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L’incontinence urinaire féminine
Fuite d’urine en riant ou envie irrépressible de faire pipi, l’incontinence urinaire peut être d’effort, par hyperactivité vésicale, ou mixte. Rééducation, médicaments, chirurgie, les possibilités thérapeutiques sont larges mais ce symptôme reste tabou. Plus de la moitié des femmes atteintes ne consultent pas.
La maladie
Définition
L’incontinence urinaire est définie comme « toute perte involontaire d’urine » par le méat urétral. La fréquence ou le volume des pertes ne sont pas pris en compte. C’est un symptôme. Ce n’est ni une maladie, ni une fatalité liée à l’âge, même si le vieillissement peut contribuer au développement de troubles mictionnels.
Physiopathologie
Appareil urinaire
Chez la femme, cet appareil est constitué :
• de la vessie, qui joue le rôle de réservoir d’urine. Elle se contracte sous l’effet d’une stimulation parasympathique ou se relâche sous l’effet d’une stimulation sympathique ;
• de sphincters, avec le sphincter strié, sous contrôle volontaire, et le sphincter lisse, sous contrôle sympathique, dont la contraction accroît la pression intra-urétrale et refoule l’urine dans la vessie ;
• du périnée, qui soutient les muscles sphinctériens.
Lorsque la vessie se contracte et que les muscles sphinctériens se détendent, par relâchement volontaire du sphincter strié, l’urine s’écoule. C’est la miction. La différence entre la pression de l’urètre et celle de la vessie assure la continence en dehors des mictions.
Pertes urinaires
Ces pertes involontaires sont dues à une altération du fonctionnement de la vessie et/ou du plancher pelvien et du sphincter urétral. Si les forces de retenue deviennent inférieures à la pression vésicale, il y a une émission incontrôlée d’urine.
Signes cliniques
Il existe trois types d’incontinence urinaire selon la symptomatologie et la cause.
Incontinence d’effort
Il s’agit de la forme la plus fréquente chez la femme (50 % des cas).
• Manifestation. La perte involontaire d’urine a lieu lors d’un effort physique : rire, toux, éternuement, sport, port de charge. Elle n’est pas précédée de la sensation de besoin.
• Mécanismes. L’incontinence d’effort est d’origine urétrale. Elle résulte :
→ soit d’une faiblesse du système de soutien périnéal, qui engendre une hypermobilité de l’urètre lors des efforts ;
→ soit d’une insuffisance sphinctérienne ;
→ soit des deux mécanismes à la fois.
Si les mécanismes de soutien de l’urètre ou le sphincter urétral sont défaillants, l’équilibre entre la pression intra-urétrale et la pression intra-vésicale lors d’une hyperpression abdominale n’est pas maintenu, ce qui entraîne une perte d’urine. Ces fuites sont diurnes et de faible quantité.
• En cause : les traumatismes obstétricaux, les prolapsus utérins, ou « descente » d’organe (voir Dico+ p. 33), carence œstrogénique post-ménopausique pour le sphincter interne, radiothérapie et intervention chirurgicale pour le sphincter strié.
Incontinence par hyperactivité vésicale
• Manifestation. La perte d’urine est précédée d’un besoin d’emblée urgent et incontrôlable. Le besoin est dit impérieux. Ces fuites peuvent survenir au repos, sans notion d’effort, même la nuit.
Mécanismes. Également appelée incontinence par urgenturie ou par impériosité, cette incontinence est liée à un dysfonctionnement musculaire de la vessie, avec hypercontractilité du détrusor, un muscle lisse situé dans la paroi de la vessie. Les contractions non contrôlées entraînent une augmentation de la pression dans la vessie et une perte d’urine malgré un sphincter fonctionnel.
• En cause, un dysfonctionnement musculaire qui peut être provoqué :
→ par une modification des propriétés de la paroi de la vessie après une inflammation chronique due à des lithiases, ou à une tumeur de la vessie ;
→ ou à la suite d’une altération du contrôle neurologique en raison d’une maladie neurologique telle qu’une neuropathie diabétique, une sclérose en plaques ou un accident vasculaire cérébral.
Quand les causes ne sont pas toujours identifiées, on parle d’hyperactivité vésicale idiopathique.
Incontinence mixte
Elle combine des symptômes liés à une hyperactivité vésicale et à une insuffisance sphinctérienne. L’incontinence mixte est fréquente chez les personnes âgées.
Étiologies
L’incontinence peut être multifactorielle. Les principales causes identifiées et confirmées par des études épidémiologiques sont nombreuses.
Causes principales
• La grossesse. Près de 50 % des femmes enceintes se plaignent de fuites urinaires au troisième trimestre de grossesse. Une incontinence urinaire prénatale est le premier facteur de risque d’incontinence post-natale, avec une prévalence de 15 à 20 % en post-partum.
• L’accouchement par voie vaginale, notamment en cas d’extraction par forceps ou ventouse, en raison d’un risque de lésions périnéales.
• L’obésité. Le risque d’incontinence est quatre fois plus élevé chez les femmes en surpoids.
• Le vieillissement. La carence en œstrogènes lors de la ménopause a un impact négatif sur la tonicité des tissus du plancher pelvien.
Causes suspectées
• La pratique intensive d’exercices physiques. La survenue d’une incontinence dépend du sport et du niveau d’intensité de la pratique. Les plus incriminés sont la course, le basket-ball, le handball, le volley-ball, l’équitation et la danse.
• La constipation chronique : les efforts de poussée au long cours peuvent altérer les muscles du périnée.
• Certaines pathologies, type diabète, sclérose en plaques, maladie de Parkinson…
• Des apports hydriques trop importants ou des boissons diurétiques comme le café ou le thé.
Complications
Sur le plan psychologique
La qualité de vie peut être très altérée.
• Repli sur soi. Un sentiment d’auto-dévalorisation, la honte, la peur des mauvaises odeurs peuvent amener les femmes à s’isoler. La crainte d’affronter une situation embarrassante en public peut conduire à un retrait de la vie sociale et à des troubles anxio-dépressifs.
• Sexualité perturbée. Près de 50 % des femmes incontinentes évoquent des problèmes de fuites urinaires durant l’acte sexuel, d’où la baisse de la libido et un espacement des rapports.
Sur le plan physique
• Troubles de l’hygiène en cas de fuites à l’extérieur du domicile, avec impossibilité de se laver ou de se sécher rapidement, d’où un risque accru de macération et d’infections urinaires.
• Troubles cutanés, type rougeurs, irritations, voire escarres chez les patientes grabataires.
• Troubles du sommeil et risques de chutes accrus chez les personnes âgées obligées de se lever la nuit pour aller aux toilettes.
• Risque de sédentarité et de ses complications, avec arrêt de toute activité physique de peur des fuites.
Diagnostic
Interrogatoire
Il précise le type d’incontinence et son retentissement sur la vie. Il vise à distinguer les incontinences vraies des troubles iatrogéniques, des erreurs diététiques ou comportementales.
• Recherche des circonstances d’apparition : fuites à l’effort, déclenchement par audition de l’eau, fuites diurnes et/ou nocturnes…
• Évaluation de l’importance de l’incontinence par la mise en place d’un calendrier mictionnel sur plusieurs jours, et questions sur le port de protections : protège-slips, serviettes ou couches, combien de changements par jour…
• Présence de symptômes urinaires associés : pollakiurie (= augmentation de la fréquence des urines), dysurie (= difficultés à uriner), brûlures mictionnelles.
• Vérification des antécédents obstétricaux, gynécologiques et médicamenteux : ménopause, traitement hormonal substitutif, diurétiques…
Examen clinique
Il s’agit d’un examen uro-gynécologique pour évaluer la qualité du plancher pelvien et détecter une cause locale comme un prolapsus utérin.
Le praticien recherche une infection urinaire responsable d’une pollakiurie au moyen d’une bandelette urinaire. En cas de bandelette positive, un examen cytobactériologique des urines (ECBU) est recommandé afin d’adapter le traitement antibiotique.
Examens radiologiques
• Une échographie rénale et pelvienne visualise la présence d’obstacles tels que des lithiases vésicales ou une tumeur, et recherche un éventuel résidu post-mictionnel.
• Cystoscopie. Elle n’est pas recommandée dans le bilan initial d’une incontinence sauf si une pathologie tumorale associée est suspectée. Réalisé à l’aide d’un endoscope souple avec système optique, cet examen visualise l’intérieur de la vessie en passant par les voies naturelles.
Exploration urodynamique
Elle n’est pas systématique mais est proposée :
→ si le diagnostic d’incontinence urinaire est incertain ;
→ en l’absence de soulagement après un traitement anticholinergique en cas d’incontinence par hyperactivité vésicale ;
→ si une intervention chirurgicale est envisagée en cas d’incontinence urinaire d’effort ;
→ en cas de suspicion d’une pathologie associée : atteinte neurologique, prolapsus génital important, antécédents de chirurgie ou d’irradiation pelvienne.
L’exploration comprend notamment une cystomanométrie, qui enregistre les pressions à l’intérieur de la vessie vide, puis lors de son remplissage.
Suivi médical
Dans un premier temps, le suivi est assuré par le médecin généraliste, puis, selon l’étiologie retrouvée ou pressentie avant l’exploration fonctionnelle, la femme est orientée vers un urologue ou un gynécologue. La fréquence du suivi varie selon l’option thérapeutique, l’observance et les résultats obtenus.
La prise en charge
Objectif
Le principal objectif est de rétablir la continence urinaire pour limiter les complications telles que les infections urinaires répétées, et d’améliorer la qualité de vie.
Stratégie thérapeutique
Les modalités de prise en charge diffèrent selon le type de l’incontinence, d’où l’importance du diagnostic différentiel.
• En cas d’incontinence d’effort.
En première intention : la rééducation périnéo-sphinctérienne, seule ou associée au biofeedback ou à l’électrostimulation.
→ En seconde intention : la chirurgie, avec pose d’une bandelette sous-urétrale.
• En cas d’incontinence par hyperactivité vésicale :
→ en première intention : les rééducations comportementale et périnéale, associées ou non à un anticholinergique ;
→ en seconde intention : la neuromodulation des racines sacrées ou des injections de toxine botulique.
• En cas d’incontinence urinaire mixte : le traitement est fonction des signes prédominants.
Rééducation
Rééducation périnéo-sphinctérienne
Pour qui ?
La rééducation par un kinésithérapeute ou une sage-femme est le traitement de première intention en cas d’incontinence d’effort ou d’incontinence mixte. L’objectif est de renforcer les muscles du périnée. L’intervention du professionnel est essentielle pour dédramatiser la situation, rassurer les patientes et les familiariser quant à leur anatomie intime.
Comment ?
Une série de dix séances est préconisée pour débuter. Il n’est pas recommandé de poursuivre au-delà de vingt-cinq séances en l’absence d’efficacité. Trois techniques sont possibles.
• Les exercices du plancher pelvien permettent aux patientes d’identifier les muscles périnéaux et d’apprendre à les contracter. Pour le professionnel, ces exercices apprécient la qualité des contractions au fur et à mesure des séances.
• Le biofeedback instrumental. Cette technique utilise une sonde vaginale dotée de capteurs de pression. L’intensité des contractions vaginales est retransmise sur un écran sous forme de courbe pour faciliter la visualisation et l’adhésion de la patiente au programme.
• L’électrostimulation. Une sonde vaginale génère des courants électriques à basse fréquence pour provoquer une contraction musculaire. Elle aide les patientes à prendre conscience des zones à contracter pour les inciter à reproduire seules le même type de contractions. L’électrostimulation peut être indiquée en cas d’incontinence par hyperactivité vésicale, mais elle est contreindiquée en cas de grossesse.
Rééducation comportementale
Associée à l’électrostimulation, la rééducation comportementale est indiquée en cas d’incontinence par hyperactivité vésicale. Elle est basée sur une prise de conscience des délais et des fréquences des mictions grâce à la tenue d’un calendrier mictionnel. Des exercices de relaxation peuvent également être proposés.
Médicaments
Ils sont indiqués dans le traitement de l’incontinence par hyperactivité vésicale en association ou en alternative à la rééducation par électrostimulation.
Anticholinergiques
• Mode d’action : la stimulation des récepteurs cholinergiques parasympathiques du détrusor permet la contraction vésicale, d’où l’intérêt d’utiliser des médicaments anticholinergiques antispasmodiques pour supprimer les contractions vésicales. Ces médicaments se fixent sur les récepteurs du système nerveux parasympathique et exercent une action antagoniste à l’acétylcholine. Ils réduisent l’amplitude de la contraction vésicale involontaire. Ils sont indiqués dans le traitement symptomatique des incontinences par impériosité et mixtes. Ils n’ont aucune indication dans l’incontinence d’effort. Le traitement s’évalue au bout de quatre à six semaines.
• Effets indésirables : effets atropiniques, avec sécheresse buccale et/ou oculaire, rétention urinaire, troubles visuels, troubles digestifs, avec nausées, vomissements, constipation ou diarrhée, céphalées, somnolence, confusions. L’utilisation concomitante d’autres anticholinergiques peut accroître les effets indésirables.
Flavoxate
• Mode d’action : antispasmodique musculotrope sans effet anticholinergique aux doses thérapeutiques. Il diminue le seuil d’excitation vésicale lors de la distension, ce qui permet d’augmenter la capacité de la vessie.
• Effets indésirables : constipation et nausées, sécheresse buccale, céphalées.
Mirabégron
• Mode d’action : agoniste puissant et sélectif des récepteurs bêta-3 adrénergiques vésicaux, le mirabégron induit un relâchement du détrusor. Il améliore la fonction de remplissage de la vessie et diminue la fréquence des mictions.
• Effets indésirables : nausées, constipation, hypertension artérielle, tachycardie, céphalées, sensations vertigineuses, infections urinaires.
• Législation. La spécialité Betmiga a une AMM dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, où elle bénéfice d’une prise en charge. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a estimé, en 2018, que cette molécule présentait un intérêt clinique insuffisant pour justifier son remboursement en raison d’un rapport efficacité/ effets indésirables mal établi.
Chirurgie
Bandelette sous-urétrale
• Indication. Cette technique est indiquée en deuxième intention en cas d’échec de la rééducation périnéale dans l’incontinence d’effort.
• Réalisation. Elle est effectuée en ambulatoire sous anesthésie loco-régionale ou générale. L’intervention consiste à poser une bandelette en polypropylène de chaque côté de la vessie pour corriger le défaut de soutien de l’urètre et consolider le plancher pelvien. Ce sont des bandelettes TVT, pour Tension-free Vaginal Tape.
• Les complications dues à cette chirurgie sont rares, moins de 1 % des cas, et en général mineures, avec rétention urinaire post-opératoire et infections urinaires. Après l’opération, les rapports sexuels, le port de charges lourdes et les efforts physiques intenses sont contre-indiqués pendant deux à quatre semaines.
La satisfaction à long terme est très élevée.
Sphincter artificiel
En cas d’échec à la pose de bandelette, la mise en place d’un sphincter artificiel peut être proposée. Il s’agit d’une prothèse en élastomère de s i l icone composée d’une manchet te à implanter autour du col vésical et d’une pompe de contrôle placée dans l’une des grandes lèvres de la patiente. Lors de la miction, la personne contrôle la pression de la manchette grâce à la pompe pour simuler le fonctionnement normal du sphincter.
Injections péri-urétrales
Silicone ou acide hyaluronique sont utilisés comme agents de comblement pour comprimer l’urètre. Les injections réalisées par voie transurétrale dans la paroi du canal de l’urètre réduisent son diamètre et améliorent sa capacité de fermeture. L’effet est limité dans le temps. Les injections sont à répéter en fonction de la réapparition des symptômes.
Agrandissement vésical
Indiquée en cas d’échec de tous les traitements de l’incontinence par hyperactivité vésicale, cette technique définitive et irréversible consiste à remplacer une partie du muscle et du réservoir vésical par un greffon intestinal.
Toxine botulique
Administrée par injection dans le détrusor sous anesthésie locale ou protoxyde d’azote par un urologue formé, la toxine (Botox) inhibe la libération d’acétylcholine et entraîne une paralysie du muscle. L’effet est attendu cinq à vingt jours après l’injection et dure de six à neuf mois.
Neuromodulation des racines sacrées
Utilisée en deuxième intention en cas d’incontinence par hyperactivité vésicale, cette technique nécessite l’implantation chirurgicale d’un appareil de neuromodulation au niveau de la fosse iliaque et d’une électrode au niveau du troisième nerf sacré qui inhibe le réflexe mictionnel.
Solutions palliatives
Qu’il s’agisse des premières pertes, d’un plan B en cas d’échec d’un traitement ou d’une solution d’attente entre deux thérapeutiques, les protections absorbantes ont leur place dans la prise en charge. Leur rôle est de pallier la gêne provoquée par l’humidité et les odeurs et de conserver une vie sociale. Elles ne représentent pas une fin en soi, au risque de devenir un facteur aggravant en rendant chronique une incontinence qui n’aurait été que transitoire.
Choisir une protection
Plusieurs éléments sont déterminants : le degré de mobilité car une patiente active n’aura pas les mêmes besoins qu’une personne alitée, le type et le volume des pertes, l’autonomie, la morphologie et le souhait de la femme.
Modèles
Il existe différentes formes et capacités d’absorption. Exemples : Confiance, Tena, ID, marques de distributeur Alvita, Semesa…
• Capacité d’absorption.
→ La capacité s’exprime en millilitres, le chiffre différant selon la méthode et s’échelonne de 80 à plus de 3 000 ml.
→ Le niveau d’absorption est souvent indiqué par un code couleur ou un nombre de gouttes sur l’emballage. Plus les gouttes sont pleines, plus c’est absorbant. Par exemple, chez Hartmann, 1 ou 1,5 goutte correspond à 66 ou 170 ml.
→ Cas des slips absorbants et des changes complets : plus la taille indiquée sur l’emballage est élevée, plus le coussin absorbant et la capacité d’absorption sont grands.
→ Ce mode de calcul présente des limites car une protection n’est jamais saturée à 100 %. La performance d’une protection inclut l’absorption, mais aussi l’effet « garde au sec », le confort du patient, l’étanchéité…
• Formes.
→ Protège-slips : ils se glissent dans le sousvêtement pour une incontinence faible correspondant à la perte de quelques gouttes.
→ Protections anatomiques : similaires aux protections hygiéniques, elles sont néanmoins plus absorbantes et protègent mieux des odeurs. Conseillées en cas d’incontinence légère, elles présentent des élastiques latéraux pour une utilisation en cas d’incontinence plus forte.
→ Protections droites : elles existent en modèle traversable pour un usage comme renfort dans un change complet ou un pants pour les patientes qui craignent les fuites malgré la première protection, ou en modèle intraversable. Dans ce cas, la protection présente une couche plastifiée sur sa face externe et nécessite d’être glissée dans une culotte de maintien.
→ Culottes absorbantes/pants : discrètes, elles s’utilisent comme sous-vêtements. Grâce à une ceinture élastique, elles sont adaptées aux patientes mobiles et autonomes souffrant d’incontinence modérée à sévère ou aux malades désorientées qui arrachent les adhésifs des changes complets. Pour le retrait, la culotte peut être déchirée sur le côté.
→ Changes complets : en cas d’incontinence forte à sévère pour les personnes alitées ou grabataires et/ou souffrant de troubles du comportement, de jour comme de nuit. Le change complet s’apparente à une couche avec une forte capacité d’absorption et des voiles latéraux jouant le rôle de barrières antifuites. Des fixations adhésives ajustables facilitent sa mise en place par un tiers en cas d’alitement. Leur utilisation mérite réflexion car ils infantilisent et peuvent dégrader l’image de soi.
→ Alèses : jetables ou lavables, elles protègent la literie ou le fauteuil d’éventuelles fuites. Disponibles souvent en deux tailles (60 x 60 cm et 60 x 90 cm), elles sont imperméables et se posent sur le support à protéger. Des modèles avec rabats facilitent leur positionnement et évitent qu’elles ne glissent.
Quelle prise en charge ?
Les protections absorbantes ne sont pas inscrites sur la liste des produits et prestations (LPP), et donc non remboursées par la Sécurité sociale. Une demande de prise en charge peut être faite via l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) sous des conditions d’âge (pour les plus de 60 ans), de résidence et de perte d’autonomie Aggir (voir Dico+ ci-contre et Info+ p. 35).
La prévention
Autour de la grossesse
La grossesse, principal facteur de risque, est un moment important pour informer et dépister les femmes qui n’auraient pas parlé spontanément de leur gêne (voir Info+ p. 36).
• Avant l’accouchement. Des exercices de rééducation prénatale sans électrostimulation peuvent être proposés au cours du troisième trimestre. Ils réduisent de moitié le risque de fuites après l’accouchement.
• En post-partum. 15 à 20 % des femmes ont une incontinence urinaire en post-partum, avec un risque accru d’incontinence plus tard.
Des séances de rééducation périnéale sont conseillées chez les femmes ayant des symptômes en post-partum, celles ayant eu un accouchement difficile, avec extraction instrumentale, ou en cas de lésions constatées à l’examen clinique. Ces séances se déroulent en général deux à trois mois après l’accouchement.
Exercices d’auto-rééducation
• Pour qui ? En dehors des séances réalisées avec un professionnel, des exercices de contractions volontaires peuvent être proposés aux patientes présentant des symptômes d’incontinence d’effort, pris en charge par de la rééducation, pour renforcer le périnée et le protéger lors des gestes du quotidien.
• Comment ? Le programme est défini avec accord du professionnel qui a posé le diagnostic.
→ Semaine 1 à 4 : 5 à 6 contractions prolongées de 3 à 6 secondes, suivies par 10 contractions rapides après une pause de 2 minutes. Une séance par jour, deux à trois fois par semaine.
→ Semaine 5 à 10 : 6 à 10 contractions prolongées de 6 à 8 secondes, suivies de 15 contractions rapides après un repos de 2 minutes. Deux séances par jour, quatre à cinq fois par semaine.
→ Semaine 11 à 16 : 12 contractions prolongées, suivies de 20 rapides après repos de 3 minutes. Trois séances par jour, quatre à six fois par semaine.
Ces exercices se font en position allongée, assise ou debout. Pour une meilleure adhésion, les intégrer aux gestes de la vie quotidienne.
Attention, le « stop pipi », qui consiste à bloquer le jet urinaire lors d’une miction, n’est pas de la rééducation. Il est à proscrire car il perturbe la physiologie de la miction, induit des résidus post-mictionnels et des infections urinaires.
Pour les patientes sportives
L’information est essentielle. 15 à 20 % des femmes abandonnent leur activité sportive en raison des fuites urinaires. L’arrêt de l’activité physique n’est pas conseillé. Il est préférable de s’orienter vers un autre sport. La marche, la natation, le yoga ou le Pilates sont recommandés.
Les conseils aux patientes
Observance
• Les médicamenteux anticholinergiques sont souvent interrompus pour cause de sécheresse buccale et/ou manque d’efficacité. Lors des renouvellements, rappeler le délai de cinq à huit semaines avant d’obtenir un résultat convenable.
• Inciter à consulter en cas d’infection urinaire ou de difficultés à uriner.
Automédication
La doxylamine et la cétirizine ont une activité anticholinergique. Ne pas les conseiller aux femmes sous anticholinergiques, au risque d’addition d’effets indésirables atropiniques : sécheresse buccale, constipation, rétention urinaire…
Vie quotidienne
Apports hydriques
• Ne pas limiter l’apport hydrique dans le but de limiter l’incontinence. Boire entre 1,5 et 2 L d’eau par jour, et à intervalles réguliers pour ne pas surcharger la vessie.
• Limiter les boissons deux heures avant le coucher afin d’éviter les réveils nocturnes. Réduire café et thé, diurétiques.
Hygiène vésicale
Ne pas se retenir de faire pipi ou pratiquer le « stop pipi », au risque de perturber le bon fonctionnement vésical et favoriser les infections urinaires. Éviter d’anticiper une envie en allant aux toilettes chaque fois avant de sortir. Le risque est de provoquer des contractions anarchiques de la vessie et d’amplifier le phénomène de pertes. Uriner régulièrement, six à sept fois par jour.
Diététique
• Lutter contre la constipation, avec une alimentation riche en fibres. En cas de problème chronique, un traitement de fond avec laxatifs doux osmotiques (lactulose, macrogol…) ou de lest (psyllium, ispaghul…) peut être prescrit par le médecin.
• Essayer d’évoquer le surpoids. Une perte de poids de 10 % peut diminuer de 50 % la fréquence des fuites.
Tabac
L’arrêter, surtout si une toux chronique est associée. Le tabac étant reconnu comme agent irritant de la vessie, la prise en charge du sevrage à l’aide de patchs ou de gommes est à évaluer avec le médecin qui prend en charge le traitement de l’incontinence.
Hygiène corporelle
Changer régulièrement de protections absorbantes pour éviter toute macération.
Se laver avec un savon doux pour ne pas agresser les muqueuses et déséquilibrer la flore protectrice. Sécher sans frotter avant de replacer une protection.
Attention aux solutions de secours type mouchoir en papier ou papier essuie-tout pour remplacer à moindre coût une protection absorbante. Ces méthodes sont le plus souvent inefficaces et sources d’irritation.
Avec l’aimable collaboration de Georges Bader, chirurgien gynécologue (92) et président de l’Institut parisien du périnée et de l’incontinence (Ippi).
Info +
→ 3 à 4 millions de femmes incontinentes en France. Seules 30 % oseraient consulter.
→ Pic de prévalence(voir Dico+ ci-dessous) : 50-55 ans, après la ménopause.
→ L’incontinence représente 3 % du budget de la santé en France, comme l’ostéoporose et l’arthrose.
Dico +
→ Prévalence d’une maladie : nombre de cas d’une maladie enregistrés pour une population déterminée et englobant aussi bien les nouveaux cas que les anciens.
Info +
→ Les fuites urinaires dites « par regorgement » sont consécutives à une rétention urinaire sur obstacle urétral ou liées à une hypotonie de la vessie, qui consiste en une diminution des fibres élastiques du détrusor liée à l’âge ou à une atteinte neurologique.
Elles ne sont pas considérées comme un type d’incontinence urinaire.
Avis de spé
L’incontinence urinaire reste un sujet tabou mais il faut en parler pour améliorer la prévention
Dr Georges Bader, chirurgien gynécologue (92) et président de l’Institut parisien du périnée et de l’incontinence (Ippi).
L’incontinence urinaire est-elle une fatalité ?
Absolument pas et c’est le message qu’il faut faire passer à toutes les patientes. La majorité des personnes que je vois en consultation se considèrent en bonne santé, mais reconnaissent que l’incontinence a un impact sur leur qualité de vie. Il faut bien comprendre qu’avoir des fuites urinaires n’est pas un état normal et qu’il faut aller consulter car il existe des solutions.
Tous les professionnels de santé ont un rôle à jouer ?
Bien sûr. L’incontinence urinaire reste un sujet tabou, mais il faut en parler pour améliorer la prévention et le dépistage. À la pharmacie, il ne faut pas hésiter à instaurer un dialogue avec les patientes qui se présentent régulièrement pour acheter des protections. La plupart du temps, elles n’osent pas en parler spontanément ou craignent de consulter par peur de la chirurgie. Il faut discuter pour expliquer que la chirurgie n’est que l’une des possibilités parmi toutes les prises en charge possibles.
Les médicaments par exemple ?
Oui et il faut rester vigilant en cas de non renouvellement. Là encore, le dialogue est important car si la patiente cesse son traitement parce qu’elle n’est pas satisfaite du résultat ou qu’elle le supporte mal, il faut l’inciter à revoir son spécialiste.
Dico +
→ Prolapsus utérin : déplacement de l’utérus vers la cavité vaginale, également appelé hystérocèle.
Témoignage
Depuis la pose de bandelette, je n’ai plus de symptômes
Maud 63 ans
« Je pratique l’équitation très régulièrement et, à 46 ans, j’ai commencé à avoir mes premières fuites urinaires. Cela devenait gênant. À chaque exercice à cheval, je perdais quelques gouttes et, à la fin de ma séance, j’étais vraiment mouillée. Peu à peu, j’ai également eu des fuites en montant les escaliers et en toussant. Je ne voulais pas laisser cette situation empirer car je ne me voyais pas porter des protections pendant des années ; j’en ai donc parlé à mon médecin traitant. Il m’a diagnostiqué une incontinence urinaire liée à l’effort, en précisant qu’il n’y avait rien à faire, qu’il fallait que je l’accepte car les traitements n’étaient pas vraiment efficaces. Il m’a quand même prescrit des séances de rééducation, que j’ai faites chez une sage-femme. J’ai noté une certaine amélioration mais l’effet s’est vite estompé. J’en ai parlé autour de moi car je me doutais que je ne n’étais pas la seule à avoir ce type de problème. J’ai réussi à obtenir l’adresse d’un chirurgien spécialisé, qui m’a opérée ; j’avais 48 ans. Il n’y a pas eu de complications post-opératoires, j’ai juste dû m’abstenir de porter des charges lourdes pendant trois semaines. Depuis la pose de cette bandelette TVT, il y a quinze ans, je n’ai plus de symptômes. »
Info +
→ Les demandes d’allocation pour l’achat de protections absorbantes se font, selon le lieu de résidence, auprès des services du département, de la mairie ou, s’il existe, auprès d’un point d’information local dédié aux personnes âgées. Renseignements disponibles sur le site service-public.fr
Info +
→ Les fuites urinaires chez une femme enceinte nécessitent de vérifier l’intégrité de la poche des eaux en plus d’une éventuelle infection urinaire.
Quand la rupture de la poche n’est pas totale, le liquide amniotique peut s’écouler de façon continue en goutte à goutte. Cette fissure doit être diagnostiquée rapidement car elle expose le bébé à des complications, dont un risque infectieux important.
Dico +
→ Grille Aggir : outil de référence pour évaluer le degré de dépendance des personnes âgées. Les degrés de perte d’autonomie sont classés en six groupes, qui correspondent à un niveau de besoin d’aides pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne.
Contre-indications médicales des médicaments
• Pour tous les anticholinergiques urinaires : rétention urinaire, glaucome par fermeture de l’angle, myasthénie, affection gastrointestinale sévère (mégacôlon toxique, rectocolite hémorragique, atonie intestinale, iléus paralytique, colite ulcéreuse sévère, occlusion intestinale).
→ Solifénacine : patients hémodialysés, insuffisance hépatique ou rénale sévère.
→ Fésotérodine : insuffisance hépatique sévère.
→ Chlorure de trospium : tachyarythmie.
→ Flaxovate : glaucome par fermeture de l’angle, lésion obstructive intestinale, obstruction pylorique ou duodénale, hémorragie gastro-intestinale.
→ Mirabégron : hypertension artérielle sévère non contrôlée (PA systolique supérieure ou égale à 180 mmHg et/ou PA diastolique supérieure ou égale à 110 mmHg).
En savoir +
→ Association française d’urologie
L’AFU propose des fiches d’information destinées aux patients pour expliquer les différentes options thérapeutiques, le déroulement des opérations chirurgicales et les suites opératoires.
→ Association d’aide aux personnes incontinentes
L’AAPI est une association à but non lucratif animée par des bénévoles acteurs de santé (médecins, kinés, sages-femmes, infirmières…). Elle a pour but d’améliorer la qualité de vie des patients.
À RETENIR
SUR LA MALADIE
→ L’incontinence urinaire est une perte involontaire d’urine. Fréquence et/ou quantité ne sont pas prises en compte.
→ Les principaux facteurs de risque sont les grossesses, les antécédents d’accouchement par voie basse, l’obésité et l’activité physique intensive.
→ Il existe trois types d’incontinence : d’effort, qui survient lors d’un effort (toux, rire, port de charge) et est non précédée d’une envie d’uriner, par hyperactivité vésicale, avec envie d’uriner urgente et irrépressible, et la mixte qui associe les deux types de symptômes.
SUR LES TRAITEMENTS
→ En cas d’incontinence d’effort, la rééducation périnéo-sphinctérienne, seule ou associée au biofeedback ou à l’électrostimulation, est recommandée.
En deuxième intention, la chirurgie avec notamment la pose d’une bandelette sous-urétrale.
→ En cas d’incontinence par hyperactivité vésicale, les rééducations comportementale et périnéale, associées ou non à un anticholinergique, sont recommandées.
En deuxième intention, la neuromodulation des racines sacrées ou les injections de toxine botulique.
→ L’efficacité des médicaments demeure modérée et l’observance est faible en raison d’effets indésirables atropiniques.
→ Dans l’incontinence urinaire mixte, le traitement dépend des signes dominants.
SUR LES CONSEILS
→ L’incontinence n’est pas une fatalité.
→ Les protections urinaires ne sont qu’une solution d’attente. Leur coût élevé à terme et le risque de complications (macération, infections urinaires) doivent inciter à ouvrir le dialogue lors de ventes répétées.
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