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L’officine est-elle concernée par les accidents d’exposition au sang ?
Du nouveau dans la prévention des risques biologiques. Le 31 août 2013 est paru un arrêté relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis les travailleurs en contact avec des objets perforants (voir repères). Il transpose une directive européenne de 2010 visant à renforcer la protection des professionnels de santé contre les accidents d’exposition au sang.
NOS EXPERTS INTERROGÉS
Marina Gasquet, pharmacienne formatrice chez Euro-Pharmat.
Michel Duneau, professeur émérite à l’université Paris-Descartes.
Jean Occulti, pharmacien et moniteur de premiers secours, Paris.
Quel est l’intérêt de cet arrêté ?
C’est un outil de référence commun qui harmonise les dispositions minimales à mettre en œuvre pour prévenir les accidents avec exposition au sang (AES). Les AES ont été définis par le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres) comme tout contact avec du sang ou un produit biologique contenant du sang, au niveau percutané (piqûre, coupure), muqueux (œil, bouche) ou d’une peau lésée (eczéma, plaie). Les AES exposent au risque de transmission d’agents infectieux, dont les plus redoutés par leur prévalence et leur gravité sont les virus des hépatites B et C et le VIH.
Qui est concerné ?
Tous les établissements de santé publics ou privés et ceux où sont dispensés des actes de prévention, diagnostiques et thérapeutiques, sont concernés. Les principales activités officinales intéressées sont les soins de première urgence et les tests d’orientation diagnostique nouvellement autorisés (voir repères). Voire la vaccination si ce droit était étendu aux pharmaciens comme l’a évoqué la ministre de la Santé.
Qui organise l’information ?
L’employeur doit réduire les risques de ses salariés, stagiaires et intérimaires compris. Il doit notamment les former dès l’embauche, et tout au long de leur parcours professionnel, sur les risques des AES, les précautions standard de prévention, les processus de travail (locaux et matériels appropriés, désinfection régulière des surfaces…) et les procédures d’utilisation et d’élimination des objets perforants. Et rappeler l’importance de la vaccination et des procédures de déclaration et de suivi en cas d’accident.
Quelles sont les précautions standard à respecter ?
Les précautions d’hygiène minimales concernent en particulier le lavage et la désinfection immédiate des mains en cas de contact avec des liquides biologiques contaminants ; le port de gants en cas de risque de contact ou de piqûre avec des liquides contaminants ou du matériel souillé ; l’emploi préférentiel de matériel à usage unique ; les bonnes pratiques de manipulation d’instruments piquants : ne pas recapuchonner les aiguilles, éliminées rapidement dans des conteneurs adaptés, lavage/désinfection rapide des instruments réutilisables, etc.
Que faire en cas d’accident avec exposition au sang ?
En cas de piqûre, coupure ou de contact direct sur peau lésée, il faut nettoyer immédiatement à l’eau et au savon, puis rincer et désinfecter au moins cinq minutes avec un dérivé chloré type Dakin. En cas de projection sur les muqueuses (yeux, etc.), rincer abondamment au sérum physiologique ou à l’eau, au moins pendant cinq minutes. Prendre un avis médical au mieux dans les quatre heures dans un service d’urgence pour évaluer le risque infectieux et initier éventuellement un traitement prophylactique. Une recherche du statut sérologique du patient-source peut être nécessaire, avec son accord. Enfin, il ne faut pas oublier de déclarer l’accident de travail.
Les préparateurs sont-ils habilités à effectuer des soins de premiers secours ?
Oui. En matière de premiers soins et premiers secours, il n’y a pas de différences de droits et de devoirs entre pharmaciens et préparateurs. Pour les gestes invasifs (injection de Glucagen, Anapen, etc.), c’est possible dans le cadre de l’absolue nécessité, notamment sur prescription téléphonique du médecin du centre 15.
Les préparateurs peuvent-ils réaliser les glycémies capillaires, tests oro-pharyngés et naso-pharyngés ?
Non. L’arrêté du 11 juin 2013 donne l’autorisation aux seuls pharmaciens d’effectuer ces tests, sans faire état d’une quelconque délégation. Selon le code de la santé publique, les préparateurs peuvent seconder les pharmaciens dans la préparation et la délivrance des médicaments, mais pas dans d’autres missions qui ne relèvent pas de ces deux domaines (article L. 4241-1).
Repères
→ 1er juin 2010 : parution au Journal officiel de l’Union européenne de la directive 2010/32/UE du 10 mai 2010 portant application de l’accord-cadre relatif à la prévention des blessures par objets tranchants dans le secteur hospitalier et sanitaire.
→ 15 juin 2013 : parution au Journal officiel de l’arrêté du 11 juin 2013 déterminant la liste des tests, recueils et traitements de signaux biologiques qui ne constituent pas un examen de biologie médicale. Les pharmaciens d’officine sont autorisés à utiliser les tests capillaires d’évaluation de la glycémie, les tests oro-pharyngés d’orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A et tests naso-pharyngés d’orientation diagnostique de la grippe.
→ 31 août 2013 : parution au Journal officiel de l’arrêté du 10 juillet 2013 relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d’être en contact avec des objets perforants.
→ 1 million : c’est le nombre estimé de blessures par piqûres d’aiguilles chaque année en Europe (Source : Parlement européen, Preventing needle-stick injuries in the health sector, février 2010).
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