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Une otite moyenne aiguë pour Ethan

Publié le 23 novembre 2022
Par Nathalie Belin
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Enrhumé depuis trois jours, Ethan, 9 ans, a réveillé ses parents durant la nuit en se plaignant d’avoir très mal à l’oreille. Leur médecin traitant diagnostique une otite moyenne aiguë.

Ce que je dois savoir

Législation

L’ordonnance ne pose pas de problèmes.

Contexte

C’est quoi ?

• L’otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation d’origine infectieuse de l’oreille moyenne, l’une des infections les plus fréquentes chez l’enfant. La porte d’entrée est souvent une rhinopharyngite, qui diminue les mouvements mucociliaires. Cela favorise la multiplication de bactéries, qui peuvent coloniser l’oreille moyenne via la trompe d’Eustache (voir Dico+).

• Elle se manifeste par une otalgie (= douleur de l’oreille), souvent de la fièvre et parfois une otorrhée (= écoulement par le conduit auditif externe) purulente liée à la perforation spontanée du tympan.

• Les complications, rares, à types de paralysie faciale, mastoïdite…, peuvent être liées à un traitement inadapté ou insuffisant en dose ou durée, à la virulence du germe ou à un terrain fragilisé (moins de 2 ans, immunodépression…).

Quelle prise en charge ?

• L’antibiothérapie est systématique avant 2 ans. Au-delà, elle n’est indiquée d’emblée qu’en présence d’une otalgie intense et/ou de fièvre importante, ce qui est le cas d’Ethan. L’amoxicilline est la molécule recommandée en première intention, en deux ou trois prises quotidiennes.

• Un traitement symptomatique, antalgique et antipyrétique est justifié et repose sur le paracétamol. Une corticothérapie courte est fréquemment proposée en cas de signes importants mais son utilité n’est pas démontrée1.

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Objectifs

• Éradiquer le foyer infectieux. L’antibiothérapie vise à guérir l’infection bactérienne et à limiter la survenue de complications.

• Soulager douleur et fièvre. Un traitement symptomatique s’impose en attendant l’effet de l’antibiotique.

• Désobstruer le rhinopharynx. Le lavage des fosses nasales améliore le confort respiratoire et évite la stagnation des sécrétions à leur niveau, favorisant les otites.

Médicaments

Amoxicilline

Antibiotique à large spectre de la famille des bêta-lactamines appartenant au groupe des pénicillines, indiqué notamment dans les otites moyennes aiguës. L’amoxicilline inhibe la synthèse du peptidoglycane, un constituant de la paroi bactérienne.

Prednisolone

Glucocorticoïde de synthèse prescrit pour son action anti-inflammatoire puissante.

Paracétamol

Antalgique antipyrétique ayant une activité centrale et périphérique mais dépourvu d’activité anti-inflammatoire.

Repérer les difficultés

• Formes et dosages prescrits. Le poids d’Ethan justifie 2 g d’amoxicilline par jour car la posologie est de 80 mg/kg par jour dans l’OMA, soit proche de celle de l’adulte (3 g par jour), ce qui peut surprendre. Le médecin a par ailleurs prescrit du paracétamol en gélules, une galénique dont l’enfant n’a peut-être pas l’habitude.

• Expliquer les prises pour limiter les effets indésirables de la corticothérapie.

• Respecter la durée de l’antibiothérapie pour éviter rechute et sélection de germes résistants.

Ce que je dis à Ethan et à sa maman

J’ouvre le dialogue

« Désormais, Ethan, qui grandit, a le même dosage antibiotique que les adultes et des gélules à avaler. C’est la première fois, je crois ? » permet de donner des conseils de prise et de rassurer. « Le médecin a-t-il conseillé un produit d’hygiène nasal en particulier ? Qu’a-t-il dit à ce sujet ? » et/ou « Ethan a-t-il des difficultés pour se moucher ? » orientent le choix du produit et font le point sur les habitudes de désobstruction rhinopharyngée.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

• Amoxicilline. Cet antibiotique possède une bonne efficacité sur les principales souches bactériennes à l’origine des OMA.

• Prednisolone. Ce corticoïde vise à faire régresser rapidement l’inflammation de l’oreille moyenne, et ainsi à soulager la congestion et la douleur tympanique.

• Paracétamol. Il fait baisser la fièvre et calme la douleur en attendant l’action de l’antibiotique.

Effets indésirables

• Amoxicilline. Diarrhées, nausées et éruptions cutanées sont les effets les plus fréquents. Des candidoses cutanéo-muqueuses sont possibles. Les manifestations allergiques sévères (œdème de Quincke, choc anaphylactique, érythème généralisé fébrile), qui imposent l’arrêt du traitement, sont très rares.

• Prednisolone. Les effets indésirables sont rares en traitement bref. Il s’agit de troubles du sommeil et d’agitation psychomotrice.

• Paracétamol. Possibles atteintes hépatiques en cas de surdosage ou de déshydratation.

Mode d’administration

• Amoxicilline. Administrer juste après dissolution dans un verre d’eau, après avoir remué. La prise d’aliments n’influe pas l’absorption.

• Prednisolone. Une prise quotidienne, lors du repas pour limiter les troubles gastro-intestinaux, le matin de préférence, ce qui correspond au pic physiologique de sécrétion du cortisol. Laisser fondre les comprimés dans la bouche ; les résidus seront avalés avec un verre d’eau. Ou les diluer dans de l’eau avant de boire.

• Paracétamol. À prendre en cas de fièvre ou de douleur, en espaçant les prises d’au moins quatre heures. Les gélules s’avalent avec de l’eau sans les ouvrir, la poudre étant amère. Pour faciliter la prise, pencher la tête en avant pour fermer le larynx. Déglutir tête penchée en arrière est déconseillé car ce geste ouvre le larynx et expose aux fausses-routes.

J’accompagne

Surveiller

L’aggravation ou la persistance des symptômes après 48 à 72 heures d’antibiothérapie fait suspecter un échec et une résistance bactérienne et nécessite de revoir le médecin. Idem si les symptômes réapparaissent dans les jours qui suivent la fin du traitement antibiotique.

Soulager

L’application de chaud avec un pack chaud/froid, tels Actipoche, Argicalm…, et dormir en position semi-allongée limitent la douleur et la pression sur le tympan.

Désobstruer

Se moucher permet d’évacuer les sécrétions et peut prévenir les complications d’un rhume. Renifler fait refluer les sécrétions vers la trompe d’Eustache et l’oreille. Préférer les solutions d’hygiène nasale avec microdiffusion douce pour les personnes non habituées à leur usage : Physiomer Spray Doux, Humer Hygiène du nez quotidienne… Si les sécrétions sont épaisses et difficiles à décrocher, une référence avec un agent fluidifiant est un plus : ProRhinel…

Ventes associées

Orienter vers des extraits de plantes aux propriétés immunostimulantes (échinacées, éleuthérocoque…) et/ou vers la propolis en prévention des rhinopharyngites ou affections ORL récidivantes. Dès 3 ans selon les formules : Ristabil, Immunéa, Olisma Chrono Phyto (Immunité), ProPolis Immuno+ Ladrôme…

(1) Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et l’enfant, HAS, 2011 ; Corticothérapie en ORL dans le contexte de la pandémie Covid 19, Association française d’otologie et oto-neurologie (Afon), 27 mars 2020.

Prescription

Dr G., médecin généraliste.

Ethan C., 9 ans, 138 cm, 30 kg.

• Amoxicilline 1 g cp dispersible

1 comprimé matin et soir pendant 5 jours.

• Prednisolone 20 mg cp orodispersible

2 cp par jour pendant 3 jours.

• Paracétamol 500 mg gélule

1 gélule si fièvre ou douleur, sans dépasser 4 gélules par jour.

1 boîte + eau de mer pour hygiène nasale.

Dico+

→ Trompe d’Eustache : canal étroit reliant le rhinopharynx à l’oreille moyenne, qui s’ouvre sous l’action de petits muscles lors de la déglutition ou d’un bâillement.

Info+

→ L’examen du tympan à l’otoscope distingue notamment l’otite moyenne aiguë d’une otite externe, inflammation du conduit auditif externe, et d’une otite séreuse, qui est une inflammation chronique de l’oreille moyenne se manifestant par un épanchement non purulent en arrière du tympan.

La maman me demande

« Ethan fait de la natation. Des protections anti-eau pourraient être efficaces en prévention des otites ? »

Les baignades sont surtout à l’origine d’otites externes, qui sont une pathologie différente de celle d’Ethan. Des protections en silicone ou des sprays évitent à l’eau de stagner dans le conduit externe et au chlore d’agresser la peau, mais ne protègent pas de l’otite moyenne aiguë, qui est souvent la complication d’un rhume et dont les germes responsables se trouvent au niveau de l’oropharynx, et non dans l’oreille. Donc, pas de piscine avant guérison !