Prescription de Beyfortus pour Alice, 3 mois

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Prescription de Beyfortus pour Alice, 3 mois

Publié le 1 octobre 2024
Par Nathalie Belin
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La petite Alice a reçu le mois dernier ses premiers vaccins obligatoires. À cette occasion, le médecin a proposé à sa maman d’immuniser le nourrisson contre la bronchiolite et le méningocoque de sérogroupe B.

Ce que je dois savoir

Législation

L’ordonnance ne pose pas de problèmes particuliers pour la délivrance.

Prescription

Dr P., pédiatre

Alice G, 3 mois, 57 cm, 5 kg 200

Le 3 octobre 2024

• Beyfortus 100 mg

1 injection

• Bexsero

1 injection

Contexte

• La bronchiolite est une infection respiratoire aiguë touchant principalement les nourrissons de moins de 2 ans et survenant par épidémies en période hivernale, avec un pic en décembre. Si différents virus peuvent en être responsables, dans 70 % des cas la maladie est liée au virus respiratoire syncytial (VRS). Ce dernier, très contagieux, se transmet par voie aérienne (salive, éternuement, postillons) ou par contact indirect (mains, objets, jouets contaminés). Chez l’enfant de plus de 2 ans et chez l’adulte en bonne santé, il est le plus souvent à l’origine d’un rhume banal. Chez les nourrissons, l’infection débute par un rhume et une toux sèche puis peut se compliquer d’une gêne respiratoire caractérisée par une respiration sifflante et, selon la gravité, de signes de lutte (battements des ailes du nez, augmentation de la fréquence respiratoire, ventre qui se gonfle et espaces entre les côtes qui se creusent à chaque respiration) et des difficultés à s’alimenter. La fièvre est souvent modérée.

• Les infections à méningocoques sont dues à la bactérie Neisseria meningitidis, dont il existe plusieurs sérogroupes : les plus fréquemment impliqués sont les sérogroupes B, C, W et Y. La bactérie peut être responsable d’infections invasives de type méningites et septicémies, qui touchent particulièrement les nourrissons, les jeunes enfants, les adolescents et les jeunes adultes.

Quelle évolution ?

• La bronchiolite guérit le plus souvent spontanément en 5 à 10 jours, avec une persistance possible de la toux pendant 2 à 4 semaines. Cependant, elle évolue parfois vers une détresse respiratoire aiguë nécessitant une hospitalisation. Les nourrissons particulièrement à risque sont les prématurés ou ceux présentant des comorbidités (cardiopathie congénitale, pathologie pulmonaire chronique…).

La maladie peut également s’avérer grave chez les personnes âgées (pour lesquelles la vaccination contre le VRS peut être recommandée).

• Les infections invasives à méningocoques sont responsables d’une morbi-mortalitéparticulièrement élevée. Elles ont forte­ment augmenté1 en 2022 et 2023.

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Quelle prévention ?

• Bronchiolite. Deux solutions visent à prévenir la bronchiolite chez les nourrissons :

→ le nirsévimab (Beyfortus), un anticorps monoclonal recommandé pour immuniser les nouveau-nés et nourrissons. Chez les nourrissons nés à terme et en bonne santé, le nirsévimab diminue de 76 à 81 % les infections sévères à VRS qui nécessitent une prise en charge en réanimation2. Il est recommandé chez les enfants nés à partir du 1er janvier 2024 ;

→ le vaccin Abrysvo, dirigé contre le VRS, est indiqué depuis septembre 2024 chez les femmes enceintes (entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée) pour l’immunisation passive du futur nourrisson. Le vaccin induit la synthèse d’anticorps, qui passent via le placenta dans la circulation sanguine du fœtus.

• Infections invasives à méningocoques. La vaccination des nourrissons contre les méningocoques du sérogroupe B, actuellement recommandée, sera obligatoire à partir du 1er janvier 2025. Cette mesure concernera également les sérogroupes A, C, W et Y, pour les enfants à partir de 6 mois. Elle se fera avec le vaccin Nimenrix et remplacera la vaccination contre le seul sérogroupe C.

Médicaments

Beyfortus

Solution injectable en seringue préremplie renfermant le nirsévimab, un anticorps monoclonal à action prolongée, qui se lie à une protéine de fusion (protéine F) présente à la surface du VRS. Cette protéine est impliquée dans la pénétration du virus à l’intérieur des cellules.

Bexsero

Il s’agit d’un vaccin inactivé en seringue préremplie renfermant des protéines de fusion et des vésicules de membrane de la bactérie Neisseria meningitidis du sérogroupe B.

Repérer les difficultés

La protection contre ces maladies n’est pas efficace à 100 %. Malgré la vaccination, il est toujours essentiel de mettre en place des gestes barrières pour prévenir la trans­mission des pathologies virales, particulièrement contagieuses, mais aussi des infections bactériennes, aux plus fragiles.

Ce que je dis à la maman

J’ouvre le dialogue

« C’est une bonne idée de protéger Alice contre la bronchiolite ! L’épidémie débute justement généralement vers le mois d’octobre » et « Quand voyez-vous le pédiatre ? », permettent d’aborder la maladie et de vérifier le rythme des visites et le moment prévu des vaccinations.

« Alice est-elle déjà entrée en collectivité ? A-t-elle des frères et sœurs ? », ouvre la discussion sur la transmission de la bronchiolite.

J’explique le traitement

Mécanisme d’action :

• Beyfortus. Ce n’est pas un vaccin, mais un anticorps monoclonal diri­gé contre le virus de la bronchiolite. Il protège le nourrisson contre la maladie dès les premiers jours suivant son administration et jusqu’à au moins 5 mois.

• Bexsero. C’est un vaccin, qui protège contre les méningites et les infections potentiellement mortelles liées au méningocoque B, une bactérie qui affecte notamment les nourrissons et jeunes enfants. La protection du nourrisson après vaccination complète est d’au moins 3 ans3.

Effets indésirables :

• Beyfortus. Les effets indésirables du type fièvre ou réactions cutanées sont peu fréquents.

• Bexsero. Une sensibilité au site d’injection avec érythème et gonfle­ment, une irritabilité, de la fièvre généralement modérée et des troubles digestifs avec diarrhées ou vomissements peuvent survenir.

Utilisation :

Deux dosages de Beyfortus sont disponibles : 50 mg, pour l’immunisation passive des nourrissons de moins de 5 kg ; 100 mg, pour les nourrissons de 5 kg et plus (comme Alice), à raison d’une dose unique.

La vaccination par Bexsero est recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS)1 : une première dose à 3 mois ; une deuxième à 5 mois ; et une dose de rappel à 12 mois.

J’accompagne

La prescription

Les deux vaccins seront administrés par voie intramusculaire par le pédiatre, à la visite des 3 mois. Ils doivent être conservés au réfrigérateur et transportés dans une pochette isotherme le temps de se rendre à la consultation.

La prévention de la bronchiolite

L’immunisation conférée par l’anti­corps monoclonal Beyfortus (comme par le vaccin Abrysvo) n’est pas totale. Elle limite le risque de formes sévères de la maladie, mais ne dispense pas de mettre en place les gestes barrières pour éviter qu’Alice n’attrape la bronchiolite, via un simple rhume contracté par une personne de son entourage et qui peut parfois passer quasiment inaperçu ! Ainsi, même en l’absence de signes infectieux, rappeler aux personnes concernées de se laver les mains à l’eau et au savon ou à l’aide d’un gel hydroalcoolique avant et après s’être occupé d’Alice, notamment au moment du change et des repas ; de ne pas utiliser ni « partager » ses tétines et ses couverts ; d’aérer quotidiennement les pièces de la maison et sa chambre ; de laver régulièrement ses jouets. Devant tout signe infectieux respiratoire d’une personne de l’entourage, porter un masque en la présence de l’enfant et ne pas l’embrasser.

Proscrire le tabagisme passif, qui rend les nourrissons particulièrement vulnérables aux infections respiratoires dont la bronchiolite.

Vente associée

Un gel hydroalcoolique de poche à avoir sous la main en l’absence d’eau et de savon, du type Baccide, Bactidose, Assanis.

Du paracétamol (en suppositoires de 100 mg, par exemple), pour limiter la fièvre éventuelle à la suite de l’injection de Bexsero.

Sources : « Infections invasives à méningocoques : des recommandations vaccinales actualisées », Haute Autorité de santé (HAS), 27 mars 2024, « Bronchiolite : deux études françaises démontrent l’efficacité du Beyfortus dans la prévention des cas graves et la réduction des hospitalisations chez les nourrissons », Santé publique France, 26 avril 2024, « La vaccination du nourrisson contre les infections invasives à méningocoque de type B », ministère de la Santé et de la Prévention, avril 2022, « Intérêt des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) antigéniques Covid/grippe et Covid/grippe/VRS en ville », HAS, 13 juin 2023.

Le patient me demande

« Ma sœur doit venir voir Alice. Elle a fait un test grippe/covid/bronchiolite car elle a un rhume, mais, heureusement, il est négatif. Il n’y a donc aucun risque, n’est-ce pas ? »

Le fait que le test soit négatif n’élimine pas complètement la présence de ces maladies4. De plus, si le virus respiratoire syncytial (VRS) est le principal responsable de la bronchiolite, d’autres virus responsables de rhumes chez l’adulte peuvent aussi être en cause. Il serait préférable que votre sœur remette sa visite ou, sinon, qu’elle reste à distance d’Alice et porte un masque.