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Des pharmaciens se lancent dans le dépistage du mélanome

Publié le 31 août 2018
Par Magali Clausener
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Depuis le 6 juin, le groupement Pharmabest (67 pharmacies) propose aux patients le dépistage du mélanome. « Le client-patient est au cœur de notre problématique. Notre spécificité est d’avoir un juste équilibre entre le métier de pharmacien et l’offre commerciale. Ensuite, la prévention du mélanome représente un enjeu de santé publique. Chaque année, plus de 14 300 mélanomes sont diagnostiqués et près de 1 800 personnes décèdent des suites de ce cancer. De plus, les délais d’attente pour avoir un rendez-vous chez un dermatologue sont de 4 mois en moyenne, explique Alain Styl, directeur général de Pharmabest. Nous ne voulons pas remplacer les médecins, mais le pharmacien est un professionnel de santé de proximité qui peut proposer un dépistage et orienter le patient. » Pour lancer ce nouveau service, le groupement s’est tourné vers le Syndicat national des dermatologues vénéréologues (SNDV) qui a apporté son soutien, et la société norvégienne Screen-Cancer qui traite les dossiers des patients. « Cette société travaille déjà avec des pharmacies norvégiennes et anglaises et nous fournit des dermatoscopes de dernière génération », souligne Alain Styl.

Un service payant

Concrètement, un patient inquiet qui veut un avis sur un grain de beauté est reçu par le pharmacien dans un espace de confidentialité. L’officinal remplit avec lui un questionnaire et prend des photos du grain de beauté avec le dermatoscope payé par Pharmabest. Il envoie ensuite le dossier à la plateforme de ScreenCancer hébergée sur un serveur sécurisé. Le dossier est examiné dans un délai maximum de 15 jours par un dermatologue français qui rend son avis. Si un grain de beauté est suspect, une infirmière de ScreenCancer appelle le patient et l’incite à prendre rendez-vous avec un dermatologue. Le dépistage est à la charge du patient : 28 € pour le premier grain de beauté et 14 € pour le suivant. « Nous ne prenons aucune marge, c’est ce que nous coûte le service, précise Bruno Giannone, titulaire de la pharmacie Prado Mermoz à Marseille (13), dont l’officine a déjà réalisé en deux mois une trentaine de dépistages. Nous n’intervenons pas non plus auprès du patient. C’est lui qui désigne le grain de beauté qu’il veut faire examiner. Nous ne faisons bien sûr aucun diagnostic, ce n’est pas notre métier, mais cela permet d’orienter les patients qui, généralement, ne vont jamais consulter et en ont besoin après le dépistage. » Le titulaire précise que « ce sont les pharmaciens qui réalisent le dépistage, mais les préparateurs sont impliqués et peuvent orienter le patient vers le pharmacien ». Fin juillet, 47 pharmacies proposaient ce dépistage. À l’automne, la totalité des officines du groupement devraient offrir ce nouveau service. Pharmabest vise 200 dépistages par mois.

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