déserts médicaux qui se propagent.
Six millions de Français n’ont pas de médecins traitants et les solutions pour remédier à cette situation sont de plus en plus rares puisque 65 % d’entre eux refusent de nouveaux patients, selon les derniers chiffres (2022) de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress). Face à la complexité de l’accès aux soins, l’inquiétude des patients est grandissante. En 2020, lors de la crise du Covid-19, le pharmacien a su jouer un rôle décisif. Restée ouverte pendant les confinements, la pharmacie est enfin perçue comme une structure d’accueil de proximité, disposant d’espaces de confidentialité, de disponibilité immédiate et permanente. Pour lutter contre les déserts médicaux, l’opinion publique et les pouvoirs publics sont donc de plus en plus favorables à un transfert des tâches des médecins. Déjà, en 2009, la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) et celle de 2019 sur la transformation et l’organisation du système de santé octroyaient au pharmacien de nouvelles prérogatives, dont la vaccination, la prescription, la substitution, le renouvellement d’ordonnances, la possibilité de tests rapides d’orientation diagnostique (Trod), les entretiens pharmaceutiques, l’exercice coordonné…
Diagnostic, administration, prescription
L’acte de soins est un acte réalisé par des professionnels de santé leur permettant de diagnostiquer, de prévenir et de traiter une pathologie. Pour sa part, le pharmacien contribue aux soins de premier recours, selon l’article L. 1411-11 du Code de la santé publique. Cela comprend, entre autres, le diagnostic et l’administration de certains médicaments. La loi de 2019 a aussi autorisé des prescriptions. Depuis, il s’est d’ailleurs fait une place de choix dans le parcours de soins des patients, notamment au sein d’équipes de soins primaires, de communautés professionnelles territoriale de santé ou encore de maisons de santé. Soins coordonnés, soins de proximité, parcours de soins… Un tel créneau ne laisse planer aucun doute, le pharmacien peut désormais légitimement revendiquer son statut de soignant. De surcroît, des expérimentations de transfert de compétences ont été instaurées en 2004. Ces protocoles, tant locaux que nationaux, se sont avérés concluants. Enfin, les infirmiers, sages-femmes et kinésithérapeutes ont déjà la possibilité d’en prescrire. Et le statut de « pharmacien prescripteur » existe chez nos voisins britanniques, canadiens et québécois.
Vers une réelle autonomie
A quand, en France, une autonomie totale du pharmacien, sans l’aval d’un médecin ? L’autonomie est-elle synonyme de responsabilité ? De la même manière qu’un statut de « médecin propharmacien » a été créé, pourquoi ne pas imaginer, à titre expérimental, celui de « pharmacien promédecin » ? La profession espère que les futures propositions s’inscriront dans cette perspective, reléguant aux oubliettes les vieilles querelles intestines entre médecins et pharmaciens. Après tout, il y a prescription maintenant !
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