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Le renouveau associatif
À l’heure où la retraite sonne pour de nombreux présidents d’amicales, se pose crucialement la question de la relève. Heureusement, certains jeunes se sont déjà engagés et Internet fait naître l’espoir de créer enfin un lien entre les professionnels de l’officine.
Amicale. « Ce terme a été choisi parce que c’était l’amitié qui comptait, explique Michèle Guehring, présidente de l’Amicale des préparateurs de Paris. Il y a soixante ans, les CFA n’existaient pas. Les préparateurs travaillaient toute la journée et prenaient des cours du soir. Les amicales ont été créées pour pouvoir se rencontrer et garder le contact. Nous organisions des grands méchouis, des bals qui réunissaient plus de 600 personnes… »
Les amicales évoluèrent donc avec la mise en place des CFA. Dans la foulée, des soirées de formation sur les médicaments, les produits de parapharmacie ou les pathologies furent organisées. Puis, dans les années 1970–1980, naquirent les grandes amicales de Clermont-Ferrand, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Vannes ou Colmar qui réunissaient jusqu’à 200 ou 300 adhérents. C’est aussi en 1975 que fut créée la Fédération nationale des amicales (FNAPP), sous la présidence de Michèle Guehring. L’objectif était de permettre aux présidents d’amicales de se rencontrer, de tisser des liens et d’échanger leurs idées et leurs programmes.Une cinquantaine d’amicales, de toutes tailles, un peu partout en France, fonctionnaient peu ou prou sur le même mode. « À l’époque, se remémore Jacques Fouilhoux, président de l’Amicale de Clermont-Ferrand, nous organisions une soirée de formation par mois. Les laboratoires soutenaient ces initiatives. Ils envoyaient un conférencier et prenaient en charge la location de la salle et le buffet suivant la conférence. » Ces soirées tenaient lieu de formation continue, une activité qui n’était pas structurée comme elle l’est aujourd’hui. Autre activité : les visites de laboratoires pour lesquelles les préparateurs étaient prévenus grâce à des affichettes distribuées dans les officines par l’intermédiaire des grossistes-répartiteurs.
Priorité à la convivialité. De cet âge d’or perdurent encore des journées et soirées festives dans certaines régions : rallyes à Bordeaux, « Chanté Nwèl » en Guadeloupe, concours de pêche dans l’Orne, ski à Colmar et même un « arbre de Noël » à Calais. « Nous fonctionnons un peu comme un comité d’entreprise, explique Victor Prévost, président de l’Amicale des préparateurs de Calais. Les dons venant des laboratoires, des titulaires ou des grossistes, nous permettent de faire des lots attribués au cours de tombolas, et donc de récolter de l’argent pour alimenter l’amicale ».
À Châteauroux, le côté convivial prime également, l’amicale ayant délégué la formation à une association réunissant préparateurs et pharmaciens : « Nous récompensons tous les ans les jeunes BP diplômés de l’Indre, nos sorties théâtre ou Lido ont toujours beaucoup des succès ! », indique Gilles Besniers, le président. Pour tous, un des grands moments de l’année reste la sortie champignons, à l’automne. Une activité qui réunit tous les amateurs,préparateurs mais aussi pharmaciens. À Peaugres, en Ardèche, « l’amicale participe avec une association mycologique voisine à un week-end de ramassage. C’est ouvert à tout le monde et il y a des jeunes pharmaciens qui se donnent à fond. Les champignons sont identifiés et exposés au public. Pendant deux jours, la salle ne désemplit pas ! », s’enthousiasme André Bourret, secrétaire de l’association.
Formations revisitées. 2006, les temps ont changé. Des formations sont proposées par des organismes agréés, par les UTIP et par certains CFA. Leur financement est pris en charge par l’OPCA-PL et elles donnent accès à des diplômes. Il arrive ainsi que, sur une même ville, deux ou trois soirées soient proposées dans la même semaine. Les laboratoires aussi ont modifié leur stratégie, leurs représentants se rendent dans les officines, souvent entre 12 h et 14 h, afin d’informer l’équipe officinale des nouveautés. Face à une telle concurrence, les soirées des amicales ont évidemment de plus en plus de difficultés à trouver leur public, bien que certains réagissent en proposant des formules différentes.
Cap vers le Morbihan, où Jean-Claude Clen, président de l’Amicale de Vannes, s’est associé avec l’IUT qui prête ses locaux et son matériel pour les soirées de formation. « Cet arrangement permet de réduire les frais. J’ai constitué un book illustré de photos de l’IUT que je présente aux responsables de laboratoires. » Alain Hady, vice-président pour la Gironde, tient à valoriser les informations directement utiles au comptoir : « Je contacte le conférencier à l’avance et je discute avec lui de la manière de présenter le sujet afin qu’il l’aborde sous un aspect pratique. » « Les Montpelliérains, eux, ont opté pour des soirées gourmandes, explique Jean-Louis David, vice-président de l’amicale. Plutôt que de louer une salle, nous demandons aux laboratoires de nous donner une participation financière pour un repas au restaurant. Les préparateurs versent une petite quote-part afin d’éviter les désistements et, après le repas, les laboratoires nous exposent leurs nouvelles gammes. »
La relève féminine. Force est de constater qu’aujourd’hui, beaucoup de présidents – à Clermont-Ferrand, Colmar Vannes ou Paris – arrivent à la retraite. Non sans amertume pour l’avenir de leur association. « Les jeunes préparateurs, qui sont pour la plupart de jeunes préparatrices, n’adhèrent plus à ce qui a été l’essence même des amicales. Ils ne veulent pas prendre sur leur temps de loisir pour suivre des formations professionnelles qui ne leur apportent aucune reconnaissance de la part des pharmaciens », déplore Michèle Guehring. L’engagement de certaines jeunes femmes est pourtant bien réel. Exemple dans la Manche où Isabelle Chuquet, 38 ans, vient de reprendre le flambeau de l’amicale avec plein d’enthousiasme. « C’est un plaisir de préparer les réunions, il faut surtout savoir déléguer car les membres du bureaux ne demandent qu’à agir ! », assure-t-elle. À Dijon, Hélène Fratta-Dureux, 37 ans, gère l’association Le Pilon bourguignon depuis 2000 : « Nous l’avons créée à plusieurs, mais je suis souvent seule à m’en occuper. Cela demande du temps, de l’énergie… Je me donne encore un an pour voir si mes efforts portent leurs fruits. » Comme tous les responsables d’amicale, Hélène Fratta-Dureux reconnaît que ces années passées au bureau sont formatrices et très enrichissantes. Elles lui ont donné la possibilité de nouer des contacts avec les représentants des laboratoires, avec des médecins et des pharmaciens. Mais rien n’est plus déprimant et plus gênant vis-à-vis du conférencier ou du laboratoire invité que d’organiser une soirée et de se trouver devant une salle à moitié vide. « On ne peut pas faire déplacer un médecin pour quinze personnes, déplore Myriam Mengin, présidente de l’Amicale des Vosges. Alors on cherche quoi faire pour attirer les jeunes. J’ai l’impression que le mot amicale les freine… »
Le temps du renouveau. Alors voici peut-être venu le temps d’un nouveau challenge pour les amicales : se renouveler. Déjà Adélaïde Arnaud, présidente dans le Lot-et-Garonne, a choisi d’arrêter les formations. Elle préfère « faire une réunion annuelle où on discute des difficultés rencontrées et l’on essaye de solutionner les problèmes afin que chacun sorte de là avec un enrichissement personnel. J’ai fait venir quelqu’un du Groupe Mornay, par exemple, pour parler de la complémentaire santé et du régime de retraite, et tout le monde était très intéressé ». En Ardèche, la présidente Patricia Devise sent, elle aussi, le besoin d’échanger : « Nous sommes tenus au secret professionnel et nous ne pouvons pas parler de notre travail avec d’autres personnes. C’est très agréable de nous retrouver entre nous pour pouvoir en discuter. »
Avec ces mêmes objectifs d’échange, de partage et d’entraide, Francis Liaigre, 49 ans, préparateur de Haute-Savoie, a eu l’idée d’exploiter Internet pour communiquer. En 2003, il a créé afin de permettre aux professionnels des 23 000 officines d’entrer en contact les uns avec les autres. Le site accueille aujourd’hui plus de 3 200 inscrits, qu’ils soient préparateurs, employés de pharmacie, apprentis ou pharmaciens, adjoints et titulaires. Delphine Escaro, préparatrice à Perpignan, fait partie de la Team (le nom qui a été donné à l’équipe de bénévoles qui modèrent les forums). « Nous y passons une grande partie de notre temps libre, explique-t-elle. Nous tentons de répondre aux questions, les plus courantes concernant les salaires ou des problèmes d’ordre juridique, et d’apporter des solutions à chaque problème. Nous ouvrons des débats et nous préparons des miniformations que nous publions sur le site. »
Vers une nouvelle structure nationale ? Pour Francis Liaigre, cependant, le site n’est qu’une étape et, en octobre 2004, il crée l’association Aspharcom avec une préparatrice, deux pharmaciens adjoints et une conseillère en dermocosmétique. Avec la volonté de favoriser l’échange, la formation et la promotion des métiers de toute la filière pharmaceutique. « Et, plus précisément ?, s’interroge un internaute qui signe « Whoops » sur Pharmechange. L’association a-t-elle pour but de valoriser l’image des salariés de l’officine, en les rendant enfin visibles d’abord, puis… en jouant un rôle dans les décisions concernant l’évolution du métier ? » Réponse de Francis Liaigre, alias « Manager » : « C’est ensemble que nous écrirons l’histoire d’Aspharcom… La seule limite que je pose, c’est de ne pas gêner l’action syndicale, il faut que nous soyons un plus pour la profession, une force de proposition, une source d’information, le catalyseur des énergies. Rien n’arrivera sans toi, sans moi, sans vous ! » Alors que le site rencontre beaucoup de succès, Aspharcom peine à recueillir des adhérents. Au grand regret de Francis Liaigre. N’empêche, il reste convaincu qu’il faut profiter du lien virtuel établi par le Net pour le transformer en véritables contacts humains. « Maintenant nous allons organiser des rencontres sur le terrain, nous souhaitons créer des antennes locales. » Et trouver par le biais d’une nouvelle structure nationale une façon inédite de coordonner les associations en région, tout en laissant à chacune la liberté de cultiver ses originalités. Qui a dit que les amicales n’étaient pas dans l’air du temps ? Reste maintenant à conjuguer leur avenir sur le mode de l’expansion. Avis aux adhésions… •
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RepèresAmicales et associations de préparateurs en pharmacie (secteur officinal)*
ASSOCIATIONS NATIONALES
1. Aspharcom (Association pharmaceutique pour la communication). Francis Liaigre. Tél. : 04 50 27 12 45. aspharcom@free.fr
2. FNAPP (Fédération nationale des amicales de préparateurs en pharmacie). Michèle Guehring-Billard. guehringbm@infonie.fr
ASSOCIATIONS RÉGIONALES
OUEST
3. Amicale du personnel pharmaceutique de Vannes et sa région. Jean-Claude Clen. Tél. : 02 97 47 34 82.
4. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie et en laboratoire de la Manche. Isabelle Chuquet. Tél. : 06 21 20 72 86.
5. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie de Charente-Maritime. Hervé Wisniewski. Tél. : 05 46 41 49 75. herve.wisniewski@club-internet.fr
6. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie de l’Orne. Claude Blanche. Tél. : 02 33 38 58 56.
NORD
7. Association des salariés de la pharmacie/Calaisis, Audomarois, Boulonnais, Dunkerquois. Victor Prévost. Tél. : 06 12 73 58 01. prevost.victor@neuf.fr
8. Amicale des préparateurs en pharmacie de Soissons. Bertrand Quennesson. Tél. : 03 23 74 59 57. bertrand.quennesson@ wanadoo.fr
EST
9. Amicale des préparateurs en pharmacie des Vosges. Myriam Mengin. Tél. : 03 29 34 20 91. mengin.philippe@wanadoo.fr
10. Le Pilon Bourguignon (Dijon). Hélène Fratta-Dureux. Tél. : 06 15 90 89 72.
11. Amicale des préparateurs en pharmacie de Colmar. Jean-Paul Petermann. Tél. : 03 89 23 16 66.
CENTRE
12. Union des préparateurs en pharmacie auvergnats. Jacques Fouilhoux. Tél. : 04 73 92 61 85.
13. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie de l’Indre. Gilles Besnier. Tél. : 02 54 22 36 05.
14. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie Montargis-Gien. Dominique Brethereau. Tél. : 02 38 67 68 53.
15. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie de Haute-Vienne. Roland Delage. Tél. : 05 55 01 31 66.
SUD
16. Amicale de formation permanente pour les préparateurs en pharmacie (Gironde). Marie-Claire Benessis. Tél. : 05 47 29 09 54. af3p@hotmail.com
17. Amicale des préparateurs en pharmacie du Lot-et-Garonne. Adélaïde Arnaud. Tél. : 06 88 39 12 06.
18. Association des préparateurs et employés en pharmacie du Haut Vivarais (Ardèche). Patricia Devise. Tél. : 04 75 34 88 13. jp.devise@wanadoo.fr
19. Amicale des préparateurs et employés en pharmacie de l’Hérault. Jean-Louis David. Tél. : 04 67 70 93 34. apeph@tiscali.fr
DOM-TOM
20. Amicale de préparateurs et employés en pharmacie de Guadeloupe. Elière Guieba. Tél. : 05 90 32 52 48. elandco@wanadoo.fr
ANPPH, l’Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitalière
Les préparateurs qui exercent en milieu hospitalier ont leur propre association nationale, l’ANPPH, depuis 1978. Les adhérents de cette association professionnelle loi 1901 exercent dans les établissements de santé publics, privés, militaires et les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS).
• Objectifs de l’ANPPH : améliorer les conditions d’exercice de la profession par l’information et la formation professionnelle, valoriser l’exercice professionnel, faire face aux exigences des missions de la pharmacie hospitalière et s’adapter aux évolutions de la profession.
• L’association comporte un bureau national, composé de dix-neuf membres tous professionnels élus et bénévoles, et de vingt-trois correspondants régionaux nommés. Ces derniers font le lien avec les adhérents et organisent une rencontre régionale d’information par an.
• L’ANPPH diffuse une lettre d’information, ANPPH Infos, et une revue professionnelle, Apozeme. Elle propose un point communication axé sur les aspects réglementaires et professionnels.
• Organisme formateur reconnu, l’association organise des journées et des stages de formation continue.
• Enfin, l’ANPPH est reconnue auprès des ministères de la Santé et de l’Éducation nationale.
• Elle est membre de la Commission des préparateurs en pharmacie (article L. 4241-6 du Code de la santé publique) et du Committee of European Pharmacy Technicians (qui réunit les responsables des organisations représentatives des techniciens de pharmacie de onze pays d’Europe).
Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitalière – Marie-Line Intilia –
Tél. : 04 78 57 47 70 –
L’avis du sociologueLe partage d’expériences reste mobilisateur
Bénédicte Havard Duclos, coauteur du livre « Pourquoi s’engager », aux éditions Payot.
Les amicales souffrent-elles d’un désengagement de la part des jeunes préparateurs ?
A priori, non. La situation de pénurie à l’échelle des amicales ne résulte pas d’une faillite de l’engagement mais de l’offre pléthorique, notamment dans le milieu associatif. On compte en France un million d’associations et il est difficile de se disperser, surtout pour des jeunes femmes mères de famille. En second lieu, la diversité en termes de formation est telle que les initiatives des amicales n’arrivent probablement plus à se distinguer.
Quelle orientation prendre pour motiver les adhésions ?
D’après les témoignages, le créneau du partage d’expériences reste mobilisateur, les amicales n’y rencontrent pas de concurrence. Visiblement, les préparateurs ont besoin d’espaces d’écoute « entre soi » qui fonctionnent par autoformation sur des domaines bien spécifiques : salaires, problèmes juridiques… Le schéma du médecin ou du laboratoire qui vient délivrer son savoir ne semble plus convenir.
La communication par Internet a donc un rôle important à jouer…
Effectivement, si les forums fonctionnent très bien par le biais du Net c’est que ce mode de communication est synchrone avec les aspirations actuelles de la profession. Les salariés de l’officine recherchent avant tout des informations qui les concernent sur l’évolution de leur profession. À l’avenir, pourquoi ne pas créer un réseau de préparateurs en pharmacie ?
Le terme d’amicale ne serait-il plus assez fédérateur ?
Détrompez-vous, l’amicalisme n’est pas un concept si désuet. On aime toujours se retrouver entre collègues. Même si les motivations ont changé : avant, on s’engageait pour évoluer professionnellement et socialement. À présent, c’est plutôt pour connaître les particularités du métier. Reste qu’on adhère plus facilement à une amicale qu’à un syndicat car la politique fait peur en général. Myriam Loriol
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