- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Métier ›
- Prenez votre progression en main
Prenez votre progression en main
Des préparateurs et des pharmaciens adjoints ne bénéficient pas d’un coefficient adéquat. Certains salariés seraient sous-cotés. Deux études réalisées en parallèle par la branche officine et le syndicat Force ouvrière montrent des distorsions entre la grille de classification professionnelle et la réalité.
Comment les employeurs appliquent-ils la grille de classification ? Les salariés sont-ils positionnés au bon coefficient parmi ceux prévus par la convention collective ? Les rémunérations sont-elles conformes aux critères de la grille ? Deux études réalisées en 2017 (voir encadré p.7), l’une plus complète, par l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) à la demande de la branche officine(1), l’autre par le syndicat Force ouvrière Pharmacie(2), montrent une relative négligence quant au respect des coefficients, et donc de la rémunération.
Deux métiers font le plein
La première constatation de l’étude « Modalités d’application de la grille de classification professionnelle » de l’OMPL, présentée le 29 janvier, concerne la répartition des métiers. Sans surprise, 66,1 % des répondants sont préparateurs et 21,3 %, pharmaciens adjoints. Idem dans l’enquête Force ouvrière, publiée le 2 février, où plus de 98 % des salariés sont préparateurs ou pharmaciens.
S’il y a plus de trente métiers répertoriés à la grille, tels qu’employé, magasinier, secrétaire, conditionneur, vendeur, rayonniste ou opticien, « certains ne sont quasiment plus exercés », relève Philippe Denry, vice-président de la CPNE-FP, titulaire et représentant du syndicat de titulaires FSPF. Sur 2 460 répondants, on note ainsi 2 conditionneurs et 8 magasiniers ou emballeurs.
Au plus près des minima
Deuxième constat, « comparativement aux autres branches professionnelles, les rémunérations […] sont relativement proches des minima conventionnels […], en moyenne 6 % au-dessus […], alors que le même calcul dans d’autres branches conduit à un écart de référence de l’ordre de 20 %. » Pour un coefficient, la grille de classification des emplois donne un salaire minimum. Libre au titulaire de payer au-delà et au salarié de demander davantage. Les titulaires s’en tiendraient-ils aux minima conventionnels ? Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de FO Pharmacie, nuance : « Cela dépend des secteurs. En région parisienne, les salariés sont payés au-dessus. » Pour Philippe Denry, « bon nombre de pharmaciens ne proposent pas plus parce qu’ils ont des difficultés de trésorerie, mais souvent ils donnent des primes. » Dans l’enquête OMPL, le salaire brut mensuel moyen d’un préparateur au coefficient 240 ressort à 1 670 €, contre 1 585 € à la grille.
Des préparateurs « sous- et surcotés »
Les deux études ont comparé les coefficients déclarés et les coefficients théoriques, établis selon la date du diplôme et les années de pratique professionnelle, amputées des éventuelles périodes d’inactivité, chômage, longue maladie, congé parental, « peu fréquentes » selon Olivier Clarhaut pour FO. Pour l’OMPL, si 45 % des coefficients déclarés par les préparateurs correspondent aux coefficients théoriques, 31 % ont un coefficient inférieur à celui attendu.
Ces « sous-cotations » sont plus fréquentes aux premiers niveaux de la grille, avec 68 % de préparateurs sous-cotés à 240 au lieu de 250. Pour 76 % des sous-cotés, l’écart est d’un niveau de coefficient, et de deux niveaux pour les 24 % restants. Pour sa part, l’étude de Force ouvrière constate 25,4 % de coefficients non conformes.
Dans le même temps, l’OMPL relève que 24 % des préparateurs sont « surcotés », avec un coefficient supérieur au théorique. Cette situation, plus fréquente pour les hauts coefficients, suggère la prise en compte d’autres « caractéristiques que les années de pratique professionnelle par les employeurs. »
Question salaire, bizarrement, la moitié des sous-cotés a une rémunération conforme ou supérieure à ses années de pratique ! Par contre, l’autre moitié « pourrait prétendre à une rémunération plus élevée de 8 % en moyenne », conformément à son expérience professionnelle.
Des adjoints sous la barre aussi
Pour les adjoints, les sous-cotés sont moindres : 9 % dans l’étude OMPL (41 sur 458), mais 16,4 % dans celle de FO. Cette situation concerne des coefficients inférieurs à 500. 67 % ont un écart d’au moins deux coefficients et 33 % d’un seul. L’OMPL indique que « la grande majorité des adjoints sous-cotés (7 % des adjoints de l’échantillon) déclare une rémunération inférieure au salaire minimum conventionnel auquel ils pourraient prétendre de l’ordre de 10 % en moyenne. »
Méconnaissance ou mauvaise foi
Ces résultats sont à prendre « avec mesure car peut-être biaisés par des déclarations erronées », nuance l’OMPL. Certes, « c’est une estimation, mais un pourcentage de professionnels ne bénéficie pas du coefficient hiérarchique qui lui est dû ! », s’indigne Olivier Clarhaut. Alors, mauvaise foi ou méconnaissance ? « C’est tout à l’honneur de la branche d’avoir demandé cette étude, mais les syndicats ne peuvent pas être derrière chaque pharmacien », souligne Noémia Marques, déléguée générale de l’OMPL. « Le titulaire peut ne pas avoir en tête les dates de diplôme et d’entrée de tous ses salariés. C’est vrai que nous nous reposons beaucoup sur nos cabinets comptables, avance Philippe Denry. Je ne pense pas que les titulaires bloquent sciemment le passage au coefficient supérieur, c’est plutôt un oubli. » Quand d’autres soulèvent une négligence… des salariés eux-mêmes. Christelle Degrelle, préparatrice, représentante CFE-CGC et présidente de la CPNE-FP, temporise : « Il ne faut pas jeter la pierre aux pharmaciens. Beaucoup paient au-dessus de la grille. Et nombre de préparateurs regardent le taux horaire, pas le coefficient. »
Des coefficients non identifiés
Les deux études montrent l’usage de coefficients non fixés par la grille, tels que 450, 480, 520 ou 550 pour les adjoints et 270 et 340 pour les préparateurs. « Certains titulaires cherchent un coefficient multiplicateur du point pour arriver à la somme voulue, avance Philippe Denry, mais peut-être interprètent-ils mal cette classification avec tous les coefficients, les dates d’inactivité, etc. » Pour Olivier Clarhaut, même si les nouveaux coefficients 250 et 320 ont pu être un peu compliqués à gérer, « on prend une feuille de papier et un crayon, et on s’en sort. Pour un bac + 6, ce n’est pas difficile », ironise-t-il.
Soyez vigilants
Les salariés doivent-ils alors surveiller leur progression comme le lait sur le feu ? « Ils peuvent dire à leur employeur “Je ne pense pas être au bon coefficient au regard de ma pratique professionnelle, j’aurais dû en changer.” Auquel cas, tout titulaire se rapprochera de son comptable pour interpréter clairement la convention collective », suggère Philippe Denry.
Olivier Clarhaut souhaite que « les salariés vérifient, soient vigilants et se rapprochent de la première organisation syndicale de la branche… Seul le salarié peut exiger le respect de la convention sur sa fiche de paie. » Faut-il revoir la grille aussi ? Philippe Denry est favorable à tout ce qui pourrait « limiter les erreurs pour les salariés et les complications pour les patrons. » Comme rien n’est prévu dans un futur proche, aux salariés de prendre un papier et un crayon…
S’informer sur son coefficient
Les années de pratique professionnelle sont les années écoulées depuis l’obtention du diplôme durant lesquelles le salarié est au comptoir. Renseignez-vous sur :
Législation > Droit du travail > Calculez coefficient et salaire ;
→ legifrance.gouv.fr, où vous pouvez consulter la convention collective de la pharmacie d’officine, également disponible dans votre pharmacie et à l’achat sur lemoniteurdespharmacies.fr, rubrique Boutique.
(1) Modalités d’application de la grille de classification professionnelle, 2018, sur www.observatoire-metiers-entreprisesliberales. fr > Les études OMPL > Études thématiques > Secteur santé.
(2) Classifications en pharmacie d’officine, sur www.fo-pharma-cuirhabillement. com > Infos branches > Officine > Communiqués.
Deux études convergentes(1)(2)
1. Étude OMPL pour la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la branche de la pharmacie d’officine (CPNE-FP)
Deux questionnaires, l’un auprès des titulaires (par mail, téléphone), avec 153 réponses exploitables pour 1 095 salariés, l’autre auprès de 1365 salariés (via les réseaux sociaux, par téléphone), avec 1 432 réponses exploitables.
Métiers des répondants :
66,1 % préparateurs, 21,3 % pharmaciens, 3,6 % apprentis, 3,1 % personnel de nettoyage, 1,2 % employé en pharmacie, 1,1 % étudiant en pharmacie, 1,1 % personnel administratif, 0,9 % vendeur ou rayonniste, 0,5 % aide-préparateur, 0,4 % conseiller en dermocosmétique, 0,3 % magasinier ou emballeur, 0,3 % autre métier (audioprothésiste, livreur, opticien, orthopédiste…) et 0,1 % conditionneur.
2. Étude de et par Force ouvrière Pharmacie
Questionnaire en ligne auprès de ses adhérents et sympathisants via les réseaux sociaux avec 1 280 réponses (1 219 réponses exploitables).
Métiers des répondants :
85,2 % préparateurs, 13,1 % pharmaciens, 0,4 % apprentis et 1,3 % autres.
- Tests de dépistage du Covid-19 : les préparateurs ne peuvent plus les réaliser
- Tests Covid-19 interdits aux préparateurs : la profession interpelle le ministère
- Nouvelles missions : quelle place pour les préparateurs ?
- Sécheresse oculaire : quels conseils au comptoir ?
- Chaussures thérapeutiques de série : conseils pour une délivrance adaptée
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?

