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Du comptoir au boudoir
Dans une ancienne bie, Caroline était préparatrice. Dans la nouvelle, elle dirige Dollhouse, jeux de filles, un « sexy shop » dans le quatier du Marais à Paris. peu importe le lieu, pourvu qu’on soit à l’écoute
Dollhouse, jeux de filles est « un sexy shop » dans le quartier du Marais à Paris, bien loin des sex-shops racoleurs de Pigalle. La différence ? « Une façon de présenter les choses. Une assiette appétissante dans un restaurant bien tenu donne envie de manger avec plaisir », explique Caroline, la maîtresse du lieu. Cette jeune femme de 38 ans est une ancienne préparatrice en pharmacie. Après dix ans en officine et cinq dans une société informatique en région parisienne, Caroline a envie de nouveauté et d’une affaire à elle. C’est l’époque où la mode s’empare du phénomène « sex-toys » ou jouets sexuels pour les femmes. Elle s’y engouffre par envie « de créer un endroit dédié aux femmes. » Elle le fait en 2005 dans le quartier parisien du marais connu pour sa forte population homosexuelle, « on y parle plus facilement de sexe, on y est plus libre et le quartier est tranquille », explique Caroline qui ne cache pas sa vie amoureuse. Si elle vit et travaille aujourd’hui avec une femme, Caroline est loin du militantisme lesbien, « je vais où mon coeur me porte ».
De la bouche à l’oreille. À l’entrée, place à la lingerie féminine, du coton à la dentelle, « sexy ». Au sous-sol de la boutique, l’ambiance est différente. Les jouets sexuels s’affichent dans l’intimité d’un boudoir savamment éclairé. Vibromasseurs et autres godemichés non vibrants, stimulateurs clitoridiens variés et boules de geisha colorées, le choix est large, dominé par le silicone « plus agréable que le latex ». Poudres et crèmes corporelles, bouquins et gels lubrifiants/massant côtoient d’autres joujoux, harnais, menottes et double dildos* rangés sur une jolie commode dans un coin plus discret sous l’escalier . Dollhouse est un lieu dédié aux plaisirs et aux jeux. S’il a été conçu pour les filles, les hommes sont les bienvenus. Normal, l’objectif est de faire plaisir. « Par hasard ou via le bouche-à-oreille, les femmes qui entrent ici ne savent pas forcément ce qu’elles veulent. Certaines entrent pour chercher une solution, d’autres pour pimenter une relation naissante », explique Caroline, « je donne des conseils sur l’utilisation des jouets en expliquant ce qu’ils peuvent apporter ». Elle propose, donne un conseil et parfois « la personne sort avec un sourire et c’est un bonheur ». Elle n’impose rien. Comme auparavant à l’officine.
L’effet blouse blanche. Caroline ne cache pas son ancien métier. Au contraire. Elle se souvient de la première fois où elle a été confrontée avec la sexualité au comptoir, de cet homme venu chercher un papier et un crayon à la pharmacie pour écrire « préservatif » avant de le lui tendre. « Je mets en pratique mon expérience professionnelle de préparatrice en pharmacie, celle de l’écoute et de l’échange », confie celle qui pense que l’« on peut parler de tout, dans n’importe quel lieu. Tout dépend de la personne ». Élevée dans une famille aimante, pudique plus qu’ouverte, la préparatrice utilise des mots
simples pour se mettre à la portée des clients. « Si les barrières ne tombent pas, il n’y a pas de contact. Or les gens se confient énormément à la pharmacie. » Mais ce n’est pas toujours si simple de part et d’autre du comptoir dont l’aspect barrière joue un rôle notable : « il faut bien se protéger, nous ne sommes pas des psys », analyse judicieusement la jeune femme. Caroline encourage les préparateurs à profiter des avantages de leur profession, « la possibilité de connaître les moyens de contraception , de se former et de faire de la prévention, insuffisante aujourd’hui ».
Une prévention hors des murs. Soirées de prévention dans sa boutique, participation aux Solidays (journées solidarité sida en juillet), Caroline milite à son niveau et participe aux côtés des autres acteurs pour des pratiques sures, afin de préserver sexualité et plaisir malgré le VIH. « C’est plus simple de parler ensuite de la maladie en abordant d’abord les notions de plaisir et de jeux, de partage et d’envie. » Ni extra-terrestre, ni perverse, Caroline a parcouru son chemin. « J’ai mis du temps à me connaître et à avoir confiance en moi. » Elle ajoute : « pour aborder les personnes et donner de bons conseils, il faut se connaître et être clair avec soi, puis écouter et informer. » •
* Dollhouse = maison de poupée en anglais.
Dildo = godemiché.
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