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Une note d’espoir pour la rénovation du BP
Les travaux entre la branche officine et des représentants des préparateurs hospitaliers pour rénover le diplôme continuent. De son côté, le ministère de la Santé reste ouvert à d’autres propositions sans se figer sur un BTS. Bien que toujours très motivés, les professionnels demeurent sceptiques.
Les vacances ont ralenti le rythme des travaux, mais la motivation de la profession n’a pas molli. Depuis l’année dernière, les représentants de la branche officine et des préparateurs hospitaliers travaillent de concert à la rénovation du diplôme de préparateur en pharmacie. Comme nous vous l’annoncions en avril 2014 (Porphyre n° 501), le ministère de la Santé a incité les instances professionnelles à réfléchir à ce que pourrait être la formation du préparateur de demain. La Direction générale de l’offre de soins (DGOS), en charge de ces questions au ministère de la Santé, ne semble plus « bloquée » sur le choix d’un BTS. De là à dire qu’un diplôme d’État relevant du seul ministère de la Santé avec deux ans de tronc commun pour tous les préparateurs, suivis d’une année de spécialisation ville ou hôpital, soit entériné, il y a de la marge.
Le ministère de la Santé s’assouplit
Interrogée par Porphyre au mois de juillet, la DGOS a confirmé son ouverture à une autre formation que le BTS : « À plusieurs reprises, les services du ministère ont pu échanger avec les représentants des préparateurs en pharmacie d’officine et hospitaliers sur l’évolution de leurs professions. Concernant les deux diplômes – BP et diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière -, les représentants des deux professions semblent privilégier la mise en place d’une formation qui pourrait s’organiser en trois ans, avec deux années d’enseignements communs et une troisième année de spécialisation. Une fois leurs propositions finalisées, le ministère chargé de la Santé recevra les représentants des professionnels afin de les étudier avec eux ».
Du côté de la branche officine CPNE-FP, Olivier Clarhaut, représentant Force ouvrière pour les salariés, confirme que le document est quasi finalisé. Il s’agit de lister noir sur blanc les activités d’un préparateur à l’officine et celles à l’hôpital, « ce qui est commun aux deux métiers et ce qui est spécifique à chaque exercice, précise Olivier Clarhaut. On attend les derniers éléments de la part des hospitaliers ». Bien que certains représentants syndicaux hospitaliers rechignent à travailler sur un diplôme commun, arguant qu’un préparateur hospitalier devrait avoir un niveau supérieur à celui de son collègue officinal, cela gênerait peu la poursuite des discussions. « Nous avons beaucoup avancé. Il reste quelques points de détail à finaliser et le retard est dû à un manque de temps », argumente un représentant de l’Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitalière (ANPPH). La position minoritaire de quelques-uns n’est pas un frein ». Et de nuancer : « Nous avons beaucoup travaillé, mais en l’absence d’encouragements du ministère de la Santé, tout le monde s’essouffle ».
La rénovation est une priorité
Ce document décrivant les activités de chacun est primordial. « Sa finalisation conditionne la demande de rendez-vous au ministère de la Santé, où nous irons ensemble, officinaux et hospitaliers, le présenter et leur dire : “C’est ce que vous nous aviez demandé de faire. On est d’accord, voilà notre proposition. On fait quoi maintenant ?” », s’impatiente Olivier Clarhaut, car « la question du diplôme est au sommet de nos priorités ». La branche officine reste ferme sur son objectif. « Nous sommes favorables à un diplôme d’État en trois ans et à l’alternance salariée (l’apprentissage et le contrat de professionnalisation, NDLR) sous la seule tutelle du ministère de la Santé, et pas de l’Éducation nationale », précise Olivier Clarhaut, qui craint que la revalorisation du diplôme, et donc celle du salaire, pour les hospitaliers fasse peur au ministère de la Santé. « On nous l’a dit à demi-mot. Cela aurait pour eux des conséquences évidentes sur la masse salariale et pourrait avoir un effet domino sur les autres paramédicaux de l’hôpital. Car le ministère de la Santé est aussi financeur de l’hôpital public ».
Toujours dans le cadre de ce futur rendez-vous, la DGOS poursuit : « Un travail de concertation sera également mené avec les autres acteurs concernés, dont le ministère de l’Éducation nationale, en charge actuellement de la formation de préparateur en pharmacie d’officine ». Or, cet argument semble hors de propos car si le ministère de la Santé décide de satisfaire les représentant des préparateurs pour élaborer un diplôme d’État, l’Éducation nationale n’a rien à faire dans ce schéma. Encore une équivoque dans la réfection nébuleuse du diplôme.
Et s’il s’agissait de gagner du temps ?
« Si le ministère de la Santé décide de créer un diplôme d’État, il est parfaitement légitime pour le faire – puisque compétent pour fixer les conditions d’exercice et de diplôme pour cette profession -, l’Éducation nationale n’aurait aucun droit de regard particulier, sauf pour l’enseignement supérieur, concernant des exigences de niveau, en cas d’articulation avec un grade licence, confirme-t-on à l’Éducation nationale. Notre position sur ce point est constante et clairement exprimée auprès de nos partenaires depuis des années ».
Création, rénovation ou suppression, tous les diplômes professionnels de l’Éducation nationale (CAP, BP, bac pro, BTS) sont élaborés dans le cadre de commissions professionnelles consultatives (CPC), à la demande et en collaboration avec les organisations professionnelles. Ce qui ne concerne en aucun cas un diplôme d’État sous la tutelle de la Santé (lire entretien page 8). La DGOS garderait-elle l’idée d’un BTS pour remplacer le BP ? Elle n’a pas souhaité répondre à cette question.
Un jour mon diplôme viendra…
Quant au délai pour mettre en musique un nouveau diplôme, la DGOS botte en touche en disant : « Le calendrier de ces travaux devra par ailleurs tenir compte du calendrier plus général des travaux de réingénierie de l’ensemble des professions paramédicales ». Vu que les préparateurs n’étaient même pas cités dans le rapport de 2014(1) sur la refonte des diplômes des paramédicaux, le doute est permis. Reste à voir ce qui se passera lors de ce fameux rendez-vous prévu en fin d’année si tout va bien. Suite au prochain épisode…
(1) Les formations paramédicales : bilan et poursuite du processus d’intégration dans le dispositif LMD, Inspection générale des affaires sociales (Igas) et Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche (IGA/ENR), février 2014.
Repères
Le nouveau référentiel du BP date de 1997, celui des préparateurs hospitaliers de 2006.
→ 2009. La branche officine élabore un référentiel d’activités professionnelles afin d’obtenir une formation en trois ans.
→ 2010. Les hospitaliers présentent un projet de licence aux ministères de l’Éducation nationale et de la Santé pour les deux diplômes. Les officinaux n’en veulent pas, préférant un diplôme d’État en trois ans.
→ 2013. Le ministère de la Santé demande aux officinaux et aux hospitaliers de travailler à un diplôme commun.
→ 2014. Début des travaux au sein d’un groupe réunissant représentants officinaux et hospitaliers.
→ 2015. Organisation de deux réunions supplémentaires, mais le document commun n’était pas encore finalisé au 1er septembre.
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