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Bien vieillir, c’est la santé

Publié le 29 mars 2014
Par Véronique Hunsinger
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Les personnes âgées sont aujourd’hui au cœur de toutes les attentions. Optimiser les parcours de soins de celles en risque de perte d’autonomie (Paerpa) et favoriser le « bien vieillir » sont les objectifs du gouvernement. Les préparateurs connaissent bien leurs patients âgés. Leur rôle peut s’avérer essentiel dans le repérage des fragilités.

« La vie commence à soixante ans » titrait récemment Le Nouvel Observateur, qui mettait à sa une Fanny Ardant, splendide. Canal + a relancé son Grand Journal fin 2013 avec Antoine de?Caunes, un jeune homme de 60 ans. La ministre en charge des Personnes âgées, Michèle Delaunay, 67 ans, aime à le répéter : « Le temps de la vieillesse dure aussi longtemps qu’ont duré les vies de Mozart et de Schubert. » Selon les données publiées en janvier 2014 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’espérance de vie à la naissance est aujourd’hui de 85 ans pour les femmes, soit 2,1 ans de plus en dix ans, et de 78,7 ans pour les hommes, soit 2,9 ans de plus en dix ans. Dans le même temps, les réformes des retraites ont fait reculer l’entrée dans la vieillesse. À l’âge de 60 ans, les femmes peuvent encore espérer vivre 27,3 ans et les hommes 22,7 ans. Tous vieilliront différemment. Certains connaîtront « seulement » les effets du vieillissement ; d’autres seront malades et, à la faveur d’événements de santé ou de la vie, pourront entrer dans la dépendance. Dépister la fragilité de certains aînés est essentiel. Anticiper et accompagner la perte d’autonomie est d’ailleurs l’objectif du projet de loi d’orientation et de programmation pour l’adaptation de la société au vieillissement actuellement en préparation. Une compétence potentielle pour l’officinal…

L’âge des vieux

Alors que l’OMS définit la vieillesse comme débutant à partir de 65 ans et plus, vous êtes une large majorité à penser qu’elle ne commence qu’à partir de 70 ans (40 %), voire 75 ans (38 %) selon notre enquête (voir sondage p. 22). Les représentations du vieillissement se modifient. « Dans les pays industrialisés, la définition d’une personne âgée, c’est à partir de 75 ans, mais aussi à partir de 65 ans dans le cas où elle souffre de plusieurs pathologies, explique Marie-Claude Guelfi, pharmacienne, chef de service du groupe hospitalier Sainte-Périne (Paris) et membre de la Société de gérontologie d’île-de-France. C’est notamment la définition que retient la Haute Autorité de santé depuis 2005. » Le vieillissement est marqué par une représentation sociale encore trop souvent négative. Il est aujourd’hui antinomique des valeurs attribuées par les sociétés modernes à la jeunesse et fortement valorisées : action, beauté, utilité dans la sphère productive, etc. Alors que l’espérance de vie progresse de façon spectaculaire, et en particulier l’espérance de vie en bonne santé, vous êtes très partagés sur la façon d’envisager votre propre vieillissement. Parmi les préparateurs interrogés, un sur sept préfère ne pas y penser, et le reste se partage entre « c’est une chance de vivre aujourd’hui plus longtemps et en meilleure santé » et « une source d’angoisse quand on voit la progression de la maladie d’Alzheimer et de la dépendance ». La dépendance et la perte des facultés cognitives alimentent la peur de vieillir dans une société qui, comme le souligne le Docteur Jean-Pierre Aquino, « dans une vision négative de la vieillesse, nous propose un cortège d’images décrivant la maladie, la dépendance, la solitude, la régression ».(1)

Le vieillissement réussi

Depuis 2005, un programme national « bien vieillir » a pour objectif d’inciter les seniors à adopter des attitudes positives pour un vieillissement en bonne santé. Ces attitudes reposent sur trois considérations : l’apparition ou l’aggravation des incapacités fonctionnelles, la perte d’autonomie et le risque de désocialisation. Le Plan national « Bien vieillir » 2007-2009 s’est adressé aux personnes âgées de 50 à 70 ans en favorisant les stratégies de prévention des complications des maladies chroniques. Il propose des conduites du « bien vieillir » qui englobent la nutrition, l’exercice physique et le lien social. Une alimentation équilibrée et un poids conservé favorisent un meilleur état de santé et une qualité de vie supérieure. De même que la pratique régulière d’activités physiques, qui agit aussi au niveau des relations sociales par la fréquentation des clubs et des associations. La conservation d’une vie sociale riche et des liens intergénérationnels, ainsi que la lutte contre l’isolement, sont aussi présentées comme des « clés du bien vieillir » dans le plan national. « La participation à une activité sociale diminue la probabilité d’intégrer une institution, alors que l’isolement en augmente le risque », rappelle Jean-Pierre Aquino. En cas d’isolement et/ou de difficultés à se déplacer, l’intervention des services d’aide à domicile peut être demandée. Ces services peuvent être partiellement financés par certaines caisses de retraite, d’assurance maladie ou mutuelles, pour des personnes âgées non dépendantes.

Acteur du lien social

À la pharmacie du Gard où travaille Sandra Sibel, préparatrice, jusqu’à deux heures par jour sont consacrées à la dispensation à domicile. Les préparateurs se relaient pour aller aux domiciles situés parfois dans un rayon de 10 km autour de l’officine car les aides ménagères n’ont pas toujours le temps de se déplacer. « Au début, ce sont souvent les médecins qui nous le demandaient après avoir fait une visite, raconte Sandra. Maintenant, les personnes âgées se sont passées le mot qu’on pouvait leur livrer les médicaments. Il y a donc de plus en plus de demandes. En général, quelqu’un passe le matin récupérer les ordonnances puis on fait une tournée dans l’après-midi avec les médicaments ». Souvent, chez le patient, le préparateur découvre un empilement de médicaments sur le buffet de la cuisine. « Les patients âgés ont tendance à acheter très scrupuleusement tout ce qui leur est prescrit et entassent. D’autant qu’étant souvent en ALD, ils n’ont rien à débourser, note Marie-Claude Guelfi. Idéalement, il faudrait les aider à faire le ménage et surtout alerter le prescripteur sur ce qui n’est pas pris. »

Dans les Bouches-du-Rhône, Myriam Cerda se rend également souvent au domicile des patients âgés car elle a fait plusieurs formations sur le matériel médical et gère ce type de commandes à l’officine. Lits, fauteuils coquilles, dispositifs médicaux lourds en général, la préparatrice expérimentée accompagne le livreur chez le patient. « La semaine dernière, nous avons livré un fauteuil coquille à une dame de 100 ans, raconte-t-elle. C’est une personne qui a un sacré caractère et je pense que si je n’avais pas été là, le livreur serait reparti avec son fauteuil. J’ai réussi à le lui faire adopter parce que je la connais ainsi que sa famille depuis longtemps ». Quand la relation de confiance est ancienne avec l’officine, le patient s’exprime naturellement plus facilement. « Le réseau officinal est un lien inestimable pour les patients, avance Marie-Claude Guelfi. Les préparateurs ne doivent pas hésiter pas à faire parler les personnes de leurs difficultés pour les aider à trouver des solutions. Et cela ne concerne pas uniquement le médicament. Je pense aux problèmes d’incontinence urinaire. Le patient doit se sentir en confiance pour en parler. Certains n’osent pas toujours. Il y a aussi des petits détails qui peuvent avoir de l’importance pour les personnes âgées. Par exemple, quand le médecin leur demande de prendre leur température, les thermomètres électroniques ne sont pas toujours adaptés car il faut qu’elles puissent entendre le “bip bip” ! C’est aussi à ce genre de petites choses qu’il faut penser ».

Du bon usage du médicament

La polymédication est souvent justifiée par l’association de pathologies chez certaines personnes âgées. Le risque d’iatrogénie augmente avec le nombre de médicaments prescrits. En France, 20 % des hospitalisations des personnes âgées sont liés aux médicaments, surtout aux traitements cardio-vasculaires et aux psychotropes. « Il y a des personnes qui dissimulent très bien leur âge, il faut néanmoins toujours le prendre en compte », souligne Marie-Claude Guelfi, qui coordonne aussi le diplôme universitaire de gérontologie et pharmacie clinique à Paris V. Le vieillissement est malheureusement quelque chose de physiologique qui touche tout le monde. On perd notamment du muscle au profit de la masse grasse. Plusieurs organes ne vieillissent pas très bien : le rein, le cerveau et les récepteurs qui régulent notre pression artérielle. Tout ceci a des conséquences sur la prise de médicaments. » Pour les interactions majeures entre les traitements, les logiciels de l’officine et le dossier pharmaceutique jouent très bien leur rôle. Les préparateurs ont conscience de leur rôle particulier auprès des personnes âgées. « Je fais très attention avec le paracétamol, explique Sandra Sibel, qui exerce depuis 1987. Beaucoup de personnes âgées pensent que c’est sans danger car c’est sans ordonnance, mais elles ne savent pas toujours que certains antidouleurs en contiennent également. »

Inciter à parler

Savoir gérer correctement ses médicaments est considéré par les gériatres comme un très bon indicateur du niveau d’autonomie d’une personne âgée, au même titre que faire ses comptes ou prendre les transports en commun. Autant dire que les préparateurs sont en première ligne pour repérer leurs problèmes quand elles se présentent au comptoir. Avec un rôle non négligeable à jouer, car la difficulté de la dispensation de l’ordonnance chez les personnes âgées est aussi de devancer les questions. « Les personnes âgées ont tendance à minimiser leurs réactions par rapport aux médicaments. Elles n’osent pas toujours en parler au médecin prescripteur, peut être parfois par peur de lui donner l’impression de le critiquer, avance Marie-Claude Guelfi. C’est très important que les préparateurs mettent en garde les personnes âgées en leur conseillant de toujours signaler un effet anormal d’un nouveau traitement et de ne pas le mettre uniquement sur le compte de l’âge. » Il reste qu’il est plus facile d’être à l’écoute du patient âgé dans les pharmacies des zones rurales, où les conditions de travail sont bonnes. « C’est vrai que je suis beaucoup plus attentive avec les personnes âgées, qui sont relativement nombreuses dans ma commune, explique Myriam Cerda, qui travaille dans un gros village de 6 000 habitants dans les Bouches-du-Rhône. Je passe notamment beaucoup plus de temps à expliquer l’ordonnance, mais aussi à prendre des nouvelles ». être attentif à ses clients âgés peut permettre de freiner la pente douce vers la situation critique. Une ancienne collègue de Myriam, pharmacienne, témoigne : « C’est en m’occupant d’une rougeur récente apparue au niveau du coccyx chez un monsieur âgé que j’ai sollicité l’avis de Myriam. Elle m’a appris qu’il venait de perdre sa femme et son chien, et lui qui aimait tant se promener restait désormais assis toute la journée, seul. D’où un début d’escarre. L’ex-adjointe poursuit : « Myriam s’est démenée. Elle lui a trouvé un chien et l’a incité à manger avec d’autres personnes à la maison de retraite. Petit à petit, il a remonté la pente. J’ai compris l’importance d’être vigilant sur la vie quotidienne des plus âgés. »

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Le risque des génériques

La principale difficulté vis-à-vis des médicaments est, sans surprise, liée aux génériques. « Les personnes âgées s’en plaignent beaucoup, confirme Marie-Claude Guelfi. On peut les comprendre car ce sont elles qui en prennent le plus. Pour un traitement chronique, changer à chaque fois de marque n’est pas évident et les risques de confusion sont réels. » Lors de la délivrance de génériques, dans toutes les officines, le pharmacien ou le préparateur note le nom du princeps sur la boîte de génériques ou au moins propose de le faire. « Certains patients âgés qui prennent le même médicament pour un traitement chronique depuis vingt ans s’en sortent très bien avec les génériques et nous disent que ce n’est pas la peine de marquer le nom sur la boîte », nuance cependant Boris Deguirard, préparateur de Clermont-Ferrand (63). « Dans notre pharmacie, pour les génériques, nous mettons toujours le nom du médicament de marque et la posologie, raconte Marielle Palluet, préparatrice dans la Loire (42). Mais quand on se rend compte que le patient ne commence à plus savoir si c’est le matin ou l’après-midi qu’elle doit le prendre, on en parle généralement au médecin ». Entre la difficulté à jongler entre les marques de génériques et le début de confusion dans la gestion de ses médicaments, le préparateur est souvent bien placé pour tirer la sonnette d’alarme. A fortiori quand il se rend au domicile pour livrer les médicaments lorsque la personne est isolée et ne peut plus se déplacer. Ce service de dépannage semble de plus en plus fréquent.

Au cœur du parcours de soins

Aujourd’hui, le chef d’orchestre de la prise en charge des patients âgés à domicile reste le médecin traitant. Selon une récente enquête du ministère de la Santé, chaque généraliste a dans sa patientèle en moyenne vingt et une personnes âgées dépendantes. À l’avenir, la prise en charge de ces patients devrait être plus interprofessionnelle et même intégrer l’officine. Dès cette année, les parcours de soins des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (Paerpa) vont être expérimentés dans neuf régions françaises. Ce sont 230 000 personnes de plus de 75 ans qui sont potentiellement concernées. « La coordination clinique de proximité reposera sur un plan personnalisé de santé (PPS), explique Thomas Fatome, directeur de la Sécurité sociale. Il sera déclenché par le médecin traitant et devra permettre de poser un diagnostic, mais il repose sur toute une équipe. » Ce PPS sera rémunéré 100 € par patient, à partager entre le médecin et l’infirmière ou entre le médecin, l’infirmière et le pharmacien. « De nombreuses études montrent l’importance du sujet de la polymédication du sujet âgé et des hospitalisations dues à l’iatrogénie ou aux difficultés d’observance, note Thomas Fatome. Il est clair que le rôle du pharmacien en interface avec le prescripteur est majeur. Il a notamment vocation à être impliqué dans l’éducation thérapeutique ». Les agences régionales de santé (ARS) qui vont mettre en place ces Paerpa comptent s’appuyer sur les pharmacies. « En particulier dans les zones rurales, le meilleur maillage sanitaire reste les pharmacies d’officine, souligne Marie-Sophie Desaulle, directrice générale de l’ARS Pays de la Loire. Souvent le premier contact de la personne âgée, et le plus facile, est la pharmacie qui peut avoir un rôle dans le repérage, le signalement et le suivi des personnes âgées fragiles ». Le récent rapport du Pr Philippe Verger remis à la ministre des Personnes âgées avait souligné que l’iatrogénie est responsable de plus de 10 % des hospitalisations des plus de 65 ans et de 20 % chez les plus de 80 ans. Dans les années à venir, les préparateurs vont être de plus en plus confrontés aux patients âgés en raison du vieillissement de la population, mais aussi du recours à l’institution beaucoup plus tardif qu’autrefois. La pharmacie de Boris Deguirard est située à côté d’un foyer logement pour personnes âgées. « C’est beaucoup plus agréable qu’un Ehpad, les gens y font leur vie », note-t-il. « Je crois que les personnes âgées sont mieux chez elles, tant que c’est possible, que dans des maisons de retraite », juge aussi Myriam Cerda.

(1) Aquino Jean-Pierre, Le vieillissement : d’un modèle « défectologique » à un modèle « ontogénique », Gérontologie et société, 2007/4 n° 123. Le Docteur Aquino est gériatre, président du comité de pilotage du Plan national « Bien vieillir ».

Qui sont les plus de 75 ans ?

→ Ils sont 5,6 millions.

→ Ils représentent 9,1 % de la population française ; 11 % dès 2025 ; 16 % en 2050.

→ 7 molécules différentes leur sont délivrées en moyenne trois fois par an en moyenne.

→ 57 % d’entre eux sont en ALD.

→ 29 % souffrent d’au moins une pathologie cardio-vasculaire

→ 33 % ont été hospitalisés au moins une fois en 2010, pour douze jours en moyenne

→ 85 % d’entre eux ont au moins une pathologie.

(Sources : direction de la Sécurité sociale, Insee).

Max P., 80 ans et Gisèle P., 76 ans, mariés depuis 60 ans. Anciens agriculteurs de Caumont-sur-Durance (Vaucluse). Vivent entre Chamonix (Haute-Savoie) et Menton (Alpes-Maritimes). Max prend Inexium et Atacand et Gisèle, Lévothyrox et Coveram (périndopril/amlodipine).

tranche de vie

“En 1964, la pharmacienne du village me faisait mes piqûres”

Votre premier contact avec une pharmacie ?

Max : Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de pharmacie au village. Il fallait aller jusqu’à la ville la plus proche, à 15 km. C’était parfois le système D. à cette époque, le médecin fournissait des médicaments de sa sacoche. Gisèle : Dans les années 1960, on allait à la pharmacie pour les vaccins des enfants, mais aussi pour des piqûres. La pharmacienne m’avait fait des injections d’antibiotique pour des abcès. Elle m’avait dit : « Tenez-vous à la table parce qu’un monsieur a traversé la pharmacie quand je l’ai piqué ». C’était une autre époque !

Quelle image avez-vous de la pharmacie ?

M : Auparavant, il n’y avait que des médicaments, et pas autant qu’aujourd’hui. Il y en avait peut-être moins sur le marché… La pharmacie est devenue un commerce avec des protections solaires, des savonnettes, et même des lunettes de soleil… C’est un peu différent de ce qu’on a connu. Le fait que ce soit plus « commercial » ne veut pas dire que c’est moins rigoureux, juste que ça s’est diversifié.

G : Quand il y a beaucoup de produits aussi variés, on n’a pas forcément l’impression d’être dans une pharmacie comme on l’entendait à une autre époque.

Iriez-vous acheter vos médicaments en grande surface ?

M : Peut-être pour renouveler un médicament sans ordonnance. Sinon, je préfère aller à la pharmacie, où on va d’ailleurs pour un conseil lorsqu’on ne va pas voir un médecin. En revanche, pour des produits autres que des médicaments, les grandes surfaces ont parfois des prix plus intéressants.

G : Je pense que les médicaments peuvent être dangereux et je continuerai de me fournir à la pharmacie.

Faites-vous confiance aux médicaments ?

M : C’est quand même un produit complexe. J’ai eu un problème avec le générique de l’Inexium. à ce moment, on se demande si ça fait plus de bien que de mal. Et j’ai jeté le Motilium quand j’ai entendu à la télé qu’il en avait tué quelques-uns ! J’en prenais de temps en temps, ça ne m’a pas gêné de le balancer à la poubelle. Si ça avait concerné le traitement pour la tension, je serais allé voir le médecin.

G : Je lis la notice et j’en parle parfois à ma fille, qui se renseigne sur Internet. Je voulais connaître les effets du Coversyl et savoir si c’était plus fort que Coveram. Je n’ai pas pensé à le demander à la pharmacie.

Vous savez qu’il y a des pharmaciens et des préparateurs qui travaillent dans une pharmacie ?

M : Il y a le pharmacien et le préparateur, celui qui prépare les médicaments, enfin des tisanes, des trucs avec tant de grammes…. Il y en a qui sont ni préparateurs, ni pharmaciens, ils servent c’est tout. Celles qui servent n’ont pas besoin de diplôme…

G : Pour nous, ce sont tous des pharmaciens. Quoique, on est souvent servi par des préparatrices, c’est marqué sur la blouse. Je crois que pharmacien c’est plus que préparateur. J’aurais plus confiance en un pharmacien, mais je ne sais pas pourquoi.

Les préparateurs et leurs clients âgés sondés par Porphyre

Enquête réalisée du 3 au 6 février 2014 via Internet auprès de152 préparateurs.

Pour vous, on est « vieux » à partir de 70 ans…

40 % d’entre vous citent 70 ans ;

38 % estiment que la vieillesse démarre à 75 ans.

5 % évoquent 60 ans et 15 % à partir de 65 ans.

… et plus tard que dans les générations précédentes.

52 % d’entre vous pensent que les personnes âgées d’aujourd’hui ont les mêmes besoins d’information, de ressources et de soutien familial que celles qui avaient dix ans de plus dans la génération précédente.

Un tiers pense que les personnes âgées d’aujourd’hui sont plus autonomes que la précédente génération de « vieux ».

Vous êtes davantage prévenants avec les personnes âgées.

44 % d’entre vous expliquent davantage les modalités de prise d’un traitement et les éventuels effets indésirables.

48 % s’enquièrent également de la vie personnelle de la clientèle âgée.

Seuls 8 % d’entre vous ont le même comportement, que l’adulte soit jeune ou âgé parce qu’il « n’y a pas de raison ».

La polymédication vous préoccupe.

70 % sont sensibilisés à l’iatrogénie médicamenteuse.

Vous êtes à l’aise sur vos connaissances.

84 % se sentent suffisamment formés pour conseiller les personnes âgées, mais pensent pouvoir progresser. Seuls 3 % ne sont pas à l’aise avec cette population.

9 % se disent parfaitement au point sur leurs connaissances.

Vous aimeriez approfondir vos connaissances en gériatrie sur votre cœur de métier.

47 % citent la pharmacovigilance ;

28 %, les effets du vieillissement et la prévention ;

23 %, la psychologie.

Vous vous faites parfois du souci pour eux, sans être intrusifs.

66 % demandent des nouvelles aux autres clients de la pharmacie, voisins ou amis de la personne qui ne vient plus.

9 % ont déjà appelé un patient âgé pour voir si tout va bien.

3 % sont passés au domicile ou ont appelé son médecin.

Vous pensez avoir un rôle à jouer dans leur prise en charge.

95 % pensent que l’officine a un rôle à jouer.

71 % souhaitent que ce rôle soit formalisé en coopération avec les médecins et les infirmières.

Vous livrez parfois à domicile, surtout en zones rurales.

27 % toutes les semaines.

18 % une fois par mois.

52 % très rarement et en dépannage.

Josette M., 83 ans, ancienne commerçante. Veuve, elle vit à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Elle prend aténolol, lercanidipine, Xarelto et Flécaïne. Elle porte des bas de compression de classe 3 suite à une embolie pulmonaire.

tranche de vie

“Je préfère boire un « whisky » plutôt qu’une tisane !”

Votre premier contact avec une pharmacie ?

J’avais 21 ans, je suis allée à la pharmacie en face de la droguerie que je tenais. J’avais mal aux jambes. Je me suis toujours servie là même si la pharmacie a changé quatre ou cinq fois. Cela fait plus de soixante ans que je vais là.

Pourquoi cette fidélité ?

Les différents pharmaciens ont toujours été sympathiques, accueillants et chaleureux. En plus, ils ne manquent jamais de rien. Quand mon mari a eu son mélanome, ils ont été super, très « humains ». J’aime beaucoup les employés.

Y allez-vous pour d’autres motifs que celui de renouveler votre ordonnance ?

Pour des pastilles Rennie, et j’y suis allée il y a quelque temps pour me faire prendre la tension car j’avais été contrariée. Je ne me sentais pas bien, j’avais un œil rouge. J’avais 18 de tension, ils m’ont conseillée de voir le médecin qui m’a ajouté un traitement. Sinon, je suis plus whisky que tisane !

Vous y achetez d’autres produits que des médicaments ?

Pour ma peau qui tiraillait, je leur avais demandé conseil. Ils m’avaient conseillé une crème Lierac, dont je suis très contente. Maintenant ils ne la vendent plus, alors je vais l’acheter à la parapharmacie en face.

Qu’est-ce qu’une bonne pharmacie ?

La pharmacie où l’on est écouté quand on a des problèmes et qui essaie de bien nous conseiller.

Est-ce que la pharmacie vous inspire confiance ?

Je fais confiance au pharmacien et aux médicaments, mais je n’irai pas les acheter en grande surface, ni sur Internet d’ailleurs.

Vous savez qu’il y a des pharmaciens et des préparateurs qui travaillent dans une officine ?

Le préparateur, c’est celui qui débute sa carrière. D’abord on est préparateur et ensuite pharmacien, non ?

Danièle P., 71 ans, ancienne employée de commerce. Veuve, elle vit à Saint-Cyr-sur-Mer (Var). Elle est sous Teralithe, Xanax, Stilnox, Lévothyrox et Olmetec.

tranche de vie

“La pharmacie, c’est là où tu vas quand tu as besoin de remèdes”

Votre première pharmacie ?

J’avais 30 ans. Suite à ma première dépression, je suis allée dans une pharmacie en face de l’endroit où je travaillais. Le médecin m’avait prescrit une tartine de médicaments. À la pharmacie, ils me regardaient drôlement et m’avaient dit : « Vous prenez tout ça ? Vous en avez beaucoup, attention de ne pas vous y habituer ».

Aujourd’hui, allez-vous toujours dans la même ?

Oui, depuis trois ans. Surtout depuis que le propriétaire a changé. Avant, c’était plus compliqué, ils ne me dépannaient pas facilement. Les nouveaux sont plus arrangeants et plus avenants aussi.

Quelle image avez-vous de la pharmacie ?

C’est là où tu vas quand tu as besoin de remèdes. Ce sont eux qui te conseillent bien sur les médicaments : « Ça, n’en prenez que deux ; ça vous pouvez le prendre avec ça, etc. »

Qu’est-ce qu’une bonne pharmacie ?

Une pharmacie où les personnes sont capables de voir si les médicaments prescrits sont compatibles entre eux, chose que ne me dit jamais mon médecin. Où l’on t’avertit des effets secondaires et où on te conseille pour les prendre correctement. Je n’ai pas l’habitude de trop poser de questions.

Faites-vous confiance aux médicaments ?

J’ai confiance en ceux que je connais. Je ne prends pas volontiers un médicament nouveau. Quand je ne suis pas rassurée, j’appelle ma nièce. J’ai de la chance car elle est pharmacienne. J’ai dû lire deux notices en quarante ans !

Allez-vous à la pharmacie pour d’autres motifs qu’une ordonnance ?

Occasionnellement. Je ne suis pas trop « parapharmacie », je ne crois pas trop à ces produits et je me dis que c’est pareil si je les achète en supermarché. Pour moi, la pharmacie, c’est les médicaments.

Vous n’avez jamais demandé conseil dans une pharmacie pour arrêter de fumer ?

Non. J’ai demandé au médecin une fois de me prescrire des patchs, puis du Champix. À la mort de mon frère, j’ai recommencé à fumer. J’ai alors repris du Champix que je n’ai plus supporté. Je n’en ai pas parlé au pharmacien, j’aurais dû… Là, j’ai une cigarette électronique, mais elle n’est pas vendue en pharmacie.

Savez-vous qu’il y a deux types de personnes qui travaillent en officine, dont les préparateurs ?

Il y a le pharmacien et ceux qui n’ont pas encore leur diplôme, c’est ça ? Je n’y prête pas attention à partir du moment où je suis dans une pharmacie.