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Il faut donner les moyens de vacciner contre la variole du singe

Publié le 30 août 2022
Par Thierry Pennable
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Cinq pharmacies en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Hauts-de-France ont expérimenté la vaccination contre le Monkeypox virus au mois d’août. Une urgence de santé publique selon l’OMS.

Depuis la mi-mai, plusieurs foyers de variole du singe ont été détectés en Europe. En France, la Haute Autorité de santé a recommandé, le 7 juillet, une vaccination préventive pour les groupes les plus exposés au virus, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Vaccination préventive ciblée

La variole du singe, Monkeypox en anglais, n’est pas une maladie à transmission sexuelle en soi mais les contacts sexuels sont propices à sa transmission. « Le ciblage de certaines populations plus exposées est pertinent au vu des données épidémiologiques. Les personnes contaminées par la variole du singe sont majoritairement des HSH multipartenaires, remarque Catherine Aumond, présidente de l’association Aides(1) en région Centre-Val de Loire. L’enjeu de santé publique est donc de contrôler l’épidémie avant sa diffusion plus large en population générale. Pour cela, il faut se donner les moyens de vacciner rapidement les quelque 260 000 personnes visées par la HAS, si possible avant la fin septembre ». Mais elles ne sont pas les seules concernées : sur les 2 749 cas confirmés en France au 16 août, quatre étaient des enfants de moins de 15 ans et vingt-neuf des femmes(2).

Des pharmacies expérimentées

« Un questionnaire anonyme destiné au suivi de l’épidémie était proposé aux candidats au vaccin. Il nous permettait de vérifier que les critères des recommandations étaient remplis », rapporte Khansaa Belkasseh-Pilard, pharmacienne adjointe à Paris, qui a participé à l’expérimentation entre les 10 et 25 août. « Cela s’est très bien passé. L’expérience de la Covid-19 nous a beaucoup servi et l’utilisation de la plateforme Doctolib nous a fait gagner du temps », constate l’officinale. Les personnes vaccinées « étaient extrêmement reconnaissantes pour les rendez-vous rapides à proximité, la confidentialité, l’accueil sans jugement et le temps accordé à chacun ».

Comparable à la vaccination anti-Covid

« Nous avons repris le dispositif utilisé pour la Covid-19 avec les mêmes précautions d’hygiène », explique la pharmacienne, qui relève toutefois quelques différences. « Les flacons unidoses de vaccin posent moins de problèmes de conservation que les multidoses des anti-Covid ». Sur le plan relationnel, « cette vaccination proposée sur la base du volontariat n’a pas soulevé les débats qui ont entouré la vaccination “quasi obligatoire” contre la Covid, mais plutôt un intérêt pour la maladie et sa prise en charge ».

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Manque de bras

Autre différence, « signalée aux autorités compétentes, les préparateurs ne pouvaient pas vacciner pendant l’expérimentation, ce qui a limité le nombre de vaccinations proposées à l’officine, souligne Khansaa Belkasseh-Pilard, pour un acte tout à fait accessible aux préparateurs déjà formés à la vaccination ». Un défaut de vaccinateurs plus général dénoncé par Catherine Aumond : « Nous manquions de vaccins en début de Covid et nous manquons de personnels au début de cette épidémie ». C’est pourquoi, après avoir soutenu l’expérimentation, l’association Aides plaide pour que toutes les pharmacies puissent vacciner. En n’oubliant pas d’impliquer les préparateurs…

(1) Association de lutte contre le sida et les hépatites.

(2) Cas de variole du singe : point de situation au 16 août 2022, Santé publique France.

Une urgence de santé publique

→ Le 21 juillet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de variole du singe était une urgence de santé publique de portée internationale.

→ La maladie, appelée Monkeypox en anglais, est une infection virale rare due au Monkeypox virus (MPXV). C’est une zoonose transmissible des animaux à l’être humain, essentiellement par des rongeurs.

→ L’infection, le plus souvent bénigne, guérit en général spontanément en deux à quatre semaines.

→ Des complications ou formes graves sont possibles : infections généralisées, surinfections, complications digestives, ORL, neurologiques, pulmonaires…

→ Personnes les plus à risque de forme grave : immunodéprimées, femmes enceintes, jeunes enfants.

→ La contamination est possible de l’apparition des symptômes à la cicatrisation des lésions.

→ Pour toute information, « Monkeypox info service » au 0 801 90 80 69 (gratuit, anonyme et confidentiel).