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« Les UV m’ont brûlé les yeux »

Publié le 1 avril 2010
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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L’ophtalmie aux UV, impressionnante et douloureuse, nécessite avant tout l’éviction solaire. Des soins appropriés permettent de soulager les symptômes et de hâter la guérison.

La plainte au comptoir

L’ophtalmie aux UV

La cornée est le « hublot » transparent formant à l’avant de l’œil la première lentille du système optique du globe oculaire. L’ophtalmie aux ultraviolets (UV) est une brûlure de la couche superficielle de la cornée et de la conjonctive par les rayons UV. Cette kératoconjonctivite peut survenir après une exposition au soleil, sous une lampe à bronzer ou lors de soudures à l’arc électrique (« coup d’arc »). Encore appelée « ophtalmie des neiges » en montagne, elle est plus fréquente en altitude où la quantité et la réverbération des UV sur la neige sont plus fortes. L’eau réfléchit 5 à 10 % des UV, le sable 20 %, la neige 85 %. En altitude, la quantité d’UV reçue augmente par ailleurs de 10 % tous les 1 000 mètres.

Des signes angoissants

Les signes apparaissent brutalement, quatre à dix heures après l’exposition. Typiquement, les yeux sont rouges avec une sensation de grains de sable. La douleur est bilatérale, intense, aggravée par la lumière (photophobie). Elle s’accompagne de larmoiements et d’un blépharospasme (réflexe de fermeture incontrôlable des paupières). Les paupières peuvent être gonflées, rouges. Une baisse temporaire de la vision est possible.

Cibler la prise en charge

Sont du ressort officinal les ophtalmies récentes (de moins de 24 heures) qui ont une cause évidente (ski ou soudure sans lunettes…), et dont les symptômes restent supportables chez un adulte qui ne souffre par ailleurs d’aucune affection ophtalmologique. La consultation s’impose si les signes ne se calment pas en 24 heures, s’ils sont particulièrement marqués, si la personne souffre d’une affection oculaire préexistante, ou s’il s’agit d’un enfant.

Conduite de l’interrogatoire

« Quels sont vos symptômes ? » explore les signes cliniques et leur intensité. « Vous êtes-vous exposé au soleil ? À une lampe à bronzer ? Avez-vous fait de la soudure dans les heures précédentes ? » et « Depuis combien de temps ? » permettent de mettre en évidence une exposition à risque et le délai écoulé jusqu’aux symptômes. « Avez-vous déjà mis un produit pour soulager ? » et « Portez-vous des lentilles ? » vérifient une éventuelle automédication et orientent le conseil. « Souffrez-vous par ailleurs d’une affection des yeux ? » et « Avez-vous déjà eu un herpès au niveau de l’œil ? » orientent directement chez le médecin.

Expliquer la démarche

Bien qu’impressionnante, l’ophtalmie aux UV guérit normalement et spontanément en 48 heures. Il n’y a pas de traitement curatif, seulement des soins et des recommandations pour soulager les symptômes. Si leur intensité ne faiblit pas en 24 heures ou s’ils ne disparaissent pas en deux jours, consulter un médecin. Il sera indispensable à l’avenir de protéger ses yeux car les expositions répétées peuvent provoquer des ulcérations de la cornée, voire atteindre le cristallin et la rétine, avec un risque majoré de cataracte ou de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).

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Les traitements

Les médicaments

Avant tout, mettre les yeux au repos dans la quasi-obscurité pendant plusieurs heures (jusqu’à ce que les symptômes s’etompent).

• Soulager

– Appliquer plusieurs fois dans la journée des compresses imprégnées d’eau de bleuet sur les deux yeux fermés pendant quelques minutes. D’une façon générale, garder les yeux fermés pendant les douze premières heures, en s’aidant éventuellement de pansements occlusifs (plier en deux une compresse stérile pliée et la fixer par un adhésif microporeux).

– Prendre du paracétamol en l’absence de contre-indication si les douleurs sont fortes et/ou s’accompagnent de céphalées.

– Instiller un collyre antiseptique, type Vitabact, six à huit fois par jour.

– Pour le confort, il est possible d’utiliser un collyre anti-irritations (voir tableau p. 32).

Attention : ne pas instiller de collyres à base de cortisone ou d’anesthésiques locaux qui pourraient aggraver les lésions de la cornée.

• Cicatriser

– Appliquer le matin et le soir avant le coucher, une pommade oculaire cicatrisante à base de vitamine A (Vitamine A Dulcis pommade). Le faire à distance des autres collyres (cinq minutes environ).

– On peut également utiliser des collyres à base de vitamine A ou B12, mais l’excipient gras de la pommade offre l’avantage de lubrifier la cornée.

Hygiène de vie

• Se protéger des UV. S’il est nécessaire d’aller à l’extérieur, se faire accompagner, et protéger ses yeux avec des lunettes à protections latérales. Si l’atteinte est sévère, proscrire toute exposition aux UV, même protégée, pendant quelques jours.

• Retirer les lentilles. Les porteurs de lentilles de contact doivent retirer impérativement et immédiatement les retirer pendant quatre ou cinq jours, jusqu’à cicatrisation totale de la cornée.

• Prévenir. À chaque exposition aux UV, porter des lunettes efficaces à verres filtrant 100 % des UV et à indice de filtrage (pourcentage de lumière globale filtrée) élevé : au moins III pour les activités extérieures et IV pour la haute montagne. Opter impérativement pour des modèles ayant la norme CE et choisir des formes enveloppantes, voire des protections latérales qui évitent le passage des rayons sur les côtés. Au ski, les masques sont les plus adaptés. Penser à utiliser aussi chapeaux et visières pour une protection supplémentaire.

Instillation et application, mode d’emploi

Appliquer une pommade ou instiller un collyre comporte deux précautions de base : se laver soigneusement les mains ; éviter de toucher l’œil ou les paupières avec l’embout du tube.

Instiller un collyre

• Garder la tête droite pendant que la paupière inférieure est tirée vers le bas avec l’index ou le pouce. Ce qui évite d’exercer une pression sur le globe oculaire.

• Regarder vers le haut : on va exposer le cul-de-sac inférieur et laisser tomber la goutte. L’œil ne contient que 3/4 de goutte. Si on met 2 gouttes, 1 goutte 1/4 tombe sur la joue !

• Entre deux collyres, respecter un temps minimum de trois à quatre minutes pour que les collyres soient résorbés.

• Appliquer un collyre avant une pommade qui se pose en dernier.

Appliquer une pommade ophtalmique

• Appliquer l’équivalent d’un grain de blé dans le cul-de-sac conjonctival inférieur de l’œil en regardant vers le haut et en tirant légèrement la paupière inférieure vers le bas.

• Relâcher la paupière inférieure et cligner des yeux à plusieurs reprises pour être sûr que la pommade recouvre la totalité de l’œil.

• L’œil fermé, essuyer proprement l’excédent.

• Fermer le tube après utilisation.