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Comment une CPTS peut être levier de nouveaux services

Publié le 24 juin 2023
Par Matthieu Vandendriessche
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Lancée en janvier 2021, la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Nanterre (Hauts-de-Seine) regroupe aujourd’hui près de 50 adhérents. Elle offre une place importante aux missions officinales et leur donne un élan auprès de la population. Revue de détail avec Matthieu Saulnier, pharmacien titulaire à Nanterre et vice-président de la CPTS.

 

Les bilans partagés de médication. La communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Nanterre a répondu à un appel à projets de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France sur la conciliation médicamenteuse. Cette expérimentation menée sur le modèle de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018 peut se tenir en milieu hospitalier, dans les établissements médicosociaux, ainsi qu’au sein de structures d’exercice coordonné de professionnels libéraux. En ville, on parle plutôt de bilans partagés de médication (BPM). La soirée de lancement du projet s’est tenue fin mai. Les BPM sont réalisés à l’officine à l’initiative d’un médecin généraliste ou d’un médecin coordonnateur en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Proposition peut être faite par le pharmacien lui-même, un infirmier libéral ou un kiné intervenant au domicile. Comme le stipule la convention pharmaceutique, un retour d’informations au médecin traitant doit être systématique. Les médecins se créent un compte sur une plateforme numérique partagée pour disposer directement de ces informations. Il reste bien entendu possible d’échanger par le biais d’une messagerie sécurisée. L’objectif est de recruter une dizaine d’officines sur les 22 que compte la commune de Nanterre. Au total, pour cet appel à projets, l’ensemble des pharmacies doit réaliser 70 BPM en 2023. Pour ma part, j’en ai déjà effectué une trentaine depuis le début de l’année. L’expérimentation est prévue pour durer un an et elle est dotée d’un budget de 15 000 €. Cela comprend aussi la rémunération des médecins traitants. Nous, pharmaciens, devons relever ce qui a un intérêt pour le médecin. Il n’attend pas que nous lui fassions remonter les recommandations officielles, mais ce qui nous a marqués dans nos échanges avec le patient et ce qui peut être problématique dans les prescriptions. Lors de la seconde étape, un lien s’établira avec la conciliation médicamenteuse hospitalière.

Dispensation protocolisée dans la prise en charge de la cystite simple (femme de 16 à 65 ans), l’odynophagie (de 6 à 45 ans) et la varicelle (de 12 mois à 12 ans). Six délégants médecins généralistes et 11 délégués pharmaciens sont formés et impliqués dans ces dispensations sous protocole. Pour chacune des situations, des arbres décisionnels établis par la Haute Autorité de santé décrivent les critères d’exclusion et les modalités de l’examen clinique. Des ordonnances type sont proposées. Nous n’établissons pas de diagnostic. Nous suivons les critères d’inclusion et d’exclusion pour la prise en charge de cas décrit par la littérature dans des situations dites « simples » et définies, un peu comme en téléconsultation. Le public est davantage informé de l’existence de ce dispositif, notamment par leur mutuelle et par les médecins eux-mêmes.

Pharmacien référent en Ehpad. Dans le cadre de la CPTS, dans nos projets, nous pourrions aussi prévoir que le pharmacien référent en Ehpad prenne part aux visites de préadmission du résident. Chaque entrée serait l’occasion de réaliser un BPM. Nous aurions la possibilité de créer un bilan de prévention, de mettre l’accent sur un médicament qui nécessite une surveillance. Dans le cadre de cette mission, le pharmacien pourrait travailler sur la liste préférentielle des médicaments prescrits au sein de l’établissement pour ne pas voir proposer, par exemple, l’ensemble des inhibiteurs de la pompe à protons. Et cela dès l’admission du résident.

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