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Je veux devenir préparateur en pharmacie hospitalière

Publié le 29 août 2019
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Voie royale pour apprendre les fondamentaux de cet autre métier, le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière est dispensé dans l’un des 8 centres de formation spécialisés. Une année studieuse et rythmée qui demande une bonne dose de motivation. Porphyre est allé à la rencontre des élèves et de l’équipe du centre de formation des Hospices civils de Lyon (69).

Neuf heures. On entend presque une mouche voler dans l’amphi flambant neuf sur le site Lacassagne des Hospices civils de Lyon (69) qui regroupent 14 établissements hospitaliers. Les yeux braqués sur le vidéo-projecteur, la soixantaine d’élèves du Centre de formation des préparateurs en pharmacie hospitalière (CFPPH) s’initient aux dispositifs médicaux utilisés dans l’accident vasculaire cérébral. « Certains me disent que je passe une année cool. Que je suis payée à m’asseoir sur une chaise et à écouter, explique Marlène qui entame son 8e mois de formation. Le rythme est très dense, physiquement et psychologiquement. Nous devons fournir beaucoup de travail personnel. » Avec 10 mois d’alternance à temps plein, 660 heures de cours théoriques, 700 heures de stages, une seule semaine de vacances et des évaluations en continu, les élèves sont loin d’une année «  Club Med  ». Directrice pédagogique du CFPPH, Marie-Line Intilia sait par expérience que la formation est un tournant décisif et une belle ouverture pour la majorité des diplômés. Néanmoins, pour éviter toute déconvenue aux futurs candidats, elle enfonce le clou : « C’est soutenu, technique, pratiquement du non-stop. Il doivent savoir dans quoi ils s’engagent. »

De multiples compétences spécifiques

Thrombectomie, dispositif Fish Basket like, Corkscrew like, Stent like… le cours qui débute est pointu. Pas question de s’attarder sur les rappels physio pathologiques de l’AVC. « On considère les fondamentaux comme acquis. Nous n’avons pas le temps de reprendre les bases », prévient Marie-Line Intilia. Si le BP est un prérequis indispensable, le diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière (DPPH) n’en est pas une révision. « Hormis le module sur les médicaments, tout est nouveau ou presque et beaucoup plus technique », assure Marlène. À l’image des fonctions du PPH, dont la profession appartient à la filière médico-technique. Comme en officine, le préparateur participe à la gestion et à la délivrance des produits de santé sous le contrôle du pharmacien, mais ses missions dans les pharmacies à usage intérieur (PUI) demandent des compétences spécifiques : reconstitution en zone à atmosphère contrôlée pour la préparation des médicaments de chimiothérapie ou radiopharmaceutiques, participation à la stérilisation, etc. L’écart avec l’officine se creuse encore avec l’évolution du métier vers les services de soins, les blocs opératoires et la collaboration directe avec les soignants. Des connaissances accrues en pharmacologie et sur les dispositifs médicaux hospitaliers, ainsi qu’une maîtrise de la qualité et de la communication sont indispensables. « Aujourd’hui, on attend aussi du PPH de savoir expliquer un médicament, un dispositif médical (DM), une procédure aux soignants et de faire des transmissions entre deux équipes », explique la directrice pédagogique. Des aptitudes couvertes par les 8 modules du diplôme (voir encadré ci-contre), obligatoire dans les textes pour exercer dans un établissement public et pour être titularisé par la fonction publique. « En l’absence de chiffres précis, nous estimons à 10 000 le nombre de préparateurs qui exercent à l’hôpital, dont un nombre non négligeable sans diplôme spécifique de PPH. S’il n’est pas obligatoire pour les cliniques privées, il est requis pour le secteur privé et militaire », explique Marie-Line Intilia. Au-delà de l’aspect réglementaire, le diplôme donne au préparateur un socle pour exercer dans toutes les activités hospitalières. Marie-Aline (voir encadré p.25), en poste à l’hôpital depuis 5 ans, est assignée à temps plein sur la gestion « plein/vide » des 36 services – remplissage en double case qui assure le turn-over des armoires à pharmacie. Elle remplace régulièrement ses collègues sur les postes « stupéfiants » ou « chimiothérapie » : « La formation me permet d’ajouter d’autres cordes à mon arc. » Technicité, polyvalence, collaboration avec les soignants, Marie-Line Intilia précise que le métier requiert certaines qualités (voir encadré p.21) et peut ne pas plaire à tous : « Je conseille aux futurs candidats de se rendre en observation à l’hôpital pour ne pas tomber de haut. Il faut savoir ce que ça représente en termes de technicité. »

Mûrir son projet et bien choisir sa voie

Avant de tenter l’aventure, mieux vaut réfléchir à son plan d’attaque. Et ne pas hésiter à demander l’aide des équipes pédagogiques des 8 CFPPH (voir encadré p. 27). Tout d’abord, il faut choisir le mode d’accès selon sa situation, sachant que 4 voies sont possibles : la formation initiale, l’apprentissage, la formation professionnelle continue, et la validation des acquis de l’expérience (VAE). Choisir dépend de conditions personnelles et de son parcours professionnel (voir tableau p. 26). En apprentissage, le candidat doit avoir moins de 30 ans et trouver au préalable un établissement d’accueil avec lequel signer son contrat. Pour Chloé, c’est l’étape la plus difficile : « Je m’y suis prise dès ma 2e année de BP, mais j’ai essuyé beaucoup de refus, car la structure doit pouvoir nous financer. » Déjà en poste à l’officine ou à l’hôpital, le candidat peut monter un dossier de formation continue. Voie particulière, la VAE nécessite un nombre minimal d’heures de service en PUI. « Le but est d’arriver à prouver par un dossier écrit et un oral qu’on a acquis les connaissances et donc que l’on n’est pas obligé de suivre les cours », explique Marie-Aline. Cette voie mixe sur 2 ans certains modules en VAE et d’autres « à l’école ». La situation personnelle est également à prendre en compte : « Je ne me voyais pas en formation à temps plein avec ma fille de 6 ans », poursuit la jeune préparatrice. Enfin, il faut penser au financement. Les frais pédagogiques, d’environ 6 500 €, et le maintien de salaire peuvent être pris en charge tout ou partie par l’établissement de rattachement, les organismes agréés de formation, voire le conseil régional… Après 33 ans en officine, Marie-Laure a obtenu un financement de la part du Fongecif* : « Mon dossier a été accepté du premier coup, car la formation est considérée comme une continuité dans mon parcours. » Ses frais pédagogiques et son salaire sont pris en charge, mais pour le reste, c’est le système D. « Je loge chez ma fille qui habite à Lyon, ça tombe bien ! » L’auto financement reste une option, comme pour Anastasia (voir p. 21) qui peut compter sur l’aide de son grand-père et la possibilité du paiement en trois fois : « Sinon, je n’y serais pas arrivée. C’est un sacrifice à bien mesurer. »

Entrer dans une logique de concours

Une fois trouvée la voie d’accès, reste à montrer une tête bien faite. Les CFPPH n’ont pas des promotions extensibles. À Lyon, le nombre de places accordées par l’agrément est de 55 en formation complète et 15 en formation partielle (VAE). Les candidats doivent passer des épreuves de sélection qui diffèrent selon la voie d’accès (voir tableau p. 26). En formation initiale ou continue, ils commencent par une épreuve écrite d’admissibilité. Ils planchent 2 heures sur un sujet d’actualité sanitaire en lien avec l’organisation pharmaceutique : retraits de lot, ruptures, diabète de type 2, etc. Une note minimale de 10 sur 20 est requise pour accéder à l’épreuve orale où, durant 30 minutes, les admissibles exposent leur projet professionnel devant un jury composé d’un pharmacien hospitalier, d’un cadre de santé et d’un PPH. « Le discours “je sors de l’officine parce que c’est trop commercial” n’est pas rédhibitoire, mais ne suffit pas !, prévient Marie-Line Intilia. L’objectif consiste à évaluer l’aptitude et la motivation. “Quelle représentation avez-vous du métier de PPH ?”, telle est la vraie question à laquelle il leur faut répondre. » Là encore, la moyenne est requise pour le ticket d’admission.

Se mettre dans une logique de concours peut effrayer, alors certains CFPPH, dont celui de Lyon, proposent une « prépa-concour s ». Durant 6 jours, en janvier et février, les futurs candidats apprennent à maîtriser les techniques d’expression et de rédaction et s’entraînent avec les annales. Payante, 800 € ou 1 400 € selon le mode de financement, la prépa a aussi un nombre limité de places pour travailler en petits groupes d’une quinzaine d’inscrits. Pour la suivre, Marie-Laure a pris une semaine de vacances et obtenu un financement Actalians dans le cadre du CIF* : « La prépa m’a fait comprendre où je mettais les pieds. Honnêtement, je n’aurais pas réussi le concours sans. » Anastasia, elle, s’est préparée avec les moyens du bord : « Je lisais toute la presse professionnelle et j’ai répété mon oral avec mes titulaires à l’officine qui m’ont soutenue et coachée. »

Un pied sur le terrain

L’alternance est un pilier du diplôme de préparateur hospitalier. À chacun des 8 modules correspondent une période théorique d’enseignement et une période pratique de stages, organisés par le CFPPH dans différents secteurs : fabrication/préparation/ reconstitution des chimiothérapies et nutrition parentérale, services de stérilisation, de radiopharmacie, de médecine nucléaire, unités de soins, cellules qualité ou de gestion des risques, etc. Les élèves relient leurs connaissances aux besoins du terrain. Souvent, ils commencent par une période d’observation, « surtout lors des stages très pointus de chimio ou de radio. On n’a pas d’emblée les capacités de manipuler », précise Marie-Aline. Puis vient la manipulation « à blanc » avec des produits factices pour acquérir les gestes très techniques. « Pour manipuler sous une hotte, il faut une bonne dextérité, être capable de travailler avec plusieurs paires de gants. Il y a tout un process à apprendre », ajoute Anastasia. En « DM », les élèves apprennent à gérer les commandes, à trouver les fournisseurs selon les demandes des soignants, à facturer… et à manipuler lors des travaux pratiques . « Même si nous n’utilisons pas de sondes, de cathéters ou de chambres implantables à l’hôpital comme les soignants, c’est essentiel pour compléter nos connaissances », explique Marie-Aline. En « stérilisation », ils participent au lavage, à la reconstitution de boîtes pour les blocs opératoires. En « qualité », les élèves peuvent proposer un audit pour tel ou tel service. « L’intérêt est stage-dépendant, selon l’équipe qui accueille et son envie de transmettre, mais en général c’est passionnant », souligne Marie-Aline.

Le lien avec le monde hospitalier se fait aussi via les 105 intervenants qui enseignent : pharmaciens hospitaliers, PPH, cadres de santé, soignants, etc. « L’idée est de faire coïncider au plus près la formation et les attendus de l’hôpital », explique Christine Pivot, pharmacienne chef de service à l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon et conseillère scientifique pour le CFPPH. Ainsi, le contenu des modules évolue sans cesse pour combiner les compétences des élèves et les besoins du terrain. « Nous leur donnons une vision globale du métier. Nous essayons d’être en phase avec le positionnement actuel de la pharmacie, au plus près des soins. Nous voulons entraîner nos préparateurs avec nous sur cette voie. »

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Des cours très denses

Pour obtenir son diplôme de PPH, il faut valider tous les modules et obtenir l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 2. Le contrôle est continu. À chaque fin de module, les épreuves comprennent un contrôle des savoirs, une note de stage et son compte rendu présenté à l’oral pour 2 modules. En cas de note sous la moyenne, une session de rattrapage est possible. Anastasia avoue qu’au début, il faut se mettre dans le bain : « Face à la densité des cours, il faut apprendre à extraire les informations essentielles qui concernent le PPH. » Le programme est chargé. Pour valider la « radiopharmacie », il faut notamment emmagasiner des notions de physique nucléaire, de radiobiologie, maîtriser les médicaments radiopharmaceutiques, leur préparation, les mesures de protection, de contrôle. Dans le module « hygiène et stérilisation », les élèves découvrent les infections nosocomiales, les zones « sales » et « propres », les règles de bionettoyage et de désinfection, le circuit de stérilisation des DM, etc.

C’est très complet selon Marlène, en poste au service « stérilisation » depuis quelques années : « La formation aborde très bien tout le processus théorique. Comme son application est variable selon les établissements hospitaliers, j’ai encore appris de nouvelles choses. »

Une année marathon

Le rapport de stage, de 5 pages environ, expose une problématique du service, l’analyse et propose des pistes d’amélioration. En stérilisation, Marlène a planché sur le temps de passage des instruments dans les bacs de préstérilisation : « Il y a un temps minimal et maximal à respecter. Or, on constate qu’ils restent souvent trop longtemps. On a proposé de refaire une petite formation aux infirmières. » Au début, elle mettait 1 semaine pour écrire un rapport. Avec l’expérience, 3 jours suffisent. En plus des stages, des cours, des révisions pour le contrôle continu… tout s’enchaîne sans relâche ou presque. « En fait, nous travaillons en permanence », prévient Marie-Laure qui compte en moyenne 2 heures de travail personnel chaque soir, y compris le week-end, au détriment de la vie familiale. « Mon mari et mes enfants me disent parfois de lâcher un peu. » Tous le disent, le rythme de la formation impose des sacrifices et une organisation au cordeau. Ceux qui viennent de loin se logent dans la famille, en AirBnB, etc. Chloé se lève chaque jour à 5 h pour un trajet de 2 heures porte à porte : « Certains ont des enfants. Je ne sais pas comment ils font. » C’est le cas de Marie-Aline qui a mis toute la famille dans le bateau : « Il faut que ça tourne à la maison, et un conjoint qui assure. » Elle jongle entre ses 3 vies : « Après celle du travail et de la famille, je me mets au boulot quand tout le monde est couché. » Après 8 mois à cette cadence, la fatigue se fait sentir : « Beaucoup d’entre nous flanchent à un moment donné, avoue Marlène, mais heureusement il y a un vrai soutien de groupe. »

Bientôt une licence ?

« C’est une année difficile, mais très formatrice et dynamisante. S’il le fallait, je la referais sans hésiter. » L’enthousiasme de Chloé est partagé par Marie-Laure qui se projette déjà à l’hôpital : « À chaque fin de module, je me dis “je veux faire ça” ! » Comme Anastasia, elle est sollicitée pour des emplois et ne retournera pas à l’officine. Laurent Bourguignon, pharmacien praticien hospitalier, maître de conférences des universités et coresponsable du module pharmacologie au CFPPH, remarque une vraie différence avant et après la formation : « Les diplômés se distinguent par un gain de confiance évident, une capacité à analyser les activités d’un service et à devenir force de proposition. » La formation renforce aussi la complémentarité entre PPH et pharmacien : « Elle pousse à se projeter vers l’organisation et pas seule ment l’exécution d’une activité. C’est essentiel pour nos rapports de collaboration, voire de synergie. » Le diplôme offre la possibilité de devenir cadre de santé ou de prétendre à des diplômes universitaires d’hygiène, de plaies et cicatrisation, etc. Les possibilités d’évolution restent toutefois timides et le besoin de reconnaissance agite la profession. Selon Marie-Aline, qui se sent davantage reconnue à l’hôpital qu’à l’officine, c’est insuffisant : « Une infirmière, tout le monde connaît sa profession. Un préparateur, non ! » Pour hisser le diplôme au niveau des professions paramédicales et ouvrir des passerelles, la profession milite pour un niveau licence. La démarche est soutenue par Cyril Bossenauer, président du Comité de liaison national des centres de formation de PPH. Il a participé à l’élaboration d’une maquette dans le cadre de la mission interministérielle « Universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique » (voir Porphyre n° 549, février 2019). « La formation de PPH a d’ores et déjà la saveur d’une licence. » Les préparateurs hospitaliers aussi attendent la réforme.

* Les Fongecif, organismes paritaires régionaux agréés au titre du congé individuel de formation (CIF), informent et accompagnent les salariés dans leur projet de formation et les financent. Les commissions paritaires interprofessionnelles régionales prendront le relais en 2020. Depuis le 1er janvier 2019, le compte personnel de formation de projet de transition professionnelle (CPF-PTP) a remplacé le CIF. Il permet de suivre une formation certifiante pour changer de métier.

Formation PPH

→ Création du diplôme de PPH en 2001.

→ Diplôme homologué de niveau III inscrit au Répertoire national des certifications professionnelles.

→ Formation en alternance de 42 semaines : 22 en centre de formation, 20 en stages pratiques, de septembre à juillet.

→ 8 modules avec :

1 – Analyser les demandes et les ordonnances au regard des exigences propres aux PUI (pharmacie à usage intérieur).

2 – Analyser les prescriptions ou les demandes de dispositifs médicaux (DM).

3 – Assurer la qualité des opérations pharmaceutiques réalisées en PUI.

4 – Organiser, conduire et mettre en œuvre les préparations magistrales, hospitalières, les opérations de reconstitution et de conditionnement.

5 – Organiser, conduire et mettre en œuvre les préparations de médicaments radiopharmaceutiques.

6 – Organiser, conduire et mettre en œuvre des opérations de stérilisation des DM.

7 – Gérer des flux et des stocks de médicaments et de DM dans l’environnement économique et réglementaire.

8 – Traiter et transmettre des informations, travailler en équipe, conseiller et encadrer des personnes.

En cours, l’expérience des profs

« Time is brain*, en cas d’AVC il faut agir vite. Plus la prise en charge est rapide, plus les chances du patient augmentent », rappelle en préambule Xavier Armoiry avant d’aborder les dispositifs médicaux utilisés dans cette indication : modèles, principes, indications, matériaux, mise en place, etc. Les élèves complètent les informations du support de cours qui leur est fourni en amont. Pharmacien praticien hospitalier aux Hospices civils de Lyon, l’enseignant chercheur à la faculté de pharmacie Claude-Bernard Lyon 1 compte parmi les 20 % d’universitaires qui interviennent dans la formation de PPH.

* Le temps, c’est du cerveau.

Témoignages

Marie-Line Intilia directrice pédagogique du CFPPH de Lyon

PPH n’est pas une voie par défaut”

« S’épanouir dans cette formation et le métier de PPH demande des qualités. De la motivation d’abord, car c’est très exigeant en termes de travail personnel, mais aussi une rigueur absolue pour les gestes techniques et le respect des protocoles, très présents à l’hôpital. Le PPH doit être autonome. Le contrôle effectif du pharmacien est moins prégnant qu’en officine. Il devra être capable d’évaluer seul une situation et de juger si le recours à l’avis du pharmacien est nécessaire. Par ailleurs, il faut être polyvalent, savoir s’adapter à une grande variété d’activités toutes assez techniques, et être mobile pour les stages durant la formation. Devenir PPH n’est pas une voie par défaut. Il faut avoir un intérêt réel pour la filière et évacuer d’emblée les fausses « bonnes » raisons. Les horaires d’abord, car le « 8-16 heures » n’est pas systématique. Certains travaillent de nuit et le week-end. Le salaire ensuite. À l’embauche, il est à peu près équivalent à celui en officine, mais peut être inférieur si le candidat doit renoncer à une prime d’ancienneté. »

Anastasia Bereszczynski

27 ans

BP en 2013 (Toulon, 83)

C’est très spécifique et très technique”

En poste ? Non, fin de CDD en officine en 2018.

Sa motivation : faire autre chose de son diplôme, continuer à apprendre.

Voie d’accès : formation initiale, placée par le CFPPH à l’hôpital privé Jean-Mermoz (Lyon, 69).

Financement : autofinancement. « Heureusement, je suis aidée par ma famille et j’habite Lyon. Je n’ai pas de frais de transport ni de logement. »

Une difficulté ? La fatigue physique et intellectuelle. « Au début surtout, c’est difficile de trouver son rythme. Moi qui découvre le milieu hospitalier, j’ai dû me familiariser avec tout et beaucoup m’investir. »

Un point positif ? L’interprofessionnalité. « Lors des stages, j’aime la proximité avec les médecins, les infirmières, les brancardiers, on se sent davantage en interaction. »

En travaux pratiques, place aux manipulations

« Chaque dérivation nécessite un type de matériel. Il faut souvent les adapter à chaque cas, être inventif, gérer les problèmes cutanés, adapter ses conseils… » Après son cours magistral en amphithéâtre, Valérie Baillard, infirmière stomathérapeute, anime une séance de travaux pratiques : mise en place d’un support autour de l’orifice stomial sans faire de plis, utilisation de poches vidables, de pâte adhésive, etc. Même si le préparateur hospitalier ne se destine pas aux soins directs du patient, il est essentiel qu’il comprenne toutes les problématiques des dispositifs médicaux dont il assure la gestion.

Témoignages

Marie-Laure Bourrand

53 ans

BP en 1985 (Clermont-Ferrand, 63)

Oui, c’est faisable après l’officine”

En poste ? En officine depuis 33 ans, dont 17 à Jassans-Riottier (01).

Sa motivation : évoluer, se remotiver.

Voie d’accès : la formation continue.

Financement : le Fongecif pour les frais de formation et le maintien du salaire, Actalians pour la prépaconcours.

Une difficulté ? Se remettre à mémoriser les cours. « Le niveau demandé est nettement supérieur à celui du BP. Je n’ai pas le souvenir d’avoir travaillé comme cela durant mes études… Les moments de décompression sont rares. »

Un point positif ? Tout l’intéresse ! « Je me projette dans tout : la rétrocession, les dispositifs médicaux, la stérilisation… J’ai adoré l’hygiène et j’adorerais travailler avec une infirmière hygiéniste. »

Marlène Champavier

28 ans

BP en 2015 à Lyon

Les secteurs sont hyper diversifiés”

En poste ? Préparatrice en stérilisation aux Hospices civils de Lyon depuis 2015 après une candidature spontanée.

Sa motivation : se diversifier. « Je ne veux pas rester à la stérilisation toute ma carrière, j’ai besoin d’apprendre pour prétendre à d’autres postes. »

Voie d’accès : formation continue.

Financement : par les Hospices civils de Lyon. « En contrepartie, je leur dois 2 ans et demi de service, mais je peux changer de poste. »

Une difficulté ? La diversité. « À chaque nouveau module, j’ai l’impression d’apprendre un nouveau métier. C’est compliqué de passer de l’un à l’autre, parfois tout se mélange. »

Un point positif ? La diversité aussi ! « C’est enrichissant, ça permet des découvertes et je me sens prête à prendre un nouveau poste. »

Du matériel pour s’exercer

Le CFPPH de Lyon dispose d’un isolateur qui permet de s’exercer en binôme, un expérimenté et un novice. L’élève organise un espace de travail, adapte sa tenue, sa technique et sa gestuelle aux opérations de reconstitution dans le simulateur avec des gants en néoprène, comme en milieu stérile, pour les collyres, la nutrition parentérale ou la chimiothérapie. « L’intérêt est d’apprendre des gestes comme reconstituer une poche », explique Marie-Line Intilia.

Témoignages

“Marie-Aline Reliant

31 ans

BP en 2011 à Vichy (03)

La VAE n’est pas le plus confortable”

En poste ? À l’hôpital de Vichy depuis 2014 après une candidature spontanée.

Sa motivation : titularisation et évolution. « C’est important de faire la formation pour pouvoir prétendre à d’autres postes au sein de mon équipe. »

Voie d’accès : mixte, VAE et formation continue pour 3 modules.

Une difficulté ? Le travail personnel en VAE. « Comme on ne connaît pas les attentes, on manque de repères par rapport à ceux qui sont en cours. On est livré à soi-même et c’est assez déroutant. »

Un point positif ? La pratique. « Allier théorie et pratique, manipuler les dispositifs médicaux, faire un stage d’observation, c’est essentiel pour notre culture professionnelle comme pour évoluer vers de nouvelles fonctions. »

Chloé Knoepfli

27 ans

BP en 2018 à Valence (26)

Il faut tenir sur la longueur”

En poste ? Non, a obtenu son contrat d’apprentissage aussitôt après son BP.

Sa motivation : « Dès le début, je savais que je voulais faire cette formation. J’ai cherché une structure d’accueil avant même l’obtention de mon BP. »

Voie d’accès : l’apprentissage. En contrat avec la pharmacie à usage intérieur du centre de soins de suite et de réadaptation de Virieu (38).

Une difficulté ? Le dérèglement du sommeil (ndlr, Chloé se lève à 5 h le matin pour 2 heures de trajet jusqu’à Lyon) et le manque de décompression. « Même en balade le week-end, je pense à l’école et je me dis que je devrais plutôt travailler… »

Un point positif ? La bonne ambiance, la convivialité, l’entraide dans le groupe et plus généralement… tout ! « Tout m’intéresse, c’est plus dynamisant que le BP. J’apprends à mieux réfléchir, à être autonome, à prendre une place dans le système de soins. »

L’équipe du CFppH de Lyon pour l’année 2018-2019

De g. à d. : Marie-Line Intilia, directrice pédagogique jusqu’en septembre 2019. Anne-Marie Rousseau, cadre PPH formateur et responsable de modules d’enseignement. Éric Kyriakides, cadre PPH, directeur pédagogique du CFPPH pour la rentrée 2019-2020.

8 centres de formation en France

→ Paris

CFPPH campus Picpus

Se renseigner : formation.aphp.fr

Contact : 01 40 27 51 27, sophie.rouzaud@aphp.fr

→ Marseille

CFPPH de Marseille

IFRSS Houphouet Boigny

Se renseigner : www.cfpph.com

Contact : 04 91 96 62 62, didier.valchiusa@ap-hm.fr, nicole.donadio@ap-hm.fr

→ Lille

CFPPH, CHRU de Lille

Institut Germez Rieux

Se renseigner : prepapharma.chru-lille.fr

Contacts : 03 20 44 44 83, bruno.lefevre@chru-lille.fr

→ Lyon

CFPPH, Hospices civils de Lyon

Centre Lacassagne

Se renseigner : www.chulyon. fr/fr/enseignement

Contact : 04 72 11 53 38, florence.pomel@chu-lyon.fr

→ Bordeaux

CFPPH, Institut des métiers de la santé (IMS)

Hôpital Xavier Arnozan

Se renseigner : www.chubordeaux.fr/Etudiants-formation

Contact : 05 57 65 67 47, cfpph.xa@chu-bordeaux.fr

→ Tours

CFPPH, site de l’Institut de formation des professionnels de santé (IFPS) du CHU de Tours

Se renseigner : www.chu-tours.fr/cfpphpresentation

Contact : 02 47 47 80 18, secretariat.cfpph@chu-tours.fr

→ Metz

CFPPH de Metz, lycée Robert Schuman

Se renseigner : www.ecolesantemetz.com

Contact : 03 87 76 40 44, ec-cfpph-mz@chr-metz-thionville.fr

→ Montpellier

CFPPH, Institut de formation aux métiers de la santé

Se renseigner : www.chumontpellier.fr/fr/cfpph

Contact : 04 67 33 88 11, formation-prep-pharm-hosp@chumontpellier.fr, c-revel@chu-montpellier.fr