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La préparation des piluliers provoque un clash avec les infirmiers
« Les officinaux sont seuls compétents pour préparer les piluliers des patients dépendants à domicile ». Cette annonce d’un représentant des pharmaciens a provoqué la zizanie entre les syndicats infirmiers et pharmaciens. Offusqués de se voir retirer un acte habituellement confié aux infirmières libérales (Idel), les syndicats d’infirmiers libéraux ont unanimement demandé qu’une rencontre soit spécialement organisée sous l’égide de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS). La réunion s’est tenue le 31 janvier 2013, mais n’a rien arrangé, bien au contraire. Surtout lorsque Claude Baroukh, secrétaire général de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a déclaré que la préparation des piluliers par les Idel constituait une pratique « illégale ». Face à ce qu’ils ont pris comme une provocation, le représentant de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a quitté la réunion en claquant la porte, et Annick Touba, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), a écrit au ministère de la Santé.
Explication de textes
Jusqu’à maintenant, les infirmières préparaient les piluliers en se référant à l’article R4311-5 du code de la santé publique. Celui-ci prévoit que l’infirmière, dans le cadre de son rôle propre, aide à la prise des médicaments, vérifie leur prise effective, surveille leurs effets et participe à l’éducation du patient. « Aider à la prise des médicaments, c’est mettre en place les outils nécessaires selon le jugement de l’infirmière. C’est donc aussi préparer les doses à l’avance si cela est nécessaire au patient », indique Annick Touba, qui reconnaît toutefois que l’article mériterait d’être plus précis. Claude Baroukh fait, lui, une tout autre interprétation du texte : « L’aide à la prise des médicaments doit être entendue comme une aide à l’administration pour les personnes dépendantes, de type aide à compter les gouttes ou à mettre un collyre dans les yeux, mais ne concerne pas la préparation des doses à administrer, qui est un acte strictement pharmaceutique ». En affirmant cela, le secrétaire général de la FSPF anticipe une réglementation des « préparations des doses à administrer » qui tarde à venir et à laquelle il collabore.
Les mêmes règles pour tous
Deux textes sont en cours d’élaboration, un projet de décret relatif à la préparation des doses à administrer (PDA) et un autre fixant les bonnes pratiques de dispensation (voir ci-contre). « Nous retardons la sortie de ces textes jusqu’à ce que soit mise en place une rémunération pour une activité hyperchronophage, explique Claude Baroukh. La préparation de quatre piluliers pour une semaine prend 50 minutes au préparateur, sous la responsabilité du pharmacien pour la validation ». Aussi, alors que les syndicats infirmiers accusent les pharmaciens de vouloir récupérer un acte qui relève de la compétence infirmière, Claude Baroukh répond qu’il s’agit en réalité de se mettre en conformité avec les bonnes pratiques à venir : « Il ne peut pas y avoir d’un côté une bonne pratique avec des protocoles rigoureux quand la préparation des doses est effectuée par les pharmaciens, et d’un autre côté, une préparation non encadrée [donc illégale] par les infirmières ». Les syndicats infirmiers souhaitent que des solutions soient trouvées en bonne intelligence entre professionnels qui ont l’habitude de travailler ensemble, mais la question du financement risque de durcir les positions.
Quelques principes de bonnes pratiques en projet
→ L’étiquetage des piluliers doit comporter toutes les mentions nécessaires à l’identification de la personne (nom, prénom, date de naissance) et des médicaments (date de la préparation et dénomination).
→ Prendre en compte la stabilité de la spécialité pharmaceutique et veiller à ce qu’elle ne soit pas altérée.
→ Rappels de lots : le pharmacien s’assure de la mise en œuvre d’un système visant à traiter les réclamations et, si nécessaire, à rappeler les préparations concernées.
→ Garder le conditionnement unitaire des médicaments sauf si le mode de reconditionnement permet de reprendre les mêmes informations de traçabilité.
→ Lorsque plusieurs médicaments sont mélangés dans une même alvéole du pilulier pour une durée de 28 jours, le conditionnement unitaire doit être conservé ; en l’absence de conditionnement unitaire et lorsque les médicaments sont mélangés dans une même alvéole, la préparation ne peut excéder 7 jours.
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