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Avez-vous pensé au MAD ?

Publié le 9 février 2002
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Avis aux amateurs : les sociétés spécialisées dans le maintien à domicile recrutent. Responsables formation, qualité, sécurité, responsable matériovigilance, directeur des ventes ou marketing…, les pharmaciens peuvent être présents à tous les maillons de la chaîne.

Le choix du maintien à domicile (MAD) s’est imposé d’emblée pour Patricia Prêté, directrice des ventes régionales chez Orkyn’, société de location, de vente de matériel médical et de soins à domicile. « Le côté humain me semble beaucoup plus valorisé que dans les métiers commerciaux plus traditionnels de l’industrie pharmaceutique. Nous ne proposons pas un médicament mais une prestation de service qui implique un contact direct avec les patients puisque nous nous rendons à leur domicile. » Après être passée par la filière industrie, Patricia Prêté est entrée chez Orkyn’ comme commerciale pour démarcher les pharmaciens ; elle encadre aujourd’hui une équipe de commerciaux sur la région Ile-de-France/Est. « Huit commerciaux visitent les officines et ont pour rôle la prospection de nouveaux clients, la fidélisation des clients actuels et le développement du chiffre d’affaires des officines qui nous font confiance. Je veille aussi à la formation de nos partenaires, qu’il s’agisse des équipes officinales, du personnel des maisons de retraite qui travaillent avec le pharmacien ou des professionnels de santé partenaires de l’officine pour le maintien à domicile. »

Que ce soit chez Orkyn’, chez Locapharm ou Matmed, au sein de la société gardoise Confort Medical ou bien chez l’une des sociétés régionales de location, vente de matériel médical et assistance à domicile, les missions que le pharmacien aura l’occasion d’effectuer sont particulièrement variées. Ce qui explique un certain attachement pour le secteur. Après un début de carrière dans la répartition, Christian Camuzeaux, actuellement responsable formation, qualité et sécurité chez le prestataire de services Locapharm, travaille sur le MAD depuis plus de quinze ans. Une semaine par mois au siège, le reste du temps dans les agences. « Je contrôle l’ensemble des normes et procédures en vigueur chez Locapharm. Une autre partie importante de mon travail consiste à assurer des formations internes auprès des 600 salariés ou externes pour nos clients. »

Même fidélité à ce secteur de Didier Levet. Désormais manager senior marketing international chez Hartmann, ce dernier a d’abord créé sa propre société de MAD, Santé Sud Domicile, après avoir vendu son officine en 1995. « J’ai d’abord participé à la mise en place de l’association Entr’aides pays basques, et je me suis penché sur les problèmes de coordination de soin des malades chroniques lourds. Rapidement l’idée s’est imposée de proposer aux soignants une logistique médicale par la mise à disposition d’appareillages et de traitements à domicile comme les perfusions. La société a vite été débordée par son succès. »

Des possibilités de reconversion pour les assistants

Valorisation des rapports humains, missions différentes selon le poste et le secteur intégré (oxygène, location de matériel, nutrition etc.)., les atouts des sociétés spécialisées dans le MAD ne manquent donc pas pour attirer les jeunes diplômés. Si le diplôme de pharmacien ne constitue pas un sésame imparable, nombreux sont les postes, et en particulier ceux à responsabilité, auxquels peuvent prétendre les pharmaciens. Les sociétés sont plutôt friandes de candidats ayant acquis au cours de leur formation une solide connaissance du secteur de la santé et du médicament. Pourtant, alors qu’ils peuvent être présents à quasiment tous les maillons de la chaîne, en tant que pharmacien responsable de la distribution de l’oxygène (BPDO), responsable formation, qualité ou sécurité, responsable matériovigilance, responsable régional (directeur d’agence, logistique), directeur des ventes, directeur de la visite médicale ou chargé de développement (délégués médicaux) et, bien sûr, au marketing, les candidats restent peu nombreux.

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On dénombre actuellement pour exemple huit pharmaciens à temps complet et une vingtaine à temps partiel chez Locapharm (600 salariés), une vingtaine chez Orkyn’ pour quelque 800 salariés… Et les opportunités sont encore plus nombreuses depuis la parution au Journal officiel (du 25.11.00) d’une nouvelle réglementation concernant les bonnes pratiques d’utilisation. Cette réglementation oblige toute société fournissant le gaz à un contrôle strict du stockage, à la délivrance au patient sous la responsabilité d’un pharmacien. « Les grands distributeurs de gaz en France ont déjà créé une quinzaine de postes, explique Christian Camuzeaux, et parmi les sociétés qui ne travaillent pas avec le secteur pharmaceutique, ce sont quelque 400 points de distribution d’oxygène aux patients qui ont demandé un agrément. » Des postes à saisir, donc, pour ce nouveau métier qui ne manque pas d’attrait aux dires de Marie Vezzoli, responsable des BDPO chez Orkyn’. « Nous devons vérifier les stocks, nous préoccuper autant de pharmacovigilance que de matériovigilance, assurer des formations. C’est un poste très orienté sur la qualité qui nous permet d’avoir une vision globale de la chaîne de l’oxygène. Il m’arrive même de me déplacer au domicile d’un patient », explique cette diplômée en officine. D’abord assistante, c’est en suivant un DU orthèse et petit matériel que cette jeune pharmacienne a découvert ce secteur. Séduite, elle a envoyé des candidatures spontanées aux prestataires de services du secteur. Résultat : elle travaille chez Orkyn’ depuis un peu plus d’un an.

Un DESS « Qualité » est le bienvenu sur un CV

Les sociétés de maintien à domicile offrent très souvent de belles opportunités d’évolution de carrière pour les jeunes pharmaciens. Pourvu qu’ils aient quelques atouts en poche, comme le conseille Didier Levet : « Ils progresseront aussi d’autant plus vite qu’ils pourront proposer des compétences spécifiques comme par exemple l’usage de l’anglais au minimum, voire d’une troisième langue car pratiquement toutes les sociétés de maintien à domicile ont ou auront dans un avenir proche un rayonnement international. »

Les diplômes universitaires de MAD ou d’orthopédie, les stages hospitaliers en gériatrie mais aussi les DESS (notamment qualité) ou un diplôme d’école de commerce constituent également des arguments à forte valeur ajoutée…

Le secteur accueille aussi bien les candidats des filières officine qu’industrie ou biologie. « La motivation et les valeurs humaines sont beaucoup plus importantes que le diplôme, même si les sociétés de maintien à domicile souhaiteraient voir plus de pharmaciens s’intéresser à ce secteur. Il faut aimer le contact et rester proche des soucis pratiques du patient maintenu à domicile », renchérit Patricia Prêté. Une aubaine pour ceux qui cherchent une passerelle entre les deux filières…

Salaires

Côté rémunération, les salaires d’entrée correspondent en général à un coefficient 500 en officine auquel s’ajoutent les avantages propres aux grandes sociétés (participation aux bénéfices, avantages liés au comité d’entreprise et, suivant les postes, voiture et portable de fonction, frais de missions, etc.).