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Le syndrome mononucléosique

Publié le 27 septembre 2018
Par Patricia Peron
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Le syndrome mononucléosique doit son nom à la présence de grandes cellules mononucléées dans le sang. Cette réaction, provoquée par des causes variées, régresse en général spontanément.

De quoi s’agit-t-il ?

Le syndrome mononucléosique se caractérise par une augmentation temporaire mais importante du nombre de lymphocytes activés, qui prennent l’aspect de grandes cellules basophiles sous l’effet d’une stimulation immunitaire.

Il est confirmé par l’hémogramme (leucocytes > 10 x 109/l, lymphocytes > 4 x 109/l) et le frottis sanguin.

Quelles sont les causes ?

La mononucléose infectieuse (80 %  des cas de syndrome mononucléosique) est due au virus d’Epstein-Barr (EBV) et est transmise par la salive (« maladie du baiser »).

L’infection à cytomégalovirus (CMV) est transmise par contact direct (respiratoire, génital, salivaire, fœto-maternel, etc.) ou après transfusion sanguine. Comme l’EBV, ce virus persiste dans l’organisme (portage sain) et peut se réactiver en cas d’immunodépression.

La toxoplasmose est due à un parasite (Toxoplasma gondii) transmis par l’alimentation (viande peu cuite, lait non pasteurisé, crudités), contact avec des animaux (chat), transfusion sanguine ou transplantation d’organe.

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Egalement : primo-infection par le VIH, réaction d’hypersensibilité médicamenteuse grave (DRESS), etc.

Quels sont les signes cliniques ?

Un syndrome mononucléosique ne présente pas en soi de gravité. Les symptômes dépendent de l’agent causal.

La mononucléose infectieuse atteint généralement l’adulte jeune (entre 15 et 25 ans environ) : fièvre, angine, adénopathies cervicales, myalgies, splénomégalie, asthénie prolongée fréquente. Les formes compliquées sont rares (anémie hémolytique, atteinte neurologique, hépatite cytolytique).

L’infection à CMV se rencontre chez l’adolescent ou le jeune adulte : fièvre prolongée (plus de 2 semaines) avec asthénie, arthralgies, splénomégalie. Angine et adénopathie sont rares.

La toxoplasmose provoque une asthénie, des adénopathies, de la fièvre.

Ces trois infections sont fréquentes et passent le plus souvent inaperçues mais peuvent être très sévères voire mortelles chez l’immunodéprimé.

L’infection à CMV et la toxoplasmose en cours de grossesse font courir des risques graves chez le fœtus : atteinte oculaire, microcéphalie, mort in utero, etc.

Quelle est la prise en charge ?

Le diagnostic repose sur les examens cliniques et biologiques (ex : MNI-test et sérologie).

Le repos et les antiasthéniques associés à des antalgiques et antipyrétiques suffisent en général.

Dans le cas de la mononucléose infectieuse, l’antibiothérapie n’est utile qu’en cas de surinfection. Les complications peuvent nécessiter la prise de corticoïdes.

Sources : « Syndrome mononucléosique », La Revue du praticien, juin 2016 ; « Syndrome mononucléosique », La Revue du praticien, fevrier 2017 ; Syndromes mononucléosiques, hematocell.fr ; « Mononucléose infectieuse » et « Toxoplasmose », ameli.fr/loire-atlantique/assure/sante.



MONONUCLÉOSE INFECTIEUSE ET PÉNICILLINE A

• La mononucléose infectieuse peut se manifester par une angine douloureuse avec dysphagie qui peut mener, lorsque le test rapide d’orientation diagnostique des angines à streptocoque A n’est pas réalisé, à la prescription inappropriée d’amoxicilline.

• L’amoxicilline est connue pour induire, au cours de la mononucléose infectieuse, une hausse brusque de la réplication du virus Epstein-Barr. Il en résulte un rash localisé au tronc et à la racine des jambes et des bras. Son mécanisme reste mal compris.

• Dans la majorité des cas, cette réaction à l’amoxicilline n’est pas une allergie et autorise la reprise de l’antibiotique à distance de l’épisode de mononucléose infectieuse.
Grégory Arpino

Frottis sanguin d’un patient atteint de mononucléose infectieuse // Media for Medical/Alamy/Paul Fearn