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Que prescrivent les infirmiers en pratique avancée ?
La possibilité d’adapter, de renouveler ou de prescrire des traitements compte parmi les nouvelles compétences de l’infirmier exerçant en pratique avancée (IPA). Les modalités ont été précisées en août 2019
Qu’est-ce que la pratique avancée ?
La pratique avancée (PA) est une nouvelle forme d’exercice. Elle offre à des professionnels paramédicaux formés de nouvelles compétences, habituellement du ressort médical. Elle vise à diversifier leur exercice et à répondre aux tensions démographiques médicales. La pratique avancée infirmière, première profession concernée, a été instaurée en 2018. Plusieurs universités proposent ce diplôme de grade master en 2 ans. L’exercice en pratique avancée est possible après 3 ans d’expérience au minimum.
Quelles sont les nouvelles compétences ?
L’infirmier en pratique avancée (IPA) participe, en ville ou en établissement de santé, au suivi de certains patients, à la demande et en collaboration avec le médecin selon un protocole d’organisation. Parmi ses missions : entretien, examen clinique, actes techniques, prescription d’examens tels qu’électrocardiogramme, dosage de la glycémie ou de médicaments, etc. Habilité à évaluer l’état de santé du patient, l’IPA peut, dans son champ de compétences, adapter le suivi, mettre en place des actions d’éducation, prescrire ou adapter/renouveler des traitements.
Pour quels patients ?
Ceux qui ont donné leur accord, sur proposition du médecin et dans des domaines limités d’intervention selon l’IPA : affections chroniques stabilisées en soins primaires (8 maladies fixées par arrêté dont AVC, diabètes, maladies d’Alzheimer et de Parkinson, etc.), oncologie/hémato-oncologie, maladie rénale chronique, dialyse, transplantation ou psychiatrie. Une spécialité « urgences » est annoncée pour 2020.
Quel est le périmètre de prescription ?
L’IPA peut prescrire des produits non soumis à une prescription médicale obligatoire, comme les médicaments en accès direct, et des dispositifs médicaux en plus de ceux habituels (voir repères) tels que canne, béquille et embout, débitmètre de pointe, location de fauteuil roulant, prothèses capillaires et mammaires externes. Hors dégradation de l’état de santé du patient, il est habilité à renouveler et adapter, en termes de posologie ou d’horaire, certaines prescriptions listées(1) : antithrombotiques, antidiabétiques, antihypertenseurs, ou antiépileptiques et antiparkinsoniens (hors posologie). Les anticancéreux ne seront renouvelés et adaptés que dans le cadre d’une procédure de soins écrite avec l’oncologue. Cette procédure est laissée à l’appréciation du médecin pour le renouvellement et l’adaptation des traitements de santé mentale (thymorégulateurs, neuroleptiques, etc.) et de substitution aux opiacés.
Comment s’y retrouver au comptoir ?
« Pour la validité de la prescription, la référence reste le décret au regard de la spécialité de l’IPA », explique Pierrette Meury, vice-présidente de l’Unipa (voir expertes). Mais la liste est longue, non exhaustive et varie selon les champs d’intervention. « Le pharmacien devra aussi apprécier la cohérence de la prescription avec les maladies associées, ajoute Florence Ambrosino, IDE. Pour autant, on prend en charge le patient dans sa globalité. Peut-on prescrire un antidiarrhéique à un patient diabétique ? En théorie oui, mais ce n’est pas encore très clair. » En outre, « l’IPA engage pleinement sa responsabilité dans le cadre de ses prescriptions. Cela m’étonnerait qu’il sorte de son champ de compétences et du protocole d’organisation établi avec le médecin », rassure Cécile Barrière.
Et avec le pharmacien ?
La loi prévoit l’accès aux protocoles d’organisation par tout professionnel de santé. « Je souhaite le proposer au pharmacien dès que je ferai une ordonnance, avance Cécile Barrière. Le but est de travailler en collaboration, que ce soit valorisant pour tous. » Une collaboration essentielle pour Florence Ambrosino : « Dans tous les cas, le pharmacien ne devra pas hésiter à contacter l’IPA pour en discuter. Favoriser la mise en œuvre dans l’intérêt du patient est l’affaire de tous. »
À quand les premières ordonnances ?
Les premiers IPA formés sont en cours d’inscription à l’Ordre. Ils attendent leur numéro RPPS(2) de prescripteur. Les premières prescriptions devraient suivre. Leur prise en charge par l’Assurance maladie est déjà prévue, par le décret du 12 août 2019 qui a modifié le Code de la Sécurité sociale.
(1) Décret n° 2018-629 du 18 juillet 2018 relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée consolidé en août 2019, Journal officiel du 13 août 2019.
(2) RPPS : répertoire partagé des professionnels de santé.
NOS EXPERTES INTERROGÉES
→ Pierrette Meury, IPA diplômée d’État (Ipade), vice-présidente de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa).
→ Florence Ambrosino, IDE, titulaire du master en sciences cliniques infirmières, auteure du Guide de l’infirmier en pratique avancée, paru aux éditions Vuibert, 2019.
→ Cécile Barrière-Arnoux, Ipade, membre du comité de pilotage du réseau de pratique avancée en soins infirmiers de l’Association nationale française des infirmiers et infirmières.
Repères
→ Janvier 2016 : l’article 119 de la loi de modernisation du système de santé introduit le principe de la pratique avancée des auxiliaires médicaux.
→ Juillet 2018 : parution des décrets et arrêtés fondateurs de la pratique infirmière avancée.
→ Août 2019 : décrets et arrêtés qui complètent et précisent les textes de 2018, et modifient le Code de la Sécurité sociale.
→ 63 IPA en juillet 2019.
→ Prévisions 2022 : 5 000 IPA soit, à terme, 2 à 3 % des infirmiers diplômés d’État (IDE).
→ Depuis 2012, tout IDE peut déjà prescrire : certains dispositifs médicaux, des substituts nicotiniques, le renouvellement de pilules.
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