- Accueil ›
- Profession ›
- Interpro ›
- Accompagnement du patient : le bon dosage de l’éthique et de l’empathie

© Getty Images/iStockphoto
Accompagnement du patient : le bon dosage de l’éthique et de l’empathie
L’éthique et l’empathie sont incontournables dans l’information et l’accompagnement des patients et clients en pharmacie. Deux présentations ont éclairé cette approche lors de la 10e Journée nationale des unions régionales des professionnels de santé (URPS) Pharmaciens organisée à Paris le 13 avril.
Informer un patient, cela fait déjà intervenir une notion d’éthique à l’officine. « Face à des demandes d’alternatives à la vaccination, par exemple, le doute et l’incertitude, les interrogations et les craintes, les croyances et la confusion fondent la conviction à tort. Aux discours contradictoires et changeants, on oppose une fiabilité des informations et un principe de clarté. Ceci d’autant que tous les patients n’ont pas le même capital culturel », rappelle Agnès Brouard, pharmacienne hospitalière et présidente de la commission éthique de l’Académie nationale de pharmacie*. La loi de mars 2002 ouvre d’ailleurs le droit du patient à disposer d’une information validée et fiable pour lui permettre un consentement libre et éclairé. Selon l’experte, « on peut aussi communiquer sur les lacunes de l’information en reconnaissant que l’on ne sait pas ». Les nouvelles attributions officinales élargissent le champ de la réflexion éthique. Dans le cas de la vaccination, le pharmacien prend pleinement un rôle de prescripteur. « Il a donc plus de droits et de devoirs vis-à-vis de lui-même, de son équipe, du patient et des autres professionnels de santé. » Agnès Brouard souligne aussi qu’il existe des curseurs pour aboutir à une prise de décision partagée : « Trop de respect par trop d’attention à l’autonomie peut mener à l’indifférence insensible et égoïste. Et trop d’empathie par trop d’attention à la bienfaisance peut être infantilisante et humiliante. »
J’informe et vous décidez
La décision partagée est un fondement de l’accompagnement du patient, souligne également Christelle Szedleski, psychologue clinicienne et pharmacienne belge. « Trop souvent encore, le médecin ne tient pas compte des valeurs, des besoins et des contraintes propres au patient. » Trois actions sont mises en œuvre pour parvenir à un échange et une transmission d’informations efficaces : l’empathie, le recours aux questions ouvertes et la reformulation. « L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place d’autrui, à percevoir ce qu’il ressent. L’interlocuteur peut se dire qu’il a en face de lui quelqu’un qui le comprend », explique Christelle Szedleski. Il y a nécessité de synchronisation en s’ajustant à l’expression de l’autre, au débit et au volume verbal ainsi qu’à sa position corporelle. Deuxième action, le recours aux questions ouvertes. « La question fermée ne donne pas beaucoup d’informations et incite à ne pas tout à fait dire la vérité. » Ce serait par exemple substituer « Est-ce que vous prenez bien votre médicament ? » par « Comment se passe la prise de ce médicament ? », « Qu’est-ce qui rend les choses difficiles pour vous ? » ou encore « Comment est-ce que cela pourrait être plus facile ? ». Enfin, la reformulation montre que le message est passé. « C’est reprendre tout ou partie de l’énoncé de l’autre en mettant de côté notre propre point de vue. Cette démarche d’ouverture renforce le sentiment d’être écouté et compris. » Plutôt que d’adopter un message autoritaire ou d’être insistant, informer à nouveau et laisser le choix au patient pour ne pas lui donner le sentiment qu’il n’en est pas libre.
*L’intervenante s’est exprimée à titre personnel.
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Explosion des défaillances en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- [VIDÉO] Financiarisation de l’officine : « Le pharmacien doit rester maître de son exercice »
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?

