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L’infarctus du myocarde chez la femme

Publié le 1 juillet 2023
Par Marianne Maugez
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Une douleur dans la poitrine, de type oppression thoracique, pouvant irradier dans les bras, la mâchoire ou le dos est un signe clinique caractéristique d’un infarctus du myocarde. Si ce symptôme est le plus fréquent, d’autres peuvent se manifester, surtout chez la femme.

 

Dans quelle mesure les femmes sont-elles touchées ?

Contrairement aux idées reçues, les maladies cardiovasculaires n’épargnent pas les femmes. Elles représentent même actuellement la première cause de mortalité dans cette population. En France, sur les 400 personnes qui décèdent chaque jour d’une maladie cardiovasculaire (syndromes coronariens aigus, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, artériopathie oblitérante des membres inférieurs, infarctus digestifs, etc), plus de la moitié sont des femmes.

Facteurs de risque spécifiques et symptomatologie parfois atypique peuvent être à l’origine d’une prise en charge inadaptée et d’un retard ou d’une errance de diagnostic. En outre, lorsqu’un événement cardiovasculaire survient, le risque d’évolution défavorable, voire de décès, est environ 2 fois plus élevé chez la femme que chez l’homme à court et à long termes.

Chez les femmes de moins de 65 ans, une augmentation de 5,3 % de l’incidence des syndromes coronariens aigus entre 2009 et 2014 a été observée et de 8,3 % entre 2014 et 2019 (liée à une modification des modes de vie et à la progression importante du tabagisme et de l’obésité dans cette population). Chez les hommes, ces augmentations étaient respectivement de 3 % et 2,2 %.

Quels sont les facteurs de risque spécifiques ? 

En plus des facteurs de risque dits traditionnels des maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, tabac, cholestérol, diabète de type 2, sédentarité et inactivité physique, obésité), les femmes sont affectées par des facteurs de risque hormonaux spécifiques (contraception avec œstrogène de synthèse surtout après 35 ans et associée à un tabagisme actif, grossesse compliquée, ménopause) et des facteurs psychosociaux tels que la surcharge mentale liée au mode de vie, le stress et l’anxiété. Moins connus, ces facteurs psychiques sont de puissants générateurs d’infarctus, ils représentent le troisième facteur de risque après le tabac et le cholestérol.

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Comment repérer les signes d’alerte ? 

Chez la femme, des symptômes autres que la douleur thoracique peuvent être des signes avant-coureurs d’un infarctus : fatigue intense et persistante, essoufflement à l’effort, douleur aiguë dans le haut du dos ou dans la mâchoire, insomnies, vertiges, troubles digestifs récurrents (nausées, gêne ou brûlure épigastrique). Ces symptômes peuvent ne pas être en lien avec un effort et survenir lors d’activités quotidiennes ou la nuit.   

 
 

Le Bus du cœur des femmes


Afin d’apporter une aide à des femmes souvent éloignées des parcours de soins, le fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes organise depuis septembre 2021 la tournée du Bus du cœur des femmes, une grande opération nationale itinérante d’information, de sensibilisation et de dépistage. Grâce à cette initiative, près de 5 000 femmes ont déjà pu bénéficier d’un dépistage gratuit. Un observatoire national de la santé des femmes permet de mieux connaître leur profil cardiovasculaire, métabolique et gynécologique.

Pour plus d’informations : agirpourlecoeurdesfemmes.com et chaîne YouTube.

  • * Cheffe de service de médecine vasculaire et hypertension artérielle à l’Institut Cœur Poumon du centre hospitalier universitaire de Lille (Nord), professeure de médecine vasculaire à l’université de Lille et cofondatrice du fonds de dotation Agir pour le Cœur des femmes.