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Le syndrome des ovaires polykystiques

Publié le 27 octobre 2021
Par Florence Dijon-Leandro
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Trouble hormonal fréquent chez les femmes en âge de procréer, le syndrome des ovaires polykystiques est la première cause d’infertilité féminine. La prise en charge est symptomatique.

Qu’est-ce que c’est ?

• Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une maladie endocrinienne féminine caractérisée par une augmentation de la production d’androgènes par les ovaires, notamment de testostérone. Cette hyperandrogénie induit un trouble de la folliculogénèse, associant un excès de follicules immatures qui s’accumulent (voir Dico+ p.57) et le défaut de sélection d’un follicule dominant(1).

• Ce syndrome concerne environ 10 % des femmes en âge de procréer. La maladie débute le plus souvent à l’adolescence, mais elle peut s’observer jusqu’à la ménopause.

Quelle est son origine ?

Le SOPK est dû à un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale au niveau de l’hypophyse. Cette glande du cerveau sécrète deux hormones essentielles au cycle ovarien : l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH). En cas de SOPK, la sécrétion hypophysaire est perturbée.

L’insuline, hormone pancréatique hypoglycémiante et anabolisante, voit ses taux augmenter. Les causes associent sans doute des facteurs génétiques et environnementaux.

Quels signes cliniques ?

Le tableau clinique, très variable, est en lien avec la surproduction d’androgènes.

→ Une hyperandrogénie : la production excessive de testostérone se traduit par une hyperpilosité, ou hirsutisme, chez 70 % des femmes dans les territoires masculins (visage, thorax, dos, creux inguinaux…), de l’acné et une chute des cheveux (alopécie)(2).

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→ Des règles irrégulières : cycles rapprochés ou rallongés (45 jours), aménorrhée (absence de règles).

→ Des problèmes de poids avec, le plus souvent, surpoids ou obésité. L’adiposité exces ive provoquée par l’hyperandrogénie prédispose à l’insulinorésistance et au diabète.

→ Des taches sur la peau qui prédominent aux aisselles, à l’aine et à la nuque (acanthosis nigricans), signes d’hyperinsulinémie et d’insulino-résistance.

Comment diagnostiquer ?

Le diagnostic repose sur au moins deux critères parmi les suivants : hyperandrogénie clinique ou biologique ; oligo-ovulation ou anovulation ; aspect volumineux et polykystique des ovaires à l’échographie.

Interrogatoire, examen clinique et gynécologique, bilan sanguin hormonal (FSH, LH, androgènes…) et métabolique (glycémie, insulinémie, profil lipidique), et échographie abdomino-pelvienne posent le diagnostic.

Quelle évolution ?

• Les troubles ovulatoires peuvent conduire à une infertilité primaire pour 50 % des patientes (aucune grossesse) et secondaire pour 25 % des femmes (elles n’arrivent plus à être enceintes après avoir enfanté).

• Lorsqu’elles surviennent, les grossesses sont à risque de complications : accouchement prématuré, diabète gestationnel, pré-éclampsie (voir Dico+ p. 57). Le risque est accru en cas de surpoids ou d’obésité.

• L’hyperandrogénie favorise un syndrome métabolique, associant surpoids, dyslipidémie, hypertension artérielle, trouble de la glycémie conduisant à l’insulinorésistance, puis au diabète.

Le surpoids et l’obésité peuvent entraîner des apnées du sommeil.

Anxiété, dépression, repli sur soi, troubles du comportement alimentaire… peuvent également apparaître.

• Le risque de cancer de l’endomètre est augmenté.

Quels traitements ?

La prise en charge est symptomatique, de l’adolescence à la ménopause. Elle repose sur :

• des mesures hygiéno-diététiques : alimentation variée et équilibrée et activité physique régulière. En cas de surpoids, une perte de poids de 5 à 10 % améliore les symptômes et la fertilité, tout en diminuant le risque métabolique ;

• des médicaments, avec essentiellement une pilule œstroprogestative. Sa composante progestative inhibe la sécrétion de LH et réduit la production d’androgènes ovariens. La composante oestrogénique diminue le taux d’androgènes circulants(2). La principale alternative est l’acétate de cyprotérone (Androcur et génériques, Diane 35 et génériques), un progestatif à activité anti-androgénique, mais qui expose à un risque accru de méningiome. La spironolactone (Aldactone et génériques) est parfois prescrite hors AMM pour lutter contre l’acné et/ou l’hirsutisme.

Des antidiabétiques oraux, et notamment la metformine, sont prescrits en cas de diabète.

Des compléments alimentaires à base de myo-inositol (Ovunol, Gynositol…) peuvent être prescrits en association. Le myo-inositol module la résistance à l’insuline et pourrait améliorer les symptômes androgéniques et les troubles du cycle ;

• d’un accompagnement psychologique si nécessaire ;

• la prise en charge de l’infertilité, avec le citrate de clomifène (Clomid), létrozole (Femara, hors AMM), gonadotrophines injectables (Menopur, Gonal-F…), pour induire l’ovulation.

La chirurgie ovarienne par « drilling » consiste à atteindre les ovaires par voie coelioscopique et à perforer leur couche superficielle de façon à rétablir l’ovulation et la fertilité.

Enfin, la fécondation in vitro (FIV) peut être proposée à la patiente en cas d’échec des autres méthodes.

(1) Syndrome des ovaires polykystiques, La Revue du praticien, Médecine générale, n° 892, décembre 2012.

(2) Syndrome des ovaires polykystiques, Inserm, 2019.

Info +

→ Pourquoi ce nom ?

Dans les années 1930, les médecins pensaient observer des kystes sur les ovaires. En réalité, il s’agissait de nombreux follicules (voir Dico+) au développement inachevé qui, s’accumulant dans les ovaires, leur conféraient un aspect polykystique, d’où le nom. Ce syndrome est également appelé dystrophie ovarienne, polykystose ovarienne ou syndrome de Stein-Leventhal.

Dico +

→ Les follicules ovariens sont des petits sacs contenant chacun une cellule appelée ovocyte. À chaque cycle féminin, un follicule arrive à maturité et libère un ovule, autrement dit un ovocyte mûr, nécessaire à la reproduction.

→ La pré-éclampsie, maladie de la seconde moitié de la grossesse, associe hypertension artérielle et protéinurie. Elle peut avoir des conséquences graves, voire mortelles, chez la mère et/ou le fœtus.