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Mme R., 35 ans, souffre d’une sinusite aiguë purulente

Publié le 27 octobre 2021
Par Nathalie Belin
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Mme R. a acheté il y a trois jours un spray d’eau de mer et un vasoconstricteur nasal pour un gros rhume. La douleur et la sensation d’étau autour des yeux s’aggravent. Le médecin diagnostique une sinusite purulente.

Ce que je dois savoir

Législation

L’ordonnance est conforme à la législation.

Contexte

C’est quoi ?

• La sinusite, ou rhinosinusite aiguë, correspond à une inflammation d’origine infectieuse d’un ou plusieurs sinus (voir Dico+), le plus souvent les sinus maxillaires situés sous l’œil. La plupart des sinusites sont d’origine virale et surviennent lors d’un rhume, les virus gagnant les sinus.

• Les symptômes principaux sont congestion ou écoulement nasal, douleur diffuse, avec sensation de pression autour du nez et des yeux, céphalées, parfois fièvre.

• On parle de sinusite aiguë purulente quand les signes cliniques font suspecter une infection bactérienne : douleur localisée en regard du sinus atteint, donc souvent unilatérale et fréquemment forte et pulsatile, augmentant en position allongée. Une fièvre présente plus de deux jours ou des symptômes de sinusites virales traînant plus de dix jours orientent également vers une infection bactérienne.

Quelle prise en charge ?

• Une antibiothérapie avec amoxicilline durant sept jours en première intention est toujours indiquée dès lors que l’on suspecte une sinusite d’origine bactérienne, en association à un traitement symptomatique.

• Pourquoi ? Les sinusites bactériennes, comme les virales, guérissent le plus souvent spontanément en dix jours. Toutefois, sans antibiothérapie, des complications sont possibles, avec un risque de récidive, voire de chronicisation, ou un risque de complications ophtalmiques ou neuro-méningées pour les localisations extra-maxillaires, en raison de leur proximité avec les yeux, le cerveau et les méninges.

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Objectifs

• Raccourcir la durée des symptômes et prévenir le risque de complication avec l’antibiotique.

• Améliorer le drainage des sinus via des lavages de nez, et si besoin un vasoconstricteur local en cas de congestion importante.

• Baisser la fièvre et soulager la douleur avec le paracétamol, antalgique de première intention.

Médicaments

Amoxicilline

Antibiotique de la classe des pénicillines appartenant à la famille des bêta-lactamines, qui inhibent la synthèse de la paroi bactérienne.

Paracétamol

Antalgique antipyrétique d’action centrale et périphérique sans activité anti-inflammatoire.

Oxymétazoline (Aturgyl)

L’oxymétazoline est un sympathomimétique alpha. En stimulant les récepteurs alpha-adrénergiques, il induit une vasoconstriction, d’où une action décongestionnante locale.

Repérer les difficultés

• L’observance de l’antibiothérapie : régularité des prises et durée du traitement sont essentielles pour garantir la guérison et éviter des complications.

• Le délai avant que l’antibiotique agisse. En attendant, il faut soulager les symptômes.

• Le bon usage du décongestionnant local, qui ne doit pas être associé à un vasoconstricteur oral et dont la durée d’utilisation est limitée.

Ce que je dis à la patiente

J’ouvre le dialogue

« Je vois que les symptômes se sont aggravés… », « Le médecin a parlé d’une sinusite bactérienne ? » orientent la discussion sur les symptômes et l’importance de l’antibiothérapie. « Vous a-t-il expliqué comment utiliser le vasoconstricteur nasal ? » permet d’insister sur son usage et la prévention des effets indésirables. « Pas de fumeurs dans votre entourage ? » initie les conseils pour limiter les symptômes.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

• Amoxicilline. C’est l’antibiotique de première intention dans les infections courantes des voies respiratoires supérieures. Il accélère la guérison et évite d’éventuelles complications mais peut mettre de 48 à 72 heures pour agir. n Paracétamol. C’est le médicament de première intention pour soulager la fièvre et la douleur en attendant l’effet de l’antibiothérapie.

• Aturgyl. Ce spray nasal diminue le gonflement de la muqueuse du nez et la sensation de nez bouché en induisant une vasoconstriction, un « resserrement » des vaisseaux qui décongestionne le nez car la vasodilatation est responsable de la sensation de nez bouché.

Modalités d’administration

• Amoxicilline : dissoudre les comprimés dans un verre d’eau juste avant l’administration.

• Paracétamol : avaler 1 comprimé avec de l’eau si la douleur est importante ou en cas de fièvre, en espaçant les prises d’au moins quatre heures.

• Aturgyl : 1 pulvérisation dans chaque narine, deux à trois fois par jour, après lavage nasal et mouchage pour optimiser son action, la tête penchée vers l’avant pour éviter que le produit ne coule dans l’arrière-gorge et soit avalé.

Effets indésirables

• Amoxicilline : diarrhées, nausées, éruptions cutanées, candidoses cutanéo-muqueuses, et plus rarement colite pseudo-membraneuse (voir Dico+) ou manifestations allergiques sévères (œdème de Quincke, choc anaphylactique, syndrome de Stevens-Johnson ou syndrome de Lyell) nécessitant l’arrêt.

• Paracétamol : possibles atteintes hépatiques en cas de surdosage ou de poids inférieur à 50 kg, de déshydratation, d’alcoolisme chronique.

• Aturgyl. Nombreux effets indésirables, surtout en cas de non respect des posologies : cardio-vasculaires (palpitation, tachycardie, poussées hypertensives, AVC, colites ischémiques…), psychiatriques (anxiété, agitation, troubles du comportement, convulsions…), gastro-intestinaux (sécheresse buccale, nausées…), rétention urinaire et crise de glaucome par fermeture de l’angle. Risque de rebond de congestion nasale à l’arrêt.

J’accompagne

Administration

• Prise de l’antibiotique : respecter la durée du traitement même si l’état s’améliore avant. L’amélioration ne survient parfois qu’après 48 à 72 heures car l’inflammation et l’œdème qui en découlent sont importants en cas de sinusite.

• Consulter à nouveau en cas de persistance de la fièvre et d’une douleur ou congestion nasale importante après 72 heures.

• Limiter l’usage du décongestionnant nasal aux deux ou trois premiers jours, le temps que l’antibiotique agisse, et seulement si la congestion est très gênante. Cinq jours au maximum.

• Ne pas associer Aturgyl aux médicaments antirhume renfermant de la pseudoéphédrine, au risque de majorer les effets indésirables.

Vie quotidienne

• Poursuivre les lavages de nez à l’eau de mer, de préférence hypertonique, pour diminuer la congestion nasale. Ils facilitent le mouchage et aident à mieux respirer.

• Éviter les atmosphères enfumées qui aggravent l’inflammation de la muqueuse nasale.

• Dormir dans une chambre fraîche, la tête légèrement surélevée pour aider à lever l’obstruction.

Vente associée

Des levures et/ou des probiotiques pour limiter la diarrhée sous antibiothérapie malgré une efficacité pas toujours prouvée : Ultra-Levure, Ergyphilus ATB, Smebiocta Protect, Physionorm Plus… Des inhalations qui, en humidifiant les cavités nasales, soulagent : Pérubore, Calyptol Inhalant, Capsules Confort respiratoire SOS aroma…

Prescription

Dr P., médecin généraliste.

Mme R., 35 ans, 1,70 m, 58 kg.

• Amoxicilline 1 g cp dispersible 1 cp matin, midi et soir, 7 jours.

• Paracétamol 1 g 1 cp 3 fois par jour en cas de fièvre ou de douleur.

• Oxymétazoline 0,05 % (Aturgyl) sol. pulv. nasale 1 pulvérisation dans chaque narine 2 à 3 fois par jour, 3 jours.

Lavages de nez ++

Dico +

Sinus : petites cavités osseuses au niveau de la face qui communiquent avec les fosses nasales. Il en existe quatre paires : maxillaire, frontale, ethmoïdale et sphénoïdale.

Colite pseudomembraneuse : inflammation sévère du côlon due à Clostridium difficile, survenant au décours d’un traitement antibiotique.

La patiente me demande

« Est-ce que je peux prendre l’avion dans cinq jours ? » Tout dépend de l’amélioration. Il faudra refaire le point avec votre médecin car les voyages en avion sont déconseillés lors d’une sinusite aiguë. Les sinus participent à la régulation de la pression au niveau de l’oreille interne et rempliront mal ce rôle s’ils sont congestionnés. Le risque est d’induire un barotraumatisme pouvant entraîner des lésions du tympan.