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Les troublesfonctionnels intestinaux
Les troubles fonctionnels intestinaux sont dénués de gravité mais peuvent altérer sévèrement la qualité de vie. Individuel et symptomatique, le traitement médicamenteux est parfois associé à une prise en charge psychologique.
Définition
Synonyme de colopathie fonctionnelle ou de syndrome de l’intestin irritable, les troubles fonctionnels intestinaux (TFI) associent de façon chronique des douleurs abdominales et des troubles du transit, en l’absence de toute lésion organique de l’intestin. Avec le temps, ces symptômes peuvent s’atténuer ou bien s’aggraver.
Stratégie du traitement
Purement symptomatique, le traitement associe médicaments, hygiène de vie et parfois soutien psychologique. Le traitement médicamenteux lutte contre les contractions de l’intestin, traite les ballonnements, les épisodes diarrhéiques et évite la constipation avec les fibres et des règles hygiénodiététiques. Le traitement, continu ou non, est individuel et adapté au ressenti du patient face à ses symptômes. Certaines molécules, bien que proches les unes des autres, n’ont pas le même effet selon les patients.
Les médicaments
Les spasmolytiques non anticholinergiques
Les spasmolytiques musculotropes ou papavériniques (alvérine, mébévérine, papavérine, phloroglucinol) agissent sur la musculature lisse, le pinavérium et la trimébutine au niveau de la cellule intestinale.•
• Mébévérine (Colopriv, Duspatalin). Mode d’action : la mébévérine stimule la motricité digestive. Administration : avant les repas. Précautions d’emploi : à éviter durant la grossesse et l’allaitement. Contre-indications : enfant de moins de 6 ans (fausse route avec la gélule).
• Phloroglucinol. Mode d’action : le phloroglucinol lève le spasme des fibres musculaires lisses et calme la douleur. Administration : la forme injectable est réservée aux douleurs aiguës. La forme lyoc se laisse fondre sous la langue pour un effet rapide ou se dissout dans un verre d’eau. Éviter d’utiliser en association des antalgiques morphiniques ou leurs dérivés en raison de leur effet spasmogène. Contre-indications : la solution injectable ne doit pas se mélanger à la noramidopyrine. Par prudence, à éviter durant la grossesse et l’allaitement.•
• Pinavérium bromure (Dicetel). Mode d’action : spasmolytique dont les effets s’exercent sélectivement au niveau du tube digestif. C’est un antagoniste qui inhibe l’entrée du calcium au niveau de la cellule musculaire lisse intestinale. Il réduit les stimulations des afférences sensitives. Il n’a aucun effet cardiovasculaire. Administration : au milieu des repas. Contre-indication : à éviter durant la grossesse et l’allaitement.•
• Trimébutine (Débridat, Modulon, Transacalm). Mode d’action : la trimébutine est un agoniste des récepteurs aux opiacés endogènes et des récepteurs non cholinergiques qui agit sur la motricité intestinale. La forme injectable est réservée aux douleurs aiguës. Administration : prise indifférente par rapport aux repas. La suspension buvable, reconstituée par addition d’eau minérale non gazeuse, s’administre directement ou mélangée à un liquide. Une fois reconstituée, elle se conserve quatre semaines. Les sachets se dissolvent dans un verre d’eau. La forme injectable s’administre lentement, en 3 à 5 minutes, et se conserve au réfrigérateur. Contre-indications : ne pas l’utiliser durant le premier trimestre de la grossesse.
Spasmolytique avec adsorbant ou antiflatulent
• Papavérine et charbon activé (Acticarbine)
. Mode d’action : le charbon adsorbe les gaz intestinaux et la papavérine est un antispasmodique. Administration : avant les repas. Précautions d’emploi : le charbon pouvant diminuer l’absorption de médicaments associés, respecter un délai de plus de 2 heures entre Acticarbine et un autre médicament. Contre-indications : prise déconseillée durant la grossesse et l’allaitement.
• Alvérine et siméthicone (Météospasmyl). Mode d’action : l’alvérine (citrate de diprophylline) est un antispasmodique de type papavérinique non atropinique. Le siméthicone, physiologiquement inerte, agit en modifiant la tension superficielle des bulles de gaz en les coalesçant. Il crée un film protecteur et a un effet antiflatulent. Administration : au début des repas. Contre-indications : à éviter durant la grossesse et l’allaitement.•
• Siméthicone et phloroglucinol (Météoxane). Mode d’action : le phloroglucinol exerce une action antispasmodique. Le siméthicone crée un film protecteur et exerce un effet antiflatulent. Administration : avant les repas ou au moment des douleurs. Contre-indications : à éviter durant la grossesse et l’allaitement.
Les pansements gastro-intestinaux
• Argiles et apparentés
• Actapulgite de Mormoiron activée (Actapulgite). Mode d’action : c’est un pansement gastro-intestinal. Administration : avant les repas. Pour un mélange homogène et de goût agréable, le mélanger à sec avec du sucre en poudre avant adjonction d’eau. Précautions d’emploi : diminue l’absorption digestive des médicaments administrés simultanément par voie orale. Espacer la prise de plus de 2 heures si possible, notamment avec certains médicaments (voir tableau). Avertir les diabétiques de la présence de sucre (2,7 g par sachet). Contre-indications : affections sténosantes du tube digestif.
• Diosmectite (Smecta). Mode d’action : pansement au pouvoir couvrant de la muqueuse intestinale, la diosmectite augmente la résistance du gel muqueux face aux agressions et protège la muqueuse digestive. Administration : à délayer dans un verre d’eau entre les repas. Précautions d’emploi : administrer tout autre médicament à distance de Smecta.
• Montmorillonite beidellitique (Bedelix). Mode d’action : argile naturelle tapissant la muqueuse digestive, elle possède un pouvoir adsorbant puissant vis-à-vis de différentes toxines. Son pouvoir gonflant est très faible et elle n’a aucun effet sur le transit intestinal physiologique. Administration : entre ou un peu avant les repas. La poudre se délaye dans un demi-verre d’eau ou se mélange à un aliment semi-liquide (compote, purée…). Précaution d’emploi : prendre à distance de tout autre médicament (voir tableau). Pas de traitement prolongé chez les dialysés chroniques en raison de la présence d’aluminium. Diminue l’excrétion rénale des salicylés. Contre-indications : affections sténosantes du tube digestif.•
• Polyvinylpolypyrrolidone ou povidone (Bolinan). Mode d’action : ce polymère de haut poids moléculaire, très hygroscopique et gonflant, protège la muqueuse intestinale grâce à son pouvoir couvrant et à la fixation des toxines microbiennes. Elle adsorbe les gaz intestinaux et donc le météorisme intestinal. Administration : au moment des repas (comprimés à délayer dans un demi-verre d’eau). •
• Povidone et gomme karaya (Poly-karaya). Mode d’action : la gomme karaya, au pouvoir hydrophile important, peut fixer 96 fois son poids d’eau. Elle augmente le volume du bol fécal et régule le transit en permettant la progression physiologique des selles. Administration : au début des repas. Avaler sans croquer avec un peu d’eau. Précautions d’emploi : avertir les diabétiques de la présence de saccharose (3,55 g par sachet). À utiliser avec prudence en cas de mégacôlon (risque de parésie par altération de la motricité colique). Contre-indications : affections sténosantes du tube digestif.•
• Silicone. La siméthicone (Imonogas, Siligaz), substance physiologiquement inerte, agit en modifiant la tension superficielle des bulles de gaz, provoquant ainsi leur coalescence. Siligaz se prend avant ou après les repas, Imonogas à la fin. La diméticone (Pepsane) réalise un pansement adhérent sur la paroi des muqueuses digestives et possède un effet antimousse. Elle s’administre avant les repas ou au moment des douleurs. Son avantage est d’être sans sucre.
Le charbon
Adsorbant intestinal des gaz, le charbon seul (Arkogélules, charbon végétal Boiron, Carbophos, Formocarbine…) ou associé (Acticarbine, Carbolevure, Carbosylane, Carbosymag, Notgaz…) est utilisé essentiellement dans le météorisme (ou ballonnement). Il fonce les selles et peut constiper à hautes doses. Il doit être pris à distance de tout autre médicament (plus de 2 heures) en raison de ses propriétés adsorbantes.
Autres
– Le lopéramide (Imodium, Altocel, Arestal, Imossel…), ralentisseur de transit, est prescrit ponctuellement en cas de diarrhée invalidante pour la vie sociale.
– La composante anxieuse justifie parfois le recours à un anxiolytique seul ou associé à un antispasmodique : le méprobamate dans Kaologeais et le chlordiazépoxyde dans Librax. Mais les effets indésirables de ces molécules et la survenue de pharmacodépendance limitent leur utilisation.
– Seropram est parfois utilisé hors AMM en raison d’une hypothèse sérotoninergique intestinale des troubles.
– En cas de constipation ne cédant pas malgré une bonne hygiène de vie, on recourt aux laxatifs doux : huile de paraffine, mucilages, sorbitol, macrogols…
Traitements non médicamenteux
Accompagnement psychologique
Les troubles fonctionnels intestinaux peuvent traduire un mal-être qui s’exprime sur les organes digestifs. Les thérapies cognitivocomportementales, une psychothérapie, des séances d’hypnose peuvent permettre de mettre des mots sur les maux et de mieux appréhender les situations de stress à l’origine des symptômes. Les troubles fonctionnels intestinaux sont parfois l’expression de tensions internes. On s’en prend à ses intestins plutôt qu’à la vraie source de ses problèmes. Mais attention à ne pas considérer les patients comme des malades imaginaires ! Lorsqu’ils disent souffrir de douleurs abdominales, celles-ci sont bien réelles, parfois très douloureuses et doivent être soulagées.
Kinésithérapie
Lorsque la constipation est un symptôme prégnant, la kinésithérapie pourra aider au relâchement des muscles intestinaux grâce à un effleurage circulaire de la paroi abdominale distendue et douloureuse.
Vie quotidienne
Prise des repas
Manger lentement et dans le calme en mastiquant. Prendre ses repas à heures régulières, sans s’allonger après.
Alimentation
Éviter les repas trop copieux, gras et épicés. En cas de forts ballonnements, limiter la consommation de chewing-gums et d’aliments qui fermentent ou qui sont riches en cellulose (voir ci-contre). Augmenter la quantité de fibres (certaines céréales en contiennent une grande quantité) afin de mieux hydrater les selles. Le côlon les percevra mieux et assurera une meilleure propagation des contractions.
Boisson
Éviter les abus de café, d’alcool et de boissons gazeuses. Boire au moins 1,5 l d’eau par jour pour faciliter le transit, mais éviter de boire durant le repas pour ne pas gêner l’action des enzymes digestives.
Vêtements
Bannir les vêtements trop serrés au niveau abdominal.
Exercice physique
Pratiquer une activité physique régulière afin d’améliorer le transit intestinal et de mieux gérer les tensions de la vie moderne : marche, natation, vélo, yoga, tchi kong, gymnastique chinoise, arts martiaux…
Éliminer
Aller à la selle à heures fixes et ne pas se retenir.
Stress
Réfléchir aux situations qui génèrent le plus de tensions. Apprendre à se relaxer. •
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