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Publié le 1 novembre 2018
Par Anne-Lise Favier
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Mettre en valeur les linéaires et orienter le client vers le produit adapté sont les missions qu’Audrey aime mener au sein de l’officine. Au point de créer sa boîte de merchandising.

Publicité ou biologie ? Audrey a longtemps hésité au lycée, mais ce sera la fac de pharmacie de Lille (59), suivant l’avis de sa conseillère d’orientation. Les cours « truffés de chimie » sont loin de ses aspirations, mais elle s’accroche. Malheureusement, une agression physique la veille l’empêche de se présenter aux examens. Après deux autres échecs au concours, elle décide de rester dans le monde de l’officine, qui mêle santé et vente. Elle s’inscrit au CFA de Villeneuve d’Ascq (59). C’est décidé, elle sera préparatrice. Elle dévore le Vidal, Porphyre, Impact pharmacien (ndlr : le journal n’existe plus), Cosmetique Mag ou encore Le Moniteur des pharmacies pour se perfectionner, mais rien n’y fait. L’épanouissement n’est pas au rendez-vous : « J’ai pris mon vélo et j’ai fait le tour des pharmacies de Lille pour en trouver une qui voudrait bien m’accueillir pour continuer mon apprentissage ».

Les premiers pas en merchandising

C’est plus tard et dans une autre officine de Lille qu’Audrey découvre la rigueur, avec une préparatrice qui l’initie à la législation et à la diagnose. Elle réceptionne les matières premières et les analyse pour s’assurer de leur qualité. Audrey prend peu à peu des initiatives, encouragée par son titulaire. Elle étiquette tous les produits pour que les clients s’informent des tarifs, ce qui à l’époque n’est pas obligatoire. Le chiffre d’affaires de la pharmacie décolle, ses responsabilités aussi, comme celle de recevoir les commerciaux. Elle déménage à Fretin, où elle participe à l’ouverture d’une nouvelle pharmacie. Devenue maman, Audrey se forme sur l’allaitement avec la Leche League, et sensibilise aux soins à prodiguer aux nouveau- nés. Elle crée un fascicule pratique pour les mamans.

Adieu vacances et week-ends

« Entre-temps, j’ai participé à des missions de merchandising dans des officines où j’aidais à réorganiser des rayons entre zones chaudes et froides. Cela me plaisait et je constatais une réelle demande. » Tout en restant encore salariée un an et demi, elle crée sa société FormaPharma et démarche une pharmacie d’un petit groupement. Elle rencontre Luc Mayelle, un architecte spécialisé dans « les pharmacies de haute qualité où les meubles sont faits sur mesure dans des matières nobles, bois, pierre ». Il lui ouvre les portes d’un nouveau marché. De Lyon à Paris en passant par les Hauts-de-France, Audrey met en place des espaces de vente. Elle connaît un beau succès grâce à cet architecte et au bouche-à-oreille, avec à son actif 146 pharmacies. C’en est fini des jours de repos : « Avec l’architecte et un graphiste qui dessinait l’identité de l’officine, nous travaillions sur un concept global d’identité. Nous avions les clés de la pharmacie le vendredi à 11 h et nous devions livrer au client le lundi matin ».

Des petites boî-boîtes à ranger

Une époque intense où elle s’adjoint les services d’un préparateur pour honorer ses contrats. Aujourd’hui, devenue maman une seconde fois, Audrey a trouvé un équilibre entre un poste de salariée dans une grande pharmacie lilloise et son entreprise au rythme moins effréné : « J’ai une chance inouïe. Je m’éclate dans ce que je fais. L’officine est un véritable terrain de jeu pour moi. » Responsable des achats et spécialisée en parapharmacie, elle gère les 3,6 km de linéaires d’une main de maître. Même si elle avoue que pour certains de ses proches, « [son] métier consiste juste à aligner des boîtes de médicaments sur une étagère ! »

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Audrey Lecointe

Âge : 41 ans

Formation : Bac S, 1re année de pharmacie, BP de préparatrice, formation en merchandising et en allaitement (Leche League).

Lieu d’exercice : Lille (59).

Ce qui la motive : sa passion pour le métier, mener à bien sa mission dans un souci de satisfaction du client.

Si vous étiez une titulaire ? Je serais pour un management collaboratif, en laissant de la liberté à mes équipes tout en exigeant de la rigueur.

Si vous étiez une cliente ? Je serais une cliente pointilleuse à la fois sur la qualité des conseils prodigués, mais aussi sur celle des produits.

Si vous étiez un médicament ? Je serais un placebo pour m’assurer de l’utilité d’un traitement.