Multaq : un antiarythmique aux propriétés mixtes

La dronédarone bloque les canaux cellulaires sodiques (comme les antiarythmiques de classe Ib), potassiques (comme la classe III) et calciques lents (comme la classe IV). Si ses propriétés électrophysiologiques sont mixtes, sa structure la rapproche clairement de l’amiodarone. Toutefois, elle est dépourvue d’effets secondaires thyroïdiens (elle ne possède pas d’atome d’iode). Sa demi-vie courte (48 heures) limite le risque d’accumulation cellulaire et de fibrose pulmonaire. La dronédarone exerce un effet antiadrénergique non compétitif (comme la classe II), ne modifie que peu la durée de l’intervalle QT et n’a montré aucun effet arythmogène. Son métabolite a une activité antiarythmique modeste.

Sept essais (randomisés et en double aveugle) d’efficacité et de tolérance ont été présentés à la Commission de la transparence. Un seul a été conduit versus l’amiodarone (Dionysos) ; cinq ont été réalisés chez des patients avec une fibrillation auriculaire et un chez des insuffisants cardiaques. Ils montrent la supériorité de la dronédarone sur le placebo, mais Dionysos montre que le taux de première récidive de fibrillation auriculaire ou d’arrêt de traitement prématuré pour intolérance ou manque d’efficacité est supérieur sous Multaq.

Pour la HAS, l’extrapolation des résultats des études cliniques à la pratique reste difficile. Si l’affection ciblée engage le pronostic vital à court ou moyen terme, le rapport efficacité/effets indésirables de Multaq est modéré. La dronédarone n’apporte pas d’ASMR par rapport à l’amiodarone mais constitue un moyen thérapeutique supplémentaire utile.

DENIS RICHARD

pharmacologue, analyse pour vous l’originalité pharmacologique, le degré d’innovationet l’intérêt thérapeutique des nouveaux principes actifs arrivantà l’officine.