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qui êtes-vous ?

Publié le 1 juin 2002
Par Claire Bouquigny et Claire Manicot
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Vous êtes 408 préparateurs à avoir participé à l’enquête Porphyre/Atelier Média*.

Vous dites adorer votre métier, mais vous réclamez plus de reconnaissance. Revue de détails.

Du simple au double ! Vous êtes 2,9 préparateurs par officine, soit au total quelque 67 000 diplômés en France ! C’est le résultat inédit de notre enquête qui revoit à la hausse le chiffre habituellement annoncé, à savoir 1,4 préparateurs par officine…

« Spontanément, je vous aurais dit un chiffre qui se rapproche du résultat de votre enquête, 50 000 préparateurs diplômés, soit la moitié des 110 000 salariés de l’officine, confie Michel Le Diréach, représentant syndical CFDT et membre de la Commission paritaire nationale de l’emploi section officine (CPNE). À la CPNE, nous préparons un recensement de préparateurs, de pharmaciens adjoints et de non-diplômés. Ce sera une étude très complète, avec une pyramide des âges. » Par ailleurs, l’enquête Porphyre dénombre en moyenne 7 personnes par officine.

Préparateurs, qui êtes-vous ? Porphyre vous a interrogé longuement sur vos tâches. Si la préparation est l’acte fondateur de votre métier (le terme préparateur fut adopté et reconnu en 1904), elle ne suffit plus à vous définir. Car ces dernières décennies, le médicament industriel l’a remplacée. La moitié des préparateurs (49,7 %) réalisent des préparations seulement une à dix fois par mois et un quart (27,7 %) pratiquement jamais. « Et bien souvent, déplore Florence Ligot, préparatrice d’Eure-et-Loir, il ne s’agit que de mélanger deux tubes de pommades. Un travail simpliste et sans intérêt. » Corinne Cardenal de Gironde regrette elle aussi de ne plus faire de préparations : « j’aimais calculer les doses, préparer des sirops, des crèmes… » S’il y a encore des prescriptions magistrales, les officines les sous-traitent auprès d’officines spécialisées (une quinzaine en France).

Vous apprenez l’art des préparations à l’école, mais vous n’en faites plus guère à l’officine

Paradoxalement, la préparation occupe toujours une place prépondérante dans la formation du préparateur. « C’est un savoir-faire qui doit être maintenu », affirme Maïté Guillon, préparatrice et formatrice au CFA de Bordeaux (Gironde). Et Catherine Floquet, directrice opérationnelle du CFA de Poissy (Yvelines) de rajouter : « effectuer une préparation demande rigueur, organisation et méthode, des qualités professionnelles qui seront utiles pour d’autres tâches. » Mais certains estiment la formation en décalage avec la pratique au comptoir. « En BP, nous apprenons à faire des gélules, des suppositoires, alors que ces formes ne sont plus fabriquées en officine. Le comble c’est qu’une faute à l’examen dans la réalisation des préparations est éliminatoire, s’exclament Sophie Delattre et Christine Hubert, ex-préparatrices qui travaillent aujourd’hui à l’agence d’intérim 3S Santé. En revanche, nous n’avons pas reçu de formation aux techniques de vente et au conseil et cela nous aurait été bien utile. »

Vos tâches essentielles sont désormais la délivrance de médicaments et le conseil associé

La délivrance du médicament est désormais la tâche essentielle du préparateur. Dans neuf cas sur dix (87,7 %), la délivrance l’occupe au moins deux heures par jour. À la loupe, les résultats de l’enquête montrent que :

• 11,3 % y passent plus de 6 heures,

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• 47,9 % de 4 à 6 heures,

• 28,6 % de 2 à 4 heures,

• 11,3 % moins de deux heures.

Et, naturellement, le conseil associé occupe désormais une place prépondérante dans la journée du préparateur. 58,2 % y passent plus d’une heure. Si le préparateur a progressivement délaissé les paillasses de l’arrière-boutique pour délivrer des ordonnances au comptoir, cette révolution s’est faite en catimini, sans bousculer l’ordre établi. L’autorisation de vendre des médicaments a été donnée aux préparateurs en 1977 pour régulariser une situation qui existait de fait. « C’était à la fois une reconnaissance de notre travail et une nécessité, la délivrance de médicaments devenant d’année en année le cœur de notre métier », explique Patrick Le Métayer, qui a débuté dans la profession comme apprenti en 1963 et qui est aujourd’hui représentant syndical de Force ouvrière. Le préparateur délivre des médicaments sous la responsabilité du pharmacien mais il reste responsable sur le plan pénal des erreurs de délivrance qu’il pourrait commettre. « On n’a pas le droit de se tromper, poursuit le syndicaliste. Il faut surveiller les posologies et les indications, expliquer et donner des conseils. Avant on passait dans l’arrière boutique pour tarifer, on le faisait à la main et il y avait moins de pression. Aujourd’hui, on tarife au comptoir pendant que le client continue à parler. »

De nombreuses officines sont équipées de logiciels informatiques qui avertissent lorsqu’il y a incompatibilité entre deux produits prescrits par le médecin. Mais ils ne donnent pas une sécurité totale car ils ne corrigent pas les doses. Alors il faut interroger le client ou bien se référer aux ordonnances précédentes s’il s’agit d’un client régulier.

Cette évolution du métier vers la délivrance de médicament, bien que nécessaire et en adéquation avec la pratique, fait que préparateur et pharmacien ont perdu leurs repères en terme de spécificité… Tous deux délivrent du médicament et exécutent les mêmes tâches. La moitié des préparateurs (49,4 %) estiment leur activité identique à celle de l’assistant. Et si les tâches diffèrent, c’est en terme de polyvalence. Le préparateur peut s’occuper de la vitrine, déballer les commandes, tandis que certains adjoints y rechignent parfois. « Dans chaque pharmacie où j’ai exercé, j’ai toujours été la seule préparatrice et j’ai toujours l’impression de travailler plus que le pharmacien assistant en étant beaucoup moins payée. Nous sommes les personnes à tout faire », témoigne Delphine de Seine-Saint-Denis. Même constat amer pour Vanessa des Bouches-du-Rhône : « Mon travail consiste autant à sortir les poubelles qu’à faire les télétransmissions, et cela pour un salaire de misère. » Et Maïté des Yvelines de s’interroger : « je me demande quelle opinion les clients portent sur les préparateurs ; sommes-nous égaux ou inférieurs aux pharmaciens en tant que professionnels ? ».

Vous dénoncez le manque de reconnaissance, les salaires insuffisants et l’absence de perspectives

Dans notre enquête, vous êtes nombreux à avoir exprimé le manque de reconnaissance professionnel. La formation continue vous est accordée au compte-gouttes. Sur l’année 2001, une faible majorité d’entre vous en a profité (52,2 %) et dans deux tiers des cas (62,6 %), il s’agissait de formation de durée inférieure à deux jours… Seuls 3,8 % ont pu bénéficier d’une formation supérieure à cinq jours. Si le financement de spécialisation est en théorie possible, il est rarement accordé… « J’ai beaucoup de mal à obtenir un financement pour la formation d’orthopédiste-orthésiste », témoigne Patricia de Seine-et-Marne. La formation est prise en charge majoritairement par un laboratoire (45,1 %), puis par l’employeur (40,2 %), un répartiteur (21,6 %), l’OPCA PL (16,2 %), ou le préparateur lui-même (13,7 %).

Leur frustration est également grande en terme de rémunération. « On nous dit que les salaires réels se situent au-dessus de la grille, mais la grille est ridicule, estime Jean-Marie Fonteneau, enseignant au Centre de formation de Paris et membre de la CPNE. Il faut la modifier. Avec moins de 8,38 euros de l’heure (55 francs), le préparateur gagne moins qu’une femme de ménage sur Paris. » Les témoignages affluent. « J’ai 41 ans, écrit Véronique, de l’Hérault. Je suis actuellement préparatrice de coefficient 260, je travaille 35 heures par semaine payées 35 et je gagne 6 490 francs net par mois. C’est le seul hic de la profession. » Et Martine, des Bouches-du-Rhône, de renchérir : « ce métier est mal rémunéré étant donné le poids de nos responsabilités. Gagner 1 292 euros net (8 475 francs) avec 24 ans d’ancienneté, c’est une honte. » Selon Marie-Corinne, de l’Aisne, « la rémunération est absolument à revoir. La responsabilité est trop grande face au peu de différence entre notre salaire et le SMIC. » D’après Valérie Farrugia, d’Ille-et-Vilaine, la pénurie de préparateurs concerne toujours les mêmes pharmacies. « Les préparateurs ne s’y plaisent pas, explique-t-elle, soit parce que les pharmaciens les méprisent, soit parce qu’ils les sous-payent, se retranchant derrière la grille, à 884 euros par mois (5 800 francs). »

Et parfois, on rencontre des situations exceptionnelles où l’illégalité est la plus totale. « Pendant la basse saison, soit quatre mois par an, je suis seule dans la pharmacie toute la journée, confie Anne-Marie, de l’Isère. L’assistant m’indique où je peux le joindre en cas d’urgence, surtout si je reçois une visite de l’inspecteur, et je m’occupe de tout. Il m’arrive de fermer l’officine bien plus tard que prévu quand il y a du monde dans la boutique ou lorsqu’un médecin me téléphone pour me dire qu’il m’envoie un client. Au village et parmi les vacanciers, pour tout le monde, je suis la pharmacienne ». Une valorisation agréable certes, mais qui a son revers de médaille : « je voudrais passer aux 35 heures et me faire payer mes heures supplémentaires, mais le titulaire m’explique que c’est impossible ».

Vous êtes aussi un certain nombre à vouloir changer de voie. Si la moitié d’entre vous (45,8 %) imaginent dans cinq ans être dans la même officine, 14,3 % se voient dans une autre officine, et 10,5 % à l’hôpital. La raison principale qui vous ferait changer de métier est le salaire insuffisant. « C’est uniquement en raison du salaire que j’ai l’intention de quitter la pharmacie, mais j’ai toujours envie de travailler dans le domaine médical, dans un laboratoire ou à l’hôpital », confie Angélique, du Bas-Rhin.

Beaucoup d’entre vous ne supportent plus le manque de perspective de carrière à long terme. En effet, il n’existe pas de passerelle qui permette de changer d’orientation et de se recycler. « Le brevet de préparateur est une formation professionnelle, organisée par une profession pour satisfaire à ses besoins en personnel qualifié. Quelles que soient la maturité et l’expérience qu’ils ont pu acquérir, les préparateurs ne possèdent pas un diplôme qui leur permettent d’évoluer », remarque Mme Agullo, responsable de l’alternance au CFA de Poissy D’ailleurs, contrairement aux titulaires d’autres brevets professionnels, ils n’ont pas la possibilité de s’installer à leur compte, comme peut l’envisager un boulanger ou un coiffeur.

Et pourtant, vous aimez le contact clientèle et vous n’avez qu’une envie : revaloriser votre métier

Dans notre enquête, vous dénoncez en grande majorité le manque de considération qu’on porte à votre métier et les salaires insuffisants. Et dans le même temps, vous exprimez votre passion pour votre fonction, et votre plaisir à participer à notre sondage. « Je suis très heureux de répondre à votre questionnaire, écrit Jean-Paul de Seine-Maritime. Si cela pouvait enfin mettre en valeur notre noble profession, dépoussiérer et réactualiser ce métier qui m’a tant apporté. Corinne Cardenal revendique un métier humainement formidable, « il ne s’agit pas seulement de délivrer des ordonnances. Nous donnons des conseils, nous aidons les clients en les guidant vers le produit qui leur convient. Et puis, nous apportons de l’aide aux personnes en détresse. » Notre enquête le confirme. C’est le contact clientèle qui vous apporte le plus de satisfaction. Et Michel Le Diréach d’expliquer : « il y a un besoin pratique de conseil et d’écoute des gens au comptoir. Les officinaux sont des travailleurs sociaux de proximité. À la campagne, la pharmacie est le premier réseau de soins et de confidentialité. » Si l’acte de conseil n’est pas rémunéré, il est gratifiant.

« Je travaille dans une officine familiale. Il y a un contact intime avec les clients au point que j’évite de faire mes courses dans le quartier, sinon je mets deux heures pour acheter une plaquette de beurre, confie Valérie Farrugia. Je ne vais jamais au travail à reculons et j’apprécie la répartition des tâches dans mon officine. Je m’occupe de l’herboristerie, l’homéopathie, la phytothérapie et des stupéfiants. »

Les préparateurs heureux, on les trouve auprès des titulaires qui ont su insuffler un esprit d’équipe et déléguer. « Notre ville de 2 500 habitants compte un foyer de retraités et beaucoup de personnes âgées. Nous nous sommes intéressés au maintien à domicile et mon patron m’a proposé un stage, raconte Rémy Even, préparateur dans les Côtes d’Armor. Actuellement 25 à 30 lits sont loués par l’intermédiaire de la pharmacie. Les médecins et les infirmières appellent directement, pour un lit médical ou un déambulateur par exemple, le préparateur qui coordonne cette activité jusqu’à la facturation en caisse.

« Hormis dans les petites officines où la polyvalence est obligatoire, je suis convaincu qu’il faut spécialiser chaque membre de l’équipe officinale pour proposer un service optimal à nos clients, estime Jean-Jacques des Moutis, pharmacien titulaire à Freneuse (Yvelines) et président du Conseil de l’ordre d’Ile-de-France. Je ne fais pas de différence entre préparateurs et assistants, les attributions se faisant en fonction de l’intérêt »

Trois préparatrices sont respectivement responsables de l’orthopédie/prothèses mammaires, de la gestion des stocks/informatique, la phytothérapie/diététique. « La quatrième préparatrice, récemment arrivée, fait de la vente au comptoir, continue le pharmacien. Nous cherchons son orientation, peut-être le secteur vétérinaire. Mais il faut un certain rodage avant de se lancer dans une activité. » L’officine des Moutis développe un service de qualité. Un client peut rencontrer plusieurs personnes de l’équipe : une première pour servir l’ordonnance, une seconde pour des collants de contention et une autre pour la dermocosmétique. C’est une garantie pour obtenir le conseil le plus pertinent.

Jean-Yves Pradier, pharmacien à Castelnaudary (Aude), délègue les tâches au sein de son équipe et a mis en place une motivation financière la plus démocratique possible : « j’ai créé un plan d’épargne entreprise, sur tous les résultats sauf les médicaments. Les bénéfices sont placés sur un compte bloqué sur cinq ans pour ne pas payer d’impôts. La carotte est partagée par tout le monde ce qui évite aux membres de l’équipe de se tirer dans les pattes. »

Pour motiver son équipe, Monsieur Pradier favorise autant que faire se peut la formation continue. « C’est chacun son tour. Depuis début mars, chaque personne a eu au moins une formation de deux jours. En plus, de temps en temps les laboratoires viennent le soir à la pharmacie. Les séances durent deux heures et, à la fin, on ouvre une bouteille. »

Les soirées avec les laboratoires et les amicales sont des opportunités pour se former

Les rencontres avec les laboratoires ont toujours été des opportunités de formation pour les préparateurs, très souvent organisées par les amicales. Rémy Even témoigne : « je suis depuis treize ans dans une amicale, l’association des préparateurs de Côtes d’Armor créée par trois collègues de Paimpol. Les responsables contactent des laboratoires : Avène, Boiron, Dolisos, Pierre Fabre, Urgo…, qui louent une salle dans un hôtel, présentent leurs produits ou alors ils rémunèrent un médecin qui vient parler d’un problème spécifique. Par exemple, le groupe Caducée, qui vend des couches pour adultes incontinents, a fait une soirée sur ce thème. Nous sommes entre 40, 60 voire 80 personnes à chaque réunion. »

Vous êtes un préparateur sur dix à faire partie d’une amicale… Nettement moins nombreux qu’il y a une dizaine d’années. « Nous avions créé sur la région Bretagne une amicale à la sortie du BP en 1996, se souvient Sylvie Héry, préparatrice en Ille-et-Vilaine. Elle existe mais elle est en sommeil. » D’une manière générale, vous ne cherchez pas à investir un rôle social. Près de 80 % d’entre vous ne sont affiliés à aucun organisme et vous êtes seulement 3,9 % à être syndiqués. Enfin, pour la moitié d’entre vous, la presse constitue le moyen d’information le plus indispensable, suivi par les ouvrages, la visite des délégués commerciaux, les colloques, les salons et, en dernière position, Internet.

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J’aime le contact avec la clientèle

« J’ai choisi le métier de préparatrice pour les préparations. Aujourd’hui, on en fait peu, une cinquantaine par mois mais j’ai la chance d’être chargée de cette activité. Il s’agit de sirop avec décoction de fleur pour un habitué, de pommades en cas d’eczéma ou de verrues et bien d’autres. Le fait d’être davantage au comptoir ces dernières années ne me déplaît pas. J’aime le contact avec la clientèle. Nous sommes face à des personnes qui ont de gros problèmes de santé. Nous le devinons à l’évolution des traitements. Nous essayons de les réconforter. Les clients apprécient que nous suivions leur évolution… J’ai le souvenir d’une vieille dame qui chaque année, le 1er mai, apportait douze brins de muguet, soit un pour chaque membre de l’équipe. Bien sûr, il ne faut pas se leurrer, il y a des clients exigeants et agressifs mais j’essaie de garder ma bonne humeur. L’ambiance à l’officine est très agréable et le pharmacien titulaire nous fait confiance et nous donne des responsabilités. Côté salaire, avec 21 ans d’ancienneté, j’arrive à quelque chose d’à peu près correct. »

Monique Labernadie Préparatrice, Pau [64]

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Je déplore le manque de reconnaissance

« Je déplore que les préparateurs ne soient pas reconnus sur le plan professionnel alors que nous sommes les collaborateurs du pharmacien. Nous expliquons l’ordonnance, signalons les précautions d’emploi, des médicaments et donnons la réponse à la question que les clients n’osent pas toujours posée à leur médecin. Afin d’être performants, nous devons mettre à jour nos connaissances. Pourquoi la formation continue n’est-elle pas obligatoire pour le préparateur ? Alors qu’elle constitue une obligation pour le pharmacien au travers de la loi sur le droit des malades et sur la qualité du système de soins. Enfin, la grille des salaires est déplorable.

Il est anormal de ne gagner que 1 125 euros (7 600 francs) net par mois après 25 années de pratique. Je rencontre beaucoup de préparatrices de 30-40 ans complètement démotivées. Elles veulent s’arrêter ou partir vers la pharmacie hospitalière. Un certificat de qualification professionnelle pourrait permettre une évolution dans la profession, à condition toutefois d’être reconnu dans la convention collective nationale et agrémenté d’un pourcentage de coefficient. »

Arielle Bonnefoy Préparatrice, [F0], Tours [77].

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À la conquête d’un nouveau métier

« Je m’éclate dans mon travail, confie Germaine Vielmas, préparatrice à l’officine Pradier [11]. Je gère l’activité d’orthopédie de l’officine de A à Z. Le titulaire ne regarde qu’une chose, le chiffre d’affaires en fin d’année. » Et pourtant, quand elle a choisi de passer en candidat libre le diplôme d’orthopédiste, elle imaginait un jour s’installer à son compte. Mais Jean-Louis Pradier lui a proposé un local de 40 m2… Alors, elle a lancé un véritable magasin avec chaussures grande largeur, semelles orthopédiques, maillots de bains, attelles, ceintures… Elle propose des articles et soigne le service. « Même des bas à varice, je les fais toujours essayer pour voir s’ils sont parfaitement adaptés à la morphologie de la personne. »

Jacqueline Paquot, préparatrice, est elle aussi responsable de l’orthopédie dans l’officine des Moutis [78]. « En ce qui me concerne, je travaille au comptoir mais dès qu’il y a une demande en matière d’orthopédie, c’est moi qui la traite. Si je ne suis pas là, les clients peuvent prendre rendez-vous. » Les clients sont demandeurs car ils viennent la voir pour trouver des solutions à leurs problèmes quotidiens. Certaines femmes viennent même de loin – le bouche à oreille fonctionne – pour essayer des prothèses mammaires Amonea. La reconnaissance, elle l’obtient également de son titulaire qui n’hésite pas à l’envoyer en avion visiter une usine de bas de contention. Du voyage, elle était la seule préparatrice parmi les pharmaciens et autres médecins… Mais sans doute l’une des expérimentées en matière de contention. La reconnaissance, elle l’a aussi en terme de rémunération avec un statut d’assimilé cadre et des primes. Même constat pour Alexandre Joly, préparateur à l’officine Vignocchi (95). « J’ai 25 ans et je travaille dans l’officine depuis deux ans et demi. Au début j’avais un contrat de préparateur, j’ai maintenant un contrat d’orthopédiste-orthésite et je cotise à la caisse des cadres. » Juste après le BP, Alexandre a suivi des études d’orthopédiste qu’il a financées lui-même. « Il n’est pas facile d’obtenir une formation continue par le fongecif et pour y avoir droit il m’aurait fallu attendre d’avoir cinq ans d’expérience. »

(*) Questionnaire de 4 pages publié dans le numéro de mars 2002.