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Formation continue

Publié le 1 octobre 2008
Par Myriem Lahidely
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Remise à nouveau, nouveaux apprentissages ou développement d’activité, la nécessité de se former se heurte parfois au manque de motivation et aux contraintes pratiques. La formation continue reste sous-exploitée à l’officine.

La culture est ce qui reste quand on a tout oublié (1). Mais sûrement pas à l’officine ! Délivrances complexes, réglementation changeante et exigences de la prise en charge des patients, l’officine est, par essence, le lieu d’un exercice aussi mouvant qu’un désert de dunes. De solides bases théoriques sont requises sur lesquelles devraient s’empiler de façon régulière les nécessaires mises à jour. C’est pour cela que la formation continue à l’officine est davantage une nécessité qu’un luxe.

L’exercice officinal requiert une multitude de savoirs. « Je me forme pour être au point derrière le comptoir », affirme Bernard Langlois, préparateur à Fleury-les-Aubrais (45) et diplômé depuis près de 30 ans. Il est vrai que les études de préparateur en pharmacie, malgré l’amplitude de l’enseignement, ne permettent pas d’aborder la multitude de compétences et de savoirs que requiert l’exercice officinal. « Les études de préparateur ne sont pas poussées. La formation continue permet d’être plus cultivée sur le plan médical et plus performant au comptoir », reconnaît Marilyne Charalambakis, préparatrice depuis 18 ans à Cabannes (Bouches-du-Rhône) qui s’est fixé le rythme d’au moins une formation par an. Des formations financées par l’OPCA-PL dans le cadre de la formation continue. Diététique et nutrition, diabète, homéopathie, Marilyne a suivi une dizaine de cursus de quatre jours et des formations de deux jours, qu’elle double de séances en soirée. Se former, c’est aussi la possibilité de valoriser sa position au sein de l’entreprise. Bernard Langlois a suivi plusieurs sessions sur le maintien à domicile (MAD) avec des maisons de matériel et sur les médicaments conseil ou les produits vétérinaires : « Je suis plus à l’aise pour répondre aux patients mais aussi par rapport au pharmacien parce que je sais de quoi je parle. » Et Marilyne de surenchérir : « Ce serait vexant au bout de vingt ans de pratique de faire attendre son client en disant systématiquement : «je vais demander au pharmacien !» » Se cultiver, se valoriser, se former c’est aussi consolider les bases et échanger. « On oublie facilement ce que l’on a appris, les formations nous remettent dans le bain », explique Christelle Janiak, préparatrice à Sin-Le-Noble (59), à qui les formations permettent aussi de rencontrer d’autres personnes. « On communique, on échange des expériences que l’on met en pratique de retour à l’officine. Ici, nous avons créé pas mal de choses de cette façon. » Pour d’autres, partir en formation est vécu comme une « bouffée d’oxygène ». Christine Bouisson, préparatrice à Roquemort, commençait à s’ennuyer ferme dans le médicament. Au CFA d’Avignon, elle a suivi une formation d’un an et demi à raison de cinq jours par mois, en dermocosmétique. Formation qui lui a permis d’obtenir le titre certifié de conseillère en dermocosmétique. « C’est lourd, mais à la sortie, les titulaires m’ont confié le rayon qui m’intéressait et je l’ai développé. » Une telle formation permet aussi une réévaluation de 10 % du salaire. Un atout quand « toutes les petites formations que j’ai suivies auparavant n’ont jamais été reconnues de ce côté-là », indique Christine. Si la valorisation du salaire et une nouvelle fonction ou compétence sont recherchées par de nombreux préparateurs, sortir de l’officine peut être une « carotte » non négligeable. Liz à Paris a suivi un cursus également de dermocosmétique à Carla École, mais pour quitter l’entreprise où elle travaillait. « Je suis passée de conseillère en dermocosmétique à responsable de la parapharmacie et je postule aujourd’hui à Londres pour travailler dans un laboratoire. »

Un choix personnel pas forcément gratifiant. Contrairement à des formations longues qui permettent de négocier une revalorisation salariale, les formations d’un à quatre jours ne donnent pas lieu, ou très rarement, à une révision de la grille. En outre, peu de préparateurs distinguent les formations courtes, des soirées ou des séances de deux heures entre midi et deux. Se former est un choix personnel que l’on grapille au gré des offres. Sous la bénédiction du titulaire. « Ici, nous avons vraiment de la chance, on peut en faire et en refaire », confie Maryline Charalambakis, préparatrice à Cabannes. L’officine dans laquelle elle travaille, ne dispose pas d’un plan de formation mais, jusque-là, rien ne lui a été refusé. Dans l’officine de Bernard Langlois non plus, rien n’est officiel ni programmé. « Les titulaires n’imposent rien, mais ne refusent pas. » Le préparateur a donc suivi des cursus d’une journée voire de deux jours sur l’aide médicale à domicile par exemple, au rythme d’au moins une formation par an. Ce salarié comptabilise aussi les soirées de l’organisme de formation continue UTIP (2) ou celles des laboratoires (six à huit par an). « Cela peut être considéré comme de la formation continue, tout dépend des personnes qui nous présentent les sujets. Vous en apprenez parfois plus en une heure qu’en une journée de formation », estime le préparateur, valorisé par ces apprentissages. La formation pharmaceutique continue (FPC) est obligatoire depuis la loi de santé publique du 9 août 2004, mais aucun décret concernant les préparateurs n’est paru (voir encadré) et seule une petite proportion d’entre eux en bénéficie. Selon l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL), 14 000 salariés ont bénéficié en 2007 de formations non diplômantes – des formations courtes – financées par l’OPCA-PL (préparateurs et assistants confondus). Cet effectif représente environ 7 500 préparateurs soit à peine plus de 13 % des professionnels. Parmi les professions libérales, le secteur officinal, dont 95 % des entreprises comptent moins de dix salariés, se positionne en première place, après les notaires, en nombre de formations annuelles financées par l’OPCA-PL. Malgré tout, sur le terrain, la formation continue reste difficile à mettre en oeuvre pour nombre de titulaires. Éric Ruspini, titulaire, résume : « il est nécessaire de mettre constamment à jour ses connaissances. Les formations d’une journée mal faites sont moins efficaces que deux heures ou une soirée bien ficelée ». Un pharmacien de centre ville, à Nîmes, reconnaît : « je cotise chaque année à l’OPCA-PL mais je n’utilise jamais les fonds disponibles. » Comme beaucoup de ses confrères, dans le principe il est favorable à la formation, mais « cela reste une démarche très individuelle et je n’ai jamais de demande pressante de ma préparatrice », se justifie-t-il. Trois personnes travaillent dans sa pharmacie. « En cas d’absence, il faudrait que j’embauche une personne. » Il se contente jusqu’à nouvel ordre des formations du soir, proposées par des laboratoires (la contention par exemple). Cyril Lefèvre titulaire à Lunel, emploie quatre préparateurs. Il n’a pas de plan de formation non plus. « Par manque de temps. On n’a rien d’écrit, mais on se débrouille. » En octobre, il enverra un préparateur à Carla École pour une formation MAD de quatre jours financée par l’OPCA-PL, un autre ira se former pendant deux jours en oncologie, chez Hélène Prêcheur Formation. « Il serait intéressant d’avoir une formation sur l’OTC ou en micronutrition, mais nous avons du mal à nous organiser et au final ça coûte. Les formations de laboratoire entre midi et deux sont moins efficaces, mais tout le monde peut être là et nous payons une heure supplémentaire à chacun. » À Isbergues (62) Catherine Beauvillain, titulaire d’une officine qui salarie cinq personnes, fait partie de ceux qui ont mis en place un Plan de formation. Une préparatrice est partie se former quatre jours (deux fois deux jours) en MAD, une a suivi une formation « Accueil clientèle » et la pharmacienne serait prête à envoyer quelqu’un pour un stage sur l’OTC ou les Premiers soins. La formation continue, elle est tout à fait d’accord, en théorie. Dans la pratique, c’est lourd à gérer. « Il y a toujours un problème : le jour, l’heure, l’éloignement. Sur quatre préparateurs à qui j’ai présenté des programmes de formation, un seul a exprimé un souhait. »

Retour sur investissement. Le discours n’est pas le même chez tous les titulaires. Pour preuve, Maxime Mendelsohn qui a tout fait pour la mettre en oeuvre. « La formation continue est un investissement et il faut s’organiser. Je me suis entouré d’une équipe suffisante pour permettre aux gens de partir, sinon je paie des heures supplémentaires. » Titulaire d’une des deux officines de Mallemort (13), le pharmacien emploie quinze personnes dont neuf préparatrices. Il a mis en place, depuis deux ans, un plan de formation pour son équipe. Une fois par an, à l’issue d’entretiens individuels, il détermine les besoins selon qu’ils sont souhaitables, indispensables ou facultatifs. « J’en ai besoin pour mon entreprise et cela entre dans la norme Iso 9001 Qualité de service que je détiens. » Cette certification implique, entre autres, un devoir de formation pour faire le lien entre objectifs de la pharmacie et objectifs individuels. « En général, les deux correspondent. Bien sûr, il ne serait pas illogique que l’on me demande de l’anglais dans une région touristique et j’y réfléchis. » Le pharmacien accorde ainsi deux à trois jours de formation par an et par préparateur, soit environ une trentaine de journées dont la majorité s’inscrit dans le cadre de la formation continue, un investissement qui va de pair avec le développement de l’officine. Le lancement d’une nouvelle activité entraîne systématiquement la formation d’un ou plusieurs salariés attitrés. Après la diététique et la dermocosmétique, l’officine a lancé, début 2008, une activité oncologie. Deux salariés ont suivi une formation de trois jours sur le sujet, l’une complétant le cursus par une formation de deux jours sur les prothèses d’un laboratoire spécialisé. « Il faut travailler sur notre valeur ajoutée : la compétence médicale. Si l’on n’est pas formé qu’amène-t-on d’autre au client que la vente de boîtes ? »

Tout pour se former. Les formations ne manquent pas, les centres de formations non plus. Environ 450 organismes proposent des cursus spécifiques au secteur pharmaceutique ou des formations « transversales » susceptibles d’intéresser les salariés de l’officine en formation continue (OCP, Héliotrope, Gayet Métois, Orthophar…). 150 de ces centres sont dotés d’un agrément qui permet de bénéficier de financements OPCA-PL. Les formations qu’ils offrent peuvent être liées à l’évolution des emplois ou au développement des compétences. La Commission nationale pour l’emploi et la formation professionnelle (CNPEFP) – organisme paritaire regroupant les syndicats d’employeurs et de salariés – analyse, chaque année, les besoins de la profession à ce sujet. Elle propose ainsi un plan prioritaire d’actions de formations. C’est la commission pédagogique de la pharmacie d’officine qui retient celles qui seront dispensées au cours de l’année. L’accès à ces formations est le plus souvent facilité par une prise en charge financière de l’OPCA-PL. De leur côté, certains CFA agréés pour la formation continue mettent en place des cursus censés répondre aux besoins manifestés par la profession dans un bassin d’emploi donné (un département, une région). L’an dernier, le CFA d’Avignon a mis en place un module d’une journée en cancérologie, et de quatre jours en diététique et nutrition. D’ici le premier trimestre 2009, il proposera quatre jours sur la pharmacie vétérinaire et sur le MAD/HAD. Le CFA de Douai qui a obtenu en mars 2008 l’agrément OPCA-PL vient de mettre en place différents modules. La formation sur les Bonnes Pratiques des Préparations a remporté un franc succès avec déjà quatre sessions au compteur. de un à deux jours entrant dans le cadre de la formation continue : médicaments anticancéreux et traitements adjuvants, médicaments sortis de la réserve hospitalière, conseil associé aux ordonnances des pathologies cardiovasculaires, alimentation du diabétique de type 2, médication cardiovasculaire. Répondre aux besoins et aux contraintes des officinaux est une de leur préoccupation. « Nous nous positionnons dans le Douaisis pour des jeunes préparateurs qui ne peuvent pas se déplacer à Lille. La distance est, elle aussi, souvent rédhibitoire », note Étienne Coquet, responsable. Le CFA d’Orléans propose une douzaine de formations agréées. En cinq ans, ses effectifs en FC ont été multipliés par cinq. « Il y a un besoin c’est sûr. Les pharmaciens sont de plus en plus sensibilisés mais nous sommes sur des très petites entreprises (TPE) avec une population essentiellement féminine, et on cumule les difficultés », explique Laurent Haon, directeur des CFA pharmacie de la Région Centre. Mais les CFA sont également les témoins du paradoxe des titulaires : « Même quand nous avons démarré le DIF, nous avons cru que ça allait exploser, ça n’a pas été le cas. Les pharmaciens ont beaucoup de problèmes de personnel. Ils sont sur le fil du rasoir. Quand on appelle, ils sont toujours favorables à la formation. Ce n’est plus pareil lorsqu’il faut concrétiser », regrette Solange Liauzon, enseignante au CFA d’Avignon et responsable de formations continues.

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L’avenir dans l’e-learning ? La formation à distance peut-elle représenter une solution ? C’est ce que pensent des pharmaciens comme Éric Ruspini, titulaire près de Nancy ou Yves Trouillet, président de l’Association des pharmacies rurales. « À condition qu’elle soit réellement mise en oeuvre une à deux heures par jour pendant le temps de travail, dans les creux d’activité de l’officine », indiquent-ils. Un dispositif de la formation à distance se développe dans le cadre d’un projet européen sur le thème « Risques et prévention de l’auto-médication chez les personnes âgées ». En promouvant la formation sur le lieu de travail, il souhaite « lever les freins actuels forts que sont le temps, et les déplacements ». Blandine Legrand, responsable du département management et ressources humaines chez Démos résume : « les pharmacies sont confrontées à la problématique des très petites entreprises. Mais le paysage de la formation se recompose et il y aura de moins en moins de césure entre la formation initiale et la formation continue. Les officines auront de plus en plus l’opportunité d’e-learning. » Penser la formation continue, c’est avant tout analyser les besoins. Si ces derniers sont propres à chaque entreprise, il n’en reste pas moins que le diplôme de préparateur présente des failles que la formation continue ne pourra pas combler. Mais ,avant d’attendre la refonte des apprentissages de base, la formation continue reste une solution pour devenir un bon professionnel de santé. « La formation ne coûte jamais à l’officine mais lui rapporte ! », résume Laurent Haon. Puissent les titulaires le reconnaître. Et les préparateurs de s’y mettre. Allez… •

(1) Citation d’Édouard Herriot (1972-1957,

homme politique et écrivain. (2) Union technique interprofessionnelle pharmaceutique.

Le Greta du Douaisis propose en 2008 :

avec Laetitia Lemoine : « Le suivi du patient diabétique » (le 16 octobre), « Les médicaments cardiovasculaires (les 26 et 27 novembre), « Le conseil associé aux ordonnances des pathologies cardiovasculaires » (le 4 décembre), « L’accompagnement du patient à haut risque cardiovasculaire » (le 4 décembre) ;

avec Mikaël Cauche : « Les médicaments sortis de la réserve hospitalière » (le 29 octobre et le 3 décembre), « Les médicaments anticancéreux » (le 15 octobre, les 12 et 19 novembre) ;

avec Christel Leclercq : « Les Bonnes pratiques de préparations (BPP) » (les 9 et 23 octobre, le 13 novembre, le 11 décembre).

Contact : 03 27 71 11 60. cfa.pharmacie.douai@free.fr, onglet « Formation continue » (possibilité de télécharger les contenus de formation et les fiches d’inscription).

Les dispositifs de la formation continue

Le plan de formation de l’entreprise

Les actions de formation – et les employés qui sont concernés – sont décidées par l’employeur. Ces formations ont lieu en général, pendant le temps de travail. Le salaire est maintenu et les frais sont à la charge de l’employeur. Pour les formations prises en charge par l’OPCA-PL, il percevra pour le salaire : 10 ¤/heure ou 80 ¤/jour, de même que pour les frais pédagogiques : entre 150 et 250 ¤/jour pour des formations de un à quatre jours. Si la formation a lieu hors temps de travail, le préparateur perçoit une allocation de formation équivalant à 50 % du salaire net de référence.

Le Droit individuel à la formation (DIF)

Chaque année, un préparateur à temps plein a droit à 24 heures de crédit formation. Ce crédit peut être utilisé dans l’année ou cumulé sur six ans (144 heures maximum). Le préparateur décide le sujet de la formation qu’il suivra pendant ou hors temps de travail. Mais l’employeur doit donner son aval. Le salaire est maintenu intégralement si la formation a lieu pendant le temps de travail, et il recevra une allocation de formation équivalant à 50 % de son salaire net si elle se déroule hors temps de travail. Les frais sont à la charge de l’employeur ou de l’OPCA-PL.

Le Congé individuel de formation (CIF)

Le CIF permet de suivre la formation de son choix (un an à temps plein maximum, 1 200 heures à temps partiel) qu’elle soit en relation ou non avec l’activité officinale. Ce droit peut être utilisé dans le cas où un DIF est refusé deux années de suite par l’employeur. Ce dernier ne peut rejeter une demande de CIF, mais il ne versera aucun salaire pendant la période de formation (le contrat est suspendu). C’est le Fongecif qui finance éventuellement cette formation. En cas de refus, en plus de la perte de salaire, le préparateur doit assumer lui-même ses frais de formation.

Radioscopie de la formation continue

Qui se forme ?

• 54 % de préparateurs.

• 41 % de pharmaciens adjoints.

• 5 % de rayonnistes.

Pour quel sujet ?

• Le médicament : pharmacologie, médicament générique, pharmacie vétérinaire, sortie de la réserve hospitalière, qualité de la délivrance.

• Les spécialisations de l’officine : maintien à domicile, dermatologie, homéopathie, phytothérapie, diététique/nutrition.

Pour quelle durée ?

• 69 % des formations suivies durent moins de 20 heures (34 % étant des formations de moins de dix heures).

• 16 % des formations durent plus de cinq jours.

Source : OPCA-PL, 2007

Les balbutiements de la FPC

La formation pharmaceutique continue (FPC) est obligatoire depuis la loi de santé publique du 9 août 2004 pour tous les salariés de l’officine. Le décret d’application du 3 juin 2006 ne concerne que les pharmaciens qui devront suivre des formations dispensées par des organismes agréés par le conseil national de la FPC (CNFPC). Or ce conseil ne s’est jamais réuni et la question du financement de la FPC reste posée. Quant aux préparateurs, ils devront attendre un texte les concernant.

« La formation continue n’est pas encore entrée dans la culture officinale »

Jean-Marie Fonteneau Formateur au CFA de Planchat, militant CGT, membre de la CNPE et de la 20e CPC

Que doit-on entendre par formation continue ?

Il s’agit d’une formation effectuée, de préférence, sur le temps de travail. Mais la loi l’autorise aussi en dehors du temps de travail, le salaire étant alors pris en charge à 50 %. Cette formation continue vise à actualiser, approfondir ou élargir les connaissances du préparateur en vue d’améliorer le service rendu aux patients. Le travail à l’officine ne cesse d’évoluer. La formation continue lui permet ainsi de perfectionner son exercice, voire de s’adapter à son poste de travail. Il existe deux types de formation continue : La formation continue, partie intégrante du « plan de formation de l’entreprise » et le Droit individuel à la formation ou DIF. D’après la loi, la formation continue inscrite dans le Plan de formation de l’officine donc à l’initiative de l’employeur, est obligatoire pour le préparateur, et doit être poursuivie tout au long de la vie professionnelle. Dans la réalité, nous n’en sommes pas là. Le décret d’application n’est toujours pas paru et, de fait, les plans de formations n’ont pas réellement été mis en place au sein de la majorité des officines.

Comment l’expliquez-vous ?

Beaucoup de préparateurs ne savent pas qu’ils peuvent bénéficier de cette formation continue, ni même que c’est un devoir. Et lorsqu’ils le savent, l’employeur ne leur donne pas toujours les moyens d’en bénéficier. Les pharmaciens cotisent chaque année pour la formation de leurs salariés, ce qui leur permet d’obtenir des prises en charges ou des aides pour des stages extrêmement variés. Le plan de formation de l’entreprise, lorsqu’il y en a un, permet en effet d’envoyer des salariés autant de fois qu’on veut dans des formations d’un à quatre jours. Beaucoup de pharmaciens ne le font pas, pour toutes sortes de motifs : négligence, manque de temps, difficulté à s’organiser ou à gérer l’absence, oubli de diffuser à l’équipe les informations et programmes de formations, crainte d’un surcoût pour l’officine… En outre, qu’il s’agisse d’une formation dans le cadre d’un Plan de formation ou d’un DIF, démarche plus personnelle du préparateur, c’est le titulaire qui décide. Or, ceux qui en ont compris l’intérêt ne sont pas les plus nombreux.

L’offre de formation est-elle suffisante ?

Oui, c’est son utilisation qui est insuffisante. La formation continue répond à des besoins qui peuvent être très divers selon que l’officine se trouve en milieu rural ou dans un quartier de centre ville. Il y a des besoins de base comme la pharmacologie qui permet de faire la différence avec l’information donnée par les laboratoires, les médicaments sortis de la réserve hospitalière, etc. On peut aussi se former en médication familiale, en phytothérapie ou homéopathie, sur la pharmacie vétérinaire en province, sur le maintien à domicile et l’hospitalisation à domicile. Sans compter les sujets d’actualité : législation, cosmétologie… Le panel est large et 150 organismes, sur plus de 400, ont un agrément pour des formations « coeur de métier ».

Quel est le frein ?

Dans une petite officine de deux ou trois salariées, l’absence d’une personne pendant un à quatre jours peut être difficile à gérer. Il semble que ce soit aussi le cas dans les plus grandes. Les pharmaciens ont l’habitude de se former par l’UTIP par exemple, mais pour leurs collaborateurs, beaucoup se satisfont des formations éclair données in situ par les laboratoires. Or un préparateur qui vient de suivre une formation a envie de faire valoir les compétences qu’il a acquises, pour l’entreprise le « retour sur investissement » est rapide. La formation continue permet à l’employeur de s’entourer d’un personnel compétent, c’est donc un investissement dans lequel il a tout à gagner. En outre un thème prioritaire pour la profession est financé par l’OPCA-PL et les salaires sont pris en charge. Je crois surtout que le principe de la formation continue n’est pas encore entré dans la culture officinale. •