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Bientôt la pilule sans ordonnance ?
Le Collectif de Pharmaciens souhaite l’accès à certaines pilules sans ordonnance et demande une modification des règles d’exonération du lévonorgestrel. Les gynécologues n’y semblent plus opposés.
D’où vient cette initiative ?
En avril 2017, Le Collectif de Pharmaciens (voir repères), le Planning familial, des journalistes, féministes et professionnels de santé lançaient « Libérez ma pilule », une lettre ouverte assortie d’une pétition demandant aux laboratoires pharmaceutiques le dépôt d’un dossier d’AMM pour une pilule progestative sans ordonnance. En l’absence d’effet, Le Collectif de Pharmaciens revient à la charge en 2018. Il adresse un tweet à la ministre de la Santé le 3 juillet et propose un projet de modification de l’arrêté du 22 février 1990 portant exonération à la réglementation des substances vénéneuses destinées à la médecine humaine. En changeant un mot, par simple arrêté ministériel modificatif, l’accès sans ordonnance aux pilules progestatives à base de lévonorgestrel serait autorisé.
Pourquoi ?
L’objectif reste le même : faciliter davantage l’accès à la contraception. « C’est une demande exprimée par de nombreuses femmes depuis longtemps, il est temps d’y répondre, de reconnaître et d’encourager l’autonomie des femmes qui le souhaitent en ne leur imposant plus un passage systématique chez le médecin », précise Clara de Bort, féministe engagée dans l’initiative « Libérez ma pilule ».
Quelles sont les pilules visées ?
La demande de la tribune « Libérez ma pilule » portait uniquement sur les pilules progestatives qui ont « un profil de risque très bien connu et maîtrisé » et dont « les contreindications peuvent être identifiées facilement à l’aide d’un questionnaire ». Elles ne présentent pas le risque d’effets indésirables graves, notamment thromboemboliques, des œstroprogestatives. La modification de l’arrêté du 22 février 1990 ciblerait les seules pilules progestatives contenant du lévonorgestrel, soit Microval, seule commercialisée.
Que dit la réglementation actuelle ?
« La France autorise l’accès à la contraception d’urgence sans ordonnance, comment justifier la nécessité d’une ordonnance pour avoir accès à la même molécule à une dose 50 fois moins forte, à savoir la pilule progestative contraceptive ? », interroge Clara de Bort.
L’arrêté du 22 février 1990 autorise l’accès sans ordonnance au lévonorgestrel sous 3 conditions : maximum 1,5 mg de lévonorgestrel par unité de prise et par boîte, et durée de traitement maximale d’un jour.
Conditions remplies pour la contraception d’urgence au lévonorgestrel (1,5 mg en prise unique). Pour Microval, dosée à 0,03 mg soit 0,84 mg de lévonorgestrel par boîte d’une plaquette de 28, seule la troisième condition bloque l’accès sans ordonnance. D’où la proposition du Collectif de changer le mot « jour » par « mois » pour autoriser l’accès sans ordonnance à un traitement contraceptif d’un mois.
Qu’en pensent les gynécologues ?
En 2017,« Libérez ma pilule » ne remportait pas l’adhésion des gynécologues. Le Pr Philippe Deruelle, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), arguant la prise contraignante des pilules progestatives et le risque de saignements inquiétants, jugeait « qu’une consultation sur un bout de comptoir, ce n’est pas sérieux ». Idem pour la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), pour laquelle il semblait « impensable qu’une jeune femme puisse exposer toutes ses interrogations au sujet des effets indésirables ou encore de la sexualité derrière le comptoir d’une pharmacie ». En 2018, la position de la FNCGM ne change pas mais celle du CNGOF prend un virage : « Nous n’y sommes pas opposés, on ne peut pas dire à la fois que les microprogestatifs sont sans risque et refuser leur diffusion simplifiée. En revanche, la délivrance doit s’accompagner d’explications claires sans quoi il y aura un regain de grossesses non souhaitées », déclare son président, le Pr Israël Nisand.
Et les pharmaciens ?
« Si l’avis des médecins est positif, l’officine doit répondre favorablement et ne peut que s’inscrire dans cette logique afin de faciliter l’accès à la contraception », réagit Philippe Gaertner, président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF). « À condition de bien préciser l’élément majeur qu’est la régularité des prises pour ces produits ».
La balle est désormais dans le camp du ministère des Solidarités et de la Santé.
NOS EXPERTS INTERROGÉS
→ Clara de Bort, féministe, spécialiste des droits des femmes et des droits des patients.
→ Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
→ La Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM).
→ Philippe Gaertner, président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF).
Repères
→ 2016 : Le Collectif de Pharmaciens, comprenant des dizaines de pharmaciens (titulaires, adjoints, d’industrie) et d’étudiants, se constitue via les réseaux sociaux pour s’opposer à la clause de conscience des pharmaciens et élabore « 10 propositions concrètes », parmi lesquelles la pilule sans ordonnance.
→ 2017 : Le Collectif « Libérez ma pilule » (http://liberezmapilule.com) demande aux laboratoires un dépôt d’AMM pour une pilule progestative sans ordonnance.
→ 2018 : Le Collectif de Pharmaciens demande à Agnès Buzyn de modifier l’arrêté portant exonération à la réglementation du lévonorgestrel (twitter.com).
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