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Les laxatifs

Publié le 1 novembre 2010
Par Nathalie Belin
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La constipation est un motif fréquent de consultation médicale ou d’automédication. Les différents laxatifs disponibles diffèrent par leurs propriétés et leurs modalités d’emploi.

Cinq familles

Les laxatifs diffèrent par leur mode et leur rapidité d’action. Les laxatifs de lest ou les osmotiques sont recommandés en 1re ligne. Les laxatifs doux sont à privilégier dans tous les cas. Les associations (Transulose, Parapsyllium…) n’ont pas démontré leur intérêt (risque de cumul d’effets indésirables).

• Laxatifs de lest. Effet similaire aux fibres alimentaires : augmentation du volume et hydratation des selles. Délai d’action : 48 heures environ.

• Laxatifs osmotiques sucrés. Ils augmentent l’hydratation des selles par appel d’eau. À privilégier chez les enfants (mieux tolérés que les laxatifs de lest). Délai d’action : 24 à 48 heures.

• Laxatifs lubrifiants. Ils facilitent l’exonération des selles en les lubrifiant. Utiles en cas de douleurs anales (fissures…). Délai d’action : 24 à 48 heures. Maximum 5 jours de traitement.

• Laxatifs stimulants ou irritants (y compris osmotiques salins). Augmentent la motilité intestinale et la sécrétion colique d’eau et d’électrolytes. Usage ponctuel (3 à 5 jours) après échec des autres laxatifs. Délai d’action : 12 à 24 heures (absence de selles passagère après que le produit a agi).

• Laxatifs locaux (par voie rectale). Ils déclenchent la vidange en stimulant la muqueuse rectale. Utilisation occasionnelle. Délai d’action : quelques minutes à 1 heure.

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Usage accompagné

Tout laxatif s’utilise en plus de règles hygiéno-diététiques : apport en fibres, en boissons, exercice physique suffisant, présentation régulière à la selle.

Effets indésirables

• De lest et osmotiques sucrés. D’éventuels gaz et douleurs abdominales sont limités avec une posologie progressive.

• Lubrifiants. Écoulement anal huileux si dose trop élevée. Réduction de l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E, K) si utilisation prolongée.

• Stimulants et salins. Crampes abdominales, diarrhées, risque de maladie des laxatifs si prise au long cours avec dépendance (effet rebond à l’arrêt), de troubles hydroélectriques (hypokaliémie…) et altération de la muqueuse colique. Coloration possible des urines avec les dérivés anthracéniques.

• Laxatifs locaux. Irritations anales en cas d’usage répété et risque de perturbation du réflexe normal de défécation.

De rares interactions

Elles concernent les salins et les stimulants du fait de leur effet hypokaliémiant : ne pas associer aux antiarythmiques, neuroleptiques, diurétiques hypokaliémiants, corticoïdes, digitaliques, cisapride…

Des précautions d’emploi

• De lest et osmotiques sucrés. Posologie initiale modérée, à augmenter par paliers de 3 à 7 jours jusqu’à obtention d’un effet. Prise abondante d’eau avec les laxatifs de lest (pour éviter les ballonnements).

• Lubrifiants. Risque de fausseroute chez le sujet âgé. Prendre deux heures avant le coucher pour éviter qu’ils ne passent dans les bronches (risque de pneumopathie lipoïde).

• Stimulants et salins. Contreindiqués (généralement) chez les moins de 12 ans, chez l’insuffisant cardiaque (hypokaliémie). À éviter en cas de risque de déshydratation et au cours de la grossesse.

• De lest, osmotiques et stimulants. Contre-indiqués en cas de maladie intestinale chronique (Crohn…), de syndrome occlusif.

particularités

• Il existe plusieurs familles de laxatifs, avec pour chacune des indications, des précautions et des effets indésirables particuliers.

• La durée d’administration est variable : sur un temps cours en général pour ne pas masquer une affection sous-jacente ni entraver le réflexe de défécation. Sur un temps long parfois lors d’un traitement par opioïde.

repères

• Chez l’adulte, la constipation se définit par l’émission de moins de trois selles par semaine et/ou par l’existence de difficultés d’exonération (selles dures, évacuation incomplète…).

• Un avis médical s’impose dans les cas suivants :

– altération de l’état général,

– amaigrissement,

– sang dans les selles,

– fièvre,

– douleurs abdominales importantes,

– absence de gaz,

– alternance de diarrhées et de constipation.