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Un sens nommé volonté
Parce qu’elle est sourde, Cynthia a redoublé d’efforts pour existent toujours. trouver une formation et intégrer le milieu médical. Elle travaille au préparatoire de la pharmacie Delpech à Paris.
L’ORL confirme les doutes de sa maman. À l’âge de 6 mois, Cynthia est dépistée sourde de naissance. « Je ne réagissais pas quand ma mère me parlait. Elle a alors consulté un spécialiste. » Le diagnostic marque le début d’un parcours long et fastidieux. « J’ai été appareillée à 2 ans. J’ai appris dès mon plus jeune âge à lire sur les lèvres. Ma mère m’a forcée à parler pour que je ne reste pas muette. J’ai dû apprendre avec une orthophoniste. » Les difficultés commencent à l’école publique de Gagny (93). Sa maman l’inscrit donc ailleurs. « J’ai suivi une double scolarité. À l’école privée Gasnier à Chelles (77), où tous les professeurs ont été formidables pour faciliter mon intégration, et dans une école spécialisée pour sourds et malentendants où j’ai appris la langue des signes. » Au terme d’énormes efforts pour suivre en même temps les 2 cursus, Cynthia sait signer et parler. Malgré cela, trouver une formation adaptée à son handicap reste compliqué.
La voix de la raison
Préparatrice n’est pas son premier choix. « Je rêvais de devenir infirmière ou sagefemme, mais à cette époque, on me refusait beaucoup de métiers à cause de ma surdité. » Finalement, le centre de format ion professionnel le de la pharmacie (CFPP) à Paris accepte son inscription. « Ce n’était pas le métier que je voulais faire. C’était une idée de ma mère qui m’imaginait bien dans une pharmacie. J’ai accepté parce que je n’avais pas le choix à ce moment-là. » Dès le début de la formation au CFA de la rue Planchat, le ton est donné. « J’étais la première élève sourde de l’école. » Rien n’est prévu pour faire face à sa différence, mais pas question de baisser les bras. Une fois dans le bain, elle s’adapte à la formation. « J’ai fait des démarches auprès de l’Agefiph [organisme qui soutient le développement de l’emploi des personnes handicapées]. » Elle obtient des financements, mais les sommes sont insuffisantes pour l’aider toute l’année scolaire. « Il a fallu faire des choix. Un interprète était là pour les cours théoriques importants. Le reste du temps, c’était le système D. Je n’écoutais pas les professeurs, trop durs à comprendre et trop rapides. Je faisais des photocopies ou je copiais les cours sur ma voisine. Heureusement, l’ambiance était bonne. Je travaillais deux fois plus à la maison. C’était une période difficile et fatigante. »
Elle trouve sa voie
Pour l’alternance aussi, le parcours n’a pas été rose tous les jours. Embauchée à la pharmacie du Montier à Nanteuil-lès-Meaux (77), Cynthia appréhende le comptoir. Elle peut compter sur le soutien des 2 préparatrices qui l’encouragent et l’aident à surmonter ses peurs. « Certains clients étaient super sympas avec moi. Ils ont fait preuve de patience. En revanche, la communication avec les patients âgés était compliquée. Je les fuyais un peu en prétextant devoir m’occuper d’une commande. » Diplômée, Cynthia préfère se consacrer aux préparations. « Depuis la fin de mon apprentissage, je ne suis plus au comptoir. Je n’étais pas suffisamment à l’aise, avec toujours la peur d’un malentendu. Le comptoir est une grande responsabilité et je ne veux pas risquer de commettre une erreur. Les conséquences seraient trop importantes. » Cynthia travaille au préparatoire de la pharmacie Delpech à Paris. « Si ce choix de carrière n’était pas le mien au départ, je ne le regrette pas, car j’aime vraiment mon travail aujourd’hui. »
Cynthia Mérot
Âge : 38 ans.
Formation : bac sciences médico-sociales (SMS) en 2000, BP préparatrice en pharmacie en 2003.
Lieu d’exercice : pharmacie Delpech à Paris (75).
Ce qui la motive : pro uv e r q u’elle peut travailler comme tout le monde malgré sa surdité.
Si vous étiez une titulaire ? Je formerais une belle équipe pour que chacun puisse s’exprimer. Le partage des avis est important pour faire évoluer la pharmacie.
Si vous étiez une cliente ? J’aurais besoin de conseils et surtout d’être rassurée.
Si vous étiez un médicament ? Je serais un bon médicament, malheureusement les effets secondaires existent toujours.
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