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Une femme sous chimio souffrant de mucite
Irma, 75 ans, a un cancer du poumon. Actuellement en intercure de chimiothérapie, elle souffre de mucite, avec notamment des aphtes douloureux. Son généraliste prescrit de poursuivre les bains de bouche et ajoute un traitement de support homéopathique et un produit local.
Ce que je dois savoir
Législation
L’ordonnance est conforme à la législation.
Contexte
C’est quoi ?
Cette ordonnance prend en charge une mucite. Cette inflammation de la muqueuse, le plus souvent localisée dans la bouche et le tube digestif, est un effet indésirable fréquent des chimiothérapies. Les cellules buccales sont particulièrement sensibles à la toxicité des antimitotiques, qui détruisent les cellules à division rapide, cancéreuses ou non, conduisant à la production de cytokines pro-inflammatoires.
Symptômes
La mucite débute en général quelques jours après la chimiothérapie. Sa fréquence et sa sévérité varient selon le protocole et le patient et vont d’un érythème généralisé à des lésions superficielles, voire des ulcérations (aphtes) qui peuvent saigner et se nécroser. Le patient peut ressentir des douleurs intenses, une altération du goût, de l’alimentation et de la salivation, des difficultés pour parler… C’est aussi une porte d’entrée pour les micro-organismes habituels de la flore buccale, avec un risque d’infection.
Objectif
Le but du traitement est de mieux gérer les effets indésirables des anticancéreux. Les produits visent à limiter l’inflammation et à favoriser la cicatrisation des lésions, soulager la douleur, limiter le risque infectieux et prévenir la récidive en vue des prochaines cures de chimiothérapie.
Médicaments
Bicarbonate de sodium en solution
Le sel sodique de l’acide carbonique (NaHCO3) joue un rôle tampon grâce à sa capacité à capter l’excès d’acidité pour ramener un pH quasi neutre. La solution de bicarbonate de sodium à 1,40 g/100 ml est habituellement indiquée en perfusion en cas d’acidose métabolique ou d’intoxication par le phénobarbital. En bain de bouche, elle a une triple action sur la mucite : hydratation, nettoyage par évacuation des débris et micro-organismes et alcalinisation ; la stabilisation du pH diminue le risque d’infection, notamment les candidoses.
Nitricum acidum
Médicament homéopathique obtenu à partir de l’acide nitrique officinal purifié traditionnellement utilisé dans diverses affections cutanées ulcératives, notamment les aphtoses buccales, particulièrement lorsque la douleur est piquante et que les ulcérations saignent facilement.
Mercurius corrosivus
Médicament homéopathique obtenu à partir du chlorure mercurique habituellement employé dans le traitement des lésions ulcératives et hémorragiques : gingivo-stomatites, tels aphtes multiples et saignements, angines…
Lidocaïne (Dynexan)
Cet anesthésique local amino-amide agit en inhibant l’influx nerveux. Ici, la crème soulage la douleur liée aux lésions de la cavité buccale.
Repérer les difficultés
Observance
La patiente doit comprendre qu’il s’agit de traitements de support pour mieux endurer les effets indésirables de ses chimiothérapies. L’observance est capitale car la mucite est à risque de dénutrition, d’infections et de douleurs pouvant conduire à des traitements complémentaires, voire à un report de la chimiothérapie.
Homéopathie
Rappeler qu’en oncologie l’homéopathie est un atout de plus pour supporter les effets indésirables. Elle ne doit en aucun cas se substituer aux autres traitements, y compris les bains de bouche. Si la patiente n’est pas habituée à l’homéo, les règles de prise sont à aborder.
Conseils associés
La prise en charge et la prévention des mucites nécessitent des conseils d’hygiène et de nutrition à rappeler systématiquement.
Ce que je dis à la patiente
J’ouvre le dialogue
« Vous souffrez de lésions buccales qui sont un effet indésirable de votre traitement. Quels sont vos symptômes ? Avez-vous vu le dentiste récemment ? Avez-vous des difficultés pour manger ? »
Madame T. explique que sa bouche est rouge, avec des aphtes douloureux et qu’elle a parfois l’impression d’une bouche sèche : « J’ai du mal à supporter ma prothèse dentaire. Pour le moment, je mange à peu près normalement mais certains aliments réveillent les brûlures des aphtes ».
J’explique le traitement
Mécanisme d’action
→ Le bain de bouche humidifie, nettoie et évite une surinfection des lésions.
→ L’homéopathie aide à soulager et à faire cicatriser en plus des bains de bouche.
→ La crème « endort » la douleur ponctuellement.
Horaires d’administration
• Bain de bouche : en faire au moins un avec la solution non diluée dans un demi-verre d’eau 20 minutes après chaque repas et après chaque brossage de dents. Garder le liquide en bouche une minute en faisant des gargarismes, puis recracher. Conserver le flacon ouvert 24 heures ou 48 heures au réfrigérateur. S’assurer que la patiente peut ouvrir seule le système de fermeture scellé du flacon.
• Nitricum et Mercurius : laisser fondre 5 granules de chaque sous la langue une fois par jour, à distance d’un repas. Ne pas avaler les granules, qui peuvent être sucés mais gardés en bouche jusqu’à être entièrement fondus. Si sucer est douloureux, les dissoudre dans une petite bouteille d’eau et boire dans la journée.
• Dynexan : appliquer sur les lésions 0,5 g de crème (une goutte) quatre fois par jour maximum après lavage des mains, puis masser doucement. L’effet antalgique apparaît en une minute et dure environ une heure. Ne pas avaler le produit, ni manger dans la demi-heure qui suit en raison d’un risque de fausse-route.
Effets indésirables
• Bain de bouche au bicarbonate de sodium : aucun en utilisation locale.
• Dynexan : risque de passage systémique en raison des lésions buccales ulcérées, avec possibles nervosité, agitation, tremblements, nausées, céphalées, rythme respiratoire accéléré puis ralenti, chute de la tension artérielle.
J’accompagne
Surveillance
Examiner les lésions deux fois par jour à l’aide d’une lampe et d’un abaisse-langue. Consulter le médecin en cas d’aggravation des lésions, de douleurs plus intenses, de diminution de l’alimentation. Arrêter Dynexan et consulter en cas d’apparition d’effets systémiques (voir Effets indésirables.). Même après disparition des symptômes, il faut poursuivre les bains de bouche et l’homéopathie en prévention d’une éventuelle rechute lors de la prochaine cure. Ne pas hésiter à associer un antalgique oral si celui-ci a été prescrit.
Hygiène de vie
• Soins de bouche : consulter au plus tôt le dentiste afin d’évaluer le risque infectieux et réajuster la prothèse dentaire. Limiter son port si elle est douloureuse. La nettoyer quotidiennement. Brosser les dents en douceur de la gencive vers les dents sans appuyer avec une brosse souple chirurgicale. La changer chaque mois et la ranger dans un endroit protégé ; la plonger dans l’eau chaude avant brossage pour l’assouplir.
→ Ne pas utiliser d’autre bain de bouche, en particulier ceux alcoolisés (irritants) et/ou avec de la chlorhexidine (déconseillés).
• Alimentation : éviter les aliments irritants (tomate, vinaigre, agrumes, alcool…), épicés ou durs (biscuits, croûte de pain, chips…). Des aliments froids peuvent soulager (glace…). Contre la sécheresse buccale, boire au moins 1,5 litre par jour, sucer des bonbons pour stimuler la salivation, humidifier l’air ambiant.
Vente associée
Un substitut salivaire en spray à pulvériser type Artisial ou un humectant type Gum Hydral Spray peut être proposé, voire un spray d’eau thermale à pulvériser dans la bouche. Les lèvres peuvent être gardées humides par l’application régulière d’un baume labial hydratant.
Prescription
Ordonnance sécurisée
Dr C.
Généraliste
Mme Irma T.
75 ans, 1,65 m, 54 kg
• Bicarbonate de sodium 1,4 % solution pour perfusion en flacon 1 bain de bouche six fois par jour.
• Nitricum acidum 9 CH 5 granules par jour.
• Mercurius corrosivus 7 CH 5 granules par jour.
• Dynexan 2 % crème buccale 1 application, à renouveler si besoin jusqu’à quatre fois par jour.
QSP 1 mois
La patiente me demande
« J’ai déjà essayé Dynexan, ça ne me fait pas grand-chose, existe-t-il un autre produit ? »
Je vous propose un produit local à base d’acide hyaluronique, tels Aphtavéa gel, Bloxaphte gel adulte… Ce produit forme une barrière au-dessus des lésions, ce qui permet de les isoler et de réduire la douleur. Vous l’appliquerez sur les lésions après lavage des mains. Évitez de passer votre langue dessus durant 2 minutes, le temps que le film se forme, et de manger dans l’heure qui suit l’application.
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