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Quand le désir féminin s’étiole

Publié le 29 novembre 2023
Par Annabelle Alix
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Les compléments alimentaires censés booster la libido des femmes fleurissent sur le marché et les ordonnances. Pour adopter le ton et les mots justes et fluidifier les échanges avec vos clientes, voici quelques repères sur le désir sexuel féminin.

Elle s’invite régulièrement à la pharmacie. Au détour d’un souci de sécheresse vaginale en ménopause ou après une radiothérapie. Sous traitement contraceptif ou antidépresseur. Chez un couple dont les rapports peu fréquents ne maximisent pas les chances de procréer. La sexualité féminine sous-tend plusieurs problématiques rencontrées au comptoir. On parle symptômes, solutions locales, traitements, mais quid du désir ? De l’envie de sexe ? Elle est souvent passée sous silence. « Les patientes nous parlent plutôt de l’aspect mécanique, souligne Florence, adjointe à Aix-en-Provence (13). Il faut parfois deviner la demande derrière la plainte apparente : “Je ne me sens pas en forme, en ce moment.” » De temps à autre, un complément alimentaire à l’appellation sans équivoque, tels Libicare, Libido Women, Libidogem, ou Libido Boost Femme figure noir sur blanc sur une ordonnance. La cliente est parfois gênée. En face, il y a la crainte d’être intrusif ou de ne pas trouver la bonne accroche. Le silence s’installe et « il y a un malaise, concède Florence. Nous ne sommes pas formés pour aborder correctement ce sujet. Si certaines patientes le font d’elles-mêmes quand elles sont en confiance, d’autres fuient leur pharmacie habituelle pour ces sujets-là. Il y a aussi celles qui ont l’intention d’en parler, mais qui, une fois au comptoir, ne sentent pas l’ouverture et repartent avec une boîte de Doliprane dont elles n’ont pas besoin. » Une patiente confie avoir clairement senti le malaise chez l’officinale qui la servait quand elle a demandé un lubrifiant. « Jusqu’à ce que je lui précise que je venais d’accoucher. Cela l’a libérée. Je ne sais pas ce qu’elle imaginait de si gênant. » Aborder le sujet intime du désir féminin avec sérénité, en faisant fi de ses propres représentations, est délicat au comptoir. Voire impossible au vu du manque d’intimité et de formation. En revanche, quelques clés permettent de mieux cerner la problématique afin d’orienter si besoin vers un médecin ou un sexologue.

Dame Nature a tout prévu

L’envie de sexe est-elle naturelle ? Absolument, selon Bernard Sablonnière, médecin biologiste, professeur de biologie moléculaire à l’université Lille II (59), chercheur à l’Inserm et auteur notamment de La chimie des sentiments et de La chimie des odeurs, des saveurs et du plaisir* : « D’un point de vue cérébral, l’envie de sexe permet de répondre à l’un des désirs fondamentaux sur le plan biologique, à savoir procréer. » Une envie est toujours gouvernée par la chimie du corps, et « la principale clé qui la déclenche est la dopamine. L’envie de sexe, en particulier, est activée par le cocktail dopamine/testostérone ». La testostérone, dont le taux monte en flèche à la puberté, « est 7 à 10 fois plus bas chez la femme que chez l’homme ». Son envie de sexe est-elle d’autant plus faible ? Pas nécessairement, tranche le biologiste, car « l’équipement en récepteurs est différent, et de toute façon, un peu de testostérone suffit pour générer l’envie ». Envie qui se calmera naturellement « après quelques mois ou années de relation ou une fois la descendance engendrée, quand l’ocytocine et la sérotonine – hormones du bien-être et de l’attachement – prendront naturellement le pas sur les hormones sexuelles, stabilisant le couple et l’équilibre familial ». Dame Nature semble avoir tout prévu !

L’envie de sexe liée à l’instinct de reproduction s’observe aussi chez les animaux, pendant la saison des amours. À l’automne, « les cerfs subissent une poussée de testostérone qui leur donne envie de se reproduire », explique le biologiste.

Le cerveau entretient l’envie

Chez l’humain, point de saison des amours, et pour cause, « l’Homme a si bien développé son cerveau émotionnel et social qu’il est prêt à procréer tout le temps !  », affirme Bernard Sablonnière. Le désir sexuel étant fortement corrélé à la volonté et à la mémoire, le cerveau peut même se rebeller quand les hormones se font la malle et que l’envie de sexe n’est plus stimulée. À la ménopause, par exemple, le désir sexuel peut s’effondrer, voire disparaître avec la chute physiologique hormonale. « Certaines femmes mettent simplement un terme à leur vie sexuelle », phénomène plutôt naturel, puisque « la sexualité n’est plus une nécessité du point de vue anthropo-biologique, reprend Bernard Sablonnière. D’autres femmes conservent, quant à elles, une forte envie cérébrale de sexe, liée à la mémoire de la récompense générée par les manifestations érotiques. » Le souvenir du plaisir ressenti pendant les ébats leur insuffle une puissante envie d’en avoir envie. Seul hic, « le réflexe qui entraîne l’acte mécanique ne s’active pas, faute d’hormones suffisantes, développe le biologiste, qui précise que l’envie cérébrale persistante touche souvent « les femmes qui ont un équipement en récepteurs à estrogènes élevé, pleines de vie, qui ont eu une vie sexuelle active ».

Un désir capricieux

Le désir sexuel d’une femme fluctue maintes fois au cours de sa vie, « en fonction des évènements, notamment hormonaux, telle la maternité, et de l’état de santé général, physique et psychologique, développe Céline Vendé, sexologue à Bordeaux (33) et experte chez Womanizer, marque de jouets sexuels. Le désir sexuel est également influencé par l’environnement culturel, familial, religieux, relationnel, éducatif, et par le mode de vie : charge mentale, emploi du temps surchargé, etc. » Les tracas du quotidien entrent aussi en jeu. « L’oubli d’un dossier au bureau, le petit dernier qui risque de se réveiller, un reproche au conjoint, du linge oublié, la crainte de ne pas dormir assez ou le maillot mal épilé… et le désir se dérobe ! », résumait, en 2016, la psychologue Laurence Zychowicz-de Kerno(1).

D’une femme à l’autre

« Pour activer le désir, il faut qu’au moins trois de ces quatre feux soient au vert : désirer (l’autre), être désirée, se désirer soi-même au sens d’avoir suffisamment confiance en soi et désirer la vie », pose Monique Dura, médecin généraliste à Cabannes (13), qui s’est formée en sexologie devant l’ampleur de ces problématiques chez ses patientes. Mais toutes les femmes ne fonctionnent pas de la même façon. « Parmi celles qui souffrent de pathologies lourdes, le désir sexuel disparaît parfois ou, à l’inverse, se décuple, car le sexe est un moyen pour elles d’oublier leur maladie et de faire triompher la vie », rapporte le Dr Dura.

Un plaisir restreint pendant l’acte – 7,4 à 28,9 % des femmes seraient anorgasmiques !(1) – peut aussi affecter le désir, à l’instar d’une maladie ou d’un traitement sources de fatigue ou d’inconfort vaginal, de douleurs lors de la pénétration ou d’un traumatisme sexuel antérieur. Le corps et le cerveau peuvent enregistrer l’acte sexuel comme une activité sans intérêt, éprouvante, agressive, anxiogène voire dangereuse.

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La situation peut même être à l’origine de vaginisme, une contraction involontaire des muscles du plancher pelvien. Le corps se ferme pour se protéger. Le désir de renouveler l’expérience peut s’éteindre.

Pas envie, et alors ?

Les femmes du XXe siècle ont combattu pour leurs libertés sexuelles, le droit à dire oui à leurs envies et à vivre leur sexualité comme elles l’entendent. Celles du XXIe siècle chercheraient plutôt à freiner les ardeurs de certains hommes. Et revendiquent le droit de dire non, de « décider si elles veulent prendre du plaisir ou non et avec qui », pointe Céline Vendé. Le féminin n’est pas l’égal du masculin sur le plan biologique et sexuel, chez l’humain comme chez l’animal ! « Le paon qui fait la roue, le pigeon qui roucoule, les miaulements d’une chatte en chaleur et autres parades du monde animal consistent à préparer les corps et à synchroniser les désirs, explique Laurence Zychowicz-de Kerno(1), citant le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Le mâle est souvent prêt à l’accouplement longtemps avant la femelle, et la parade a pour fonction d’activer physiologiquement la femelle. De son point de vue de biologiste, le professeur Bourlès pense que la différence de désir […] ou de pulsion sexuelle va de soi dans le monde animal. »

Le patriarcat demeure

Dans le monde sexuel humain, ce sont plutôt les codes de la pornographie qui gagnent du terrain. 27 % des mineurs consomment régulièrement du porno, 46 % en ont déjà consulté et 53 % expliquent cet usage par l’envie d’apprendre(2). Plaisir masculin, sexe impulsif dit « animal », image d’une femme en demande, mais le plus souvent soumise, qui dit oui à tout, ces « concepts » s’installent dans les rapports hétérosexuels. À tel point que la région Île-de-France a lancé en 2022 la campagne Le porno c’est #paslaref.

Le patriarcat, type d’organisation sociale dans laquelle l’homme monopolise le pouvoir et dicte les règles, règne aussi dans le sexe. Dans les couples hétérosexuels, le devoir conjugal reprend du galon. 40 % des hommes trouvent normal d’avoir un rapport pour faire plaisir à son partenaire quand on n’en a pas envie(3), et la justice leur donne raison. En 2021, la Cour de cassation a confirmé le prononcé d’un divorce aux torts exclusifs d’une femme qui avait refusé des relations intimes avec son mari pendant plusieurs années(4). Si le viol conjugal – forcer l’autre- est expressément condamné par la loi depuis 1992, le devoir conjugal – se forcer soi-même – demeure d’actualité. « Je reçois des femmes, même très jeunes, qui ont le sentiment que toutes les femmes en couple avec un homme se doivent de faire jouir leur compagnon », rapporte Céline Vendé. Alors que « la croyance qu’il faut faire l’amour un certain nombre de fois par semaine et avec un certain niveau de performance provoque souvent l’effet paradoxal de diminuer l’envie », souligne Laurence Zychowicz-de Kerno(1).

C’est grave, Docteur ?

« La toute-puissante société de consommation a fini par détruire le droit de désirer, ou du moins, par l’étouffer en en faisant une sorte de devoir. La hâte et les rythmes frénétiques qui caractérisent les pays occidentaux ont également contribué à tuer le désir », écrivait, dès 1999, le psychiatre et sexologue Willy Pasini. À l’heure où le sexe est à portée de main via les applications de rencontres, les jeunes font pourtant moins l’amour(5) et l’idée de l’abstinence sexuelle chez les femmes émerge.

Selon les études, 24 à 43 % des femmes seraient touchées par un trouble du désir sexuel(1), mais certains médecins, comme le psychiatre américain Allen Frances, mettent en garde contre un excès de « pathologisation ». Pour lui, la souffrance de la femme apparaît souvent sous la forme d’une culpabilité induite par les autres, médias, compagnon…, doublée d’une impuissance à changer le cours de son désir et mêlée parfois d’une sourde colère envers un partenaire masculin dont elle ne comprend pas les exigences(1).

Certaines femmes hétéros se plient au devoir conjugal pour éviter la frustration de l’homme, source potentielle de colère, d’agressivité, voire de violences. Parfois, les actes de tendresse disparaissent, de peur d’éveiller le désir chez l’autre(1).

D’autres cherchent peut-être, en se forçant un peu, à renouer avec l’envie. Doit-on parler de pathologie du désir ? Céline Vende est claire : « Si une cliente invoque un désir sexuel en berne comme motif de consultation en précisant qu’en l’absence de trois rapports par semaine, son mari va la quitter, ce n’est pas un problème de désir. Il s’agit plutôt de savoir pourquoi cette femme pense devoir du sexe à son conjoint ! »

Derrière le symptôme, les sens

« Un désir sexuel en baisse est toujours signe d’une problématique plus globale, avance Céline Vende. Je ne reste jamais focalisée sur le symptôme car une baisse de désir sexuel n’est jamais purement physiologique. Il ne faut pas minimiser la part biologique, mais ce n’est pas une fatalité. » Pour la thérapeute, le rapport à la sexualité peut se réinventer quel que soit le contexte. « R faut se questionner sur le sens que l’on donne à la sexualité au moment où le désir flanche. Il peut, par exemple, y avoir une problématique de deuil de la fertilité. Inconsciemment, la femme peut se dire que la sexualité ne sert plus à rien, ou ne plus se sentir désirable. » L’analyse permet de trouver les leviers à actionner pour relancer le désir. « Une solution consiste à rapprocher les partenaires autour de ce qui fonctionne, ne serait-ce que l’acte de s’embrasser, par exemple, et à l’exploiter plus en profondeur » Quand le corps a été maltraité ou malmené par la maladie, un traitement ou un bouleversement hormonal, « privilégier les câlins en évitant les contacts qui mettent le corps à rude épreuve peut être un moyen de renouer avec le plaisir et de relancer le désir. Il faut souvent faire évoluer le script érotique du couple, et dans les couples hétérosexuels, déconstruire l’injonction à pénétrer, revoir les pratiques sexuelles sans pénétration… »

Mes besoins et mon potentiel

Le concept du slow sex – qui vise à se reconnecter à ses sensations, à faire monter le plaisir, tout en cessant de se focaliser sur l’orgasme – propose une approche plus douce de la sexualité. Il peut aussi la réinventer quand la routine est installée.

De façon générale, « la consultation fait tomber les croyances en se détachant du concept de performance, rassure Céline Vendé. Le plaisir masculin, par exemple, ne passe pas nécessairement par l’éjaculation, c’est une croyance très culturelle. On peut ressentir du plaisir en mobilisant autre chose que les organes génitaux ou en regardant l’autre prendre du plaisir. » Dans les couples hétéros, certains hommes « sont très ouverts et heureux de mieux comprendre ce qui se joue chez leur femme. Ils gèrent ensuite mieux la frustration », note la sexologue.

Pour moins dépendre du désir de l’autre, il faut faire le point sur ses besoins, car « le besoin sexuel, en tant que tel, n’existe pas, selon Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue et thérapeute de couple(1). Les humains qui ne font jamais l’amour n’en font pas une maladie sinon de la frustration ». Cette frustration « est l’expression de besoins affectifs non satisfaits, selon Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue(1).

La femme en manque de désir peut partir seule en quête de son plaisir. « En aucun cas, l’orgasme féminin ne peut être considéré comme naturel, instinctif ou automatique, rapporte, Laurence Zychowicz-de Kerno(1). Il s’agit d’une potentialité qui doit être activée et développée. Si elle ne fait pas l’objet d’un apprentissage, fût-ce un autoapprentissage, elle reste latente et inexprimée. »

« Quand explorer son corps avec les mains est compliqué, les sex-toys peuvent être une solution », propose Céline Vendé (voir encadré p. 22). Il n’y a pas de règle… Masculine encore moins…

*La chimie des sentiments (2012) et La chimie des odeurs, des saveurs et du plaisir (2023), éd. Odile Jacob.

(1) Libido féminine, entre nature et culture, mémoire pour le diplôme interuniversitaire d’études de la sexualité humaine, Laurence Zychowicz-de Kerno, https://dumas.ccsd.cnrs.fr/ dumas-01439870

(2) Enquête Opinion Way pour la région Île-de-France et le think tank Vers le haut, réalisée entre le 26 juin et le 7 juillet 2020, sur un échantillon de 250 jeunes âgés de 15 à 17 ans représentatif de la population francilienne, à partir d’un questionnaire accessible via 22 blogs et forums.

(3) Enquête IFOPpour Mon Petit VPN, effectuée en ligne du 15 au 18 septembre 2023 sur un échantillon de 3 014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

(4) Cass. Civ. 1re, 17 sept. 2021, n° 20-10564.

(5) Une étude Ifop menée en février 2023 montre que 43 % des jeunes Français de 18 à 25 ans n’avaient connu aucun partenaire sexuel durant l’année écoulée. Aux USA, une étude de l’institut General Social Survey montre que 23 % des 18 à 29 ans n’ont eu aucun rapport sexuel l’an passé, contre 8 % en 2008.

Et les sex-toys ?

En Suisse, les sex-toys se vendent en pharmacie ! « Il est intéressant d’envisager le sex-toy comme un outil de rééducation sexuelle », explique la sexologue Céline Vendé, qui détaille leur intérêt ci-dessous.

→ Les sex-toys qui stimulent le clitoris apprennent à se procurer du plaisir et des sensations quand les rapports sont insatisfaisants, que le désir baisse mais que la femme n’ose pas explorer son corps avec les mains.

→ Les boules de Geisha, deux petites boules creuses en silicone ou autre, reliées par une cordelette, introduites dans le vagin, peuvent renforcer les muscles du plancher pelvien et aider à la lubrification. Leur présence provoque une contraction involontaire et spontanée des muscles du plancher pelvien, des spasmes qui stimulent la vascularisation de la zone, augmentent l’afflux sanguin et activent les glandes de Bartholin. Situées à l’arrière des grandes lèvres du vagin, ces glandes participent à la lubrification de la vulve et du vagin.

→ Les dilatateurs vaginaux, en forme de tube en plastique ou en silicone, au bout arrondi, disponible en plusieurs tailles, avec une poignée amovible peuvent être intéressants en cas de sécheresse vaginale, de vagin moins élastique notamment après un cancer traité par radiothérapie, de vaginisme ou de dyspareunie. Ils sont introduits dans le vagin et laissés en place une dizaine de minutes.

Le trouble du désir sexuel, késaco ?

Entrée en 1980 sous une forme unisexe dans le Manuel diagnostique et statistique (DSM), la définition du trouble du désir sexuel est revue en 2013 et scindée en deux définitions, l’une s’appliquant au sexe féminin, l’autre au masculin.

→ Le trouble du désir sexuel hypoactif masculin est une déficience (ou absence) persistante ou répétée de pensées d’ordre sexuel/érotique ou de fantasmes et de désir d’activité sexuelle. Cette définition est très proche de la définition unisexe originale.

→ Le trouble de l’intérêt/de l’excitation sexuelle féminine est une absence ou réduction considérable de l’intérêt/ de l’excitation sexuelle, qui se manifeste par au moins trois des critères suivants :

• absence/réduction d’intérêt pour l’activité sexuelle ;

• absence/réduction de pensées ou de fantasmes sexuels/érotiques ;

• absence/réduction d’initiation de l’activité sexuelle, et notamment non-réceptivité aux tentatives d’initier une activité sexuelle de la part d’un ou d’une partenaire ;

• absence/réduction d’excitation/de plaisir sexuel pendant l’activité sexuelle dans presque toutes ou dans toutes (environ 75 % à 100 %) les rencontres sexuelles (dans des contextes situationnels identifiés ou, en cas de généralisation, dans tous les contextes) ;

• absence/réduction d’intérêt/d’excitation sexuelle en réponse à des signaux sexuels/ érotiques internes ou externes, par exemple écrits, verbaux, visuels ;

• absence/réduction de sensations génitales ou non génitales pendant l’activité sexuelle dans presque toutes ou dans toutes (environ 75 % à 100 %) les rencontres sexuelles (dans des contextes situationnels identifiés ou, en cas de généralisation, dans tous les contextes).

Les compléments alimentaires en soutien

Certains compléments alimentaires prétendent augmenter la libido, revendiquant une action ciblée, énergisante ou des senteurs plaisantes. Malgré un certain intérêt, ils ne suffisent pas.

« Les compléments alimentaires n’ont pas d’impact sur les pathologies qui entraînent une baisse de désir sexuel », met en garde Bernard Sablonnière, médecin biologiste, professeur de biologie moléculaire à l’université Lille II (59) et chercheur à l’Inserm. Plus généralement, « ces produits ne régleront jamais le problème, pose Céline Vendé, sexologue à Bordeaux, mais ils peuvent soutenir et compléter une prise en charge globale, notamment pour une femme qui souffre de douleurs ou d’inconforts physiques, à cause d’une maladie ou de variations hormonales importantes ».

Pour le confort

Dans ces cas-là, « il est même indispensable de prendre en charge tous les effets secondaires pour retrouver du confort, ajoute la sexologue. Dans le cas contraire, si l’on a des crampes, des spasmes, que l’on est tendu, on ne peut pas profiter, et on va se crisper ». Quand la ménopause s’installe brutalement à cause d’un traitement (cancer, endométriose…), « un bon accompagnement est nécessaire car les effets secondaires sont soudains ». La thérapeute insiste aussi sur les bienfaits psychiques des compléments alimentaires : « Il ne faut pas minimiser l’effet placebo . La personne peut avoir le sentiment positif de prendre soin d’elle en les prenant. L’action est plus globale. »

Énergisants et senteurs plaisir

« Certains composés alimentaires sont énergisants car ils se fixent sur les récepteurs de dopamine et se comportent un peu comme tels », explique Bernard Sablonnière. « Le ginseng ou le gingembre contenus dans certains produits prétendant booster la libido ont pour effet d’accélérer les performances physiques et intellectuelles. Ce sont des stimulants », ajoute Céline Vendé. La damiana (Turnera aphrodisiaca) aurait une activité anti-aromatase susceptible d’augmenter le taux de testostérone libre. L’aromatase joue en effet un rôle fondamental dans la conversion de la testostérone en estrogènes. Tribulus terrestris améliorerait la fonction sexuelle féminine tandis que Trigonella foenum-graecum jouerait sur l’excitation.

Le maca, très présent dans de nombreux compléments alimentaires, influerait sur le désir sexuel tandis que le safran améliorerait l’humeur, et donc le désir… Santal, musc blanc, ylang-ylang, gingembre, cannelle, certaines huiles essentielles créent « une ambiance sensorielle qui invite le cerveau à reconnaître une expérience de plaisir-désir et à vouloir la faire perdurer », précise Bernard Sablonnière. Selon le professeur, les compléments à base d’extraits de testostérone sont inefficaces car « détruits par le foie. Ils ne peuvent être assimilés qu’en intraveineux ». En revanche, un lubrifiant peut être proposé en cas de sécheresse vaginale, et « des ovules provoquant la libération locale d’estrogènes peuvent améliorer le confort ».