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Quels adultes vacciner contre la grippe dans les officines autorisées ?

Publié le 28 septembre 2018
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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La Haute autorité de santé (HAS) recommande d’élargir le droit de vaccination des pharmaciens qui participent à l’expérimentation. Un décret et un arrêté devraient permettre la primovaccination des adultes éligibles et de simplifier le parcours des primovaccinants sur toute la France.

Qui peut vacciner contre la grippe en officine ?

Les pharmaciens, titulaires ou adjoints, qui exercent dans une des régions concernées par l’expérimentation permise par la loi de financement de la sécurité sociale 2017 Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine pour la campagne 2017-2018, rejointes cet hiver 2018-2019 par les Hauts-de-France et l’Occitanie. Sur la base d’une candidature volontaire, après autorisation de l’ARS dont ils dépendent et à condition d’avoir rempli les obligations de formation et d’équipement.

Qui pouvaient-ils vacciner jusqu’alors ?

Jusqu’ici, selon l’arrêté du 10 mai 2017, le pharmacien était autorisé à vacciner contre la grippe saisonnière « les personnes adultes âgées de 18 ans et plus, ciblées par les recommandations vaccinales en vigueur à l’exception des femmes enceintes et des personnes qui n’ont jamais été vaccinées contre la grippe ». Les personnes identifiées « à risque particulier » lors de l’entretien prévaccinal devaient aussi être orientées vers le médecin : immunodépression, antécédents de réaction allergique à une vaccination, troubles de la coagulation et/ou traitement anticoagulant en cours.

Que recommande la Haute autorité de santé ?

Les données de couverture vaccinale demeurant insuffisantes en France (voir encadré), la HAS a émis en août 2018 des recommandations (1) visant à harmoniser les compétences entre professionnels en matière vaccinale. Parmi elles, la possibilité pour les sages-femmes, infirmiers et pharmaciens participant à l’expérimentation de vacciner contre la grippe tous les individus de plus de 18 ans éligibles aux recommandations vaccinales et ce, sans prescription préalable d’un médecin. La HAS préconise aussi de renforcer la formation obligatoire en vaccinologie et la création d’un outil informatique pour partager l’information sur l’acte vaccinal entre professionnels.

Qu’est-ce qui va changer pour la campagne 2018-2019 ?

Basé sur ces recommandations, un projet de décret et d’arrêté est à l’étude au gouvernement. La parution est prévue fin septembre, juste avant le début officiel de la campagne de vaccination, prévu pour le 2 octobre (ndlr : quand vous lirez Porphyre, qui sort le 6 octobre, ce sera peut-être déjà officiel !). Ces textes prévoient d’étendre la population cible qui sera vaccinée dans les officines des régions expérimentatrices. Tous les adultes ciblés par les recommandations vaccinales pourront s’y faire vacciner, y compris pour une primovaccination, sauf en cas d’antécédents allergiques. « Pour simplifier les choses, disons que cela correspond en gros à l’ensemble des adultes munis d’un bon de vaccination », explique Hugues Videlier, président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Rhône-Alpes.

Par ailleurs, le comité de pilotage de la vaccination, réuni le 11 septembre dernier à la direction générale de la Santé, a simplifié le parcours des primovaccinants pour la France entière. Balayée, l’obligation de faire tamponner en amont son bon de vaccination par le médecin, les primovaccinants peuvent désormais se présenter directement à l’officine pour retirer leur vaccin et en établir la facturation, comme c’était déjà le cas pour les patients déjà vaccinés auparavant.

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Qui pourra vacciner en 2018-2019 ?

L’expérimentation de la vaccination antigrippale à l’officine, initialement prévue sur 3 ans, pourrait être raccourcie à 2 ans. « Après les très bons résultats de la première année d’expérimentation, la possibilité de vacciner en officine devrait être généralisée dès la campagne 2019-2020 à l’ensemble des pharmaciens, les textes de la généralisation sont en cours de travail au gouvernement », ajoute Hugues Videlier.

De son côté, l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) pousse pour étendre encore la population cible : « La possibilité de vacciner tous les adultes à l’officine, avec ou sans bon, c’est la prochaine étape », assure Gilles Bonnefond, président du syndicat.

(1) « Recommandation vaccinale sur l’extension des compétences des professionnels de santé en matière de vaccination contre la grippe saisonnière ».

(2) Expérimentation de la vaccination contre la grippe saisonnière à l’officine, mai 2018, Ordre national des pharmaciens.

(3) Estimations Santé Publique France.

NOS EXPERTS INTERROGÉS

→ Hugues Videlier, président du conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Rhône-Alpes et vice-président du Conseil central A.

→ Gilles Bonnefond, président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO).

Repères

Expérimentation de vaccination anti-grippale à l’officine en France (2)

→ Deux régions expérimentatrices, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine, avec respectivement 63 % et 54 % des pharmacies, soit 2 809 officines.

→ 5 030 pharmaciens volontaires autorisés à le faire.

→ 159 139 vaccinations effectuées au 1er mars 2018, dont 58 168 en Nouvelle-Aquitaine et 100 971 en Auvergne-Rhône-Alpes, pour un prévisionnel de 30 à 40 000.

→ Couverture vaccinale en 2017-2018 (3) : en février 2018, tous régimes confondus, 45,6 % des personnes à risque étaient vaccinées contre la grippe : 50 % des 65 ans et plus, et 28,7 % des moins de 65 ans.

→ En février 2017, la couverture était estimée à 45,7 %.

→ L’objectif de santé publique est de 75 %.