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Cannabis
Quasi absent de l’enseignement, muni d’un statut illicite et d’une réputation mi-ange mi-démon, le cannabis laisse perplexe de nombreux officinaux. Pourtant, ils ont un rôle à jouer, ne serait-ce que celui d’inciter au dialogue.
Le visage affiche une concentration sérieuse, teinté d’un léger flottement dans le regard. « Le cannabis, c’est ce qu’on appelle haschich, c’est ça, non ? », s’interroge Marie-Laure, quadragénaire titulaire d’une officine parisienne. Et de demander à sa stagiaire de 6e année de pharmacie Sophie, 25 ans : « ce n’est pas légalisé à Amsterdam ? », avant de conclure sans ciller : « Le cannabis est une drogue douce par rapport à l’ecstasy et c’est plus facile d’en décrocher par rapport à l’héroïne ». Sur le thème « cannabis », aurait-t-elle gagné à « Questions pour un champion » ? Pas sûr. Seule la détention de moins de 5 grammes et pour un usage personnel, est tolérée aux Pays-Bas. Et un quart des usagers réguliers manifeste des signes pouvant suggérer une potentielle dépendance. Mais cette titulaire n’est pas la seule à méconnaître le cannabis. Il suffit de consulter les résultats du sondage Porphyre réalisé auprès de 515 officinaux. À la question : « Vous estimez-vous suffisamment informés ou formés pour répondre aux questions de vos clients sur le cannabis ? », plus de 80 % disent « Non ». Et se trouveraient bien en peine pour parler de ses effets, de sa dangerosité ou de sa prise en charge si quelqu’un venait à leur poser la question.
Herbe, barrette, marijuana, la confusion. Malgré 1,2 millions de consommateurs réguliers (au moins dix consommations dans les trente derniers jours), la plupart des officinaux méconnaissent le cannabis, cette substance psychoactive illicite classée comme stupéfiant. La première interrogation concerne en premier lieu la substance elle-même. À la question de son fils de 10 ans : « Dis maman, c’est quoi la marijuana ? », Audrey, préparatrice de 36 ans à Cabannes (Bouches-du-Rhône) s’est retrouvée démunie : « je ne savais pas de façon précise si la marijuana était de l’herbe. En fait, je ne sais pas différencier marijuana, cannabis, herbe, barrette. » Même son de cloche chez ceux qui évoquent les effets euphorisants et orexigènes du cannabis. « La consommation chez les ados entraîne une augmentation de l’appétit, mais je ne sais pas si cannabis et shit c’est la même chose », renchérit Lili, préparatrice de 43 ans à Cabannes. Quant aux effets de son usage, les savoirs relèvent de l’auberge espagnole. Un peu d’information via la télévision ou la presse écrite, une pincée d’Internet, le tout saupoudré d’idées préconçues ou personnelles sur la drogue selon son statut de fumeur ou d’ex-fumeur de « joint ». Pour certains, fumer un « pétard » rend accro dès les premières bouffées, ou « lattes » pour les intimes. « Quand on commence, on ne peut plus s’en passer », assène Catherine, 48 ans, préparatrice à Toulouse. Pour d’autres, le doute vient en parlant. « Dès la première prise, l’accoutumance peut arriver… Mais comment se fait-il que des gens fument un joint dans une soirée et ne passent pas forcément à des produits plus forts », se demande Audrey. « Ce n’est pas très bon d’un point de vue neurologique… On peut en devenir dépendant comme pour l’alcool, mais c’est moins néfaste que la cigarette et ça entraîne moins de dégâts à long terme », affirme Gaêtan, 24 ans, préparateur à Paris. Donc, a priori, le cannabis entraîne une dépendance, à mi-chemin entre l’alcool et le tabac, voire « une accoutumance physique et psychologique », pour Lili. « C’est une drogue douce, quand même plus douce que l’alcool », concède Sihame, préparatrice à Paris. Cette jeune femme de 23 ans puise ses connaissances dans sa courte expérience de fumeuse à l’âge de 18 ans, interrompue par un « bad trip » avec vomissements à la clé. La réponse de Valérie, 31 ans, préparatrice à Toulouse est plus nuancée : « Je pense que tout dépend de l’usage. » Quant aux pharmaciens interrogés, c’est surtout chez les jeunes générations en 6e année que l’on trouve des propos plus assurés. « J’en connais les effets recherchés, euphorisants et relaxants et les risques de dépendance, avec quelques notions d’épidémiologie », témoigne Julien, 26 ans, futur pharmacien toulousain. Préparateurs ou pharmaciens, les sondés Porphyre sont près de 70 % à estimer que le cannabis entraîne une dépendance physique et psychique. Et 60 % pensent que le cannabis conduit à consommer des produits plus forts. À tort, puisque d’après l’Inserm et la théorie de l’escalade : « il est impossible de tirer des conclusions valides concernant le rôle potentiel du cannabis dans l’utilisation ultérieure d’opioïdes. »*
Une formation initiale à la traîne. Description botanique de la plante, évocation des effets somatiques et psychiques, Cannabis sativa indica – nom scientifique de la plante – n’est pas inconnu des potards. Le cannabis est évoqué dans les cours de pharmacognosie, voire de toxicologie durant leurs études. Enfin, tout dépend de la faculté de pharmacie. « L’enseignement sur le cannabis est très « faculté-dépendante » », précise le Pr Jean-Paul Belon, vice-président de la Commission pédagogique nationale de pharmacie. À Toulouse, les étudiants de 6e année suivent depuis un an des ateliers sur les substances addictives illicites, héroïne, cocaïne, amphétamines et cannabis. Mais ce n’est pas le cas partout, même s’il est prévu un enseignement d’addictologie dans la future réforme LMD des études pharmaceutiques et médicales. Pour l’instant, si certains pharmaciens ont le privilège d’apprendre un minimum sur les effets de cette plante et les structures de prise en charge pour les usages problématiques, il n’en est rien pour les préparateurs durant leur formation initiale. C’est le cas de Sihame qui a fait son apprentissage à Paris, de Lili, Audrey ou Mila sur Avignon. Pourtant, sur le campus avignonnais, durant quelques années, Florence Hertel, la responsable pédagogique du brevet de préparateur, a fait venir un médecin chargé d’animer une conférence sur les substances psychotropes. Mais, faute de moyens et de temps, la conférence a disparu. Même son de cloche dans d’autres CFA de pharmacie. Saint-Laurent-du-Var, Orléans, Tours, Bourges, Aurillac, aucun d’entre eux n’assurent de cours dédié au cannabis. Ils le déplorent, certains disent y réfléchir pour les prochaines années. Si ce n’est en formation initiale, certains préparateurs sont allés piocher des informations dans des livres ou sur Internet. « Au lycée, j’ai été confronté au cannabis. Des amis fumaient. Je suis réfractaire au cannabis car j’ai vu des élèves forts en classe dégringoler. Alors je me suis renseignée », se souvient Valérie qui a trouvé certaines lectures rébarbatives, peu compréhensives sur les effets. Quand elles ne sont pas troublantes d’équivoque. Le cannabis est tantôt encensé, tantôt diabolisé. Cette simplification rend le message plus flou pour le grand public, comme pour les officinaux.
Simplifier s’avère dangereux. « Le problème avec les drogues en général et le cannabis en particulier est que tout le monde détient une part de vérité. Ceux qui affirment que le cannabis n’est pas trop dangereux ont raison, ceux qui évoquent son lien avec la schizophrénie n’ont pas tort dans un certain nombre de cas », avance Alain Morel, psychiatre, secrétaire de la Fédération française d’addictologie, et directeur médical de Trait d’union, institution spécialisée de soins aux toxicomanes en région parisienne. « Globalement, sur la masse des consommateurs et selon le mode de consommation, ce n’est pas une drogue très dangereuse. Mais chez un certain type de consommateurs et notamment les adolescents et dans un certain type d’usage, le cannabis peut être dangereux », explique le Dr Morel pour qui le message essentiel que doivent retenir les professionnels de santé pourrait se résumer à : « Avant 16-17 ans, fumer du cannabis c’est se mettre en danger sur le plan de sa santé mentale. Et une consommation régulière et abusive aggrave le risque de troubles cognitifs, de déconnexions avec la réalité, voire des problèmes psychiques. » Certes, on est loin du discours actuel qui prône essentiellement la répression avec un risque de marginalisation des fumeurs « à problèmes » et leur éloignement des structures ou des personnes susceptibles de les aider. De la même façon, l’aspect « interdit » du cannabis entretient la méconnaissance des officinaux. « En raison du statut illicite du cannabis, les gens en parlent moins facilement à l’officine », reconnaît Julien, étudiant en pharmacie. « Ce sujet reste tabou pour les gens, même s’ils trouvaient une boulette de shit dans la chambre de leur enfant », renchérit Mila, 25 ans, préparatrice dans les Bouches-du-Rhône. L’interdit légal, Bernard Champanet, titulaire à Albi (Tarn) et impliqué dans l’information sur le cannabis dans son département, en fait un sujet de réflexion avec les jeunes. Il parle du cannabis, mais aussi des règles du jeu. De la même façon qu’il y a un arbitre sur un terrain de rugby, il y a des règles pour le cannabis. « Je tiens un discours non répressif. J’essaie de les faire réfléchir à leur consommation », explique le titulaire. « Grandir, c’est apprendre à dire « non ». Par le jeu, je leur dis d’essayer d’avoir leur avis sur le cannabis. »
Ouvrir le dialogue. Pour Bernard Champanet, le rôle officinal est capital. « Nous sommes le premier lien social. Nous écoutons la détresse sans jamais refuser de prêter l’oreille à certaines personnes en difficulté. Nous n’avons pas le droit de dire que fumer est anodin, mais nous pouvons inciter au dialogue et aux échanges entre parents et enfants. » Cette volonté d’apporter une aide est patente dans le sondage Porphyre, puisque 70 % des sondés aimeraient savoir en priorité comment parler du cannabis avec les gens ou connaître les structures de prise en charge. « Si une personne a des problèmes avec le cannabis, il ne faut pas le laisser dans la nature », estime Gaêtan, préparateur parisien. Cette position officinale n’est pas bien bordée pour qui aurait des velléités de s’en mêler au comptoir. À la différence du tabac, aucun substitut en vue pour le cannabis, ni solution « miracle » toute faite. « J’aimerais savoir ce que nous pouvons faire à l’officine. Je souhaiterais davantage de complémentarité et d’échange avec des addictologues pour mieux aborder la question au comptoir », propose Julien. En premier lieu, éviter de prendre position sur la dangerosité du cannabis. « Le danger serait de vouloir, dans une vision manichéenne, trouver LE danger du cannabis, analyse Jean-Pierre Couteron, président de l’Association nationale des intervenants en toxicomanie (voir entretien), en même temps ce serait complètement irresponsable de dire que fumer du cannabis n’a pas d’impact. » À l’officine, on peut alors inciter les parents qui s’alarmeraient d’une éventuelle consommation de leurs enfants, à ouvrir le dialogue. Et ne jamais minimiser une consommation. On peut également orienter vers des structures adaptées à l’image des consultations « cannabis » mises en place depuis 2005. Si aujourd’hui la question du cannabis se pose à l’officine, c’est bien parce qu’elle se pose avant tout à la société dans laquelle nous vivons. « Nous sommes un des pays européens les plus consommateurs de cannabis », avance Alain Morel. Le « ni banaliser, ni diaboliser » reste plus que jamais d’actualité. •
* International Conference on cannabis, 2002.
Source des encadrés : « Drogues, chiffres clé », OFDT 2007.
Avant de punir, il faut éduquer
La consommation de cannabis chez les jeunes suscitent de nombreuses interrogations. Réponses de Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, responsable de la consultation spécialisée en addictologie du CEDAT à Mantes-la-Jolie et Président de l’Association nationale des intervenants en toxicomanie (ANIT).
Pourquoi la consommation de cannabis est-elle aussi répandue ?
• Est-ce la consommation de cannabis qui est répandue, ou bien notre société qui est de plus en plus addictive ? Globalement, notre société favorise les comportements addictifs, et certains produits plus que d’autres répondent à ces attentes. Le cannabis par son côté « convivial », « tout-terrain », par sa facilité d’usage et d’achat, avait un créneau à occuper !
Le cannabis serait-il la drogue des ados ?
• Le rajeunissement de la prise d’autonomie dans nos sociétés (conduite auto accompagnée, sexualité…) me paraît être une remarque plus juste . Cette tendance profonde s’applique aussi au recours et à la prise de produits. Dont le cannabis.
Pourquoi les jeunes débutent si tôt l’expérimentation du cannabis, vont-ils « mal » ?
• La consommation n’est plus rattachée au fait d’aller mal. Les adolescents sont comme les adultes, ils vont vers des produits que la société propose pour aménager leurs rapports au monde, au plaisir, à la fatigue, à l’ennui.
Quelle est la « dangerosité » du cannabis?
• Il n’y a pas de notion « évidente » de dangerosité. Chacun a sa définition du danger : pour certains, c’est le danger social qui prime, pour d’autres c’est le sanitaire ou le psychique. Si l’on est honnête, on doit évaluer la dangerosité du cannabis sous tous ses aspects, sanitaires et sociaux. Quant à la notion de « danger » pour les jeunes, il est plus « dangereux » pour un adolescent de perdre la face dans une soirée que de perdre quelques années de vie entre 65 et 70 ans.
Quels seraient les « dangers » du cannabis alors ?
• Outre les effets psychiatriques réels, le cannabis a des dangers indirects dus aux troubles de la mémoire, de l’attention et de la concentration. Si j’apprends le cours en ayant fumé, la mémoire n’est pas la même, si je conduis en ayant fumé, les réflexes ne sont pas les mêmes, si je discute ou je gère une situation sociale en ayant fumé, la gestion des inhibitions n’est pas la même.
Est-ce que le cannabis entraîne des conduites sexuelles « à risque » ?
• On surestime parfois le danger « passage à l’acte » qui, je pense, est égal, voire inférieur à celui de l’alcool. Le cannabis peut éviter la confrontation sexuelle « maturante » et « éduquante », et ça, ce n’est pas grandir.
Quelle est la vulnérabilité de l’adolescent vis-à-vis du cannabis ?
• L’adolescent est encore fragile sur un plan somatique : c’est la fin de la croissance, la mise en place des caractères sexuels… Les contradictions sociales de la position du pré-adolescent sont une source de tension. Les adolescents ont une double vie, entre l’image qu’ils continuent de donner à leurs parents et celle qu’ils montrent à leurs copains. Tout déséquilibre n’est pas forcément anxiogène, mais pourrait l’être. Puis à l’adolescence, viennent aussi tous les questionnements identitaires. Enfin, les moyens de contrôler l’expérience ne sont pas les mêmes chez un adolescent et chez un adulte. Laisser s’installer un usage chez un adolescent, voire un enfant, est une vraie prise de risque parce que la capacité à relativiser et à prendre le contrôle n’est pas la même.
Pourquoi le cannabis serait nuisible au moment de l’adolescence ?
• Parce qu’au lieu de faire ce travail de maturation, au lieu de répondre aux questions identitaires, aux questions sociales, et assumer telle ou telle discordance physique, l’ado va utiliser un produit qui soulage, mais ne solutionne pas. Il peut aussi piquer de l’argent pour s’en procurer…
Est-ce que c’est différent pour les adultes ?
• Sauf cas particuliers, un adulte de 40 ans qui fume a plus de moyens de garder le cannabis dans des zones non dangereuses.
Mais ce n’est pas parce qu’on a plus de moyens que l’on réussit à tous les coups. Plus on aura de consommateurs jeunes, plus on trouvera des adultes dans un usage problématique, comme avec l’alcool.
Comment réagir face à des adolescents qui veulent transgresser ou faire leur propre expérience ?
• Je relativise cette histoire de transgression. Le cannabis peut diminuer les tensions ressenties. Le boulot d’adulte est d’en respecter la dimension « solution », de ne pas tout de suite voir un drame absolu, mais en même temps, d’empêcher que cette solution ne se fige. Il ne faut pas avoir peur de dire à l’adolescent que c’est une fausse solution. C’est une chose de dire « t’es complètement fou, t’es un toxico », ç’en est une autre de dire « continue, fume, ça te passera ». Il faut plutôt l’aider petit à petit à abandonner cette solution.
Il faut être un super parent pour faire ça ?
• Pas forcément. Le rôle du parent est de témoigner son inquiétude et de dire que l’on tient à lui. On peut limiter un comportement en le partageant avec beaucoup de personnes. Si vous êtes un ado fumeur de joint et que vous avez des adultes qui paniquent dès que vous parlez de cannabis, vous en parlerez seulement avec les copains fumeurs et vous n’aurez que des encouragements à fumer. Il faut alors permettre à un adolescent de rencontrer des personnes neutres qui, sans l’encourager, vont lui permettre d’en parler de façon ouverte, de partager que « peut-être ce n’est pas bien, mais en attendant, ça me soulage ». Et l’aider à trouver d’autres moyens pour se soulager. Bien évidemment, les parents ne peuvent pas tout faire. Leur rôle sera surtout d’aider l’adolescent à rencontrer d’autres interlocuteurs, dont un professionnel… Ne pas croire que c’est à eux de tout faire.
Comment gérer au comptoir l’inquiétude des parents face au cannabis ?
• On peut d’abord valider cette inquiètude : c’est une question légitime qu’ils se posent, quoi qu’on pense du produit. Prendre un produit pour un adolescent n’est pas complètement naturel. Questionner sur les consommations d’un adolescent est un acte légitime dans le rapport éducatif. Plus on tiendra ce rôle, moins on s’enfermera dans un rôle de méchant punisseur. Le travail de l’adulte est d’accompagner la prise d’autonomie de l’adolescent par un questionnement et un dialogue éducatif. Je pense qu’un des grands dangers de notre époque, c’est de tout confier à la loi, à la punition, à la sanction publique et de croire qu’elle nous distanciera de cette bagarre au quotidien avec l’accompagnement éducatif. On doit arrêter de surdramatiser les problèmes et se donner les moyens de les anticiper dans un accompagnement éducatif.
Vers qui orienter les parents qui viennent parler de leur inquiétude à l’officine ?
• L’adulte a besoin d’être rassuré, même ses questions les plus louches sont légitimes. Ce n’est pas facile de savoir que penser du produit cannabis et de son adolescent consommant ce produit. On se dit parfois que seul on n’arrivera pas à faire un bon bilan : « Quand il prend son scooter, j’arrive à savoir s’il le fait intelligemment ou pas, quand il fume, je n’y arrive pas. Parce que je n’ai pas la même expérience, j’ai moins de critères pour évaluer. » On ne sait pas spontanément jusqu’où c’est bien ou non, et s’il y a du danger. Il existe des lieux où des professionnels sont au fait de ces interrogations. Ces personnes qui travaillent dans les« consultations jeunes usagers et cannabis alcool » chez les adolescents sont censées avoir un peu plus réfléchi à ces questions-là et cela vaut le coup d’aller les voir.
Faut-il informer les jeunes sur le cannabis avant qu’ils ne consomment ?
• Avant, je crois qu’il faut sensibiliser, réfléchir sur la société addictive. C’est une erreur de se contenter de punir. Avant de punir il faut éduquer, ce qui est très différent. Il ne s’agit pas d’empêcher d’avoir un ordinateur, mais de les éduquer pour savoir comment on fait et comment s’arrêter. La société ne favorise ni l’arrêt, ni le temps libre.
De tout temps, n’a-t-on pas cherché des substances pour sortir de la réalité ?
• Oui, mais la société n’a pas été de tout temps addictive ! Aujourd’hui, l’individu prime sur le collectif. Moins vous êtes lié à l’autre, plus vous êtes confronté tout seul à vos pulsions et à vos besoins. •
Fiche d’identité
• Nom : Cannabis sativa.
• Famille : Cannabinacées (comme le houblon).
• Deux variétés : Cannabis sativa sativa (variété textile utilisée pour la confection) et Cannabis sativa indica (variété à résine ou chanvre indien utilisée en tant que drogue).
• Principe actif responsable des effets psychoactifs : le delta-9-transtétrahydrocannabinol (î9-THC) ou THC.
Formes de consommation
• Herbe ou marijuana (Ganja , Beuh, Marie-Jeanne…) : mélange séché de sommités fleuries avec ou sans feuilles, tiges et graines.
• Résine de cannabis ou haschich (H , Shit , Chichon , Teuchi …) : sommités florales tamisées ou séchées, conditionnées en barrette, savonnette…
• Huile de cannabis (rare mais très riche en THC) : extrait liquide brun vert à noirâtre.
Utilisation du cannabis
• Il est fumé le plus souvent : mélangé à du tabac dans une cigarette ou « joint » (bedos, pèt, oinj…), pur ou mélangé dans une pipe (bang).
• Il peut être consommé : mangé sous forme de gâteau (space-cake), ou bu en infusion (dans de l’eau ou du lait).
Teneur en THC
Variable (zones et modes de production, parties de plante, conservation) : résines, 7 à 12 % ; herbe, 6 à 14 %.
Pharmacocinétique
• Absorption dans le sang : 15 à 50 % du THC présent dans la fumée .
• Pic : 7 à 10 min après le début de l’inhalation.
• Tissus de fixation : tissus riches en lipides (cerveau +++).
• Durée de l’action psychotrope : 45 min à 2 h 30 après une prise unique.
• Élimination : dégradation par le foie, puis élimination par les urines (15 à 30 %), les selles et la sueur.
Dépistage
• Urines : quelques jours après la dernière prise chez un « petit » consommateur et deux à trois mois chez un « gros » consommateur.
• Sang : témoin d’une consommation récente.
• Salive : le THC est présent durant 2 à 10 heures (variable selon les quantités fumées).
• Cheveux : on peut y déceler une utilisation chronique.
Nombre de consommateurs
• 3,9 millions d’usagers dans l’année.
• 1,2 millions d’usagers réguliers : 10 prises au cours des 30 derniers jours.
• 550 000 usagers quotidiens.
Le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus consommée et celle dont l’expérimentation est la plus précoce (15 ans en moyenne). Sur 46 millions de français de 12 à 75 ans, 12,4 millions auraient utilisé le cannabis une fois au cours de leur vie.
Profil des consommateurs
• 10,8 % des jeunes de 17 ans sont des fumeurs réguliers (versus 2,3 % des 18-75 ans).
• En 2005 : 12,8 % des expérimentateurs ont fumé leur premier joint au plus tard à 13 ans, 58,4 % à 15 ans et 90,3 % à 17 ans.
• En Europe, les adolescents français sont les premiers consommateurs de cannabis au cours du mois (suivis par les Suisses, Anglais et Tchèques).
Coût de la consommation
• 50 à 150 euros par mois (y compris le coût du tabac) : variable selon l’usage.
• 1 g de résine = 4 euros ; 1 g d’herbe = 5,4 euros.
Autoculture
Plus l’usage est fréquent, plus le recours y est important. 200 000 usagers sont concernés ; 12 % chez les consommateurs réguliers ; 17 % chez les consommateurs quotidiens ; 9 % des consommateurs de 17 ans.
La loi interdit le cannabis
Le cannabis est classé comme « stupéfiant », y compris pendant la période de culture. La législation française en matière d’usage de stupéfiants est l’une des plus répressives en Europe. Elle sanctionne la production, la détention, la vente et l’usage de stupéfiants.
• Amende et peine de prison (délit d’usage : peine maximale d’un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende).
• Injonction thérapeutique (obligation de soins).
• « Stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants »* :
– pour induire une prise de conscience sur les risques sanitaires et sociaux liés à l’usage pour des usagers peu ou pas encore dépendant et échappant au dispositif d’obligations de soins ;
– à la charge du condamné (450 euros maximum) ;
– à effectuer dans les six mois suivant la condamnation.
• Délit de conduite sous l’emprise de stupéfiant : peine pouvant aller à 2 ans de prison et 4 500 euros d’amende (loi du 3 février 2003). Objectif : le stage est et doit être.
Où s’adresser pour la prise en charge?
• Consultation « cannabis », Points accueil écoute jeune (PAEJ)*, CMPP et CMP** : sur le site de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) , rubrique « Dossier cannabis », « Adresses pour les jeunes consommateurs et leur famille des consultations cannabis et autres substances psychoactives ».
• Aide par téléphone : Écoute Cannabis : 0 811 91 20 20, de 8 à 20 heures, sept jours sur sept, confidentiel. Drogues Info Service : 0 800 23 13 13, de 8 à 2 heures du matin (gratuit d’un poste fixe ; prix d’une communication au 01 70 23 13 13 avec un portable). Fil santé jeunes : 0 800 235 236, de 8 à 24 heures () dédié aux problèmes de santé physique, psychique et social des adolescents.
Comment s’informer ?
• Ordre national des pharmaciens : – Rubrique « documents de référence » et « Fiche techniques du Cespharm » (Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) « Le cannabis » (janvier 2006).
• Observatoire français des drogues et des toxicomanies : – L’OFDT est un organisme public chargé du recueil, de l’analyse et de la synthèse des données relatives aux drogues illicites, à l’alcool et au tabac en France. Sur la page d’accueil, sélectionner « cannabis » pour consulter la totalité des documents validés sur le cannabis. Dans « Nos publications » : documents récents sur les usages de cannabis et les consommations, notamment le rapport 2007 « Cannabis, données essentielles », et « Drogues, chiffres clés », 2007. •
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