Métier Réservé aux abonnés

Le paracétamol suédois réintègre les officines

Publié le 3 juin 2015
Par Annabelle Alix
Mettre en favori

En Suède, le paracétamol en comprimés à avaler aura disparu des supermarchés au 1er novembre 2015. L’objectif est de réduire les intoxications volontaires.

Vendu depuis six ans dans les grandes surfaces, il a fait des ravages. « Les appels au centre antipoison concernant des cas d’intoxication au paracétamol se sont multipliés depuis 2009 », relate Rolf Gedeborg, directeur scientifique de l’épidémiologie et de la pharmacovigilance à l’Agence suédoise du médicament. Cette dernière a mené une étude pour évaluer le taux d’incidence de ces intoxications sur la période 2000-2013. Les analyses ont porté sur 77 000 prélèvements sanguins, sur les prescriptions, les causes des décès observés ou encore sur les cas d’hospitalisation et les admissions en ambulatoire. L’enquête a conclu à « une hausse de 40 % du nombre d’intoxications au paracétamol entre 2000 et 2013 et à un taux d’incidence de 16/100 000 la dernière année, confie Rolf Gedeborg. En avril, l’Agence du médicament a donc programmé un retour sous le monopole officinal du paracétamol sous forme de comprimés à avaler afin d’en limiter l’accès ».

Prévenir les intoxications volontaires

L’objectif de la mesure est surtout d’éviter les intoxications volontaires au paracétamol, « qui représentent 85 % des cas et pour lesquels un accès facile aux médicaments est reconnu comme facteur de risque », explique l’expert. L’Agence suédoise du médicament a souhaité protéger d’eux-mêmes les auteurs de ces pratiques autodestructrices, et notamment les catégories les plus exposées : les femmes (77 % des cas) et les jeunes de 15 à 24 ans (40 %).

« Dans la quasi-totalité des cas, ces gestes se matérialisent par l’ingestion de paracétamol sous forme de comprimés à avaler », indique Rolf Gedeborg. La mesure ne concernera donc que cette galénique. Solutions buvables, suppositoires et comprimés effervescents ou orodispersibles resteront en vente libre en supermarché « afin de préserver l’accès de la population au paracétamol dans le cadre d’une utilisation normale ».

Publicité

Une toxicité avérée

Àu-delà des doses thérapeutiques, les capacités du foie à métaboliser le paracétamol sont vite saturées, ce qui peut aboutir à la mort de la cellule hépatique par stress oxydatif. Cette hépatotoxicité dose-dépendante peut aller jusqu’à l’hépatite fulminante. La dose exposant à un risque hépatotoxique probable, dans un contexte d’intoxication aiguë, se situe entre 175 et 200 mg/kg (10-12 g pour un adulte de poids moyen) et 200 mg/kg chez l’enfant. La N-acétyl-cystéine est un antidote à cette intoxication.