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L’exercice à la mode
Fini le temps où l’on rentrait dans une officine à l’issue de son stage pour y terminer sa carrière. Vous êtes de plus en plus nombreux à choisir l’intérim comme nouveau mode d’exercice. Témoignages.
L’intérim me permet de travailler correctement sans que l’on me mette des bâtons dans les roues, et j’évite la routine », explique Pierre, 25 ans. L’intérim fait des émules, séduisant chaque année un nombre croissant de préparateurs. « Pour beaucoup, c’est un choix délibéré de se tourner vers un nouveau mode d’exercice », remarque Jean-Louis Baracassa qui dirige Pharmintérim, la dernière-née des agences. Le métier a évolué et les préparateurs veulent en profiter, ce qui n’est pas toujours possible lorsqu’ils restent longtemps dans une officine. »
L’intérim attire les jeunes en quête d’expériences
L’intérim concerne plutôt les jeunes entre 23 et 29 ans. Dynamiques, mobiles et indépendants, ils souhaitent pouvoir prendre leurs vacances quand bon leur semble et supportent mal le carcan hiérarchique. « Ce sont souvent des candidats embauchés dans une officine après leur brevet, qui au bout de trois ou quatre ans veulent ouvrir leur horizon et acquérir de nouvelles compétences », précise Jean-Luc Sicnasi, responsable de l’agence 3S Santé qui emploie quelque 900 préparateurs et compte un portefeuille de près de 3 000 officines clientes. La multiplication des expériences offre en effet la possibilité de se former mais l’aménagement du temps au gré des missions permet aussi de suivre des formations en parallèle voire de mener un nouveau projet professionnel. Jacques, auparavant responsable du rayon MAD d’une grande officine, a décidé de voler de ses propres ailes et prépare la création de sa société de matériel de maintien à domicile. Annabelle, qui s’est lancé dans l’intérim il y a quelques mois, souhaite aussi se reconvertir : « L’intérim me laisse suffisamment de temps libre, de plus j’ai choisi de prendre des missions dont les horaires me permettaient de mener à bien mes recherches, explique-t-elle. J’ai fait de l’intérim au début de ma carrière. Après huit ans dans la même officine, j’ai repris ce mode d’exercice car j’envisage de changer d’orientation professionnelle. Je cherche un poste de déléguée pharmaceutique dans un laboratoire. En attendant une réponse positive, l’intérim me permet de continuer à prospecter tout en gérant ma vie de famille. » Pour Sylvie, embauchée en contrat à durée indéterminée depuis quelques mois dans une officine, l’intérim lui a permis de choisir avec plus de certitude l’officine qui lui permettrait de s’épanouir à plus long terme. « Ce n’était pas un but en soi, mais une façon de trouver chaussure à mon pied. Pour cela j’ai tout de suite précisé à l’agence d’intérim pour qui je travaillais mon souhait à moyen terme d’être embauchée en CDI », se souvient-elle. D’autres encore, et ils sont de plus en plus nombreux, font le choix de l’intérim à moyen ou long terme. Si 60 % des intérimaires le sont pour une année ou deux, 40 % d’entre eux envisage l’intérim comme un nouveau mode d’exercice. « Depuis que je fais de l’intérim ce n’est que du bonheur !, exulte Nadia, 22 ans, et j’aimerais en faire ma carrière. On a aucune attache à l’officine et si l’on me confie peut-être moins de responsabilités, l’accueil, en particulier du titulaire, est toujours génial ! De plus l’intérim m’a permis de travailler sur différents logiciels informatiques et d’acquérir de nouvelles compétences. On peut connaître un maximum de choses en un minimum de temps. Enfin, je travaille quand je veux et je peux m’adonner à ma passion, les voyages. Prochaine destination : Bali. » Après trente-huit ans d’exercice professionnel et onze années passées dans la même officine, Danièle a finalement opté pour l’intérim lorsque le titulaire qui l’employait a transféré sa pharmacie. « J’aime bien les contacts, je m’intègre facilement et je me fais à toutes les situations, alors, l’intérim, c’est fait pour moi, confie-t-elle. Bien sûr il n’y a pas que des avantages, mais la forme de liberté que cela me donne est incomparable. Les relations professionnelles sont plus faciles, on n’est pas sans cesse sous la tutelle d’un titulaire et les barrières hiérarchiques sont moins visibles. À l’officine il y a toujours des petites histoires, des conflits larvés ou des jalousies. Maintenant je sais que je suis dans une officine pour trois semaines ou un mois, cela me permet de relativiser. À 52 ans, je souhaite finir ma carrière en travaillant lorsque je le souhaite, avec moins de fatigue et de stress. »
Le boom de l’Intérim en Ile de France
Si l’intérim présente manifestement des avantages indéniables, il reste l’apanage des grandes villes et principalement de la région parisienne. « Les offres sur la région parisienne sont pléthoriques, explique Jean-Luc Sicnasi. Il n’est pas rare que nous proposions à un préparateur plusieurs missions au choix avec des horaires différents, des équipes différentes. En province, c’est beaucoup moins vrai et il devient plus difficile de gérer l’intérim comme mode de vie, ou alors il faut être situé dans une grande ville comme Lyon par exemple. » Côté titulaire, les demandes ont elles aussi évolué. « L’intérim en officine a beaucoup changé ces dernières années, remarque le responsable de 3S Santé. Avant nos clients nous appelaient toujours dans l’urgence pour remplacer un salarié absent au pied levé. Désormais, même si des titulaires nous appellent pour une urgence comme un arrêt maladie avec un remplacement sur une semaine renouvelable au jour le jour, beaucoup planifient leurs demandes, que ce soit pour un congé maternité, des salariés en formation ou les remplacements au moment des congés annuels. Dans certains cas nous savons en janvier les missions que nos préparateurs devront effectuer durant la période d’été. »
Des salaires revus à la hausse
L’offre étant moindre que la demande, les salaires aussi deviennent avantageux. Outre la prime de précarité et les avantages consentis aux intérimaires (voir encadré à la page 18), les préparateurs rompus à ce mode d’exercice professionnel savent négocier leur salaire à la hausse. « La négociation se fait avec l’agence d’intérim. C’est elle qui édite les bulletins de paie et facture à l’officine cliente chez qui vous avez effectué une mission, explique Annabelle. Il ne faut pas hésiter à demander plus que la grille car les agences manquent de recrues et acceptent souvent, pourvu que vous fassiez l’affaire, de vous augmenter. » Attention également de voir si la prime de précarité et les congés payés ne sont pas inclus dans le taux horaire proposé. Suivant les agences et les accords passés, vous pouvez être payés mensuellement, comme le ferait tout employeur, ou à l’issue des missions. Certaines agences peu scrupuleuses proposent à leurs recrues un paiement « de la main à la main », sans bulletin de salaire. Illégale, cette pratique vous permet certes de gagner un peu plus qu’un taux horaire déclaré mais elle vous prive aussi de tous vos droits de salariés, et en particulier de sécurité sociale, de retraite, etc. De plus, un accident sur le trajet ou sur le lieu de travail aurait les plus graves conséquences pour l’officine qui vous emploie, l’agence indélicate et vous également.
L’intérim a aussi ses inconvénients
Une rémunération alléchante, des vacances quasiment à la carte, des offres de mission à ne plus savoir laquelle choisir et des titulaires amènes…, l’intérim serait-il le nouvel eldorado pour de jeunes préparateurs en quête d’avenir professionnel ? Si les avantages sont indéniables, ils ne sont pas sans inconvénients. Au premier chef, sans doute, le travail en intérim rend beaucoup plus difficile, en particulier sur la région parisienne, la recherche d’un appartement. De même les banques vous consentiront sans doute moins facilement un prêt. Et si les rémunérations sont en général supérieures à celles proposées sur un contrat à durée indéterminée, il faut compter les frais annexes tels que le déjeuner pris proche du lieu de travail, les blouses non prises en charge par l’employeur ou les frais de déplacement. Enfin, les trajets parfois longs et le changement d’officines trop fréquents deviennent au fil des semaines épuisants. « Les missions courtes sont parfois les plus difficiles, surtout lorsqu’elles s’enchaînent pendant plusieurs mois. Il m’est arrivé parfois de changer tous les jours de pharmacie. Le contact avec les titulaires étaient souvent moins agréables, ils avaient tendance à nous prendre pour des bouche-trous, » raconte Annabelle. Sophie se souvient d’être arrivée un matin dans une officine juste pour faire de la manutention : « Ils venaient de recevoir une cinquantaine de commandes. Il m’a fallu traiter plus de 300 colis. » Une autre, dont la mission spécifiait un travail de comptoir, a dû aussi remplacer la femme de ménage en vacances ! Autre bémol, les horaires sont généralement à prendre ou à laisser avec pour la plupart des missions une obligation de travailler le samedi et parfois des fins de journées tardives. Si certains peuvent travailler douze mois sur douze s’ils le désirent, c’est aussi parce que, outre leurs compétences professionnelles, ils ont su développer les qualités propres aux bons intérimaires. « Mieux vaut ne pas être susceptible et cultiver l’humour pour faire face à toutes les situations. Le relationnel est très important avec l’équipe que vous intégrez, mais surtout avec la clientèle qui a ses habitudes et a souvent du mal à vous accepter, » conseille Guillaume, 24 ans. « Être opérationnel au bout d’une heure, avoir une bonne mémoire pour utiliser un nouveau logiciel ou s’y retrouver dans les rangements immédiatement sont des qualités à développer » confie Danièle. Et l’efficacité doit aller de pair avec la discrétion… comme pour donner l’impression au titulaire d’avoir toujours fait partie de l’équipe. Le dynamisme, ne serait-ce que parce que l’intérim bannit toute routine, et la patience sont encore des atouts à mettre dans votre jeu. L’intérim vous tente ? Il ne vous reste plus qu’à franchir la porte des agences. N’hésitez pas en consulter plusieurs, même s’il s’avère ensuite que vous travaillez avec une seule, car comme pour la recherche d’un employeur, la négociation et les propositions d’une agence à l’autre peuvent être différentes. « Lors du premier entretien, il faut être clair sur ses desiderata en termes de salaire, d’horaires, de secteur géographique. Plus le contrat est clair, net et précis, et plus les chances que chacun, intérimaire, agence et titulaire, soient satisfaits sont grandes, » assure Annabelle. Sophie Delattre, après avoir goûté au contrat à durée indéterminée à l’officine puis à l’intérim, est désormais passée de l’autre côté de la barrière. Elle est désormais préparatrice consultante chez 3S Santé et reçoit les candidats à l’intérim. « Après avoir rempli un dossier dont les questions principales portent sur les compétences et les motivations, nous recevons les candidats pour définir ce qu’ils attendent de l’intérim, explique-t-elle. Ils ont souvent des idées préconçues, à nous par le dialogue de les orienter vers les missions qui leur conviendront le mieux. Les timides, par exemple, ont tendance à vouloir des missions de courte durée, alors que ce sont celles qui requièrent d’oser s’imposer tout de suite. »
Quand les petites annonces remplacent les agences d’intérim
Si les agences d’intérim ne vous tentent pas, reste la solution des remplacements traités en direct au bonheur des petites annonces. Sachez cependant que cette méthode, si elle vous offre une parfaite liberté, nécessite beaucoup d’énergie. « J’ai commencé l’intérim par des remplacements en free lance, se rappelle Annabelle. Je trouvais les contrats dans les annonces du Moniteur ou même en faxant mes CV dans les officines des quartiers qui m’intéressaient. J’avais beaucoup de propositions et rarement de périodes creuses, mais les salaires obtenus étaient moins intéressants que ceux négociés par les agences d’intérim. »
Pour« Je fais de l’intérim depuis le début de ma carrière
Même lorsque j’ai opté pour un CDI, j’ai toujours gardé un pied dans l’intérim. Son premier avantage est financier bien sûr. Normalement je devrais être actuellement à un coefficient 280 et je suis payé plus qu’un coefficient 300. Autre avantage : ce mode d’exercice permet de voir plusieurs façons de travailler mais aussi parfois des molécules différentes. Si l’on effectue un remplacement par exemple dans une officine proche d’un hôpital, cela permet de travailler sur des prescriptions comportant des produits hospitaliers ou sur des prescriptions peu courantes. De même l’intérim permet d’avoir accès à différents logiciels : un plus pour vendre nos compétences ensuite. Enfin, la demande dépassant largement l’offre, il est assez facile d’organiser son temps comme on l’entend tant du point de vue de l’aménagement des horaires sur les missions que sur les périodes de vacances. Ma famille vit en Afrique, l’intérim me permet de travailler six ou sept mois pour partir ensuite suffisamment longtemps. »
Laurent Beigné Préparateur, 32 ans
Contre« Je ne me vois pas faire de l’intérim après le BP
D’une part, je pense qu’un contrat à durée déterminé est gage de stabilité et rend plus aisé bon nombre de démarche de la vie personnelle comme un emprunt pour l’acquisition d’une voiture ou d’une maison. D’autre part c’est beaucoup plus sécurisant moralement, de ne pas avoir à se dire « Qu’est ce que je fais dans quinze jours ? ». L’instabilité professionnelle rend plus difficile à mon avis le maintien d’un équilibre personnel. Enfin l’intérim est incompatible avec la mise en place de réelles relations de confiance que ce soit au sein de l’équipe officinale ou avec la clientèle. Au début lorsque vous arrivez dans une officine, les clients ne souhaitent pas aller vers vous et osent rarement vous demander conseil, il faut du temps, apprendre à se connaître, qu’ils voient comment vous travailler pour que leur opinion vous soient favorable et qu’ils reconnaissent vos compétences. De plus j’habite dans un petit village du Vaucluse et j’apprécie cette ambiance rurale où tout le monde se connaît, on discute. Ce type de contacts ne correspond pas à ceux que l’on peut nouer en intérim qui reste l’apanage des grandes villes. »
Sonia Pézières Élève préparatrice BP2, 22 ans
ZoomCe qu’il faut savoir avant de signer votre contrat de travail
Le contrat de travail temporaire doit être écrit sous peine d’être réputé « à durée indéterminée ». Il doit être établi par l’agence d’intérim et adressé au salarié dans les deux jours ouvrables suivant sa mise à disposition. L’ intérimaire a les mêmes droits au regard du Code du travail qu’un autre salarié de l’officine.
• Durée. En principe la mission doit avoir une durée précisée dans le contrat et peut être renouvelée une fois. La durée maximale y compris le renouvellement ne doit pas excéder 18 mois (C. trav., art L. 124-2-2).
Lorsqu’il n’est pas possible lors de la conclusion du contrat de déterminer la date exacte de la fin de la mission, le contrat doit comporter une durée minimale et spécifié qu’il a pour terme la réalisation de l’objet pour lequel il a été conclu, par exemple le retour du salarié remplacé.
• Période d’essai. Elle ne peut excéder :
– deux jours pour un contrat d’un mois au plus,
– trois jours entre un et deux mois,
– cinq jours au-delà.
• Rémunération. Outre son salaire, le salarié intérimaire perçoit à la fin de chaque mission une indemnité de précarité d’emploi fixée à 10 % de la rémunération totale brute et une indemnité compensatrice de congé payé.
• 35 heures. Un accord concernant les intérimaires a été conclu le 27 mars 2000. Les heures effectuées au-delà des 35 heures sont majorées de 25 %.
• Rupture de contrat par l’agence. Si l’agence de travail temporaire, au-delà de la période d’essai, rompt le contrat de travail avant le terme prévu, elle doit proposer à celui-ci (sauf si la rupture du contrat résulte d’une faute grave du salarié) un nouveau contrat de travail prenant effet dans un délai maximal de trois jours ouvrables et d’une durée équivalente à celle qui restait à courir du contrat précédent.
• Rupture de contrat par le salarié. L’intérimaire peut rompre son contrat s’il justifie une embauche pour une durée indéterminée. Dans ce cas, sauf accord des parties, il doit respecter un préavis dont la durée est calculée à raison d’un jour par semaine :
– compte tenu de la durée totale du contrat, renouvellement inclus si celui-ci comporte un terme précis,
– ou de la durée effectuée lorsque le contrat ne comporte pas de terme précis.
• Embauche définitive après mission. La durée des missions effectuées dans l’officine au cours des trois derniers mois est prise en compte pour le calcul de l’ancienneté et est déduite de la période d’essai.
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