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Le syndrome des jambes sans repos

Publié le 14 mars 2020
Par Patricia Willemin
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De sévérité variable selon les patients, le syndrome des jambes sans repos touche environ 8 % de la population, surtout après 50 ans. La prévalence est 2 fois plus importante chez les femmes.

Quels sont les symptômes ?

• Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) se caractérise par des sensations désagréables au repos (en position assise ou couchée) au niveau des jambes entraînant un besoin impérieux de bouger pour être soulagé.

• Ces troubles sensitifs peuvent être divers : fourmillements, picotements, brûlures, décharges électriques, démangeaisons ou engourdissements. Plus importants le soir ou la nuit, ils peuvent survenir de jour lors d’immobilisations prolongées.

• Dans les cas sévères (2 %), le sommeil est perturbé et à l’origine d’une fatigue diurne et de troubles de l’humeur.

Quelle est l’étiologie ?

• La physiopathologie du SJSR est complexe et multifactorielle, combinant une prédisposition génétique et un dysfonctionnement du métabolisme du fer. Celui-ci intervenant comme cofacteur de la synthèse de la dopamine, une carence martiale permet d’expliquer l’implication du système dopaminergique et l’efficacité des traitements dopaminergiques sur les symptômes.

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• Sont à citer parmi les facteurs de risque, la grossesse, les pathologies rénales, neurologiques et rhumatologiques ainsi que la prise de médicaments (antihistaminiques, antidépresseurs ou neuroleptiques).

Comment fait-on le diagnostic ?

• Le diagnostic repose essentiellement sur l’interrogatoire du patient. L’examen neurologique permet d’éliminer une neuropathie périphérique.

• Le métabolisme du fer est systématiquement évalué par le taux de ferritine (inférieur à 50 ng/ml dans 20 % des cas de SJSR) mettant en évidence une carence des réserves.

• L’exploration du sommeil devient nécessaire en cas de diagnostic difficile ou si le patient ne répond pas au traitement.

Quel est le traitement ?

• La prise en charge repose d’abord sur des mesures hygiénodiététiques et sur l’éviction des médicaments suspectés. Une supplémentation en fer est indispensable en cas de carence. Dans les formes légères ou modérées occasionnelles, des opiacés (tramadol, codéine) permettent de soulager les symptômes.

• Dans les formes sévères, un traitement par agonistes dopaminergiques non ergotés peut être prescrit mais n’est pas remboursé dans cette indication (voir tableau ci-dessous). La prégabaline ou la gabapentine sont souvent proposées hors AMM. La prescription d’un antalgique opiacé plus fort (oxycodone-naloxone) peut être justifiée dans les formes très douloureuses.

VOS CONSEILS

– Limiter les excitants et le tabac dans les heures précédant le sommeil.

– Pratiquer des activités intellectuelles au moment du coucher et éviter les activités excitantes type jeux vidéo en fin de journée.

– La friction, le massage des jambes ou l’application de froid peuvent soulager temporairement, de même que le mouvement (marche, étirement, flexion-extension, etc.).

Sources : Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS), sfrms-sommeil.org ; avis de la Commission de la transparence « Quelle place pour les agonistes dopaminergiques dans le syndrome des jambes sans repos ? », Haute Autorité de santé, avril 2014 ; « Syndrome des jambes sans repos », La Revue du praticien, n° 67, octobre 2017 ; base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr.