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L’incontinence urinaire féminine

Publié le 5 mars 2013
Par Maïtena Teknetzian
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Permanente, occasionnelle ou de faible volume, l’incontinence urinaire est définie comme « toute perte involontaire d’urine » par le méat urétral. Elle résulte d’un déséquilibre entre les forces de retenue et celles d’expulsion.

Trois formes d’incontinence se rencontrent chez la femme classiquement : incontinence d’effort, par urgences mictionnelles (ou par impériosités) et mixtes. Les causes sont multiples : obstétricales, iatrogènes, neurologiques…

Avec sa forte prévalence, l’incontinence reste un facteur de handicap social et d’isolement.

La maladie

PHYSIOPATHOLOGIE

L’appareil urinaire

Chez la femme, l’appareil urinaire est constitué :

→ de la vessie, qui joue le rôle de réservoir d’urine. Elle se contracte sous l’effet d’une stimulation parasympathique ou se relâche sous l’effet d’une stimulation sympathique ;

→ d’un sphincter strié, sous contrôle volontaire, et d’un lisse, sous contrôle sympathique, dont la contraction permet d’accroître la pression intra-urétrale et de refouler l’urine dans la vessie ;

→ du périnée, qui soutient les muscles du sphincter.

Lorsque la vessie se contracte et que les muscles sphinctériens se détendent par relâchement volontaire du sphincter strié, l’urine s’écoule. C’est la miction. La différence entre la pression de l’urètre et celle de la vessie assure la continence en dehors des mictions.

Les pertes urinaires

L’incontinence résulte d’un déséquilibre entre les forces de retenue et celles d’expulsion. Les pertes involontaires d’urine sont dues à une altération du fonctionnement de la vessie et/ou du plancher pelvien et du sphincter urétral. Si les forces de retenue deviennent inférieures à la pression vésicale, il y a alors émission incontrôlée d’urine.

Les causes d’une diminution des forces de retenue sont un affaissement des muscles du périnée et une inefficacité sphinctérienne. Celles d’une augmentation de la pression vésicale sont une hypercontractilité de la vessie ou une anomalie de son fonctionnement.

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Les différentes incontinences

D’effort

Appelée aussi incontinence par insuffisance sphinctérienne, elle est consécutive à une altération du plancher pelvien, liée à des traumatismes obstétricaux : multiparité, accouchements difficiles par voie basse… Un accroissement de la pression abdominale à la suite d’un effort minime – toux, éternuement, rires – ou important – montée d’escalier, port de charges, course – déclenche une fuite involontaire d’urine, non contrôlée par les sphincters. C’est une incontinence diurne.

Par impériosité

Cette incontinence par instabilité vésicale est due à un dysfonctionnement musculaire de la vessie avec hypercontractilité du détrusor. Elle peut survenir, entre autres, chez les parkinsoniennes, du fait d’une hyperactivité cholinergique visant à compenser le déficit dopaminergique.

Cette incontinence diurne et nocturne se traduit par une urgence mictionnelle difficilement contrôlable (urgenturie, Dico+) et une pollakiurie avec plus de huit mictions par 24 heures et/ou plus d’une miction la nuit.

Mixte

Cette incontinence, qui représente 30 % des incontinences urinaires, associe un système sphinctérien défaillant à une vessie hypercontractile. Elle est fréquente chez les personnes âgées.

Par regorgement

Elle est consécutive à une rétention urinaire liée à une hypotonie et à une perte d’élasticité de la vessie ou à une obstruction urétrale, qui empêche la vidange complète de la vessie lors des mictions. En cause : le vieillissement et une diminution des fibres élastiques du détrusor au profit du collagène ou une atteinte neurologique, chez les blessées médullaires ou souffrant de sclérose en plaques… Cette incontinence correspond à une évacuation du « trop-plein » vésical.

FACTEURS DE RISQUE

L’incontinence peut être multi-factorielle. Parmi les principales étiologies ou facteurs aggravants, on retrouve des causes :

→ gynéco-obstétricales : lésions périnéales de l’accouchement et de la chirurgie pelvienne, grossesse, ménopause car la carence en oestrogènes assèche et fragilise les tissus du plancher pelvien ;

→ neurologiques : AVC, Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques, lésions médullaires, spina bifida, polynévrite diabétique ;

→ liées aux modes de vie : profession nécessitant une station debout prolongée ou le port de charges lourdes, activité sportive intense, boire beaucoup en journée sans vider suffisamment sa vessie (qui provoque une distension vésicale), consommation de boissons diurétiques stimulant le détrusor, comme le café, le thé ou l’alcool ;

→ tumorales : tumeurs de la vessie ;

→ autres : infections vésicales qui irritent et stimulent la vessie ; constipation car les efforts de poussée altèrent les muscles du périnée ; l’obésité où l’excès de poids fragilise le périnée ; gênes à la mobilité, rendant difficile l’accès aux toilettes ou le déshabillage ; perte des repères liée à une mise en institution…

DIAGNOSTIC

L’interrogatoire

Son but est de définir le type d’incontinence. Il consiste à préciser les antécédents gynéco-obstétricaux, l’ancienneté de l’incontinence, la fréquence, l’importance et les circonstances de survenue des fuites.

Il recherche une constipation ou la prise de médicaments, qui pourraient être des facteurs aggravants. Il évalue le retentissement de l’incontinence sur la qualité de vie.

L’examen clinique

Cet examen uro-gynécologique permet d’éliminer une fistule vésico-vaginale, de rechercher un prolapsus utérin ou un globe vésical et de mettre en évidence une incontinence d’effort par la manœuvre de Bonney. Celle-ci consiste, lors d’un toucher vaginal, à demander à la patiente, installée en position gynécologique et dont la vessie est pleine, de tousser.

Les examens complémentaires

Un ECBU

La recherche d’une infection urinaire par bandelette ou par un examen cytobactériologique des urines (ECBU) est recommandée.

Une échographie vésicale

Elle élimine une éventuelle tumeur de la vessie ou des calculs vésicaux, et recherche un résidu post-mictionnel.

Une cystoscopie

Cet examen désagréable, mais non douloureux, consiste à introduire par le méat urinaire, jusqu’à la vessie, un endoscope souple muni d’un système optique. Il est indiqué en cas de signes cliniques suspectant une tumeur de la vessie : hématurie, infections urinaires à répétition.

Un bilan urodynamique

Il est indispensable avant un traitement chirurgical pour évaluer le pronostic, et en cas de doute diagnostique. Il ne nécessite ni anesthésie, ni hospitalisation. Il dure dans son ensemble environ une heure et comprend :

→ une débitmétrie urinaire, qui enregistre la courbe débit d’urine/temps. Cet examen mesure la durée de la miction, le volume uriné, le débit maximal et le débit moyen. Il met en évidence une obstruction urétrale potentiellement responsable d’incontinence par regorgement ;

→ une cystomanométrie, qui enregistre les pressions à l’intérieur de la vessie quand elle est vide, puis lors de son remplissage, à l’aide de capteurs logés dans une sonde urétrale, par laquelle la vessie est remplie avec de l’eau stérile. Cet examen met en évidence une dyssynergie vésico-sphinctérienne, et une instabilité vésicale ;

→ une urométrie, qui mesure les pressions urétrales depuis la vessie jusqu’au méat urinaire à l’aide d’une sonde munie de capteurs de pression, retirée progressivement en demandant à la patiente de tousser, ce qui permet de mettre en évidence une insuffisance sphinctérienne.

COMPLICATIONS

Sur le plan physique

L’incontinence peut se compliquer d’escarres, notamment chez la personne âgée et/ou qui reste alitée, d’infections urinaires et d’altérations de la fonction rénale, notamment en cas d’hypotonie vésicale.

Sur le plan psychique

Mésestime

L’incontinence provoque un sentiment de honte, d’auto-dévalorisation et de régression qui peut induire une perte de l’estime de soi.

Isolement

Par crainte de se souiller et des mauvaises odeurs, les femmes s’excluent de la vie sociale. De cet isolement et de la perte de confiance en soi, peut naître une dépression nerveuse.

Difficile à gérer pour l’entourage, l’incontinence est aussi un facteur de mise en institution de patientes âgées et/ou démentes.

Handicap

Chez les plus jeunes, l’incontinence est source de handicap dans la vie professionnelle (crainte des déplacements, séminaires…), les loisirs et les activités sportives. Elle peut aussi être une gêne lors des rapports sexuels, perturbant la vie de couple.

Sa prise en charge

OBJECTIF

La prise en charge est double : améliorer la qualité de vie et préserver le haut appareil urinaire.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

Le traitement diffère selon l’étiologie.

→ Incontinence d’effort : rééducation périnéosphinctérienne éventuellement associée à une oestrogénothérapie locale.

→ Incontinence par impériosité : thérapie comportementale avec tenue d’un calendrier mictionnel et anticholinergiques urinaires ou flavoxate.

→ Incontinence mixte : rééducation périnéosphinctérienne associée à une thérapie comportementale, et éventuellement aux anticholinergiques.

En cas d’échec des traitements de première intention, dont l’efficacité est évaluée à trois mois, une solution chirurgicale est envisagée sur avis spécialisé.

TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

Les anticholinergiques urinaires

→ Utilisation : traitement de l’incontinence par urgence mictionnelle, ou de l’incontinence mixte. Non recommandés en cas d’insuffisance sphinctérienne isolée.

→ Mode d’action : ils se fixent sur les récepteurs du système nerveux parasympathique et exercent une action antagoniste (contraire) à l’acétylcholine. Ils empêchent donc les contractions du détrusor induites par l’acétylcholine et relâchent la vessie. Leur efficacité optimale ne s’observe qu’après cinq à huit semaines de traitement.

→ Effets indésirables : effets atropiniques à type de sécheresse buccale, de constipation, de rétention d’urine, de troubles visuels avec mydriase et risque d’élévation de la pression intra-oculaire, de somnolence, de troubles mnésiques ou de confusions, voire d’hallucinations visuelles. Une réduction de la posologie diminue l’incidence de ces effets indésirables.

→ À retenir : ces médicaments interagissent avec les anticholinestérasiques utilisés dans la maladie d’Alzheimer, qui visent, eux, à augmenter les transmissions cholinergiques. Il y a donc un antagonisme entre ces deux classes (voir tableau ci-dessus).

Le flavoxate (Urispas)

→ Utilisation : traitement de l’impériosité urinaire chez la femme, en cas de vessie instable, à l’exclusion des incontinences d’effort.

→ Mode d’action : antispasmodique musculotrope sans effet anticholinergique aux doses thérapeutiques. Il diminue le seuil d’excitabilité vésicale, augmentant ainsi la capacité de la vessie. Son efficacité est moins documentée que celle des anticholinergiques, mais il devrait être privilégié chez les patients souffrant d’Alzheimer (pas d’antagonisme avec les anticholinestérasiques).

→ Effets indésirables : si le flavoxate est relativement bien toléré, des cas de céphalées, de troubles digestifs (nausées, constipation) et de sécheresse buccale sont rapportés.

Les oestrogènes

→ Utilisation : les oestrogènes locaux sous forme de gels ou d’ovules (Gydrelle, Physiogyne, Colpotrophine, Trophicrème, Trophigil…) sont proposés hors AMM en cas d’incontinence d’effort, associés à une rééducation.

→ Mode d’action : ils renforcent les muscles du plancher pelvien, améliorent la pression urétrale et relâchent le détrusor. Ils sont aussi efficaces au niveau génito-urinaire que par voie générale, avec moins d’effets indésirables systémiques.

LA RÉÉDUCATION PÉRINÉO-SPHINCTÉRIENNE

Pour qui ?

La rééducation des muscles pelviens est le traitement de premier choix des incontinences d’effort. Elle est aussi préconisée dans les incontinences mixtes et a sa place dans le traitement des incontinences par urgence mictionnelle, en complément d’un traitement médicamenteux, pour améliorer le contrôle de la vessie.

Les méthodes

Trois méthodes peuvent être utilisées, leur association semblant plus efficace.

La kinésithérapie

Elle est basée sur des exercices de contraction et de relâchement des muscles pelviens.

Le biofeedback

Cette technique utilise une sonde vaginale avec deux bagues qui recueillent les potentiels de contraction. Ceux-ci apparaissent sur un écran sous forme de courbe visualisée par la patiente.

Cette méthode lui permet d’être actrice de sa rééducation, puisqu’elle contrôle la force, la durée et l’intensité des contractions. Cette méthode est non utilisable chez les patientes sans aucun contrôle périnéal.

L’électrostimulation

Elle consiste à envoyer un courant électrique, par l’intermédiaire d’une sonde vaginale reliée à un générateur de courant basse fréquence, pour stimuler le nerf moteur des muscles du périnée et déclencher des contractions.

Elle améliore la trophicité du périnée et aide les patientes à reconnaître une contraction, pour tenter de la reproduire ensuite volontairement.

TRAITEMENT CHIRURGICAL

La bandelette sous-urétrale

Pour qui ?

La pose d’une bandelette sous-urétrale est indiquée dans l’incontinence d’effort en cas d’échec de la rééducation périnéale.

En quoi cela consiste ?

Cette intervention a pour but de positionner sous l’urètre une petite membrane en polypropylène, afin de corriger le défaut de soutien du col vésical et de l’urètre. L’intervention, réalisée sous anesthésie locale, loco-régionale ou générale, nécessite trois incisions, dont l’une de 1,5 cm environ à l’intérieur du vagin, et deux autres plus petites, sur le pubis. La bandelette est passée de chaque côté de la vessie, puis positionnée sans tension sous l’urètre, d’où son nom de bandelette TVT pour Tension-free Vaginal Tape. Ce type d’intervention d’une demi-heure environ, nécessite deux jours d’hospitalisation et une convalescence de deux semaines en moyenne, durant laquelle il faut éviter le port de charges lourdes et les rapports sexuels jusqu’à cicatrisation du vagin.

Y a-t-il des complications ?

Oui, notamment une infection urinaire, car après l’intervention, une sonde urinaire peut être mise en place durant quelques heures. Pendant l’intervention, d’autres complications plus graves sont possibles, mais beaucoup plus rares : plaies de l’intestin, de l’urètre, de la vessie, accident cardiaque, hémorragie, phlébite… Le risque d’infection de la bandelette est exceptionnel, car elle est très bien tolérée. Dans 5 à 10 % des cas, cette intervention entraîne dysurie et impériosités.

Le sphincter artificiel

Dans quels cas ?

Dans le traitement de l’incontinence d’effort en cas de déficit majeur de l’appareil sphinctérien ou d’échec du traitement précédent.

En quoi cela consiste ?

L’intervention revient à implanter, autour de l’urètre, une manchette gonflable, pouvant être activée ou désactivée (pour uriner) par la patiente grâce à une pompe située dans une grande lèvre. La manchette est reliée à un ballon sous-péritonéal qui sert de réservoir quand la manchette est dégonflée. La continence est rétablie durablement dans plus de 90 % des cas.

Y a-t-il des complications ?

Un risque d’érosion urétrale et d’infection du matériel existe dans 5 à 10 % des cas. Il impose en général le retrait de la prothèse.

L’agrandissement vésical

Pour qui ?

La chirurgie d’agrandissement vésical est réservée à des cas d’incontinence par impériosité après échec des médicaments et de la thérapie comportementale, et lorsque l’instabilité vésicale menace la fonction rénale.

En quoi cela consiste ?

Elle vise à augmenter la capacité de remplissage de la vessie, en déviant une portion d’iléon.

LES SOLUTIONS PALLIATIVES

L’incontinence urinaire bénéficie de véritables traitements, mais en cas d’échec, ou en attendant une autre option thérapeutique, les protections absorbantes et le sondage sont la seule solution.

Quels sont les critères de choix ?

Le choix de l’absorbant dépend :

– du type d’incontinence et de la capacité d’absorption requise ;

– du caractère diurne et/ou nocturne ;

– de la corpulence de la patiente ;

– de la mobilité et de l’autonomie ;

– de la facilité de mise en place.

Lors d’une demande d’absorbants, il est important de savoir ouvrir le dialogue et d’être à l’écoute pour un conseil à bon escient. Attention, l’utilisation abusive de protections constitue un facteur aggravant de l’incontinence car elle peut précipiter une incontinence transitoire en incontinence chronique.

Quels types de protection ?

Les protections diffèrent selon leur capacité d’absorption. L’offre se répartit entre produits « pour incontinence légère » et « pour incontinence moyenne et forte » (voir info+).

Pour incontinence légère

Elles ont en général une capacité d’absorption inférieure à 500 ml. Les apparentées aux serviettes périodiques ou protège-slips sont surtout utilisées dans les incontinences d’effort chez les femmes redoutant la perte de quelques gouttes. Adhésives, elles se placent à l’intérieur de la culotte. Il existe aussi des culottes ou des slips.

→ Protège-slips et mini-serviettes : Confiance protège-slip ultra mini (80 ml), Confiance Sensitive (150 à 330 ml), Tena Lady (de 80 à 300 ml), Semesa Micro, Mini et Midi (160 à 320 ml)… À savoir : peut s’utiliser pendant les règles.

→ Protections rectangulaires ou droites : Molinea Plus D (210 à 310 ml) et Pads (560 ml), Tena… À savoir : existe en intraversable (Molinea Plus D) ou pas (présence ou non d’une face externe plastifiée) ; nécessite une culotte de maintien réutilisable et lavable ; est souvent superposée à une autre protection par les femmes peu « confiantes ». Dans ce cas, proposer une « non intraversable » pour éviter les débordements.

→ Culottes et slips périodiques à fond doublé de PVC : Sanygia culotte ou string, Confiance Slip…

Pour incontinence modérée ou lourde

La capacité d’absorption varie de 500 à plus de 2 000 ml.

→ Les protections anatomiques. Elles possèdent des élastiques latéraux qui créent un godet à l’entrejambe. Elles répondent à l’incontinence modérée à sévère, de jour et de nuit : Confiance Sensitive Moyenne (600 ml) et Secure Soft (800 à 2 100 ml), Tena Lady Extra, Super ou Maxi Night (500, 800 ml), Comfort (1 600 à 3 200 ml), Semesa Maxi et Extra (690 et 800 ml)… À savoir : certaines ont des bandes de fixation autocollantes (Confiance Sensitive…). Sinon, se glisse dans un slip « filet » ou une culotte (Molipants, Tena fix, Sanygia) ; la partie large se positionne derrière ; à proposer si le change complet est mal accepté.

→ Les slips/culottes absorbants. Ces sous-vêtements élastifiés sont recommandés aux femmes mobiles, incontinentes modérées et aux malades désorientées qui arrachent les ailettes des changes complets. Ils sont bien acceptés : Confiance Slip (600 ml), Molicare mobile (de 900 à 1 800 ml) ; TenaPants (de 400 à 1 200 ml) et Silhouette, Semesa Slip (1 100 à 1 300 ml)…

→ Les changes complets. Ils sont réservés aux incontinences fortes à sévères, pour les personnes plutôt alitées ou grabataires et/ou souffrant de troubles du comportement. Leur utilisation doit être réfléchie car ils infantilisent.

Ils comportent quatre ailettes adhésives latérales, ajustables, ainsi que deux voiles latéraux en non tissé jouant le rôle de barrières anti-fuite. Ils permettent de fortes absorptions : Molicare (Jour), Molicare Plus (Nuit), Super Plus (intraversable, 2 230 ml) et Premium, Tena Flex Plus, Super et Maxi… À savoir : les protections nuit protègent dix heures ; présence d’un indicateur d’humidité (changement de couleur…) ; certains ont une ceinture de fixation facilitant la pose (Tena Flex).

Les alèses

De différentes tailles, carrées ou rectangulaires, elles s’emploient en complément des protections ou dans l’incontinence légère pour les personnes sans protection nocturne. Elles protègent le lit ou le fauteuil d’éventuelles fuites. Exemples : Molinea Plus, Plus D (1 580 ml) et bordable, Tena bed, Alèse Marque verte Semesa…

La prise en charge

Les produits absorbants ne sont pas inscrits à la LPPR. Aucune prise en charge directe n’est prévue, excepté par l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour les bénéficiaires de plus de 60 ans. Leur coût est de 40 à 130 € par mois selon le degré d’incontinence. Ainsi, certaines préfèrent des solutions inadaptées mais moins onéreuses comme des mouchoirs en papier ou du papier absorbant. Macération, irritation, voire mycose, sont à évoquer pour limiter ces pratiques à risque.

L’autosondage

Pour qui ?

Le sondage vésical traite les rétentions d’urine et les incontinences par regorgement (sclérose en plaques, lésées médullaires). L’objectif est de vider correctement la vessie pour éviter les infections urinaires, les distensions vésicales et l’altération de la fonction rénale.

En quoi cela consiste ?

Le sondage vésical ou urinaire est une opération de drainage, c’est-à-dire une évacuation de l’urine vers l’extérieur. Il consiste à introduire une sonde dans la vessie, par le méat urinaire en suivant l’urètre, pour permettre l’écoulement des urines depuis la vessie. Les urines sont soit collectées dans une poche à urines reliée à la sonde, soit partent dans la cuvette des toilettes.

Le sondage est dit intermittent quand une sonde à usage unique est introduite dans la vessie et, qu’une fois la vessie vidée, est immédiatement retirée ; cette opération est répétée chaque fois que cela est nécessaire.

Si la patiente se sonde elle-même, c’est un autosondage ; si c’est un aidant, il s’agit d’un hétérosondage.

En pratique

→ Le matériel. Les sondes utilisées sont généralement droites de type Nelaton, de charrière 12 (voir info+ p. 30). Les sondes béquillées de type Tiemann ou Mercier sont adaptées à l’anatomie masculine.

→ Le déroulé. La mise en place de la sonde s’effectue de manière propre mais non stérile. La patiente n’a pas besoin de gants, mais doit bien se laver les mains avant et après le sondage.

Prise en charge

Les sondes et poches de recueil sont des dispositifs médicaux inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR), sans prix limite de vente (dépassement client autorisé). Depuis 2007, les infirmiers peuvent les prescrire.

Conseils aux patientes

PRÉVENTION

Informations

Toute perte involontaire d’urine est une incontinence. Ce n’est pas une maladie, mais un symptôme pouvant être pris en charge. Orientez toujours une femme se plaignant de fuites vers son gynécologue ou son médecin traitant. Encouragez-la à aborder son problème avec le médecin.

Hygiène de vie

Boire de 1,5 à 2 litres d’eau dans la journée afin d’éviter une concentration des urines, qui irriterait la vessie. Limiter l’apport deux heures avant le coucher, la consommation de thé, café et alcool.

Limiter les pressions abdominales

→ Tabac : si possible, l’arrêter. Il provoque des troubles bronchiques et une toux, augmentant les pressions abdominales ; il favorise aussi l’insuffisance sphinctérienne par son action anti-oestrogénique.

→ Alimentation : un régime alimentaire riche en fibres lutte contre la constipation.

→ Poids : limiter la surcharge pondérale.

Vie génitale

Informer les femmes aux moments « clés » de leur vie génitale (grossesse, ménopause), sur l’intérêt de la rééducation périnéo-sphinctérienne.

OBSERVANCE

Le traitement médicamenteux

Rappeler que l’effet maximal des anticholinergiques s’observe après cinq à huit semaines. Bien toléré, il ne doit pas être abandonné trop tôt du fait d’une crainte d’inefficacité.

Les effets indésirables à signaler

Les anticholinergiques sont impliqués dans des accidents iatrogènes tel que le syndrôme atropinique (voir médicaments p. 29). Ces troubles sont plus susceptibles de se manifester chez une personne âgée, chez qui les médicaments gagnent plus facilement le cerveau. Les signaler au médecin en vue d’une réévaluation.

Les absorbants

– Un slip en filet tubulaire se porte coutures à l’extérieur pour éviter frottements et irritations.

– Avant la mise en place d’un change complet, après l’avoir déplié, le replier en deux dans le sens de la longueur pour lui donner une forme de godet et relever les voiles latéraux de sécurité en tirant légèrement dessus. Après mise en place, les ailettes adhésives du haut sont positionnées légèrement dirigées vers le bas, et celles du bas vers le haut.

À éviter : choisir une taille de change trop grande en pensant augmenter la capacité d’absorption, cela favoriserait les fuites ; parler de « couches » plutôt que de protections absorbantes (personne n’aime être comparé à un bébé…).

L’autosondage intermittent

En pratique

– Se laver les mains avant et après le sondage. Un miroir peut aider à repérer leur méat urinaire.

– Réaliser cinq ou six sondages par jour, et notamment un au réveil et un au coucher pour éviter les sondages nocturnes.

– Changer de sonde si elle a été malencontreusement introduite dans le vagin, si elle est tombée au sol ou si l’emballage est déchiré.

Surveillance

– Si le sondage est douloureux, la charrière est peut-être trop élevée, la sonde irrite l’urètre. S’il y a des fuites, le diamètre est trop petit.

– En cas de suspicion d’infection urinaire (température, fatigue, malaise général, fuites urinaires), augmenter les apports hydriques et réaliser un ou deux sondages quotidiens supplémentaires. Consulter un médecin.

– Signaler tout saignement urinaire au médecin traitant.

Avec l’aimable participation de Didier Robert, kinésithérapeute, La Garenne-Colombes (92).

Les médicaments qui aggravent l’incontinence

De nombreux médicaments agissent sur le système urinaire :

• les parasympathomimétiques ou cholinergiques : ils contractent le détrusor, à l’instar des médicaments utilisés dans le traitement de la maladie d’Azheimer ;

• les diurétiques potentialisent l’instabilité vésicale ;

•les bêta-bloquants contractent le détrusor ;

• les médicaments favorisant les rétentions d’urine et les incontinences par regorgement comme les morphiniques et les nombreux médicaments ayant un effet atropinique : antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques, anti-histaminiques…

Info+

Selon l’Association française d’urologie (AFU) :

– 25 à 50 % des femmes incontinentes urinaires se plaignent aussi de troubles sexuels ;

– 60 % des femmes incontinentes mentionnent des fuites pendant les rapports.

Des calendriers mictionnels sont disponibles sur le site de l’Association française d’urologie (www.urofrance.org).

Ditropan (oxybutynine) se prend à jeun ou au cours des repas avec un verre d’eau ou de lait en cas de douleurs gastriques

(source : Thériaque).

La capacité d’absorption indiquée sur un produit dédié correspond à sa capacité maximale, parfois exprimée en « vessie » (environ 300 ml).

Estimation des pertes selon l’incontinence :

– légère : perte de 50 à 100 ml en quatre heures ;

– moyenne : de 100 à 200 ml en quatre heures ;

– forte : de 200 à 300 ml en quatre heures.

La charrière (CH) désigne l’unité du diamètre interne des sondes exprimé en charrière (CH). 1 CH correspond à un tiers de millimètre. Ainsi, une sonde 12 CH a un diamètre de 4 mm. Quel que soit le fabricant, la couleur de l’embase de la sonde dépend de la charrière (bleue : 8 CH ; noire : 10 CH ; blanche : 12 CH ; verte : 14 CH ; orange : 16 CH).

Sanygia propose une culotte de bain étanche (Robin) dans laquelle on peut glisser une garniture absorbante. Elle permet d’aller dans l’eau.

Contre-indications médicales des traitements oraux de l’incontinence

• Anticholinergiques urinaires : risque de rétention urinaire lié à des troubles urétro-prostatiques, occlusion (ou atonie) intestinale, myasthénie, glaucome à angle fermé.

• Flavoxate : obstructions digestives, hémorragies gastro-intestinales, glaucome à angle fermé.

Interview

Didier Robert, kinésithérapeute libéral, La Garenne-Colombes (92)

Quelle technique de rééducation est la plus efficace ?

Tout dépend de la capacité de contraction du périnée. Le biofeedback est la technique la plus efficace sur le plan musculaire, car la patiente visualise sur un écran ses contractions périnéales, et peut donc les contrôler en durée et en intensité. Mais encore faut-il qu’il soit praticable ! Pour m’en assurer, je commence par évaluer la capacité de contraction du périnée par un test réalisé en faisant un toucher vaginal. Le score d’une femme à une autre peut varier entre 0 et 5. Dans le cas où le périnée est à 0 ou 1, le biofeedback est difficilement praticable car la patiente n’arrive pas, ou peu, à contracter son périnée. À ce stade, l’électrostimulation a sa place, car elle permet de ressentir ce qu’est une contraction – laquelle aura été déclenchée par un courant électrique – et d’amorcer le renforcement du périnée. Quelle que soit la technique, la rééducation périnéale est indispensable pour prévenir les descentes d’organes et limiter les problèmes de fuites à l’effort. Il est donc important que les officinaux contribuent à renseigner les femmes sur l’intérêt et l’importance de cette rééducation. Certaines occasions, sortie de maternité, achat d’absorbants, sont propices au dialogue.