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Thomas a une infecti on à Helicobacter pylori
Thomas S., 41 ans, a passé une gastroscopie motivée par des troubles gastriques récidivants. Une infection à Helicobacter pylori a été diagnostiquée et un traitement d’éradication de la bactérie prescrit.
Ce que je dois savoir
Législation
Aucune règle particulière ne s’applique.
Contexte
C’est quoi ?
• 15 à 30 % de la population en France serait infectée par H. pylori(1). Bacille Gram négatif, cette bactérie résiste à un environnement acide et peut infecter la paroi interne de l’estomac. L’infection est généralement acquise dans l’enfance. Elle est plus fréquente dans les pays en voie de développement, chez les migrants et, d’une manière générale, quand le niveau socio-économique est bas. La transmission se fait par voie orale ou via les selles.: elle est favorisée par une mauvaise hygiène des mains, le partage des couverts…
• L’infection persiste toute la vie si elle n’est pas traitée. Elle peut rester asymptomatique ou se manifester, comme chez Thomas S., par divers symptômes à type de gastrite d’intensité variable.: épigastralgies, douleurs abdominales, régurgitations, nausées, éructations, flatulences… Thomas S. prenait régulièrement un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) qui soulageait transitoirement son inconfort.
• Sa gravité est aussi et surtout liée au risque de développer un ulcère duodénal ou gastrique pouvant évoluer vers un cancer gastrique. 10 % des personnes infectées par H. pylori développeront un ulcère, 1 % un cancer de l’estomac(1).
Comment diagnostiquer ?
• Le diagnostic est posé grâce au test à l’urée marquée Helikit (également employé pour le contrôle de l’éradication, voir ci-après) et/ou une gastroscopie dont les biopsies ont permis chez Thomas S. de dépister la bactérie mais n’ont pas mis en évidence d’ulcère.
Quelle prise en charge ?
• Le traitement de l’infection repose sur une association d’antibiotiques visant à éradiquer la bactérie en tenant compte de sa sensibilité aux antibiotiques, en particulier à la clarithromycine dont la résistance est fréquente.
La sensibilité à la bactérie n’étant pas toujours testée, comme c’est le cas pour Thomas.S., le traitement antibiotique est probabiliste et repose sur une quadrithérapie incluant une association de trois antibiotiques et un IPP. La quadrithérapie incluant un sel de bismuth sur 10 jours est l’un des deux protocoles recommandés dans ce cas, l’autre étant l’association amoxicilline, métronidazole et clarithromycine sur 14 jours.
• Le test respiratoire à l’urée marquée permet de vérifier l’efficacité du traitement.
Objectifs
L’éradication de la bactérie permet l’amélioration des symptômes et de la qualité de vie du patient. Le traitement a également prouvé son efficacité sur la cicatrisation de l’ulcère le cas échéant, la prévention des récidives d’ulcère et la prévention du cancer gastrique.
Médicaments
Pylera
Association de deux antibactériens, métronidazole et tétracycline, au bismuth dont le mécanisme d’action sur H. pylori est mal connu. La tétracycline se lie au ribosome 30S bactérien, ce qui interfère avec la synthèse protéique. Le métronidazole induit la formation de radicaux nitrés qui altèrent l’ADN bactérien.
Oméprazole
Inhibiteur de la pompe à protons de la cellule pariétale gastrique, il inhibe la sécrétion acide, améliorant l’efficacité du traitement antibiotique et la cicatrisation des lésions.
Helikit
Test respiratoire à l’urée de diagnostic de l’infection à H. pylori. Après ingestion orale d’urée marquée au carbone 13, la quantité de dioxyde de carbone marquée relevée dans l’air expiré traduit la présence de H. pylori. La bactérie hydrolyse en effet l’urée et produit du bicarbonate transformé en dioxyde de carbone transporté aux poumons puis expiré.
Ce que je dis au patient
J’ouvre le dialogue
« Je vois que le médecin a prescrit un traitement pour éradiquer la bactérie Helicobacter pylori , quand le commencez-vous ? » Sachant qu’il n’y a pas d’urgence à débuter le traitement et qu’il peut produire des effets indésirables digestifs, il est préférable de le commencer lors d’une période où il sera le moins impactant sur le quotidien. « Avez-vous d’autres traitements en cours ? » recherche d’éventuelles interactions.: l’association de Pylera à des médicaments allongeant l’intervalle QT est à éviter (dompéridone, hydroxyzine…). « Le médecin a-t-il mentionné des effets indésirables et comment prendre le traitement ? » ajuste les conseils.
J’explique le traitement
Mécanismes d’action
• Pylera : cette association de bismuth et de deux antibiotiques vise à éliminer la bactérie en limitant au maximum le risque de résistance.
• Oméprazole : en diminuant l’acidité de l’estomac, il concourt à l’éradication de la bactérie.
• Helikit : ce test permet de vérifier l’efficacité du traitement. Il renferme de l’urée qui, après ingestion orale, est transformée en gaz carbonique par la bactérie si elle est toujours présente. Le gaz carbonique est mesuré dans l’air expiré.
Effets indésirables
• Pylera : selles noires et décoloration de la langue (liées au bismuth), diarrhées, nausées, goût métallique (dû au métronidazole) et dimi nution de l’appétit sont très fréquents. Céphalées, fatigue, somnolence, candidose buccale ou génitale sont possibles ainsi qu’une ulcération œsophagienne liée à la cycline. Plus rarement, paresthésies, tremblements, hallucinations, confusion voire éruptions cutanées sévères imposent l’arrêt du traitement.
• Oméprazole : céphalées et troubles digestifs (douleurs abdominales, constipation, diarrhée) sont les plus fréquents.
• Helikit : aucun effet indésirable attendu.
Mode d’administration
• Pylera : prendre 3 gélules après le petit-déjeuner, le déjeuner, le dîner et au coucher après une collation, avec un grand verre d’eau (250 ml). Les sels de fer, calcium, magnésium et zinc peuvent diminuer l’absorption de la cycline. Éviter également la prise avec un verre de lait.
• Oméprazole : un comprimé de 20 mg au petit-déjeuner et au coucher, ce qui correspond à une dose plus importante que celle indiquée dans le reflux gastro-œsophagien.
• Helikit : à effectuer au laboratoire au moins 1 mois après l’arrêt de tout antibiotique (et/ou 15 jours après l’arrêt de tout IPP). Prévoir d’être à jeun, sans avoir bu, mangé ou fumé depuis la veille.
J’accompagne
Le traitement
Il est important de bien le suivre jusqu’au bout pour limiter le risque de résistance bactérienne qui compliquerait l’éradication. Ne pas s’allonger immédiatement après la prise du traitement. Éviter l’alcool jusqu’à 24 heures après l’arrêt de Pylera en raison d’un effet antabuse (crampes abdominales, nausées, vomissements, céphalées, rougeurs faciales). Prévoir une photoprotection si nécessaire du fait d’un risque de photosensibilisation lié à la tétracycline.
L’hygiène de vie
Le tabac est à proscrire et les anti-inflammatoires en automédication à éviter car ce sont des facteurs agressifs pour la muqueuse gastro-intestinale.
Vente associée
Des probiotiques pourraient aider à l’éradication de la bactérie et contribuer à diminuer les effets indésirables du traitement(2) : BioGaia Gastrus, Ergyphilus GST, Probiotiques HPY Copmed…
(1) Helicobacter pylori : recherche et traitement. HAS mise en ligne mars 2019.
(2) Microbiote gastrique. Fiche de recommandation CREGG 2021.
Prescription
Dr G., gastro-entérologue Thomas S., 41 ans, 1,75 m, 70 kg
Le 5 juin 2024
Ordonnance 1
• Pylera (bismuth potassique 140 mg/ métronidazole 125 mg/tétracycline 125 mg) 3 gélules 4 fois par jour pendant 10 jours.
• Oméprazole 20 mg 20 mg matin et soir pendant 10 jours.
Ordonnance 2
• Helikit
À réaliser 4 semaines après la fin du traitement.
Le patient me demande
« Il paraît que le traitement n’est pas toujours efficace ? » La bactérie est effectivement résistante à certains antibiotiques mais le traitement qui vous a été prescrit est justement préconisé pour limiter cette résistance. Bien suivi, il a de grandes chances de réussir, ce qui va supprimer l’infection et l’inflammation. Cette éradication est, de plus, définitive car le risque de réinfection par H. pylori après éradication est considéré comme minime.
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