- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Savoirs ›
- La mémoire
La mémoire
Coder, stocker, restituer, la fonction de mémorisation est importante pour être et faire. L’oubli également. S’entraîner est un travail quotidien…
C’est quoi ?
La mémoire est la fonction qui permet l’enregistrement ou encodage de l’information, son stockage et sa restitution. Les souvenirs servent à faire et à être. Elle est à la base de l’apprentissage. Apprendre, c’est se servir de son vécu pour améliorer sa performance ; sans cela, il faudrait réapprendre à marcher tous les matins. La mémoire est aussi faite des sentiments et pensées associés à nos expériences passées qui fondent notre personnalité.
Différentes mémoires
Les neuroscientifiques s’accordent sur la distinction entre mémoires à court et à long terme.
• À court terme. La mémoire de travail, qui est une extension du concept de celle à court terme, permet de comprendre le sens d’un texte en gardant en tête le début de celui-ci.
• À long terme. Vous solliciterez la mémoire à long terme lorsque vous tenterez de vous rappeler le contenu de cet article. Au sein de celle-ci, on distingue :
→ la mémoire explicite, que l’individu peut solliciter à la demande, avec la mémoire épisodique qui comprend les souvenirs, et la mémoire sémantique qui inclut les connaissances sur le monde ;
→ la mémoire implicite ou procédurale, qui permet d’exécuter des tâches. Inconsciente, elle inclut aussi ce que l’on appelle le conditionnement, qui module notre comportement sans que nous en ayons conscience. De même que le chien de l’expérience de Pavlov salivait en entendant un bruit qu’il avait associé à un repas, nous pouvons éviter une situation sur la base de justifications qui nous apparaissent irrationnelles mais qui résultent de l’association que notre cerveau a faite entre ladite situation et une émotion négative.
Comment ça marche ?
• La base du fonctionnement cérébral est la communication entre neurones grâce aux neuromédiateurs. En se fixant sur les neurones, ils permettent à l’information de parcourir différentes zones du cerveau. Ils modifient aussi progressivement l’environnement cellulaire en créant des connexions privilégiées entre neurones d’une même région et entre des structures éloignées.
• L’hippocampe, au milieu du cerveau, joue un rôle central dans la formation de la trace mnésique. En son sein, la communication neuronale se fait surtout via l’acétylcholine. L’apprentissage d’une nouvelle tâche modifie la structure de l’hippocampe, tandis que les souvenirs semblent solliciter les aires dites associatives, régions du cortex impliquées dans la perception ou la préparation de tâches motrices. C’est comme si la trace mnésique migrait peu à peu de structures profondes vers les régions corticales.
• Le souvenir a cette fâcheuse tendance à se déformer ? La trace mnésique est fragile. C’est pourquoi le secret d’un bon apprentissage réside dans la répétition qui va permettre d’établir des connexions neuronales durables. L’information est contextualisée, c’est-à-dire qu’elle est enregistrée avec les odeurs, les bruits, les couleurs qui l’accompagnent. En cas d’oubli, le début d’un mot ou une image peut aider à rappeler le souvenir qui s’échappe. Mais cela signifie également qu’il faut se méfier des distracteurs. En activant des aires cérébrales non utiles au moment de l’encodage, il est possible de déformer l’information en établissant des connections « aberrantes », comme dans le modèle pavlovien.
Ce qui nous touche…
• Récompense et punition. Lorsque le jeune enfant pose sa main sur un ustensile brûlant, l’association douleur-objet chaud encodée dans son cerveau induira à l’avenir un comportement d’évitement vis-à-vis de la situation à l’origine d’une émotion négative. Au contraire, l’association plaisir-goût sucré après avoir ingéré un bonbon l’amènera à rechercher cette sensation agréable. Les circuits cérébraux qui sous-tendent ces mécanismes forment ce que l’on appelle le système de récompense.
• Particularités de la mémoire olfactive. Elle se distingue des mémoires auditive et visuelle par une plus forte connotation émotionnelle, qui lui confère sans doute une meilleure résistance à l’usure du temps.
• Stress et mémoire. Les hormones libérées lors d’un stress telles que la noradrénaline ou le cortisol faciliteraient l’activation des cellules de l’hippocampe et la consolidation des souvenirs. Pourtant, qui n’a pas fait l’expérience d’une forme d’amnésie après un événement particulièrement stressant ? En réalité, le stress n’a un effet positif sur la mémorisation que s’il est généré par l’apprentissage lui-même (révisions avant un examen). Au contraire, un stress lié à un événement étranger à l’information que l’on souhaite retenir (difficulté de vie personnelle interférant avec la capacité de concentration) perturbe l’encodage de cette indication. C’est aussi une question de dose. Une forte quantité de cortisol, comme celle libérée lors d’un stress important, est délétère pour les cellules de l’hippocampe.
Quand ça défaillel
• La maladie d’Alzheimer, caractérisée par une altération progressive de la mémoire, est due à des lésions cérébrales qui débutent dans la région hippocampique. Cela se traduit par une amnésie antérograde, c’est-à-dire l’incapacité de mettre en mémoire de nouvelles informations. Au début, le patient peut être gêné, comme nous tous, par des oublis immédiats (clés…). D’où le diagnostic difficile. Une consultation écartera des causes curables d’amnésie : effet indésirable médicamenteux, dépression, carence vitaminique, infection, cancer.
• Les fluctuations physiologiques. Un anxiolytique, une perte de connaissance après une chute peuvent conduire à une amnésie transitoire. La femme enceinte présente des capacités de mémorisation à court terme amoindries mais cette perturbation disparaît après l’accouchement. La mémoire est aussi fonction du patrimoine génétique, de l’âge et de la façon dont nous stimulons notre cerveau. La mémoire épisodique (souvenirs) serait très dépendante de notre héritage génétique et affectée par le « vieillissement » du cerveau. En revanche, la mémoire sémantique (savoirs) peut être meilleure chez des personnes âgées de haut niveau socio-éducatif par rapport à des personnes plus jeunes, suggérant l’importance de l’environnement sur le maintien des capacités mnésiques.
• La fonction de l’oubli. Nous ne pouvons tout mémoriser. Et c’est une bonne chose car un stockage accru d’informations se fait au détriment d’autres fonctions cérébrales. Par exemple, l’hypermnésie observée chez certains autistes pourrait expliquer les déficits dans leurs interactions sociales. Oublier permet aussi de se protéger des événements traumatisants passés. Les personnes souffrant d’un stress post-traumatique revivent de façon anormalement répétée et vive l’événement auquel elles ont été exposées (reviviscence). Après avoir initialement encouragé les victimes d’attentat à raconter immédiatement et en détail leur récit, certains psychologues sont revenus à la possibilité laissée aux victimes de garder le silence dans un premier temps ; et ce afin d’éviter l’ancrage durable de souvenirs potentiellement délétères.
Les boosters de mémoire
• Les vitamines. Seul un lien entre déficits vitaminiques, notamment B9, B12 et D, et troubles mnésiques a été mis en évidence. Prendre des vitamines sans être carencé ne servirait à rien.
• Des astuces naturelles. La privation de sommeil perturbe la consolidation de données nouvellement acquises. Selon des études américaines, l’hippocampe des enfants pratiquant une activité sportive est plus volumineux et ils ont de meilleures capacités d’apprentissage.
• Un travail au quotidien. Preuve en sont des études scientifiques menées chez les conducteurs de taxi, révélant leur mémoire spatiale supérieure. D’où le conseil d’exercer sa mémoire, au même titre que la pratique régulière d’une activité physique.
La madeleine de Proust
→ Avant que les scientifiques n’aient décrypté le fonctionnement des mémoires, Marcel Proust avait mis le doigt sur la capacité incroyable des odeurs à raviver les souvenirs. « La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté », raconte l’auteur de À la recherche du temps perdu.
- Formation à la vaccination : pas de DPC pour les préparateurs en 2025
- Administration des vaccins : la formation des préparateurs entre dans le DPC
- [VIDÉO] De la grossesse à la naissance : un accompagnement en officine personnalisé proposé par Amandine Greco, préparatrice
- [VIDÉO] Accompagnement post-natal en officine : les papas aussi !
- Coqueluche : « Les bénéfices de la vaccination pendant la grossesse sont incontestables »
- 5 outils d’IA qui ont fait leurs preuves à l’officine
- Administration des vaccins : la formation des préparateurs entre dans le DPC
- Diaralia : retrait de lot
- Quétiapine en rupture de stock : comment adapter la prise en charge des patients ?
- Prevenar 20, Voltarène, Talzenna… Quoi de neuf côté médicaments ?
![Administration des vaccins : la formation des préparateurs entre dans le DPC](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/02/iStock-1343067643-680x320.jpg)