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« Mon mari a des hémorroïdes »

Publié le 1 septembre 2008
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Quand les hémorroïdes sont bénignes, les produits disponibles permettent de soulager les symptômes et d’accélérer la cicatrisation. Les règles hygiéno-diététiques, primordiales, sont à rappeler.

La plainte au comptoir

La maladie hémorroïdaire

Souffrir d’« hémorroïdes » est un terme impropre. Les hémorroïdes désignent un réseau vasculaire anal présent chez tous qui participe à la continence des sphincters. On devrait parler de « maladie hémorroïdaire ». Il s’agit d’une inflammation et d’une dilatation anormale de ces veines, provoquées par une augmentation locale de la pression sanguine. Elle est fréquente en cas de constipation, pendant la grossesse et chez les plus de 50 ans. Une personne sur deux est concernée au moins une fois au cours de sa vie.

Deux types d’hémorroïdes

Les hémorroïdes externes

forment des dilatations visibles sous la peau qui entoure l’anus. Souvent un caillot, ou thrombose, se forme qui peut s’éliminer spontanément en provoquant des saignements. Elles entraînent des douleurs parfois très gênantes et des déman-geaisons.

Les hémorroïdes internes, invisibles, sont situées dans le rectum. Généralement peu douloureuses, elles donnent une sensation de « rectum plein » et provoquent parfois des saignements en fin de défécation. Quand les tissus de soutien se détendent, elles peuvent sortir de l’anus (procidence hémorroïdaire) lors de la défécation ou de façon permanente.

Évolution

C’est une pathologie généralement bénigne qui évolue favorablement en une ou deux semaines mais a tendance à récidiver. Les complications possibles sont une infection ou une thrombose.

Cibler la prise en charge

Du ressort officinal

On peut prendre en charge les hémorroïdes bénignes, qui surviennent chez un patient de moins de 50 ans, y compris la femme enceinte, lorsque qu’il n’y a pas de signes associés de gravité (saignement abondant, diarrhées, douleur abdominale ou locale intense).

La consultation s’impose

Les manifestations cliniques peuvent masquer d’autres affections colorectales (polype, cancer, fissures anales…). Un examen médical est indispensable si la douleur est intense, si le prolapsus est important (difficultés à « rentrer » l’hémorroïde), chez les plus de 50 ans, si les hémorroïdes récidivent et en cas de saignements anormaux (les saignements des hémorroïdes surviennent après les selles et sont de couleur rouge vif).

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Conduite de l’interrogatoire

Évaluer la gravité

« Quel âge avez-vous ? », « Sont-elles très douloureuses ? », « Avez-vous remarqué du sang dans les selles ? », « Après ou avant ? », « De quelle couleur ? » « Est-ce la première fois que ça arrive ? » Les réponses à ces questions permettent d’orienter vers une consultation médicale.

Chercher la cause

« Êtes-vous constipé ? », « Avez-vous mangé épicé ? », « Buvez-vous beaucoup de café, d’alcool, fumez-vous ? » Les réponses à ces questions permettent d’indiquer les conseils hygiénodiététiques appropriés.

Orienter le conseil

« Sont-elles internes ou bien visibles ? », « Avez-vous des allergies connues ? », « Suivez-vous un traitement actuellement, lequel ? » On recherche les éventuelles contre-indications aux traitements et la forme galénique appropriée.

Expliquer la démarche

Les objectifs

Il est important d’expliquer que l’objectif du traitement est de soulager les symptômes et éventuellement d’en réduire la durée. Rappeler que les règles d’hygiène et alimentaires sont aussi importantes que le traitement médicamenteux.

Le suivi

Insister sur la nécessité de consulter si les symptômes s’aggravent ou persistent plus de 48 heures ou en cas de récidives. Rappeler que seules les règles hygiéno-diététiques et le traitement de la constipation ont un effet en préventif et, qu’en cas de récidives, des méthodes instrumentales ou chirurgicales existent.

Le traitement

Bien que leur efficacité ne soit pas réellement quantifiée, le traitement symptomatique repose sur l’association de veinotoniques par voie orale et de topiques locaux. Ces produits seront systématiquement associés à un laxatif en cas de constipation associée.

Soulager la douleur

Par voie orale

Les veinotoniques

améliorent la circulation locale en augmentant la vasoconstriction et la résistance des vaisseaux. Ils sont utilisés pour atténuer la douleur, le prolapsus et les saignements. Mode d’emploi : on les utilise à forte posologie pendant quelques jours relayée par une dose d’entretien pendant deux à trois semaines. Leur utilisation au long cours ou leur association entre eux n’ont pas d’intérêt. À forte dose, ils peuvent entraîner des troubles digestifs. Les plantes : le marronnier d’Inde, l’hamamélis, le petit houx (ou fragon), la vigne rouge et le mélilot sont couramment utilisées. On les trouve seules, sous forme de gélules (Arkopharma, Boiron, Elusanes…), utilisées d’emblée à la dose maximale (en général 5 à 6 gélules par jours) ou sous forme buvable (extrait de marron d’Inde, teintures mères). Les comprimés effervescents de Veinobiase, à base de petit houx, contiennent du bicarbonate de potassium qui les contre-indique en cas de risque d’hyperkaliémie (traitements diurétiques hyperkaliémants, insuffisance rénale, diabète non équilibré). Des associations de plantes sont aussi disponibles : en tisanes (Santane V3, Tisane provençale n° 3, Tisane Médiflor n° 12…), solutions buvables (Veinostase ampoules) ou gélules (Veinophytum).

Les extraits végétaux :

ce sont des principes actifs issus des plantes. La diosmine (Diovenor et génériques), la plus étudiée, est conseillée à fortes doses (3 g, puis 2 g/jour) en courte durée. Les autres produits sont les rutosides (Esberiven Fort, Veliten), les flavones (Cémaflavone, Daflon, Vascocitrol, Endotélon…), les héspéridines (BiCirkan, Cyclo 3 Fort…) ou la troxérutine (Veinamitol, Rhéoflux et génériques). Les molécules de synthèse : il s’agit essentiellement du phosphate d’adénosine (Adényl), du calcium dobésilate (Doxium), de la nafatazone (Etioven), de l’etamsylate (Dicynone) et de l’heptaminol (Ampécyclal ou Ginkor Fort en association à la troxérutine). L’heptaminol ne doit pas être conseillé en cas d’hyperthyroïdie ou en association aux IMAO (risque d’hypertension).

Les antidouleurs et les anti- inflammatoires: paracétamol et ibuprofène (sauf chez la femme enceinte) peuvent être utilisés aux doses habituelles en cas d’importantes douleurs. Ne pas prendre d’aspirine qui favorise les saignements.

Le traitement homéopathique peut être pris seul ou associé aux autres traitements de la douleur. Dès le début de la crise, prendre Aesculus 5 CH, 3 granules toutes les deux heures puis espacer selon amélioration. Certaines spécialités associent plusieurs souches en solutions buvables (Veinodrainol, Lehning Complexe n°103, Poconéol 71…) ou en granules (Boripharm n°40).

Par voie locale •Les topiques :

crèmes, pommades et suppositoires contiennent des principes actifs à actions diverses, souvent associés au sein d’un même produit. Mode d’emploi : ils doivent être conseillés en cure courte (une semaine maximum) et sont contre-indiqués en cas de plaies infectées. Attention aux réactions allergiques possibles avec les excipients comme la lanoline ou le baume de pérou. Suppositoires et crème ou pommade peuvent être associés : dans ce cas, enrober le suppositoire de pommade pour faciliter sa mise en place. Les anesthésiques locaux : les plus utilisés sont la lidocaïne, la cinchocaïne, le butoforme, la quinisocaïne. Ils agissent en quelques minutes et pendant quelques heures. Ils peuvent néanmoins provoquer des allergies locales. Les anti-inflammatoires : la phénazone, l’enoxolone ou les glucocorticoïdes sont utilisés pendant une durée courte. Ils sont contre-indiqués en cas d’infections bactérienne, mycosique, virale ou parasitaire. L’hirudine ou extrait de sangsue présente l’avantage d’une activité anticoagulante. Les pommades ou gels à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ne doivent pas être utilisés. Autres produits : la trimébutine, à action antispasmodique, limite la douleur. Les carraghénates, extrait d’algues rhodophycées, donnent en milieu humide un mucilage filmogène qui facilite le glissement et l’exonération des selles.

Le froid. Bien que son efficacité ne soit pas démontré, l’application de froid est largement utilisée : en bains de sièges pendant 10 à 15 minutes, en compresses froides sur la région anale ou bien à l’aide de sticks de froid à usage unique (Cryochrono Hemo Coldstick).

Cicatriser

Fragilisée par l’oedème et/ou le prolapsus, la peau peut être lésée et agressée par les frottements des sous-vêtements ou du papier toilette. Les topiques cicatrisants (oxydes de titane et de zinc, des sels de bismuth, des vitamines A et E et tanins officinaux) sont utilisés seuls ou en association.

Combattre la constipation

Si les mesures diététiques ne suffisent pas, un laxatif doux peut être conseillé. Mode d’emploi : leur efficacité est semblable, tous peuvent donc être conseillés indifféremment, sauf les laxatifs locaux comme les suppositoires et surtout les microlavements (Microlax) en raison du risque de traumatisme local. Rien ne justifie par contre de les associer entre eux. Ils peuvent provoquer des troubles digestifs à titre de ballonnement intestinal.

Faciliter l’exonération

Les lubrifiants comme l’huile de paraffine liquide ou gélifiée (Transitol, Lansoyl, Lubentyl, Melaxose, Transulose…) « graissent » et ramollissent le bol alimentaire. Ils favorisent ainsi les selles et évitent les traumatismes locaux à l’exonération. À savoir : ne pas utiliser ces lubrifiants au-delà d’une semaine, car ils gênent l’absorption des vitamines liposolubles (ADEK), et éviter de les prendre le soir (risque d’inondation bronchique en position couchée). Attention au surdosage qui peut provoquer des suintements anaux.

Faciliter le transit

Les laxatifs de lest

sont les mucilages comme le psyllium (Transilane, Psyllium Langlebert…), l’ispaghul (Mucivital, Parapsyllium…), la gomme de Sterculia (Normacol) ou encore les fibres (Infibran) qui gonflent dans l’intestin et « pousssent » le bol fécal. À savoir : les laxatifs de lest sont plus efficaces si l’on boit abondamment.

Les laxatifs osmotiques sont, soit des sucres de synthèse comme le lactulose, le mannitol ou le sorbitol ((Duphalac, Lactulose, Importal…), soit des macrogols (Forlax, Movicol, transipeg…) qui agissent par appel d’eau dans l’intestin et par hydratation des selles.

Hygiène de vie

Hygiène locale

La toilette doit être faite matin et soir, délicatement, avec un pain surgras non parfumé ou du savon de Marseille. Bien sécher la région anale en tamponnant avec une serviette. Aux toilettes, utiliser du papier hygiénique mouillé afin de limiter l’irritation. On peut aussi le remplacer par des lingettes imprégnées adoucissantes : Hémorro Lingette, Prep’H lingettes, Hemosepta, Hemonette Plus lingette… Si une hémorroïde sort de l’anus après une selle, la replacer délicatement avec les doigts.

Alimentation

Pour lutter contre la constipation : boire au moins deux litres d’eau par jour, enrichir l’alimentation en fibres (légumes verts et fruits, produits céréaliers, pains complets…), progressivement pour éviter les ballonnements et les troubles digestifs. Sont déconseillés les plats épicés, l’alcool, le café.

Exercice physique

Il est recommandé d’éviter la position assise prolongée, marcher, faire du sport en adaptant l’effort à la douleur. •

Prévenir les récidives

Il s’agit de lutter contre les facteurs déclenchants.

• Maintenir les mesures « anti-constipation » après la crise.

• Réduire les excitants : tabac, café, alcool.

• Éviter les laxatifs irritants ou de façon prolongée.

• Remplacer dès que possible le papier toilette par un lavage à l’eau et au savon.

• Ne pas se retenir lorsqu’on a envie d’aller à la selle.

• Éviter le surpoids.

• Éviter de porter des objets trop lourds.