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De la réflexion à la concrétisation

Publié le 1 octobre 2006
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En attendant l’ouverture du débat et de négociations, « Porphyre » a demandé aux représentants des salariés et des employeurs membres du comité de pilotage du CEP d’exprimer leur avis sur les principales préconisations avancées et les suites à leur donner.

Voulu par la Commission paritaire nationale de l’emploi de la branche officinale, ce contrat d’études prospectives devrait être débattu au sein de cette même CPNE, puis donner lieu à des négociations. Or, il y a un problème : le fonctionnement de cette instance paritaire est bloqué depuis début 2006 par une querelle entre syndicats de pharmaciens employeurs. Celle-ci a été déclenchée par la FSPF, le plus important d’entre eux, pour des questions de représentativité.

Roger Halegouet (président de la CPNE, CFE/CGC-chimie)

«On savait, mais maintenant, c’est écrit»

« Tout est coincé par le blocage de la CPNE et, si cela n’avance pas, ce contrat d’études prospectives n’aura servi à rien. Certes, on savait déjà à peu près tout ce qui est dit dans ce CEP, mais maintenant c’est écrit. La montée en responsabilités et en compétences du préparateur ? On y est déjà, et si l’on veut revenir là-dessus, il faudrait plus d’adjoints dans les officines… Tout le monde sait très bien que le préparateur fait à peu près le même travail que l’adjoint. Mais tous deux ont leur place dans la pharmacie. Encore faut-il reconnaître et rémunérer le travail du préparateur à sa juste valeur. La formation du préparateur est à revoir, pourquoi pas avec une troisième année ? Le ministère ne semble pas opposé à un diplôme de santé. Il faut réévaluer le diplôme de préparateur en niveau 3. Pour revaloriser les pharmaciens adjoints, leur ouvrir le capital des officines me semble être une bonne solution. »

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Michel Le Diréach (CFDT santé-sociaux)

« Que la branche s’en saisisse ! »

« La CFDT a été à l’origine de la demande de ce contrat d’études prospectives. Mon plus grand souhait, c’est que la branche officine s’en saisisse. Si ce n’était pas le cas, ce serait un gaspillage des deniers de la branche et des deniers publics. Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce CEP qui peuvent servir de très bonne base d’échanges et de négociations. Bien sûr, le préparateur doit monter en compétences, en responsabilités, et le BP tel qu’il est aujourd’hui est obsolète. Il y a dix ans déjà, il n’a pas été conçu pour rester en niveau 4 : c’est le premier brevet professionnel en niveau de compétences. Il faut une évolution du diplôme vers un niveau 3. Plus largement, et le CEP le pointe clairement, l’officine souffre de niveaux de rémunération trop bas pour l’ensemble de ses salariés. »

Michel Parinet (CFTC santé-sociaux)

«Un très bon outil»

« Pour une fois, il a été fait une enquête exhaustive sur l’officine, qui donne une photographie de la profession et propose des évolutions pour chaque métier au sein de l’officine. Il faut travailler sur ce CEP qui est un très bon outil, une bonne base, et c’est à nous, partenaires sociaux, de nous en saisir. Mais nous ne pouvons pas travailler sans les représentants des employeurs. L’évolution des perspectives de carrière du préparateur et du pharmacien adjoint me paraît essentielle. Il y a énormément de travail à faire : sur la reconnaissance des compétences et des responsabilités des uns et des autres, sur des formations à mettre en place pour permettre à chaque métier d’avoir des possibilités d’évolution au sein de l’officine. »

Jean-Marie Fonteneau (CGT-industries chimiques)

«Nous réclamons avec force l’ouverture de négociations»

« Je suis d’accord avec les préconisations du CEP concernant la montée en responsabilités et en compétences du préparateur. Les suites à donner à ce CEP, terminé depuis six mois, passent par une négociation paritaire qui n’a pas encore pu démarrer : il est scandaleux que les trois organisations patronales prennent en otage les salariés de l’officine pour des problèmes de représentativité qu’ils sont incapables de régler depuis janvier dernier. Nous réclamons avec force l’ouverture de négociations et la fin du blocage du fonctionnement de la CPNE de la branche. La revalorisation du diplôme de préparateur en niveau 3 et des rémunérations des salariés d’officine sont des points clés pour éviter que de nombreux salariés soient encore tentés de quitter l’officine. »

Patrick Le Métayer (FO-pharmacie)

« Tant que la CPNE sera bloquée, on n’avancera pas »

« Compte tenu de la guerre entre les organisations patronales, ce rapport risque de rester à l’état de rapport : tant que la Commission paritaire nationale sera bloquée, ce qui est le cas depuis un an, on n’avancera pas puisque l’exploitation de ce contrat d’études prospectives est une mission dévolue à la CPNE. Par ailleurs, le ministère se préoccupe beaucoup plus du public – de l’hôpital – que de l’officine… Je suis plutôt d’accord avec la plupart des constats et recommandations contenus dans ce CEP : adjoints et préparateurs font le même travail, le contrôle effectif de la délivrance par un pharmacien est un frein à l’autonomie du préparateur et il faut modifier le diplôme de préparateur. Mais pas question, contrairement à ce que propose le CEP, que les petites mains de l’officine aient accès à la qualification de préparateur par validation des acquis de l’expérience. »

Bernard Paul-Martin (CFE/CGC-chimie)

«On ne peut plus continuer comme ça »

« J’espère et je pense que le blocage de la CPNE va se régler en fin d’année pour que nous puissions travailler en 2007 sur les pistes et recommandations de ce contrat d’études prospectives. Même si, pour l’instant en tout cas, on ne voit pas les pharmaciens titulaires réagir à tout cela. À la CFE-CGC, nous ne voyons pas comment il a va être possible de définir précisément les responsabilités de chacun au sein de l’officine. Il va pourtant bien falloir y arriver, parce qu’on ne peut plus continuer comme ça : aujourd’hui, les perspectives de carrière ne sont vraiment pas enthousiasmantes pour les préparateurs et les adjoints. Et à l’heure où l’on constate de la délivrance par du personnel non qualifié, ce qui est très grave, on n’a même pas encore fait évoluer le Code de la santé publique en matière de délivrance par le préparateur sous le contrôle effectif du pharmacien ! »

Philippe Gaertner (président de l’UTIP*, FSPF)

«Pharmaciens et préparateurs ne sont pas interchangeables»

« La qualité du travail du consultant qui a réalisé ce CEP est remarquable. Parmi les sept défis majeurs proposés aux pharmaciens titulaires, tous intéressants, j’en retiens particulièrement trois : le quatrième, car s’appuyer sur une démarche qualité construite c’est quelque chose d’essentiel pour assurer la défense de l’officine ; repenser l’espace officinal, sixième défi, c’est une préoccupation déjà en cours et importante ; enfin, le septième n’est pas le plus facile à relever, mais il est essentiel car il va falloir parvenir à cette double adéquation de retenir les salariés par l’intérêt de leur métier et de meilleurs niveaux de salaire. Du côté des orientations, le doigt a été mis sur une autre adéquation permanente que doit trouver l’officine entre le scientifique et le commercial, depuis la formation initiale jusqu’à la pratique au quotidien. En matière de formation initiale, il faut que chaque diplôme ait des prérogatives très claires. Pour ma part, pharmaciens et préparateurs ne sont pas interchangeables. Il faut la présence d’un pharmacien dans l’officine et que le préparateur se tourne vers lui en allumant le feu rouge : je suis favorable à ce que le préparateur soit bien formé pour allumer ces feux rouges. »

* Union technique interpharmaceutique.

Jean-Claude Baniol (FSPF)

«Créer de nouveaux métiers»

« Ce CEP a été un très gros travail, bien mené et bien géré. La frontière entre l’activité de l’adjoint et du préparateur y est bien redéfinie : la délivrance délicate sera toujours du ressort du pharmacien, le renouvellement simple peut être du fait du préparateur. Pour ce qui concerne la montée en compétences et en responsabilités du préparateur, il faut surtout une valorisation du diplôme par la création de passerelles vers le diplôme de pharmacien. Mais il n’y a, selon moi, pas besoin de trois années d’études pour cela. Par ailleurs, l’accession à la qualification de préparateur par VAE pour certains autres employés d’officine me paraît très intéressante. Autre élément à relever : ce CEP conforte la nécessité de créer de nouveaux métiers à l’officine, comme ceux de secrétaire, de responsable d’automate, de spécialiste en cosmétologie. »

Pierre Harmel (UNPF)

«Un frein du côté de l’Ordre»

« Pour répondre à la très forte demande en perspectives de carrière des préparateurs et des adjoints, l’UNPF va très prochainement proposer une révision de classification qui sera une petite révolution : une évolution basée pour 50 % sur l’ancienneté et 50 % sur l’acquisition de connaissances. Quant à l’évolution du rôle des préparateurs et des adjoints, il faudrait d’abord réformer le Code de la santé publique avant d’envisager quoi que ce soit. Mais attention, il y a un très grand frein du côté de l’Ordre sur certaines évolutions envisagées ! L’élévation du diplôme de préparateur à un niveau 3 ne peut se justifier que s’il y a évolution vers une plus grande autonomie du préparateur, à inscrire dans le Code de la santé publique. Selon nous, la réforme des études de préparateur – sans qu’il soit utile de les porter à trois années – sera plus importante que celle des pharmaciens. » •