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Que sait-on sur le coronavirus au 15 mars 2020 ?

Publié le 1 avril 2020
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Depuis quelques mois, un nouveau coronavirus est responsable d’un syndrome respiratoire aigu sévère à travers le monde. Mieux connaître cet agent infectieux est nécessaire pour découvrir comment s’en prémunir.

Qu’est-ce que le SARS-CoV-2 ?

C’est un coronavirus. Il en existe sept chez l’homme. Quatre reviennent chaque hiver et donnent des rhumes. Trois, plus récents, peuvent engendrer des symptômes plus graves, comme un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) : le SARS-CoV (Severe acute respiratory syndrome coronavirus ou syndrome respiratoire aigu sévère en français), le MERSCoV (Middle East respiratory syndrome coronavirus ou syndrome respiratoire du Moyen-Orient) et le SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie actuelle, partie de Chine.

Quelle maladie donne-t-il ?

Il est responsable du Covid-19 (Coronavirus disease 2019). La maladie peut commencer par un rhume, des courbatures, des maux de gorge et de tête, puis de la fièvre supérieure à 38 °C, de la toux, des difficultés à respirer. Diarrhée et nausées peuvent précéder ou accompagner ces signes, qui surviennent deux à quatorze jours après la contamination(1). Entre 20 et 50 % des personnes infectées resteraient asymptomatiques(2). Parmi les patients symptomatiques, 80 % guériraient et 20 % nécessiteraient une hospitalisation, dont 5 % avec des signes sévères pouvant aller jusqu’au décès(3).

Comment se transmet-il ?

Par les gouttelettes produites par la toux, l’éternuement, le rire ou la parole, et par les mains contaminées via des gouttelettes ou des objets portés à la bouche, au nez, aux yeux. Même s’il a été montré en conditions expérimentales que le SARS-CoV-2 survivait dans les très petites particules ou aérosols qui vont au-delà de 1 mètre, il n’a pas été démontré dans la vraie vie que la quantité de virus dans ces particules était infectante. Le virus pourrait se transmettre par voie fécale-orale car il a été retrouvé dans les selles. Un patient asymptomatique peut transmettre le virus. Il n’y aurait pas de transmission mère-enfant, ni par le lait(4).

Quels sont les facteurs de risque pour le Covid-19 ?

L’âge (> 50 ans pour l’hospitalisation,. 70 ans pour la sévérité), le diabète, l’hypertension artérielle, le tabagisme, les pathologies cardiovasculaires, pulmonaires chroniques, l’insuffisance rénale, la stéatose hépatique, le cancer et les co-infections rendent plus à risque d’être hospitalisé et d’avoir des symptômes sévères. Pour le moment, ni l’asthme(5), ni la grossesse(6) n’ont été retrouvés chez les patients sévères. Cependant, les autorités préfèrent considérer comme à risque les femmes enceintes, dont l’immunité est plus faible.

Peut-on se réinfecter ?

Il est probable qu’avoir été infecté protège d’une nouvelle infection, même si on ne connaît pas la durée de cette protection. Les rumeurs sur une possible réinfection ne sont pour le moment pas fondées(7).

Combien de temps survit-il dehors ?

Une étude a montré(8) que le SARS-CoV-2 peut survivre jusqu’à trois jours sur du plastique, 36 heures sur du carton et trois heures dans les aérosols. Il s’agit de conditions de laboratoire, avec des concentrations virales et des conditions de température et d’humidité contrôlées.

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Qu’en est-il des animaux domestiques ?

Le SARS-CoV-2 a été retrouvé dans les narines d’un chien(9), mais il n’existe aucune preuve qu’il puisse infecter les animaux domestiques. Il est possible que le virus, en mutant, puisse acquérir plus tard cette capacité.

(1) Un patient aurait été exposé vingt-sept jours avant de développer des symptômes, mais comme la date de contamination n’est pas toujours fiable et qu’il s’agissait d’un cas isolé, cette durée d’incubation n’a pas été retenue.

(2) Mizomoto et al., www.eurosurveillance.org, 2020.

(3) Les études en provenance de Chine portent sur des patients hospitalisés, si bien que les chiffres sur les patients asymptomatiques et ceux qui ne nécessiteraient pas d’être hospitalisés reposent sur des estimations.

(4) Pas de transmission mère-enfant, y compris via le lait maternel, dans une étude récente n’incluant que 9 patientes enceintes atteintes du Covid-19 (Chen H. et al., Lancet, 2020).

(5) Aucun des 140 patients Covid-19 hospitalisés dans l’étude de Zhang et al., Allergy, 2020, n’était asthmatique.

(6) Pas de symptômes sévères chez les femmes enceintes dans une étude récente n’incluant que 9 patientes enceintes atteintes du Covid-19 (Chen H. et al., Lancet, 2020).

(7) Les rumeurs sont venues de 4 cas rapportés en Chine de patients qui remplissaient les critères de guérison (dont test négatif) et ont été testés positifs au SARS-CoV-2 à plus d’un mois du début de la maladie (Lan et al., Jama, 2020). Comme ces patients sont restés asymptomatiques, il est probable qu’il s’agissait d’une réplication du virus sans signification clinique, et non d’une réinfection.

(8) Van Doremalen et al., MedRxiv, 2020. Certains ont parlé de 9 jours mais il s’agissait en fait d’une étude ancienne menée sur le SARS-CoV, et non le SARS-CoV-2 (Rabenau et al., Med Microbiol Immunol, 2005).

(9) On a retrouvé le virus dans un prélèvement nasal effectué sur un chien à Hong Kong qui vivait avec sa maîtresse infectée par le SARS-CoV-2, sans qu’il y ait de preuve que le virus était vivant ou capable de pénétrer les cellules du chien pour s’y multiplier.

(10) Chiffres Santé publique France sur l’année 2018-2019.

(11) Biggerstaff et al., BMC Infectious Diseases, 2014.

NOTRE EXPERTE INTERROGÉE

→ Dr Lydia Pouga, médecin virologue, lauréate de la faculté Paris-Descartes (pour ses travaux portant sur deux nouvelles mutations de résistance du VIH), postdoctorante de 2016 à 2018 à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (stratégies thérapeutiques contre l’infection VIH).

Repères

Covid-19 versus grippe. Le SARS-CoV-2 serait :

→ plus létal : de 1 à 5 % selon les pays, contre 0,5 % pour la grippe en France(10) ;

→ plus contagieux : une personne infectée par le SARSCoV-2 pourrait en infecter deux à quatre contre une pour la grippe (ou deux lors de pandémie grippale)(11). SARS-CoV-2 et virus grippal touchent plus sévèrement les patients âgés et les patients avec des comorbidités, mais le SARSCoV-2 épargne en termes de sévérité femmes enceintes et nourrissons, et touche plus sévèrement les hommes sans que l’on sache pourquoi.