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Clef psychocorporelle

Publié le 27 novembre 2019
Par Marianne Maugez
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Préparatrice depuis 7 ans, Dararath a changé de voie pour se former à la socio-esthétique et à la sophrologie afin d’aider les patients à mieux affronter la maladie ou l’âge.

Il suffit de lui demander ce qu’est la socio-esthétique pour que la discrète Dararath s’épanche. « C’est une sorte de médiateur qui apporte un mieux-être aux patients en difficulté à cause d’un changement corporel, en particulier en oncologie ou chez les personnes âgées qui n’acceptent pas le vieillissement. » Pour Dararath, la santé est indissociable du bien-être. « Il faut apprendre à s’accepter malgré le changement. Pour cer tains, cette acceptation passera par une mise en beauté avec un maquillage adapté. Pour d’autres, un massage soulagera les tensions d’un membre endolori. »

Une évolution salvatrice

Du médicament au maquillage et au massage, la carrière de Dararath a pris un virage à 180°. Diplômée en 2012 du CFA de Paris, elle fait ses débuts à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. « Ce qui m’a toujours plu dans notre métier, c’est de travailler avec mes mains, faire des préparations. À la Pitié-Salpêtrière, puis à Robert-Debré, j’aidais à la reconstitution des cytotoxiques pour les poches de chimiothérapie. » Néanmoins, le travail sous isolateur à manchettes à pression positive a des conséquences. « Chaque mouvement est délicat. Cela demande plus de force quand les bras sont emprisonnés dans les manchettes. Mon corps ne le supportait plus. »

Un doux combat

Dararath développe ainsi des troubles musculosquelettiques qui l’obligent à s’arrêter et à s’interroger sur son avenir. « J’ai eu peur de garder des séquelles. C’était une période compliquée, d’un point de vue professionnel et personnel. J’avais besoin de changement dans ma vie », tout en souhaitant rester dans le paramédical. En pianotant sur Internet, elle découvre la socio-esthétique dans une vidéo. « Une jeune femme très souriante se démaquillait. Je me suis rendue compte qu’elle était sous chimiothérapie car elle n’avait plus de cils et portait une perruque. J’ai été impressionnée. Elle véhiculait l’image d’une personne forte et courageuse. J’ai compris que le maquillage pouvait être une arme pour contrecarrer les effets des traitements et libérer les patientes du regard des autres. J’ai décidé de les accompagner dans leur combat. » Dararath prend un poste à la pharmacie Maubeuge (75) puis, avec le Fongecif, s’inscrit en CAP d’esthétique avec mention socio-esthétique à l’école Paris Beauty Academy de Nanterre (92). Elle côtoie les patients lors de stages, « en Ehpad, en centre de rééducation pour enfants et dans une association pour personnes transgenres en situation de précarité. C’est humainement très enrichissant. Il faut savoir prendre du recul car, au début, l’émotionnel peut vous submerger, mais on s’habitue pour accompagner au mieux nos patients ».

Le corps et l’esprit

Socio-esthéticienne depuis janvier 2019, Dararath exerce toujours comme préparatrice au préparatoire de la pharmacie Delpech à Paris, tout en suivant une formation de sophrologue. « Pour créer un lien avec certaines personnes, j’ai besoin de passer par les mots, d’où mon intérêt pour cet te discipline complémentaire à la socio-esthétique. J’ai donc suivi un double cursus. » En fin d’année, Dararath espère décrocher son diplôme de sophrologue et ouvrir son cabinet tout en gardant un mi-temps en officine. « Au début, je ciblerai des associations de patients pour me faire connaître, et je proposerai des soins à domicile ou en Ehpad. »

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Dararath Tan

Âge : 29 ans.

Formation : BP, socio-esthéticienne, formation de sophrologue en cours de validation.

Lieu d’exercice : Paris (75).

Ce qui la motive : le travail manuel.

Si vous étiez une titulaire ?

Je prendrais soin à la fois des patients et de mon équipe. J’appuierais la demande de formation de mes collaborateurs pour qu’ils se sentent valorisés.

Si vous étiez une cliente ?

Je voudrais qu’on soit à mon écoute et qu’on ne se contente pas de lire une ordonnance.

Si vous étiez un médicament ?

Je serais une gélule végétale à l’extrait sec de passiflore