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La Force est avec lui

Publié le 26 juin 2020
Par Marianne Maugez
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Pour défendre la profession, Olivier Clarhaut, préparateur et responsable informatique, est entré à Force ouvrière, dont il est devenu secrétaire fédéral de la branche officine.

C’est « une envie inexplicable » qui a poussé Olivier Clarhaut vers l’officine. Un choix qui a débouché sur une riche carrière. Ce fut d’abord, en 1983, le CFA de Lille (59), où les cours sont plus encadrés, plutôt que la fac de pharmacie, pas faite pour lui : « J’étais trop jeune pour travailler en autonomie. » Dès le début de son exercice dans le Nord, son attention se porte sur les besoins spécifiques des patients. Déjà peu fan des réponses toutes faites, il réalise « des préparations sur mesure selon les demandes au comptoir. C’était un autre temps, nous avions plus de libertés. »

Aide-toi, FO t’aidera

Malgré son implication, Olivier prend vite conscience du manque de reconnaissance de son diplôme et, de fait, des limites d’évolution. Pour lui, « difficile d’imaginer rester au même poste durant toute sa carrière sans avoir la possibilité de gagner en responsabilités ou en salaire. » Réaliste quant à ses chances de réussir en restant seul, il décide au bout de deux ans, en 1986, d’intégrer le syndicat Force ouvrière pharmacie : « Ce choix s’est imposé car FO s’attache à la défense de la personne sans prendre en compte les convictions politiques, religieuses ou philosophiques. » En plus de valoriser la profession, Olivier souhaite aider les salariés en mauvaise posture : « Je ne généralise jamais. Il y a des gens très bien en pharmacie, mais il y en a d’autres qui imposent à leurs salariés des conditions de travail inappropriées ! »

Olivier gravit les échelons. Il entre rapidement au bureau du syndicat Nord-Pas-de-Calais en tant que trésorier, puis secrétaire général, avant d’être nommé responsable de la branche officine en novembre 2011. Au programme, négociations des salaires et des avantages avec les pouvoirs publics ou les représentants des titulaires. Par exemple, durant la crise du Covid-19, « nous avons beaucoup œuvré pour que les garanties de prévoyance et de complémentaire santé restent valables en cas de chômage partiel, et qu’il n’y ait pas les trois jours de carence. » Bien négocier pour avancer, oui, tout en protégeant les acquis et en clarifiant la convention collective : « Nous avons également un rôle pédagogique car nous voulons que cette convention soit comprise par tous, pour éviter les interprétations douteuses qui défavoriseraient des salariés. Nous cherchons l’égalité de traitement. »

Aux racines du métier

Aussi gratifiante soit-elle, cette activité syndicale ne représente que 20 % du temps de travail d’Olivier car elle reste bénévole. « Je n’ai jamais vécu ce temps comme une contrainte, c’est une vraie passion. En plus, j’ai acquis des connaissances et rencontré des personnes captivantes. » Le reste du temps, Olivier est responsable informatique au sein de l’Association régionale des cours professionnels de la pharmacie (ARCPP) de Villeneuve-d’Ascq, où il gère les ressources en ligne pour fournir aux élèves un maximum de ressources en complément des cours. Une autre façon de valoriser la profession auprès des apprentis. « C’est un concours de circonstances, suite à un licenciement économique. Je ne renie pas le comptoir, que j’ai toujours aimé, mais quand j’en ai eu l’occasion, j’ai voulu tester autre chose. »

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Loin de la pharmacie physique, Olivier garde un œil sur les apprentis et sur leur formation. Favorable au principe de refonte des études, il attend de voir les premiers résultats des expérimentations, toujours prêt à entrer dans la partie. « J’espère vraiment que mes actions pourront être utiles au plus grand nombre. »

Olivier Clarhaut

Âge : 60 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie, DEUST Sciences et techniques de l’information.

Lieu d’exercice : Villeneuve-d’Ascq (59).

Ce qui le motive : défendre la profession, le personnel de l’officine, mettre fin à l’arbitraire et à l’injustice, négocier…

Si vous étiez un titulaire ?

Je tenterais de trouver un équilibre entre rentabilité, santé publique et management humain.

Si vous étiez un client ?

Je ne me ferais servir par du personnel qualifié avec une attention portée au conseil.

Si vous étiez un médicament ?

Un traitement qui agit sur les causes des pathologies, et non que sur les symptômes.