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De nouvelles écoles ouvrent des classes de BP
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Des classes de BP éclosent ou sont sur le point de le faire. À Bohain-en-Vermandois (02), depuis septembre au lycée Sainte-Sophie, afin de répondre à des besoins locaux. À Paris, Lyon et Marseille en 2020, dans les écoles Sylvia Terrade, à l’initiative du groupement de pharmaciens Aprium pour pallier la pénurie de préparateurs, améliorer le recrutement et péréniser les emplois.
Ce sont des histoires de rencontres et d’opportunités. C’est aussi une envie de trouver des réponses aux difficultés rencontrées sur le terrain. Depuis la rentrée 2019, le lycée catholique Sainte-Sophie à Bohain-en-Vermandois dans l’Aisne a ouvert sa première classe de BP. En septembre 2020, ce sera au tour du groupement de pharmaciens Aprium de proposer une classe de BP de 30 élèves à Paris, Lyon et Toulouse en partenariat avec les écoles du groupe Sylvia Terrade. Ces deux initiatives ont en commun la pénurie de préparateurs, l’envie d’innover au service des pharmaciens et des jeunes en recherche d’un métier porteur. Sans oublier la réforme de l’apprentissage, qui a facilité les démarches…
Aide-toi, le ciel t’aidera
« Comme souvent dans la vie, ce sont des rencontres et des discussions avec des parents d’élèves, certains pharmaciens » qui sont à l’origine de l’ouverture d’une section de BP de préparateur au lycée Sainte-Sophie, explique Charles Cayrel, son directeur. « Ils nous ont dit qu’ils cherchaient des préparateurs en pharmacie, qu’ils avaient des difficultés à recruter ou qu’ils n’en trouvaient pas ». De plus, les premiers CFA de pharmacie sont à près de 50 km pour celui de Valenciennes, 60 km pour celui de Douai et 100 km pour les CFA d’Amiens, Reims et Villeneuve-d’Ascq. Charles Cayrel comprend « que les jeunes veulent passer le diplôme pas très loin de chez eux ». Le groupe scolaire catholique Saint-Antoine Sainte-Sophie (voir encadré p. 7) a déjà la structure et des enseignants en chimie et biologie. Il est aussi unité de formation d’apprentissage (UFA), « une antenne du CFA Jean Bosco pour les établissements privés catholiques du nord de la France ». Il ne manque plus qu’à s’assurer que les pharmacies aux alentours prendront un apprenti. Après un sondage positif dans ce sens, c’est décidé, Sainte-Sophie aura son BP pharmacie.
Quand les expériences se rencontrent
Une nouvelle recrue de l’école, une enseignante chercheuse de l’université de Reims, docteur en biologie, pilote le projet. Il faut trouver quatre professionnels de la pharmacie, équiper un labo pour les TP et sélectionner les élèves. Sur les 34 candidatures reçues, Charles Cayrel et son équipe en retiennent 14, mais 12 seulement décrochent un contrat. Sur les 11 élèves restants après un désistement, 9 sont en contrat d’apprentissage et 2 en contrat « pro ».
Tout cela s’est fait en un an à peine, mais « avec beaucoup de rencontres et d’échanges avec les pharmaciens ». Le directeur a misé sur l’envie des jeunes recrutés et l’accompagnement. Un coach en orthographe vient une heure par quinzaine et des devoirs surveillés tous les quinze jours permettent aux professeurs d’ajuster leur pédagogie et aux élèves « d’absorber le volume de connaissances de façon régulière ». « L’important, c’est que le jeune soit motivé et le montre dans les faits. S’il s’accroche, nous mettrons tous les moyens qu’il faut en interne pour l’aider, l’accompagner et faire en sorte qu’il réussisse », promet le directeur, qui se félicite des riches échanges entre les enseignants aguerris et les nouveaux, formateurs officinaux. Il reconnaît qu’il y aura sans doute des ajustements à faire, mais la vertueuse machine est lancée.
Un constat, une frustration et un besoin
Une des origines du projet porté par le groupement Aprium se trouve aussi du côté de la pénurie de préparateurs. « Dans toutes les régions, nous avons du mal à recruter, constate Alain Hababou, président fondateur d’Aprium (voir encadré p. 6). Nous sommes en sous-effectif permanent, et le service client s’en ressent. » Est-ce une raison suffisante pour créer des classes de BP, en plus de celles des CFA de pharmacie ? Ne serait-ce pas aussi à la profession de prendre des apprentis et de savoir les garder ? Le pharmacien, loin de se défiler, le reconnaît : « Je suis le premier à dire que la profession a une responsabilité. Nous n’avons pas su faire grandir nos collaborateurs à l’intérieur de l’entreprise, leur donner envie, ou revaloriser leur salaire. » Ce n’est pas tant le nombre de jeunes formés qu’il faut augmenter que la revalorisation de la filière qui est « le but du projet ». Les raisons de la pénurie tiennent aussi au « recrutement défectueux » en CFA, avec « des niveaux d’entrée catastrophiques » chez les candidats apprentis qui embrassent la carrière « par dépit ». Dans son tour de France des adhérents, Marine Voron, directrice des ressources humaines d’Aprium, l’a dûment constaté. Cette maman, cliente assidue des officines, constate que « la profession de préparateur est complètement méconnue, alors que ce diplôme donne accès à un métier de santé aux côtés des pharmaciens, partout en France et dans un secteur où il n’y a pas de chômage ». Pour elle qui pilote le projet, « plus on suscitera l’intérêt pour ce métier et plus on sera ambitieux, plus on aura de chances de recruter des gens talentueux et motivés ».
Les moyens de communiquer largement
Le projet Aprium est d’envergure. « Nous en sommes aux prémices et avançons pas à pas », explique Marine Voron. En septembre 2020, le groupement ouvrira ses trois classes de 30 élèves préparateurs à Paris, Lyon et Marseille, en collaboration avec le groupe Sylvia Terrade qui possède plus de 40 écoles en France, spécialisées en esthétique et en coiffure, du CAP à bac + 4. « Leur maillage territorial, leur recrutement sélectif, qualitatif et attractif grâce à leurs communicants nous a particulièrement intéressés », souligne Alain Hababou. « Leur équipe est très active en termes de portes ouvertes, de référencement de leurs diplômes dans les moteurs de recherche utilisés par les jeunes pour trouver une formation et des débouchés », renchérit la DRH. Davantage que ne le font les CFA de pharmacie, aux moyens plus limités. Marine Voron travaille avec des pharmaciens et des préparateurs d’Aprium, aux côtés des responsables Sylvia Terrade, afin d’injecter des cours « pour coller aux besoins réels du pharmacien en termes de savoir-faire et de savoir-être du jeune préparateur ». Un défi que tentent de relever les CFA depuis le référentiel de 1997, actualisé en 2003, mais qui sait ce que peut apporter un regard neuf…
Aprium pharmacie, c’est quoi ?
Aprium est un groupement multirégional de pharmaciens indépendants.
→ En 2006, 10 pharmaciens parisiens créent le groupement Parispharma pour « mutualiser les achats », explique Alain Hababou, l’un des fondateurs.
→ Aujourd’hui, il regroupe 310 pharmacies, à Paris et dans plusieurs régions, dont le chiffre d’affaires est en moyenne de 3,6 millions d’euros. Elles développent des services à côté de la délivrance d’ordonnances.
→ Aprium propose un large éventail de services à ses adhérents, comme de la formation via l’Aprium School, et partage des valeurs dont celle « de tout faire pour le bien-être de ses collaborateurs ».
→ Le fonctionnement est multirégional. Chaque région est indépendante. Les dirigeants d’Aprium sont tous pharmaciens.
Le groupe scolaire Saint-Antoine Sainte-Sophie
→ C’est un ensemble scolaire qui va de la 6e au BTS, situé à Bohain-en-Vermandois (Aisne), avec le collège Saint-Antoine et le lycée polyvalent Sainte-Sophie qui propose des bacs professionnels (ASSP, esthétique, cosmétique, parfumerie), technologiques (ST2S) et généraux. « Nous avons aussi ouvert un centre de formation », précise son directeur Charles Cayrel.
→ Il existe depuis 1941. En 1936, des tisserands du Nord font appel à une congrégation religieuse pour s’occuper des personnes âgées. En 1941, les sœurs, qui étaient infirmières et aides-soignantes, créent une institution pour jeunes filles afin de leur donner de l’autonomie grâce à l’enseignement. C’est ainsi qu’a commencé l’aventure.
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