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Madame C. a attrapé la teigne de son chat
Mme C., 45 ans, traite depuis dix jours son chat pour une teigne. Depuis sept jours, une lésion ronde, prurigineuse et s’agrandissant est apparue sur sa cuisse. Le dermatologue prescrit un traitement antifongique.
Ce que je dois savoir
Législation
L’ordonnance ne pose pas de problème particulier.
Contexte
C’est quoi ?
• Les teignes, ou dermatophytoses, sont dues à des champignons microscopiques, les dermatophytes, qui dégradent les tissus kératinisés, peau, cheveux et ongles. Il existe trois groupes de dermatophytes : les anthropophiles, dont l’habitat naturel est l’homme, les zoophiles, qui affectent les animaux (voir Info+ en page de droite), et les telluriques, dont l’habitat naturel est le sol. Très contagieuses, les dermatophytoses font partie des zoonoses les plus fréquentes.
• L’atteinte cutanée chez l’homme, appelée autrefois herpès circiné, se caractérise par une ou plusieurs lésions en forme d’anneau bien délimité, rouge en périphérie avec de petites vésicules, souvent prurigineux, qui progresse de façon centrifuge. Une desquamation est fréquente.
• La transmission se fait par contact direct avec l’animal ou de façon indirecte par le canapé, le lit, etc. où l’animal a l’habitude de se coucher.
• Un examen mycologique, avec isolement du champignon, est nécessaire pour poser le diagnostic. Dans le cas présent, le diagnostic a été confirmé chez l’animal par le vétérinaire après mise en culture d’un prélèvement.
Quelle prise en charge ?
Le traitement antifongique d’une teigne chez l’homme ou l’animal est à la fois local et systémique. Le traitement local réduit la contagion mais, utilisé seul, il est insuffisant pour assurer la guérison.
Objectifs
• La gêne occasionnée et le risque d’extension des lésions chez l’humain justifient une prise en charge adaptée.
• Le traitement de l’animal vise à stopper l’infestation et le risque de (re) contamination de l’homme. Il associe un traitement antifongique systémique par la griséofulvine, et topique avec l’énilconazole (Imaveral), deux fois par semaine, à passer sur tout le pelage.
• La décontamination de l’environnement est essentielle pour éliminer les spores du champignon, sous peine de risquer une nouvelle infestation.
Médicaments
Griséofulvine (Griséfuline)
C’est un antifongique dont le spectre d’activité est strictement limité aux dermatophytes. Il agirait en inhibant la mitose des cellules fongiques.
Bifonazole (Amycor)
C’est un antimycosique imidazolé à large spectre comprenant dermatophytes, levures, moisissures notamment, et des bactéries gram+. Il inhibe la synthèse de l’ergostérol, composant de la membrane cytoplasmique fongique.
Bétaméthasone (Diprosone)
Ce dermocorticoïde d’activité forte est indiqué ici pour réduire l’inflammation en attendant l’action des antifongiques.
Repérer les difficultés
• Patience et minutie de rigueur. Le traitement antifongique est long, davantage encore chez l’animal, et la décontamination de l’environnement, minutieuse. Le tout doit être mené rigoureusement, sous peine d’échec.
• Expliquer les modalités de prise et les effets indésirables possibles de la griséofulvine. Il faut tenir compte de son effet inducteur enzymatique entraînant un risque d’échec d’une contraception hormonale.
Ce que je dis à la patiente
J’ouvre le dialogue
« Que vous a dit le médecin ? A-t-il fait le point sur les modalités de prise du traitement ? » recense les informations reçues. « Quand devez-vous revoir le vétérinaire ? » et « Que vous a-t-il dit au sujet de la décontamination de l’environnement ? » vérifient les conseils donnés et le suivi mis en place. « Quel type de contraception utilisez-vous car le médicament prescrit peut diminuer l’efficacité de la pilule ou d’un stérilet à la progestérone ? » Madame C. vous informe qu’elle a un stérilet mais envisage la pilule.
J’explique le traitement
Mécanismes d’action
Griséofulvine et bifonazole sont deux médicaments antifongiques, contre les champignons à l’origine de la teigne. Ils sont complémentaires pour stopper la croissance et la diffusion du champignon. La bétaméthasone est un antiinflammatoire qui diminue les démangeaisons et permet une meilleure action de l’antifongique durant les premiers jours.
Modes d’administration
• Griséofulvine. À prendre matin et soir au milieu d’un repas riche en graisse pour favoriser son absorption digestive. Si la personne ne petitdéjeune pas, suggérer de prendre une collation un peu plus tard dans la matinée. Ne pas s’exposer au soleil durant tout le traitement et jusqu’à trois jours après son arrêt.
• Bifonazole. Appliquer chaque soir sur la zone atteinte en débordant sur la peau saine. Masser légèrement pour bien faire pénétrer. La crème ne tachant pas, il est possible de se rhabiller après application.
• Bétaméthasone. Mettre sur la zone à traiter jusqu’à pénétration complète.
Effets indésirables
• Griséofulvine. Baisse de l’appétit, nausées, diarrhées, céphalées, voire vertiges, insomnie, confusion. Possible réaction antabuse avec l’alcool, avec rougeur, bouffées vasomotrices, nausées, tachycardie jusqu’à trois jours après l’arrêt du traitement. Sont rapportés des réactions allergiques cutanées, des photosensibilisations, des troubles hépatiques et hématologiques avec leucopénie, neutropénie… pour une posologie > 1,5 g par jour au-delà de quatre semaines. Risque d’aggravation d’un lupus érythémateux disséminé.
• Bifonazole. Irritations locales possibles, avec rougeur, prurit, brûlure.
• Bétaméthasone. Surtout en cas d’utilisation prolongée, avec essentiellement atrophie cutanée, vergetures.
J’accompagne
• Pas d’exposition au soleil jusqu’à trois jours après l’arrêt de la griséofulvine.
• Décontaminer l’environnement.
→ Passer l’aspirateur pour éliminer mécaniquement les spores du champignon, en insistant sur les zones où se couche l’animal. Jeter le sac aspirateur dans une poubelle extérieure. Laver le compartiment d’un aspirateur sans sac à l’eau de Javel diluée à 10 %.
→ Utiliser de l’eau de Javel diluée à 10 % sur les sols et/ou surfaces susceptibles d’être contaminés : caisse de transport, litière. La lotion topique destinée à être appliquée sur l’animal (énilconazole, Imaveral) peut aussi être employée pour décontaminer l’environnement(1) en faisant attention car le produit peut tacher ! Jouets, arbre à chat, brosses… doivent aussi être décontaminés. Faire tout ça deux fois par semaine au moins trois à quatre semaines.
• Limiter au maximum les lieux de vie de l’animal. Condamner par exemple l’accès aux chambres jusqu’à guérison confirmée par le vétérinaire.
Vente associée
Des bougies fongicides à l’énilconazole (Clinafarm) peuvent être proposées pour décontaminer une pièce de 25 m2. Proposer une contraception mécanique (préservatif…) si Mme C. est sous contraception hormonale durant le traitement et le cycle suivant son arrêt.
(1) Traitement des dermatophytoses du chien et du chat : proposition de référentiel du Groupe d’étude en dermatologie des animaux de compagnie (Gedac), 2014.
Prescription
Dr D., dermatologue.
Madame C., 45 ans, 53 kg.
• Griséfuline 500 mg cp 2 cp par jour pendant 3 à 4 semaines.
• Amycor 1 % crème 1 application le soir pendant 1 mois. 1 tube à renouveler 1 fois si besoin.
• Diprosone crème 1 application le matin pendant 6 jours.
Info+
→ Microsporum canis est le plus souvent en cause chez le chat et le chien. Cochons d’Inde et rats peuvent aussi être atteints par d’autres espèces de dermatophytes.
La patiente me demande
« Combien de temps l’animal reste-il contagieux après le début du traitement et suis-je moi-même contagieuse ? »
Le traitement topique de l’animal réduit la contagiosité et aide aussi à déparasiter l’environnement et les endroits où se couche l’animal. Néanmoins, la prudence s’impose au moins durant les deux à trois premières semaines. Se laver les mains systématiquement après l’avoir caressé/touché, idéalement à la povidone iodée (Betadine Scrub), un antiseptique cutané agissant sur les dermatophytes.
Quant au risque de transmission interhumaine de la zoonose, il est considéré comme faible car le champignon perd son pouvoir infectieux lors de son passage chez l’homme. Par prudence, mieux vaut néanmoins ne pas échanger les serviettes de toilette.
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