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Les fruits et légumes, plus tôt, c’est mieux
En confrontant les savoirs scientifiques de différentes disciplines, la 8e édition de la conférence internationale EGEA, qui s’est tenue à Lyon en novembre dernier, a souligné l’importance de transmettre ces connaissances sur la nutrition aux professionnels de santé. Avec toujours le même objectif, promouvoir les bénéfices d’une alimentation saine, riche en fruits et légumes.
Au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour. C’est la consommation recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé dans la prévention des maladies chroniques telles les cardiopathies, le cancer, le diabète et l’obésité. Notre société est consciente du rôle crucial de l’alimentation dans la santé, et de l’importance de la sécurité alimentaire, mais il faut sans cesse relayer e t pro mouvoir les connaissances. Ce que fait EGEA sans faiblir depuis 2003 (voir encadré). Cette année, le thème de sa 8e édition qui s’est tenue à Lyon du 7 au 9 novembre dernier était « Nutrition & Santé : de la science à la pratique ».
Les médecins en première ligne
Chercheurs, professionnels de santé, représentants des institutions européennes et internationales (OMS, OCDE, Direction santé…), professionnels du secteur des fruits et légumes, associations, ces 3 jours de conférences et d’échanges ont réuni « des acteurs clé s qui communiquent peu entre eux », a relevé le Dr Saïda Barnat, la coordinatrice scientifique d’EGEA. « Une faible consommation de fruits et légumes représente un réel facteur de risque de maladie. Les professionnels de santé jouent un rôle essentiel dans la promotion de le ur consommation dès le plus jeune âge car c’est un facteur reconnu de prévention. » Et même si les freins sont nombreux, du manque de temps et de formation à l’évolution des modes de production en passant par les controverses diverses, pédiatres e t médecins sont des acteurs majeurs dont il faut renforcer les compétences.
Épidémie démesurée mais réversible
« La diminution vertigineuse de la mortalité par maladies cardiovasculaires est un grand succès. On vit plus longtemps parce qu’on meurt moins de maladies cardiovasculaires grâce à un meilleur traitement en phase aiguë et à la prévention », a souligné le professeur Elio Riboli, de l’Imperial College de Londres. Avec un constat similaire concernant la baisse de l’incidence de la mortalité par cancer du poumon chez les hommes. En revanche, de nouveaux fléaux marquent le présent et le futur comme « l’épidémie de surpoids et d’obésité qui concerne aujourd’hui 2 milliards d’individus et dont on ne perçoit pas l’ombre d’un fléchissement », a alerté le Pr Riboli, rappelant que l’obésité est la cause principale de diabète. D’ici à 15 ans, « 10% de la population de la planète sera diabétique. Mais ce phénomène est parfaitement réversible ».
Une histoire d’après-guerre
La faible consommation de fruits et légumes figure parmi les 10 principaux facteurs de risque de mortalité selon l’OMS. Or, les végétaux n’ont pas été toujours à l’honneur. « Pour survivre après la Seconde Guerre mondiale, il fallait des protéines », a rappelé Philip James, Professeur de nutrition au Royaume-Uni. « 7 millions d’Occidentaux mouraient de faim. Des milliards ont été investis dans l’élevage. Au Royaume-Uni, l’essentiel se résumait à l’huile de foie de morue, du jus d’orange et du lait. » Puis le marketing a pris le relais, promouvant davantage la viande et les produits laitiers que la « verdure » ! Cette tendance semble malgré tout réversible, et ce dès le plus jeune âge, voire in utero !
200 décisions alimentaires inconscientes
« Lorsque notre cerveau procède à une décision dans le domaine alimentaire, il s’appuie d’abord sur un ensemble d’informations qu’il a stockées en mémoire. Ces décisions sont fondées sur des processus non conscients », a pointé Luc Marlier, chercheur au CNRS à Strasbourg. Un individu prend plus de 200 décisions alimentaires par jour. « S’il fallait réfléchir, nous y passerions un temps fou et ce serait un épuisement cognitif !, a-t-il plaisanté. Notre histoire alimentaire est fondée sur des informations saisies très précocement au cours du développement, et en particulier bien avant la naissance. » Et le liquide amniotique, véritable soupe de molécules, dont certaines odorantes, est une source riche de stimulations olfactives et gustatives. « Les récepteurs gustatifs logés principalement sur la langue ou dans les fosses nasales sont matures et comparables à ceux de l’adulte, dès la fin du premier trimestre de gestation. » Injecter du saccharose dans le liquide amniotique augmente les mouvements de succion et de déglutition du fœtus. Une odeur de vanille présentée au 4e jour après la naissance à des grands prématurés d’un kilo déclenche « des mouvements de léchage et de succion suivis d’un sourire, ce qui est extrêmement élaboré ».
Les fruits et légumes, une vieille histoire
Arôme d’anis consommé par la mère durant la grossesse ou l’usage d’une crème à la camomille contre les crevasses des mamelons, « une exposition précoce au cours des premières semaines de vie va impacter les réponses de l’enfant à 7 mois jusqu’à l’âge de 2 ans, voire plus, ajoute le chercheur. Une odeur à laquelle l’enfant s’est familiarisé précocement diminue le nombre de réactions négatives ». Les enfants de 5 à 6 mois accepteront mieux les carottes si la mère a bu du jus de carottes pendant la grossesse ou l’allaitement. « Clairement, ces expériences précoces, prénatales et postnatales sont capables d’infléchir les préférences alimentaires et de favoriser la consommation ultérieure de légumes ou de fruits. » Et même à l’âge adulte, une exposition de 10 minutes à une faible odeur de poire dans une salle d’attente fera privilégier un dessert fruité à un dessert plus calorique au moment du repas.
À l’heure de l’injonction consciente de consommer « 5 fruits et légumes par jour », Luc Marlier suggère de travailler sur des stratégies « qui viseraient à aider ces processus non conscients à faire des choix plus sains ».
Aux parents de jouer précocement
Des choix plus sains pour l’enfant, c’est le rôle des parents. Un bébé « nourri au sein a une certaine variation dans son alimentation du fait du passage des goûts diversifiés dans le lait maternel. Alors que nourri au biberon, il mange la même chose pendant 4 mois », remarque Marie-Laure Frelut, pédiatre et membre de l’European Childhood Obesity Group. Après le pic de corpulence des premiers mois de vie, l’enfant doit beaucoup mincir dans sa première année. La diversification alimentaire va déterminer sa trajectoire. Gardera-t-il une corpulence correcte ? excessive ? maintenue au stade de minceur, préjudiciable ?
Gros buveur de lait, grand stockeur d’énergie, bébé peu actif, « la palette d’aliments dont on dispose est certainement un des éléments sur lesquels il faut jouer pour orienter un enfant vers l’un ou l’autre des profils de corpulence. Quand la diversification prend place, elle le fait dans une fourchette de temps extrêmement précise dans laquelle l’enfant est capable d’accepter de nouveaux goûts ». Il s’agit alors d’introduire au plus tôt les fruits et les légumes pour leurs multiples avantages. Pour « leur profil nutritionnel, leur faible teneur en sodium, l’effet rassasiant des fibres même chez les tout petits, leur contenu en eau, la variété de leurs goûts… » Et la pédiatre de rappeler qu’il faut jusqu’à 8 tentatives de présentation d’un aliment étalées dans le temps avant qu’il ne soit accepté. « Apprendre à manger des fruits et légumes est un élément important de la santé. » De l’enfant et du futur adulte…
Pour une saine alimentation
Depuis 2003, EGEA – parce que la première édition a eu lieu en Crète – mobilise les acteurs qui sont partie prenante dans la promotion d’une alimentation saine pour les individus : décideurs, professionnels des fruits et légumes, scientifiques, universitaires, chercheurs, médecins, etc.
À l’origine d’EGEA, il y a l’Agence pour la recherche et l’information en fruits et légumes (Aprifel, une association loi 1901 de scientifiques) et Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais, qui se sont associées pour porter le programme d’information « Fruit and Veg 4 Health » (fruits et légumes pour la santé), cofinancé pour 3 ans par l’Union européenne. Son ambition est de faire des professionnels de santé les ambassadeurs d’une alimentation saine.
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