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Participation des préparateurs aux nouvelles missions : l’hôpital peut-il montrer la voie à l’officine ?

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Participation des préparateurs aux nouvelles missions : l’hôpital peut-il montrer la voie à l’officine ?

Publié le 13 février 2025
Par Annabelle Alix
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À l'hôpital, les préparateurs en pharmacie réalisent déjà des entretiens avec les patients et participent à la conciliation médicamenteuse. Ces pratiques pourraient-elles inspirer l'évolution des missions du préparateur d'officine ?

Si la réalisation des entretiens pharmaceutiques est actuellement réservée aux pharmaciens dans les textes, la multiplication des tâches, le manque de temps et les difficultés à s’éloigner du comptoir freinent leur déploiement en officine. En 2024, selon l’Assurance maladie, seulement 11 % d’entre elles réalisaient des bilans partagés de médication, 9 % proposaient des entretiens auprès des patients chroniques (sous anticoagulants AVK ou AOD, asthmatiques), et 8 % des entretiens de chimiothérapie orale.

Dans certains établissements de santé, les préparateurs en pharmacie hospitalière interviennent déjà, sous la supervision de pharmaciens, auprès des patients dans la réalisation de divers entretiens. C’est le cas notamment à l’institut Sainte Catherine-institut du cancer-Avignon-Provence, à Avignon (84).

Conciliation médicamenteuse

Au sein de la pharmacie hospitalière de l’institut Sainte Catherine, les préparateurs participent à la conciliation médicamenteuse. « Nous recueillons les données concernant les médicaments prescrits au patient auprès de son officine, de son médecin traitant, de son infirmier, de son aidant principal, de ses médecins spécialistes, de son dossier médical, et nous nous entretenons avec lui pour savoir quels médicaments il prend réellement, quels sont leurs effets, ce qu’il prend à côté… », décrit Mélodie Maruejol, préparatrice en pharmacie hospitalière.

« Le bilan de médication réalisé par le pharmacien s’inscrit dans la continuité de ce travail, complète Adrien Maire, pharmacien à l’Institut de cancérologie. Nous comparons les données recueillies par le préparateur avec la prescription hospitalière, relevons les incohérences de dosages, les traitements non repris, vérifions les interactions, les antécédents, et en cas de problème, nous appelons le médecin. »

Si la réglementation l’y autorisait, le préparateur d’officine pourrait-il effectuer ce travail de conciliation médicamenteuse ? Sans aucun doute pour Françoise de Crozals, pharmacienne gérante à l’institut Sainte Catherine : « Ils pourraient tout à fait le réaliser avant l’hospitalisation du patient. »

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À l’officine, le bilan partagé de médication implique « une véritable analyse pharmaceutique, cœur du métier du pharmacien », pointe Guillaume Lemaître, titulaire de la grande pharmacie Marcadet, à Paris. La Société française de pharmacie clinique (SFPC) recommande toutefois que les préparateurs puissent jouer un rôle « dans le processus de conciliation médicamenteuse et la conduite d’entretien avec le patient », préalables au bilan de médication, et dans « la formulation et l’explication de recommandations relatives au bon usage des produits de santé ».

Une participation envisagée aux entretiens

À l’Institut Sainte Catherine, les préparateurs mènent des entretiens de chimiothérapie orale. « Lors d’un premier traitement, d’une rechute ou d’un changement de protocole, le médecin nous envoie le patient, que nous informons au sujet de la thérapie qu’il va suivre, développe Laurence Distani, cadre préparateur. Nous lui expliquons comment prendre son traitement, les effets secondaires possibles et comment les gérer grâce aux médicaments adjuvants : antinauséeux, antidiarrhéiques, etc. J’ai suivi une formation avant de mener ces entretiens et réalisé les premiers avec un pharmacien ».

Françoise de Crozals est en confiance : « Si j’estime que le préparateur est formé, capable de mener ces entretiens, et qu’il en a envie, j’en prends la responsabilité. Au moindre doute, je sais qu’il m’appellera, notamment lorsqu’il n’y a pas de recommandation officielle, par exemple, sur l’association entre chimiothérapie et phytothérapie. »

Selon Stéphanie Satger, titulaire à Loriol-du-Comtat (84), membre de la SFPC qui a participé aux travaux et recommandations sur la place du préparateur dans les nouvelles missions, « certains entretiens sont bien balisés… Il devrait être possible de les déléguer, pas de façon généralisée, mais en fonction du niveau de compétences du préparateur ».

« Il y aurait peut-être une piste à explorer sur l’entretien court de la femme enceinte, moins poussé que les BPM sur le plan pharmacologique, et réalisés au comptoir, côte à côte, ce qui permet d’assurer le contrôle effectif », la rejoint Bruno Maleine, président de la section A du conseil national de l’ordre des pharmaciens.

Pour Stéphanie Satger, « les bilans de prévention pourraient, eux aussi, être réalisés par des préparateurs formés au thème de l’entretien : contraception, ménopause, risque de chute…, d’autant que la Caisse nationale de l’assurance maladie propose un guide d’entretien très exhaustif ». La SFPC suggère aussi que le préparateur puisse réaliser des entretiens de suivi portant sur l’aide au sevrage tabagique.

Protocoles de coopération à venir ?

À l’avenir, les préparateurs hospitaliers – et pourquoi pas, les officinaux ? – pourraient même voir leurs prérogatives s’élargir localement, via leur inclusion dans des protocoles de coopération. Ces protocoles autorisent une délégation de compétences entre professionnels de santé, sur un territoire donné et dans un cadre précis.

« La Direction générale de l’offre de soins (DGOS), via les conseils nationaux professionnels (CNP), nous a demandé d’engager une réflexion sur l’inclusion des préparateurs en pharmacie hospitalière dans des protocoles de coopération, expliquait le 10 février Sylvette Garrigou, présidente de l’Association nationale des préparateurs en pharmacie hospitalière (ANPPH), lors d’un webinaire. Et ce, avec la délégation et l’habilitation du pharmacien, formation à l’appui ». Affaire à suivre…